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Les dépliants d’Addis, Bujumbura explique sa démarche

Les dépliants d’Addis,  Bujumbura explique sa démarche

Willy Nyamitwe: “Ce peuple meurtri a droit à la justice et c’est la démarche des instances judiciaires.”

Des dépliants ont été distribués par la délégation gouvernementale en marge du 32e sommet de l’UA évoquant le mandat d’arrêt du président Pierre Buyoya. Des tracts à mobile politique, selon le concerné.

Les opposants parlent de diversion et de récupération de l’affaire Ndadaye pour mobiliser l’électorat hutu à la veille des prochaines élections de 2020, et passer ainsi pour le justicier qui n’a pas peur de terrasser l’ancien homme fort du Burundi.

Le conseiller principal à la présidence de la République n’y va pas de main morte. L’ambassadeur Willy Nyamitwe assure que dans le même paquet que les détracteurs, il faut aussi ajouter la clique d’extrémistes qui, après avoir échoué à renverser les institutions démocratiquement élues par le truchement d’une insurrection et d’un Coup d’Etat, pensent qu’il est toujours possible de tirer sur la corde sensible, celle de l’ethnisme, pour capter la sympathie de l’opinion et attirer l’ostracisme sur le Gouvernement du Burundi. « Quand il fut battu par le président Ndadaye en 1993, le major et son artillerie propagandiste de mauvais perdants n’hésitèrent point à dénigrer le Peuple Burundais prétextant qu’il n’y avait pas eu d’élections mais qu’à la place d’une expression démocratique d’électeurs il y avait eu un recensement ethnique. La suite on la connaît, macabre. » Willy Nyamitwe indique qu’au-delà de leur appétit démesuré du pouvoir, ils ont commis l’irréparable, renversé les institutions et balayé avec une cruauté sans nom des vies humaines dont le nombre ne sera malheureusement jamais connu. « Ce peuple meurtri a droit à la justice et c’est la démarche des instances judiciaires. Que ceux qui détractent le Burundi et ses institutions comprennent que les temps sont révolus. »

Il est clair que Bujumbura ne va pas lâcher l’affaire. S’il ne mise pas trop sur l’extradition de l’ancien président, il n’en reste pas moins qu’il a décidé de ternir l’image du haut fonctionnaire de l’UA qu’il est devenu. Le dépliant le présente comme l’assassin du premier président démocratiquement élu et ses collaborateurs.

Au-delà de la bataille diplomatique et médiatique entre Bujumbura et Buyoya, les proches collaborateurs du président Melchior Ndadaye craignent que le volet judiciaire ne soit occulté.

Le président Sylvestre Ntibantunganya se dit favorable aux poursuites judiciaires. Les Burundais ont droit de connaître la vérité sur la préparation et l’exécution de l’assassinat du président Ndadaye. Pour l’ancien président qui a été destitué par le deuxième putsch de Pierre Buyoya, l’assassinat du président Ndadaye est la cause de toutes les difficultés auxquelles le Burundi a été confronté depuis lors jusqu’à aujourd’hui. Il n’exclut pas l’hypothèse d’une volonté de récupération politique. «Il a toujours été dit que d’une part le dossier sera tiré des tiroirs en cas de besoin pour des intérêts politiques. Et que d’autres se serviront de la politique d’autre part pour étouffer l’instruction judiciaire du dossier».

Pour rappel, Melchior Ndadaye est le premier président burundais démocratiquement élu. Investi le 10 juillet 1993, il est assassiné après 102 jours de pouvoir au cours d’un coup d’Etat sanglant, le 21 octobre 1993. Pontien Karibwami, président de l’Assemblée nationale, Gilles Bimazubute, vice-président de l’Assemblée nationale, Juvénal Ndayikeza, ministre de l’Administration du territoire et du Développement communal, trouvèrent également la mort.
Ce coup de force va déchaîner des violences inter-ethniques dans tout le pays, déclenchant une guerre civile, qui fera, selon les estimations, entre 50 000 (chiffre avancé par la Commission internationale d’enquête des ONG) et 100 000 (chiffre avancé par les délégués du Haut-commissariat aux Réfugiés).

Stupéfaction de Buyoya

Pierre Buyoya: « A un an des élections, le pouvoir veut instrumentaliser
la justice pour écarter des personnalités gênantes. »

Lors du 32e sommet de l’UA, la délégation de Bujumbura a arpenté couloirs et salles de conférence, distribuant un dépliant (deux pages) qui fait: « une mise au point du Burundi sur le mandat d’arrêt du président Pierre Buyoya. » Le dépliant explique que l’ancien homme fort du pays, Pierre Buyoya, doit rendre des comptes. Il est accusé d’être l’instigateur de l’assassinat du président Melchior Ndadaye et de plusieurs de ses collaborateurs.

Cette « mise au point » du Burundi, c’est aussi une réponse à Moussa Faki, le président de la commission de l’Union africaine. Dans son communiqué sorti au lendemain du lancement du mandat d’arrêt contre Buyoya, 2 décembre dernier, il s’était fermement opposé à cette poursuite estimant que « Cela va compliquer la recherche d’une solution consensuelle conformément à l’esprit de réconciliation nationale ».

Le dépliant distribué à Addis Abeba est clair. Bujumbura persiste et signe. « Pour le Burundi, ne pas poursuivre les auteurs et/ ou planificateurs d’un renversement d’institutions démocratiquement élues et de crimes atroces de 1993, c’est cela qui compliquerait, plutôt, la recherche d’une solution consensuelle ».

« Cela porte atteinte à mon honneur »

« Stupéfaction » C’est ainsi que l’on pourrait résumer la réaction de Pierre Buyoya, présent au sommet de l’Union africaine. Il s’est vite empressé de réagir. « Cela porte atteinte à mon honneur » a-t-il déclaré. L’ancien président occupe un poste important de haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel. Dans son communiqué, il a parlé de tract distribué en méconnaissance des règles de fonctionnement de l’Union africaine. Pour lui, à un an des élections, le pouvoir veut instrumentaliser la justice pour écarter des personnalités gênantes. Pour « cette poursuite contre lui est une entreprise politique qui ne peut que pérenniser la haine dans l’esprit et la haine dans l’esprit et la mémoire du Burundais ». Bujumbura, dit-il, doit avoir d’autres priorités notamment un dialogue sincère pour mettre un terme à la crise.

Quid de la distribution des dépliants dans un sommet de haut niveau ?

«Originale » pour certains, peu orthodoxe pour d’autres, la démarche de la délégation burundaise au sommet de l’Union Africaine a suscité des réactions au sein de la classe diplomatique.

Selon un diplomate, les canaux traditionnels, en passant par l’ambassade ou par un envoyé spécial, sont préférables et sérieux. « La délégation burundaise a manifesté un manque de respect et de rigueur diplomatique. Diffuser un tract hors propos avec les débats du jour est ridicule. »

Un autre diplomate estime que tous les moyens sont bons pour transmettre l’information entre pairs. Cela peut passer par un coup de téléphone à un envoi de document suivant les canaux habituels. « Nous n’avez pas idée de ce qu’on peut se transmettre lors d’un sommet. Une clé USB contenant un document important peut passer d’une main à une autre. Alors pourquoi pas un dépliant ?

Source : Iwacu

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Kigali a décliné l’invitation lancée le 25 mai à Addis-Abeba par François Hollande pour un sommet sur la paix et la sécurité sur le continent africain

Kigali a décliné l’invitation lancée le 25 mai à Addis-Abeba par François Hollande pour un sommet sur la paix et la sécurité sur le continent africain.
Lors des festivités du 50e anniversaire de l’Union africaine, le chef de l’Etat Français, a annoncé qu’il invitait les pays africains à Paris pour un sommet sur la paix et la sécurité sur le continent les 6 et 7 décembre à Paris. Cette invitation qui fait suite à l’implication française dans la guerre au nord du Mali a été mal accueillie à Kigali.
Pour le Rwanda, pas question de se rendre à ce sommet. « Ceux qui estiment avoir encore besoin de la protection de l’ancien maître colonial se rendront à cette convocation. Ce n’est pas notre cas, » a formulé un proche collaborateur de Paul Kagame, cité par Jeune Afrique
Pourtant le Président français, seul chef d’État européen invité aux festivités du 50e anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine (UA) en 2002, a tenu à souligner que « ce sont les Africains qui, demain, devront assurer la sécurité de leur continent ».
De même, depuis son élection le 6 mai 2012, François Hollande n’a cessé d’annoncer la mort de la Françafrique, estimant que « la relation entre l’Afrique et Paris « doit être limitée à l’appui que la France va donner aux armées africaines pour qu’elles se défendent elles-mêmes » . « C’est pour leur sécurité, c’est également pour notre propre sûreté en Europe » a martelé le chef d’Etat Français à Addis-Abeba le 25 mai dernier.
Le non du Rwanda à l’invitation de François Hollande n’est toutefois pas surprenant. Si l’élection de François Hollande a plus au moins été saluée à Kigali, cette victoire signifiant également le départ d’Alain Juppé (ennemi juré de Paul Kagame) du ministère des affaires étrangères, les embuches à une réelle normalisation des relations franco-rwandaises sont restées nombreuses. Dernière en date, le dossier M23. Depuis que le Rwanda est accusé de soutenir les rebelles du M23 qui sèment le chaos à l’Est du Congo, la France est perçue, à Kigali, comme le pays le plus inflexible à ne pas considérer la position Rwandaise dans ce dossier.
Dans un rapport que le parlement rwandais a publié le 11 février 2013, la France y est ainsi citée comme le pays le plus obstiné à faire pression sur les Nations Unies et les autres puissances, afin que des sanctions fermes soient prises envers le régime de Kigali. Le rapport du Parlement explique que les projets de résolutions aux Nations-Unies condamnant le Rwanda dans le dossier du M23, ont été presque toutes déposés par la France.

Jean Mitari
Jambonews.net