Emmanuel Macron se rend en Angola vendredi 3 mars, dans le cadre de sa tournée en Afrique. Ce pays n’a jamais fait partie de la sphère d’influence de la France. L’Angola importe énormément, l’Elysée espère nouer des liens avec ce pays.
En Angola, la Françafrique ne pèse pas sur les esprits : c’est une ancienne colonie portugaise, le risque d’accusation d’ingérence dans la politique intérieure y est moindre que dans d’autres pays africains. Le pays a du pétrole, mais pas de denrées. Il importe quasiment tout ce que sa population consomme.
Face à cette faible, production l’Élysée souhaite en profiter pour nouer des relations avec l’Angola. L’idée est de proposer un appui pour développer l’agriculture du pays africain et de l’aider à mieux assurer sa sécurité alimentaire.
Des groupes céréaliers français sont du voyage
Pour ceIa, il va falloir pour cela identifier les bons produits à cultiver dans ce pays riche en eau. De grands groupes céréaliers sont du voyage pour apporter leur expertise. L’idée est aussi d’aider le président Lourenço à anticiper l’abandon des énergies fossiles et à s’assurer des revenus lorsque le pétrole ne sera plus une rente pour l’Angola.
Mais face à la Chine, à la Russie, déjà présente, la France part, peut-être, avec un train de retard dans cette bataille d’influence économique. “Nous verrons ce que l’on nous demande“, rétorque l’Élysée qui semble vouloir y aller en douceur, tout en rondeur, pour sortir de son pré carré.
Comment la théorie de Paul Kagame d’user de son droit d’ intervenir partout où les “rwandophones” seraient menacés dans le monde, est non seulement absurde mais surtout dangereuse.
Rwandophones? Une mise au point sémantique
Ces derniers temps quand Paul Kagame parle de “rwandophones”, il veut en réalité parler de Tutsi et pas de tous les locuteurs du Kinyarwanda. Ceci pour tenter de se tirer de la contradiction que soulèverait son décret annonçant que les ethnies Hutu, Tutsi et Twa n’existeraient pas au Rwanda ni ailleurs, et en même temps continuer à dire qu’il est en croisade pour défendre les intérêts des Tutsi partout dans la région comme il le chantait depuis 1990-94 en conquérant le Rwanda. Ses conseillers lui ont donc convaincu de changer d’appellation et de parler de “rwandophones” en lieu et place des “Tutsi”. Mais, ce faisant, il rend cette mission qu’il s’est fixée, à savoir “défendre les rwandophones partout dans le monde”, plus ridicule et plus encore dangereux comme nous allons le voir.
Il faudra donc lire et entendre dans le vocable “rwandophones” venu de la bouche ou de la plume de Kagame , les “Tutsi”.
Il y a lieu de se demander où se situe la responsabilité de la RDC sur cette question. Il s’agit bel et bien d’une question rwandaise qui stipule une réponse appropriée du Gouvernement rwandais élude sa responsabilité depuis des décennies, la renvoyant paradoxalement au gouvernement de la RDC, avec la compréhension complaisante et la fuite en avant de la communauté internationale.
Faut-il rappeler, aussi douloureux que soit ce souvenir, que le génocide de 1994 au Rwanda, s’est passé entre Rwandais, sans aucune implication des Congolais.
Un juge d’instruction parisien a rendu un non-lieu au bénéfice de Vénuste Nyombayire, un Rwandais qui était accusé de massacres dans un orphelinat qu’il dirigeait pendant le génocide des Tutsis en 1994, a appris jeudi l’AFP de sources proches du dossier, confirmées par une source judiciaire. L’ordonnance de non-lieu a été rendue le 9 juin, selon la source judiciaire.
« Le gouvernement congolais ne négocie pas avec les groupes armés, mais les incite à désarmer. » C’est de cette façon que Serge Tshibangu, mandataire du Chef de l’Etat justifie la cacophonie qui se déroule à Nairobi au Kenya entre les délégués de la présidence de la république et les groupes armés opérant en RDC. Inciter les gens qui ont fait de la violence leur mode de vie par la simple parole sans connaître leurs motivations. Possible. Car, même l’enfer est pavé de bonnes intentions. Qui peut vraiment croire à pareille justification qui, pour moult raisons, paraît non seulement comme une insulte à la nation et à tous ceux qui ont perdu leur vie à la recherche de la paix à l’est de la RDC, mais surtout comme une sorte d’amateurisme sur les questions de la violence armée dans la région des Grands Lacs africains singulièrement à l’est de la RDC ?
Le Groupe d’Initiative France-Rwanda, GIFR en sigle, proteste contre la visite à Paris d’une délégation militaire du Rwanda conduite par le général Jean Bosco Kazura, chef d’État-Major des RDF – Forces Rwandaises de Défense.
Le Groupe d’Initiative France-Rwanda, GIFR en sigle, a appris avec stupeur, colère et indignation, la visite à Paris d’une délégation militaire du Rwanda conduite par le général Jean Bosco Kazura, chef d’État-Major des Forces de Défenses rwandaises, sur invitation de son homologue français. La délégation a été reçue avec tous les honneurs par le chef d’État-Major des armées, le général Thierry Burkhard.
Après les visites en France du général-président rwandais Paul Kagamé en septembre 2011 et en mai 2021, il s’agit du premier déplacement officiel d’officiers de l’armée rwandaise en France depuis plus de 25 ans.
Ces derniers temps la France est en train de perdre son influence dans ce que l’on a appelé son « pré carré africain » à savoir les anciennes colonies françaises. Pour garder la face, elle a décidé de recourir au régime rwandais connu pour être une dictature sanguinaire sous la gouvernance du Front Patriotique Rwandais (le FPR) dirigé par Paul Kagame. Ce dernier est aidé par des oligarques composé majoritairement des hauts gradés de l’armée rwandaise. C’est dans cet optique que chef d’état-major français des armées le généralThierry Burkhard reçoit en ce moment une délégation composée des Officers rwandais à sa tête le chef d’Etat major de l’armée rwandaise Jean Bosco Kazura. La visite a commencé le 14 et terminera le 17 mars 2022.
Le passé criminel de Jean Bosco Kazura
Si l’on en croit sa page Wikipédia[1] Kazura a rejoint l’armée patriotique rwandaise en 1992 et a occupé les fonctions de général de brigade et de division entre 1998 et 2003, les années durant lesquelles l’Armée Patriotique Rwandaise a décimé des milliers de civils hutus au Nord du Rwanda dans la guerre dit des infiltrés (Abacangezi) et en République Démocratique du Congo. Wikipedia citant le journal Foreign Policy paru en en décembre 2013 nous apprend que Jean Bosco Kazura : « Est l’auteur de crimes de guerre durant la phase finale du conflit [génocide et guerre civile au Rwanda], agissant comme commandant d’escadrons de la mort, sous le commandement de Patrick Nyamvumba, en compagnie de John Birasa et d’Emmanuel Butera. Le « bataillon Oscar », avec Kazura à sa tête, est chargé de ratisser les campagnes des préfectures de Byumba et Kibungo. Selon certains témoignages, Kazura a organisé et assisté en juin-juillet 1994 à des tueries de civils hutus à Nasho, Rutonde, Rwanteru, ainsi qu’à des opérations d’épuration de l’administration en 1995 et 1996, les accusations portant même sur une implication personnelle dans l’assassinat et l’incinération des corps ».
Le 27 décembre 2021, le gouvernement du Niger dirigé par Mohamed Bazoum a annoncé qu’il expulsait 8 Rwandais du territoire nigérien. Les 8 Rwandais ont été acquittés ou libérés par le Tribunal pénal international (TPI) de l’Organisation des Nations Unies après des dizaines d’années de procès controversés à Arusha, en Tanzanie et ont été récemment envoyés au Niger. Selon des sources d’AfroAmerica Network dans l’entourage du Président Mohamed Bazoum, la décision de rompre l’accord avec les Nations Unies a été prise à la suite d’une longue conversation téléphonique directe entre le Président du Niger Mohamed Bazoum à Niamey et le Président français Emmanuel Macron et le Président rwandais Paul Kagame, depuis Paris le 20 décembre 2021.
Ces 8 Rwandais, qui avaient fait partie du gouvernement ou de l’armée rwandaise jusqu’en 1994, ont été envoyés au Niger sur la base de l’accord entre le gouvernement du Niger et l’Organisation des Nations unies, signé à Niamey, au Niger, le 15 novembre 2021. Les 8 Rwandais sont les suivants :
Zigiranyirazo Protais
Nzuwonemeye Francois Xavier
Nteziryatyo Alphonse
Muvunyi Tharcisse
Ntagerura André
Nsengiyumva Anatole
Mugiraneza Prosper
Sagahutu Innocent
Une personne, Bicamumpaka Jerome Clement, a été retirée de la liste à la dernière minute, lorsque le gouvernement nigérien a appris que le gouvernement canadien suivait de près l’affaire le concernant.
La décision d’expulser les Rwandais a été énoncée dans un décret signé par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Hamadou Adamou Souley, le 27 décembre 2021. Les personnes visées ont eu 7 jours pour quitter le pays. Le gouvernement nigérien a déclaré que cette décision était motivée par des considérations et des intérêts diplomatiques primordiaux.
La question était alors la suivante : qu’est-ce qui se cachait derrière ces intérêts diplomatiques ?
Selon les sources d’AfroAmerica Network au sein du gouvernement nigérien, la décision a été prise après un long appel reçu par le président Mohamed Bazoum de la part du président français Emmanuel Macron, le 20 décembre 2021.
Emmanuel Macron a reçu le 20 décembre 2021 Paul Kagame à l’Élysée
En fait, cette annonce fait suite à la visite en France, du 19 au 21 décembre 2021, du général Paul Kagame, dictateur rwandais, et à sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron, à Paris.
D’autres sources d’AfroAmerica Network proches du gouvernement rwandais ont déclaré que la rencontre entre Emmanuel Macron et Paul Kagame à Paris le 20 décembre 2021 a porté sur l’avancement du déploiement des troupes rwandaises dans la région mozambicaine de Cabo Delgado, en particulier à Afungi, une zone riche en pétrole, gaz et minéraux, pour lutter contre l’insécurité croissante et la guerre civile, et surtout protéger les intérêts de la compagnie pétrolière française Total. Les sources, sans être précises, ont également mentionné que la situation en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, au Niger et en République centrafricaine, a été discutée.
Relations France – Niger – Rwanda : Une condition pour les forces rwandaises de maintien de la paix au Niger
L’influence de la France, sous la direction d’Emmanuel Macron, s’est fortement affaiblie en Afrique, en particulier en Afrique de l’Ouest. Cela a eu un impact sur l’économie française qui dépend des ressources naturelles et des matières premières de la région et exporte vers l’Afrique. La France a également été la cible d’éminents activistes africains, notamment du mouvement panafricain (voir ici : Kémi Séba : AfroAmerica Network Black Man of Year 2021) et de dirigeants africains, comme le nouveau président de transition du Mali, le colonel Assimi Goita, qui, tout en promettant le retour à un régime civil en février 2022 après la tenue d’élections présidentielles et législatives, a décidé d’expulser les troupes françaises du Mali.
Les institutions au Rwanda ne fonctionnent pas, les enfants du Rwanda vont mourir au combat aux quatre coins d’Afrique pour les intérêts de la France. Un jour Emmanuel Macron rendra compte au peuple rwandais.
La France a donc tenté de s’appuyer sur certains dirigeants africains pour maintenir son influence et protéger ses intérêts. Parmi ces dirigeants, on trouve des dictateurs africains, comme le général Paul Kagame, et d’autres dont l’administration est faible et qui sont confrontés à une insurrection virulente cherchant la protection de la France, notamment le président du Niger, Mohamed Bazoum.
Le 31 mars 2021, deux jours seulement avant la prestation de serment du président Mohamed Bazoum, les forces de sécurité nigériennes ont déjoué une tentative de coup d’État menée par une unité militaire dans la capitale Niamey. Le coup d’État a été évité par la Garde présidentielle. Malgré la tentative de coup d’État, le 2 avril 2021, Bazoum a prêté serment, devenant ainsi le premier président démocratiquement élu du pays depuis l’indépendance en 1960.
Depuis lors, selon des sources d’AfroAmerica Network au sein de son cercle intime, le président Mohamed Bazoum ne fait pas confiance aux militaires et cherche à obtenir l’aide du gouvernement français. Son gouvernement est également confronté à une insurrection djihadiste meurtrière qui sème le chaos dans l’ouest du pays et dans toute la région du Sahel. Le gouvernement français, se fondant sur l’expérience du Mozambique, a proposé d’inviter, officiellement ou secrètement, des forces spéciales ou des troupes rwandaises au Niger pour soutenir la garde présidentielle et les troupes loyales. Les troupes assureront également la sécurité autour des mines d’or et d’uranium et des zones de ressources pétrolières.
Des sources au sein du gouvernement nigérien confirment que l’expulsion de 8 Rwandais est la condition clé dans l’exécution d’un plan élaboré qui a été adopté lorsque le président du Niger Mohamed Bazoum a demandé au président français de l’aider à assurer la sécurité de son gouvernement et de son administration.
Le président français Emmanuel Macron a proposé d’utiliser les troupes rwandaises, compte tenu de leurs performances au Mozambique, au Sud-Soudan et en République centrafricaine, mais aussi de la nécessité de garder le secret et de ne pas exposer les troupes françaises dans une zone où elles ne sont pas les bienvenues. La France doit ensuite aider à convaincre Paul Kagame et fournir des fonds suffisants pour les opérations.
Le président Mohamed Bazoum a trouvé la proposition brillante. Le président français Emmanuel Macron a alors invité le général Paul Kagame à discuter de la proposition d’envoyer les troupes et les forces spéciales rwandaises au Niger. Une partie des forces spéciales a terminé l’entraînement à la mi-décembre 2021.
A partir de là, l’exécution du plan s’est déroulée comme suit :
Le président français Emmanuel Macron a organisé une courte visite soudaine du général Paul Kagame à Paris, en France, du 19 au 21 décembre 2021.
Puis, le 20 décembre 2021, le président français Emmanuel Macron et le général Paul Kagame ont eu une discussion à Paris. De façon imprévue, le général Paul Kagame a posé une condition : expulser les 8 Rwandais du Niger, sans délai. Immédiatement, Emmanuel Macron et Paul Kagame ont appelé Mohamed Bazoum pour lui soumettre cette condition. Celui-ci a immédiatement accepté, sans aucune condition.
Une semaine plus tard, le 27 décembre 2021, la décision d’expulser les 8 Rwandais est rendue publique.
Quelle est la prochaine étape ?
Les troupes rwandaises vont-elles se déployer secrètement au Niger et contribuer à mettre fin à l’insécurité, à sécuriser le gouvernement et l’administration de Mohamed Bazoum et à protéger les intérêts du gouvernement français dans la région ?
L’Organisation des Nations Unies et le Tribunal pénal international permettront-ils au gouvernement du Niger de Mohamed Bazoum de rompre l’accord signé un mois plus tôt et d’expulser les 8 Rwandais ?
Quel sera le sort des 8 Rwandais, reconnus innocents ou libérés par le Tribunal pénal international (TPIR), après des décennies de procès et de détention controversés ? Seront-ils contraints de retourner au Rwanda, où ils risquent presque certainement d’être maltraités, emprisonnés ou tués ?
La Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre, jour anniversaire de l’adoption en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce 10 décembre 2021, les habitants de la région des Grands Lacs, dont je fais partie, et tous ceux qui s’intéressent à la situation politique de cette région, sont en droit de se demander si ce jour a la même signification que celle qu’il avait le 10 décembre 1948.
En effet, la région des Grands Lacs connaît des conflits interminables depuis plus de deux décennies qui, d’après certaines publications, ont causé la mort de plus de cinq millions de personnes, surtout à l’est de la République démocratique du Congo, sans oublier des conflits ouverts qui coutent beaucoup de vies humaines dans cette partie du monde.
Les conflits dans la région des Grands Lacs découlent fondamentalement de l’absence totale d’un État de droit et des effets qui en dérivent. On peut citer notamment l’absence de démocratie pluraliste. Dans les pays de la région des grands lacs, on y trouve plutôt une démocratie de de façade caractérisée par la culture de l’impunité, le non-respect des droits de l’homme et des libertés des citoyens, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion des ressources économiques.
En décembre 2020 le Conseil de Sécurité a pour la nième fois adopté la stratégie pour la consolidation de la paix et la prévention et le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs. Une stratégie qui s’articule autour des trois piliers, à savoir : a) la paix, la sécurité et la justice; b) le développement durable et la prospérité partagée; c) la résilience face aux problèmes anciens et nouveaux[1].
Ces stratégies que le Conseil de Sécurité ne cesse de rappeler n’ont jamais été mises en application et n’amènent donc pas la tranquillité au simple citoyen des pays de la région des Grands Lacs d’Afrique car dans le monde globalisé d’aujourd’hui les intérêts économiques priment sur les droits fondamentaux de l’homme.
Ainsi par exemple, en 2010, l’ONU a publié un rapport cartographié documentant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la RDC entre mars 1993 et ??juin 2003[2].
Dans ce rapport, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) appuyée par le Rwanda a été identifiée comme l’auteur de plusieurs crimes. Face à ces accusations, les hauts fonctionnaires du Rwanda ont consacré du temps, de l’énergie et des efforts à se défendre auprès de la communauté internationale contre les allégations d’implication dans le conflit en RDC. Malgré ces efforts de défense, la réputation du Rwanda en tant qu’instigateur du conflit et exploitant illicitement des minerais dans l’est de la RDC restera toujours la source de méfiance, surtout entre le peuple congolais et le peuple rwandais mais aussi au niveau des relations entre le Rwanda et la RDC jusqu’à ce que ces accusations ne soient éclaircies une fois pour toutes.
A part ces conflits ouverts en RDC, il y a aussi des conflits latents entre le Rwanda et ses autres voisins. En 2015, les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont également détériorées. Le Burundi a accusé le Rwanda d’avoir orchestré un coup d’état manqué; tandis que les autorités rwandaises accusent son voisin du sud d’abriter les rebelles qui veulent renverser son pouvoir. La frontière entre le Rwanda et le Burundi a été fermée pendant longtemps.
En 2018, des problèmes sont survenus entre le Rwanda et l’Ouganda. Le Rwanda se plaignait que l’Ouganda arrêtait des Rwandais vivant en Ouganda et que ces Rwandais sont torturés ou subissent des traitements cruels, inhumains et dégradants. Les autorités rwandaises accusent aussi l’Ouganda de soutenir les groupes rebelles qui tentent de renverser le pouvoir en place au Rwanda. La frontière entre le Rwanda et l’Ouganda ont également été fermés pendant plusieurs mois.
La fermeture des frontières prive ainsi les simples citoyens de ces pays leur liberté de mouvement ce qui viole l’article 13 de déclaration universelle des droits de l’homme.
A cette date où nous célébrons la journée des droits de l’homme instaurée par l’ONU, des foyers d’instabilité et de violence, des accrochages transfrontaliers, la méfiance et les tensions persistent entre les pays de la région des Grands Lacs d’Afrique.
Ainsi, j’invite la communauté internationale, surtout le groupe international de contact des pays de la région des Grands Lacs d’Afrique à assister les pays de cette partie du monde à trouver une solution adéquate et inclusive.
Il est déplorable de constater que la stratégie de l’ONU citée précédemment, certains acteurs clé rwandais n’ont pas été consulté pourtant le Rwanda est dans le centre de toutes ces tensions.
Les violations des droits de l’homme commises au Rwanda sont décrites en détail depuis plus de dix ans dans les rapports annuels de l’Union européenne sur les droits de l’homme et la démocratie, publiés sur le site du Service européen pour l’action extérieure[3]. De plus, lors de la 37ème session de l’Examen Périodique Universel sur les droits de l’homme au Rwanda, qui s’est tenue à Genève en janvier 2021, des représentants de divers Etats membres des Nations Unies ont fait part aux délégués de notre gouvernement de leurs préoccupations concernant les violations des droits de l’homme au Rwanda[4].
Toutes ces violations poussent certains rwandais à quitter le pays et beaucoup d’entre eux à se regrouper dans différentes organisations armées ou non armées, ce qui constitue à moyen ou à long terme une menace de sécurité du Rwanda.
J’ai toujours soutenu que sans résoudre le problème politique du Rwanda, il sera impossible d’apporter la stabilité dans cette région.
Je reste convaincue que les difficultés politiques, sociales et économiques auxquelles mon pays est confronté ne peuvent être surmontées que si notre gouvernement est contraint de faire les réformes de gouvernance nécessaires aujourd’hui. Ces réformes peuvent être réalisées à travers un dialogue entre toutes les composantes de la société rwandaise[5].
Sans ces réformes, il sera difficile de promouvoir le respect des droits de l’homme au Rwanda et par conséquent d’éviter et/ou d’arrêter le bain de sang qui coule dans la région des pays de Grands Lacs d’Afrique depuis plus de trois décennies.
A cette journée de droits de l’homme, je vous invite à écouter les cris de ces femmes violées, abandonnées à leur sort ; mais aussi à être attentifs aux pleurs de ces enfants qui sont privés de toute vie décente, qui vivent dans la pauvreté sans précédent.
Travaillons ensemble pour mettre fin au trafic de minerais de sang dans toute la région et privilégions la paix, la stabilité et le développement de tous.
Tous les pays membres de l’ONU ont une dette morale envers les peuples des pays de la région des Grands Lacs d’Afrique car en signant la charte des peuples des Nations Unies, ils se sont engagés à assurer le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans le monde entier. J’en appelle à leur conscience pour que le sang cesse de couler dans les pays de la région des Grands Lacs d’Afrique.
Victoire Ingabire Umuhoza,présidente de DALFA UMURINZI
Dans une interview publiée par le journal Jeune Afrique n° 3104 de Septembre 2021, le Président Paul KAGAME revient sur la période de son jeune âge et raconte comment lui, à l’âge de 4 ans, et ses parents ont fui le Rwanda en 1961. L’article est intitulé : « Le joue où j’ai fui le RWANDA pour échapper aux génocidaires ».
Dans son exposé, Paul KAGAME dit, et je le cite : « Je me souviens bien de la dernière fois, quand nous avons été arrachés à notre foyer. Ce jour- là, ils avaient mis le feu à beaucoup d’habitations. Ils tuaient le bétail et les gens et ils semblaient déterminés à se débarrasser de tout le monde aux alentours, en finissant par notre maison qui se trouvait un peu à l’écart de la route principale ». Et il ajoute : « certains hutus avaient remarqué que la voiture envoyée par la cousine de ma mère, la reine, se dirigeait vers notre maison. Ils se signalèrent mutuellement d’interrompre ce qu’ils faisaient afin de se précipiter vers notre habitation pour nous empêcher de nous échapper. La horde des hutus était quasiment arrivée au portail de notre maison au moment où nous venions d’embarquer dans ladite voiture. Nous sommes allés d’abord à Nyanza dans la famille de ma mère et une semaine après, nous sommes partis jusqu’à MUTARA chez les grands-parents avant de traverser la frontière vers l’UGANDA pour rejoindre un endroit appelé Kamwezi ».
La vérité est toute autre !
En novembre 1959, le RWANDA a connu la Révolution sociale, sous l’impulsion de certains leaders hutu (Dominique Mbonyumutwa, Grégoire Kayibanda, Joseph Gitera et d’autres) pour mettre fin à la dictature et à l’esclavage instaurés par la monarchie des tutsi, avec à leur tête le Roi (Umwami). Le pays était encore sous la tutelle de la Belgique et c’est le Roi qui détenait le pouvoir, en étroite collaboration avec les représentants du gouvernement belge au Rwanda. A la suite de cette révolution, certains tutsis, notamment les chefs et les sous-chefs de territoires, n’ont pas accepté ce vent de changement et ont commencé à assassiner certains leaders hutus à travers le pays. Rappelons, entre autres, les victimes hutues ci-après : Polepole Mukwiye, Sindibona, Secyugu. En fait, un certain nombre de dignitaires tutsis ont fui le pays au motif qu’ils ne supportaient pas d’être sous l’autorité des hutus qui étaient juste avant leurs subordonnés, leurs esclaves!
La famille de Paul KAGAME habitait à Ruhango, une petite ville située au centre du Rwanda, dans l’ancienne Préfecture de Gitarama et elle est restée sur place jusqu’en 1961. Paul Kagame a parlé d’une horde de hutu qui seraient venus jusqu’au portail de leur habitation, ajoutant que sa famille serait partie vers une autre ville voisine, celle de Nyanza. Si c’étaient vraiment des génocidaires, ils auraient pu poursuivre sa famille jusque-là au lieu de la laisser tranquille durant une semaine. En réalité, pendant cette Révolution qui allait être confirmée le 28 janvier 1961 avec l’avènement de la République, les hutus ont laissé partir à l’étranger les tutsi qui le voulaient. Il arrivait même qu’ils les accompagnent en transportant leurs affaires jusque dans les régions réservées ou recommandées, notamment le Bugesera et le Mutara. Pour preuve, Paul Kagame a reconnu avoir rejoint ses grands- parents au Mutara, sans aucun obstacle.
Oser parler de génocidaires hutus en 1959-1961, c’est tout simplement dénaturer la vérité des faits : Paul Kagame omet curieusement de mentionner que sa tante, la reine Gicanda, est restée au Rwanda dans sa résidence située à Butare dans le sud du pays et que le même Kagame, réfugié en Uganda, est revenu lui rendre visite, à plusieurs reprises, sans être inquiété par les services de l’Etat rwandais qui étaient certainement au courant de ses allées et venues. Paul Kagame ne signale pas non plus qu’en 1965, son père, également réfugié en Uganda, est revenu à Ruhango dans son village où il a retrouvé tranquillement ses amis avant de retourner en exil. Par ailleurs, les attaques des rebelles « Inyenzi », devenus par après le FPR-Inkotanyi, contre le Rwanda, ont commencé au début des années 1960 et se sont poursuivies jusqu’en 1968, sans que cela constitue une menace pour la sécurité de la parenté de Kagame présente au Rwanda. Enfin, le beau-père de Kagame et la femme de ce dernier, Jeannette Kagame, ont vécu des années à Kigali, capitale du Rwanda, en vaquant quotidiennement à leurs affaires et en toute quiétude, dans les années 1980, alors que le pays était dirigé par la majorité hutus.
L’histoire du Rwanda falsifiée à des fins politiciennes
Depuis que le FPR-Inkotanyi a pris le pouvoir en 1994, après avoir abattu l’avion qui transportait le Président Juvénal Habyarimana et d’autres personnalités, élément déterminant qui a déclenché le génocide au Rwanda, celui-ci est devenu un fonds de commerce pour le régime dictatorial de Kagame qui ne cesse de l’évoquer à tort et à travers pour faire taire, voire tuer, tous ceux qui osent fustiger et condamner ses mensonges et ses crimes innommables. Les observateurs avisés de la situation du Rwanda savent aussi que le FPR-Kagame travaille savamment à la falsification de l’histoire, dans le but à peine voilé de disqualifier, pour de bon, les hutus dans la course à la direction du pays. En effet, en les traitant globalement de génocidaires, y compris les premiers leaders ayant instauré la république au Rwanda, le FPR envoie au monde entier le message selon lequel la majorité hutu ne doit plus prendre le pouvoir, soi-disant pour la sécurité des tutsi dont les vies seraient encore une fois menacées si les hutu revenaient aux affaires.
Nous tenons à souligner que ni les manipulations, ni les intimidations du régime du FPR-KAGAME ne nous détourneront de notre combat pour la vérité. Nous osons espérer que le journal « Jeune Afrique » qui a publié ladite interview accordée au Président Paul Kagame, daignera diffuser la présente mise au point. Le but est que cette version contradictoire permette aux lecteurs intéressés, en particulier les Rwandais, de connaître la vérité, et rien que la vérité, sur ce point précis qu’est la fuite du Rwanda de la famille de Kagame au début des années 60.
Fait à Bruxelles le 30 septembre 2021.
Faustin Twagiramungu Ancien Premier Ministre du Rwanda et témoin de l’histoire rwandaise