Rwanda : le génocide des tutsi, révisionnisme des tutsi !

diane

« Le fait d’avoir arrêté le génocide ne vous donne pas le droit de terroriser et de tuer ceux qui en ont été rescapés. C’est insensé de tout le temps célébrer les morts, tout en tuant les vivants… »  Ainsi parlait, hier encore, Diane Rwigara, jeune fille universitaire tutsie.

« Vous avez déclenché intentionnellement le génocide tutsi en descendant l’avion du Président hutu. Puis vous avez massacré des innocents hutu qui nous avaient cachés, avant de vous en prendre aujourd’hui à nous… » Ainsi parlait, l’année dernière, Callixte Nsabimana, jeune homme universitaire tutsi. Plus encore que les quelques balles tirées aux abords de Nyungwe et (bêtement) revendiquées par ses soins depuis une chambre close des bas-fonds de Moroni, voilà d’ailleurs la phrase qui avait poussé Kigali à mettre sur sa tête 12 millions de dollars, mort ou vif ! Car l’enjeu est de taille…

Seulement voilà, à ce rythme, les caisses risquent de se vider bientôt puisque, comme on le voit aujourd’hui et comme on l’a vu hier et avant-hier, le pauvre « Sankara » n’est pas le seul tutsi à vibrer sur cette longueur d’onde. Y a même comme une hémorragie, et tout porte à croire que le phénomène ira crescendo ! Des tutsi de tous horizons sont fermement engagés dans ce « révisionnisme » d’un genre inédit, et pas des moindres : intellectuels de haut vol, médecins, journalistes ayant pignon su rue, professeurs d’universités, anciens haut- gradés, grands hommes d’affaires, religieux,…

Tous « questionnent » ce génocide, chacun à sa manière: y a ceux qui en attribuent le déclenchement, conscient et cynique, à Paul Kagame et son mouvement politique et armé, ceux qui dénoncent sa concomitance avec un autre, celui des hutu, entamé bien avant et perpétré par l’armée tutsie, d’autres qui dénoncent la gestion m’enfoutiste de l’après génocide, etc. Ce phénomène est tellement extraordinaire qu’il appelle cette question inévitable : comment diable en sommes-nous arrivés là?!

Au commencement était une erreur fatale de calcul politique, quand des stratèges mal inspirés ont décidé l’instrumentalisation outrancière de ce drame humain, jusqu’à faire du génocide le mythe fondateur du nouveau régime. Comme il fallait s’y attendre, cette machine implacable à « broyer du hutu » allait se révéler, à terme, le véritable tendon d’Achille sur lequel toute personne en rupture avec le FPR- hutu, tutsi ou même étranger- se doit tout naturellement de cibler!

L’autre énormité qu’on peut relever, parmi tant d’autres, c’est d’avoir fait preuve d’une méconnaissance inouïe de la société rwandaise d’après 1959. Dans ce Rwanda en effet, qui est tout sauf un ramassis de tribus, et « hutsisé » à outrance (biologiquement et sociologiquement), comment imaginer que tu peux globaliser les Hutu sans faire souffrir les Tutsi ?! Comment « se venger » sur un « juste » hutu et rêver faire le bonheur de ses protégés tutsis qu’il vient de sauver au risque de sa propre vie et celle de sa famille ? Comment tuer ou faire souffrir gratuitement un homme hutu innocent, et penser rassurer ainsi sa femme tutsie et sa famille ?! Comment parquer deux millions de hutu dans des prisons-mourroirs, et espérer que leurs « partenaires » tutsis de tous bords se tueront à la tâche, le cœur léger, pour leur apporter tous les jours à manger?!

La liste serait longue de ces « conneries » fatales qui nous conduisent là où nous en sommes, et qui nous rappellent étrangement les Interahamwe qui, dans leur délire génocidaire, avaient fini par massacrer plus de Hutu et de Hutsi, que de Tutsi! Et maintenant alors? Maintenant, avec certainement beaucoup d’autres, je m’interroge: qu’en serait-il advenu si, après guerre, des personnalités juives de premier plan avaient défié l’Agence Juive Mondiale sur la question fondamentale de la gestion de la mémoire de la Shoah? Ou si Aznavour, Manoukian et bien d’autres, avaient « questionné » le génocide arménien?!

Avant de me rendre compte que la réponse, effrayante, se trouve dans la question: l’extinction probable, à moyen ou long terme, de la mémoire ! Ne voit-on pas, d’ailleurs, déjà venir? Dans des pays où les Tutsi sont libres, c’est à dire à l’étranger, les commémorations ont commencé à tourner au pathétique. Ainsi par exemple en avril dernier, j’assistais d’une terrasse de café à un de ces rassemblements, auxquels bien évidemment même les Hutsi sont regardés de travers (encore une connerie)! La foule était tellement éparse que le pauvre reporter photographe de Igihe.com en était réduit à se contorsionner, tel un gymnaste de haut niveau, pour essayer des angles de vues improbables de nature à produire des clichés donnant l’illusion du nombre! Ça promet d’ailleurs encore du sport l’année prochaine puisque, après ce « cirque », l’un des participants me rejoignit, pour me confier: on ne m’y reprendra plus, c’est ma dernière fois ! Avant d’ajouter : et je suis loin d’être le seul…

 

Sylvestre NSENGIYUMVA
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