Niger – France – Rwanda : Macron au-dessus des Nations-Unies pour les intérêts de Paul Kagame ?

Traduction de l’article publié par d’AfroAmerica Network

Niger – France – Rwanda : Le président du Niger, Mohamed Bazoum, va expulser des Rwandais sous la pression d’Emmanuel Macron (France) et de Paul Kagame (Rwanda), violant ainsi l’accord passé avec les Nations unies.

Le 27 décembre 2021, le gouvernement du Niger dirigé par Mohamed Bazoum a annoncé qu’il expulsait 8 Rwandais du territoire nigérien. Les 8 Rwandais ont été acquittés ou libérés par le Tribunal pénal international (TPI) de l’Organisation des Nations Unies après des dizaines d’années de procès controversés à Arusha, en Tanzanie et ont été récemment envoyés au Niger. Selon des sources d’AfroAmerica Network dans l’entourage du Président Mohamed Bazoum, la décision de rompre l’accord avec les Nations Unies a été prise à la suite d’une longue conversation téléphonique directe entre le Président du Niger Mohamed Bazoum à Niamey et le Président français Emmanuel Macron et le Président rwandais Paul Kagame, depuis Paris le 20 décembre 2021.

Ces 8 Rwandais, qui avaient fait partie du gouvernement ou de l’armée rwandaise jusqu’en 1994, ont été envoyés au Niger sur la base de l’accord entre le gouvernement du Niger et l’Organisation des Nations unies, signé à Niamey, au Niger, le 15 novembre 2021.   Les 8 Rwandais sont les suivants :

    Zigiranyirazo Protais

    Nzuwonemeye Francois Xavier

    Nteziryatyo Alphonse

    Muvunyi Tharcisse

    Ntagerura André

    Nsengiyumva Anatole

    Mugiraneza Prosper

    Sagahutu Innocent

Une personne, Bicamumpaka Jerome Clement, a été retirée de la liste à la dernière minute, lorsque le gouvernement nigérien a appris que le gouvernement canadien suivait de près l’affaire le concernant.

La décision d’expulser les Rwandais a été énoncée dans un décret signé par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Hamadou Adamou Souley, le 27 décembre 2021. Les personnes visées ont eu 7 jours pour quitter le pays. Le gouvernement nigérien a déclaré que cette décision était motivée par des considérations et des intérêts diplomatiques primordiaux.

La question était alors la suivante : qu’est-ce qui se cachait derrière ces intérêts diplomatiques ?

Selon les sources d’AfroAmerica Network au sein du gouvernement nigérien, la décision a été prise après un long appel reçu par le président Mohamed Bazoum de la part du président français Emmanuel Macron, le 20 décembre 2021.

Emmanuel Macron a reçu le 20 décembre 2021 Paul Kagame à l’Élysée

 En fait, cette annonce fait suite à la visite en France, du 19 au 21 décembre 2021, du général Paul Kagame, dictateur rwandais, et à sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron, à Paris.

D’autres sources d’AfroAmerica Network proches du gouvernement rwandais ont déclaré que la rencontre entre Emmanuel Macron et Paul Kagame à Paris le 20 décembre 2021 a porté sur l’avancement du déploiement des troupes rwandaises dans la région mozambicaine de Cabo Delgado, en particulier à Afungi, une zone riche en pétrole, gaz et minéraux, pour lutter contre l’insécurité croissante et la guerre civile, et surtout protéger les intérêts de la compagnie pétrolière française Total.   Les sources, sans être précises, ont également mentionné que la situation en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, au Niger et en République centrafricaine, a été discutée.

Relations France – Niger – Rwanda :  Une condition pour les forces rwandaises de maintien de la paix au Niger

L’influence de la France, sous la direction d’Emmanuel Macron, s’est fortement affaiblie en Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest. Cela a eu un impact sur l’économie française qui dépend des ressources naturelles et des matières premières de la région et exporte vers l’Afrique. La France a également été la cible d’éminents activistes africains, notamment du mouvement panafricain (voir ici : Kémi Séba : AfroAmerica Network Black Man of Year 2021) et de dirigeants africains, comme le nouveau président de transition du Mali, le colonel Assimi Goita, qui, tout en promettant le retour à un régime civil en février 2022 après la tenue d’élections présidentielles et législatives, a décidé d’expulser les troupes françaises du Mali.

Les institutions au Rwanda ne fonctionnent pas, les enfants du Rwanda vont mourir au combat aux quatre coins d’Afrique pour les intérêts de la France. Un jour Emmanuel Macron rendra compte au peuple rwandais.

La France a donc tenté de s’appuyer sur certains dirigeants africains pour maintenir son influence et protéger ses intérêts. Parmi ces dirigeants, on trouve des dictateurs africains, comme le général Paul Kagame, et d’autres dont l’administration est faible et qui sont confrontés à une insurrection virulente cherchant la protection de la France, notamment le président du Niger, Mohamed Bazoum.

Le 31 mars 2021, deux jours seulement avant la prestation de serment du président Mohamed Bazoum, les forces de sécurité nigériennes ont déjoué une tentative de coup d’État menée par une unité militaire dans la capitale Niamey. Le coup d’État a été évité par la Garde présidentielle.  Malgré la tentative de coup d’État, le 2 avril 2021, Bazoum a prêté serment, devenant ainsi le premier président démocratiquement élu du pays depuis l’indépendance en 1960.

Depuis lors, selon des sources d’AfroAmerica Network au sein de son cercle intime, le président Mohamed Bazoum ne fait pas confiance aux militaires et cherche à obtenir l’aide du gouvernement français. Son gouvernement est également confronté à une insurrection djihadiste meurtrière qui sème le chaos dans l’ouest du pays et dans toute la région du Sahel. Le gouvernement français, se fondant sur l’expérience du Mozambique, a proposé d’inviter, officiellement ou secrètement, des forces spéciales ou des troupes rwandaises au Niger pour soutenir la garde présidentielle et les troupes loyales. Les troupes assureront également la sécurité autour des mines d’or et d’uranium et des zones de ressources pétrolières.

Des sources au sein du gouvernement nigérien confirment que l’expulsion de 8 Rwandais est la condition clé dans l’exécution d’un plan élaboré qui a été adopté lorsque le président du Niger Mohamed Bazoum a demandé au président français de l’aider à assurer la sécurité de son gouvernement et de son administration.

 Le président français Emmanuel Macron a proposé d’utiliser les troupes rwandaises, compte tenu de leurs performances au Mozambique, au Sud-Soudan et en République centrafricaine, mais aussi de la nécessité de garder le secret et de ne pas exposer les troupes françaises dans une zone où elles ne sont pas les bienvenues. La France doit ensuite aider à convaincre Paul Kagame et fournir des fonds suffisants pour les opérations.  

Le président Mohamed Bazoum a trouvé la proposition brillante. Le président français Emmanuel Macron a alors invité le général Paul Kagame à discuter de la proposition d’envoyer les troupes et les forces spéciales rwandaises au Niger. Une partie des forces spéciales a terminé l’entraînement à la mi-décembre 2021.

A partir de là, l’exécution du plan s’est déroulée comme suit :

  • Le président français Emmanuel Macron a organisé une courte visite soudaine du général Paul Kagame à Paris, en France, du 19 au 21 décembre 2021.
  • Puis, le 20 décembre 2021, le président français Emmanuel Macron et le général Paul Kagame ont eu une discussion à Paris. De façon imprévue, le général Paul Kagame a posé une condition : expulser les 8 Rwandais du Niger, sans délai. Immédiatement, Emmanuel Macron et Paul Kagame ont appelé Mohamed Bazoum pour lui soumettre cette condition. Celui-ci a immédiatement accepté, sans aucune condition.
  • Une semaine plus tard, le 27 décembre 2021, la décision d’expulser les 8 Rwandais est rendue publique.

Quelle est la prochaine étape ? 

  • Les troupes rwandaises vont-elles se déployer secrètement au Niger et contribuer à mettre fin à l’insécurité, à sécuriser le gouvernement et l’administration de Mohamed Bazoum et à protéger les intérêts du gouvernement français dans la région ?
  • L’Organisation des Nations Unies et le Tribunal pénal international permettront-ils au gouvernement du Niger de Mohamed Bazoum de rompre l’accord signé un mois plus tôt et d’expulser les 8 Rwandais ?
  • Quel sera le sort des 8 Rwandais, reconnus innocents ou libérés par le Tribunal pénal international (TPIR), après des décennies de procès et de détention controversés ?  Seront-ils contraints de retourner au Rwanda, où ils risquent presque certainement d’être maltraités, emprisonnés ou tués ?

AfroAmerica Network poursuit son investigation.

Par AfroAmerica Network

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