Tag Archives: France

MESSAGE DE FELICITATIONS AU PRESIDENT EMMANUEL MACRON

Monsieur Emmanuel Macron,

Le peuple français a parlé, vous êtes réélu à la magistrature suprême pour cinq ans à venir. Tout en vous félicitant, permettez-nous Monsieur le Président, de partager avec vous les points qui, à notre avis, devraient être intégrés dans votre projet notamment en ce qui concerne votre politique étrangère en général, et en particulier dans les relations avec le Rwanda.

  1. Tout comme votre élection, votre réélection résulte des institutions fortes non basées ni sur le culte de la personnalité, ni sur la terreur, encore moins sur la dictature. Le peuple rwandais rêve d’avoir un jour un système politique similaire au vôtre, ce qui risque de tarder à venir si vous continuez à soutenir le régime du FPR. En effet, Monsieur le Président, l’histoire a uni la France et le Rwanda créant un lien fort entre nos deux peuples. Il est vrai que les dirigeants viennent et partent mais les nations restent à jamais. C’est dans ce cadre que nous vous exhortons, à dépasser votre propre personne et celle de votre pair de Kigali, et à penser aux deux nations qui resteront après votre départ. 
  2. Ce serait myopique de ne pas soutenir une nouvelle génération de leaders au Rwanda sachant que les dirigeants actuels n’épargnent rien pour couvrir leurs crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de génocide dont ils se sont rendus responsables. Leur stratagème consiste, entre autres, en l’instrumentalisation de la tragédie rwandaise des années 1990-1994 aux fins purement politiques, d’une part en taxant de génocidaire toute voix dissidente de la communauté Hutu, et d’autre part, en menaçant la communauté internationale prétendument pour n’avoir pas sauvé les Tutsi en 1994. Pourtant, ces rebelles de l’époque devenus aujourd’hui maîtres du pays se sont opposés à toute intervention, qui selon eux, aurait pu gêner leur conquête militaire qui s’annonçait plus probable. Ainsi, les hauts cadres du FPR se font passer pour des victimes alors que la vérité est toute autre. D’ailleurs, ils n’ont pas voté pour la création du tribunal pénal international pour le Rwanda et n’ont pas coopéré avec le bureau du procureur lorsque leurs dossiers étaient ouverts pour instruction. Tout soutien envers ce régime équivaut à une complicité sans équivoque. Si le peuple rwandais ne vous reproche rien dans le passé, il revient à votre responsabilité de vous immuniser contre les conséquences des actes posés sous votre présidence.
  3. Ce deuxième mandat arrive au moment où vous présidez l’Union européenne. Les valeurs de l’Union européenne ne diffèrent pas de celles que défend la France. Ceci constitue une opportunité d’apporter votre pierre à l’édifice pour un monde libre de dictatures, un monde de droits, un monde juste, social et solidaire. Ces valeurs qui sont aussi les nôtres nous rendent ennemis du président Kagame dont la paranoïa de l’opposition démocratique est inutilement exagérée.
  4. Monsieur le Président,

Oui, vivent la France et les Français libres.  Mais en même temps, il faut que vivent le Rwanda et les Rwandais libres. Nous restons à votre disposition pour un échange sur l’avenir gagnant-gagnant entre nos deux peuples.

Fait à Montréal,

Ce 01/05/2022

Nadine Claire Kasinge

Présidente du Parti ISHEMA

Candidate aux élections présidentielles rwandaises de 2024.

Note : ISHEMA PARTY est une organisation politique lancée le 28 janvier 2013 à Paris, France ; par des jeunes militants et universitaires rwandais en exil. ISHEMA signifie la fierté des Rwandais. La vision définie par les fondateurs est « la promotion de la démocratie à travers les valeurs de vérité, intrépidité et justice sociale ». Dès le début, nous proposons un changement politique par la non-violence et des moyens pacifiques, le dialogue et le consensus qui profitent à tous les citoyens sans aucune forme de discrimination. Tout en partageant notre évaluation de la situation socio-politique au Rwanda, nous recherchons le soutien de la communauté internationale pour un changement de régime afin de construire des institutions démocratiques qui assureront la paix et le développement durable.

MESSAGE DE FELICITATIONS AU PRESIDENT EMMANUEL MACRON

Monsieur Emmanuel Macron,

Le peuple français a parlé, vous êtes réélu à la magistrature suprême pour cinq ans à venir. Tout en vous félicitant, permettez-nous Monsieur le Président, de partager avec vous les points qui, à notre avis, devraient être intégrés dans votre projet notamment en ce qui concerne votre politique étrangère en général, et en particulier dans les relations avec le Rwanda.

  1. Tout comme votre élection, votre réélection résulte des institutions fortes non basées ni sur le culte de la personnalité, ni sur la terreur, encore moins sur la dictature. Le peuple rwandais rêve d’avoir un jour un système politique similaire au vôtre, ce qui risque de tarder à venir si vous continuez à soutenir le régime du FPR. En effet, Monsieur le Président, l’histoire a uni la France et le Rwanda créant un lien fort entre nos deux peuples. Il est vrai que les dirigeants viennent et partent mais les nations restent à jamais. C’est dans ce cadre que nous vous exhortons, à dépasser votre propre personne et celle de votre pair de Kigali, et à penser aux deux nations qui resteront après votre départ. 
  2. Ce serait myopique de ne pas soutenir une nouvelle génération de leaders au Rwanda sachant que les dirigeants actuels n’épargnent rien pour couvrir leurs crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de génocide dont ils se sont rendus responsables. Leur stratagème consiste, entre autres, en l’instrumentalisation de la tragédie rwandaise des années 1990-1994 aux fins purement politiques, d’une part en taxant de génocidaire toute voix dissidente de la communauté Hutu, et d’autre part, en menaçant la communauté internationale prétendument pour n’avoir pas sauvé les Tutsi en 1994. Pourtant, ces rebelles de l’époque devenus aujourd’hui maîtres du pays se sont opposés à toute intervention, qui selon eux, aurait pu gêner leur conquête militaire qui s’annonçait plus probable. Ainsi, les hauts cadres du FPR se font passer pour des victimes alors que la vérité est toute autre. D’ailleurs, ils n’ont pas voté pour la création du tribunal pénal international pour le Rwanda et n’ont pas coopéré avec le bureau du procureur lorsque leurs dossiers étaient ouverts pour instruction. Tout soutien envers ce régime équivaut à une complicité sans équivoque. Si le peuple rwandais ne vous reproche rien dans le passé, il revient à votre responsabilité de vous immuniser contre les conséquences des actes posés sous votre présidence.
  3. Ce deuxième mandat arrive au moment où vous présidez l’Union européenne. Les valeurs de l’Union européenne ne diffèrent pas de celles que défend la France. Ceci constitue une opportunité d’apporter votre pierre à l’édifice pour un monde libre de dictatures, un monde de droits, un monde juste, social et solidaire. Ces valeurs qui sont aussi les nôtres nous rendent ennemis du président Kagame dont la paranoïa de l’opposition démocratique est inutilement exagérée.
  4. Monsieur le Président, Oui, vivent la France et les Français libres.  Mais en même temps, il faut que vivent le Rwanda et les Rwandais libres. Nous restons à votre disposition pour un échange sur l’avenir gagnant-gagnant entre nos deux peuples.

Fait à Montréal,

Ce 01/05/2022

Nadine Claire Kasinge

Présidente du Parti ISHEMA

Candidate aux élections présidentielles rwandaises de 2024.

Note : ISHEMA PARTY est une organisation politique lancée le 28 janvier 2013 à Paris, France ; par des jeunes militants et universitaires rwandais en exil. ISHEMA signifie la fierté des Rwandais. La vision définie par les fondateurs est « la promotion de la démocratie à travers les valeurs de vérité, intrépidité et justice sociale ». Dès le début, nous proposons un changement politique par la non-violence et des moyens pacifiques, le dialogue et le consensus qui profitent à tous les citoyens sans aucune forme de discrimination. Tout en partageant notre évaluation de la situation socio-politique au Rwanda, nous recherchons le soutien de la communauté internationale pour un changement de régime afin de construire des institutions démocratiques qui assureront la paix et le développement durable.

Advertisement

Le Groupe d’Initiative France-Rwanda, proteste contre la visite à Paris d’une délégation conduite par le général Jean Bosco Kazura.

COMMUNIQUÉ

Paris 15 mars 2022

Le Groupe d’Initiative France-Rwanda, GIFR en sigle, proteste contre la visite à Paris d’une délégation militaire du Rwanda conduite par le général Jean Bosco Kazura, chef d’État-Major des RDF – Forces Rwandaises de Défense.

Le Groupe d’Initiative France-Rwanda, GIFR en sigle, a appris avec stupeur, colère et indignation, la visite à Paris d’une délégation militaire du Rwanda conduite par le général Jean Bosco Kazura, chef d’État-Major des Forces de Défenses rwandaises, sur invitation de son homologue français. La délégation a été reçue avec tous les honneurs par le chef d’État-Major des armées, le général Thierry Burkhard.

 Après les visites en France du général-président rwandais Paul Kagamé en septembre 2011 et en mai 2021, il s’agit du premier déplacement officiel d’officiers de l’armée rwandaise en France depuis plus de 25 ans.

Continue reading

Patrick Robert: «La France n’a pas de responsabilité dans le génocide rwandais»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Emmanuel Macron a déclaré que la France avait une «responsabilité écrasante» dans le génocide au Rwanda. Fin connaisseur de l’Afrique, le reporter-photographe Patrick Robert, qui était présent à Kigali en avril 1994, conteste fortement cette appréciation. Et il expose ses désaccords avec le rapport Duclert.

Grand reporter-photographe, Patrick Robert parcourt l’Afrique depuis 1980 et a «couvert» de nombreux conflits (le journaliste a été grièvement blessé par balles au Libéria en 2003). Son travail, publié par les plus grands magazines, a été récompensé par de nombreux prix internationaux dont deux Visa d’or au festival de photo-journalisme à Perpignan. Il était à Kigali d’avril à début mai 1994 et est retourné plusieurs fois au Rwanda depuis.


FIGAROVOX. – Quelle appréciation portez-vous sur le discours d’Emmanuel Macron à Kigali?

Patrick ROBERT. – Le discours du président Macron à Kigali est un exercice subtil qui fait manifestement partie d’un plan de normalisation des relations entre les deux pays, en accord avec les autorités rwandaises. Elles ont de leur côté beaucoup réduit leurs accusations, qui devenaient de plus en plus difficiles à justifier.

Il semble que la reconnaissance d’une responsabilité quelconque de la France, qu’elle soit «accablante», «écrasante», ou «considérable» n’est qu’une courtoisie diplomatique pour ne pas dédire le président Kagame, une sorte de cadeau de réconciliation. La France affecte de reconnaître une responsabilité largement surjouée pour pouvoir tourner la page et permettre «l’opportunité d’une alliance respectueuse, lucide, solidaire, et mutuellement exigeante».

D’après les déclarations d’Emmanuel Macron, «l’ampleur des responsabilités accablantes» de la France au Rwanda est de n’avoir pas «su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter le pire». Cela ne constitue pas une responsabilité accablante.

Le président continue: «En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire (…)». C’est un anachronisme: le régime n’était pas génocidaire avant l’attentat, qui n’était pas prévisible. Et la menace de grands massacres n’était pas ignorée par la France mais au contraire prise très sérieusement en compte pour contraindre à l’achèvement de négociations entre Rwandais «(…) dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter». Cela ne fait toujours pas une responsabilité accablante.

En somme, il est possible que les deux pays aient compris qu’ils avaient besoin l’un de l’autre dans leurs actions multilatérales en Afrique. La France, qui a besoin d’un partenaire fiable avec une armée opérationnelle, et le Rwanda, qui a compris que la France est la seule puissance occidentale capable de s’investir sur le terrain dans la stabilité de l’Afrique et son développement. Il est possible également que le président Kagame ait compris que la francophonie est un outil utile qu’il a peut-être écarté un peu vite en prenant le pouvoir en 1994, et aussi qu’il ait besoin de trouver de nouveaux créanciers depuis que ses alliés originels prennent progressivement leurs distances avec un régime très contestable au plan des droits de l’homme et des principes démocratiques.

Le discours du président de la République à Kigali a été précédé par la publication du rapport de la «Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi (1990-1994)», présidée par Vincent Duclert, rapport remis à Emmanuel Macron qui l’avait demandé. Que pensez-vous de la méthodologie suivie par les auteurs du rapport? Partagez-vous leurs conclusions?

L’initiative de sortir des archives la matière permettant de comprendre quelle était la nature des motivations et des actions des dirigeants français de l’époque est bienvenue, tant les suppositions les plus folles avaient fini par faire vérité historique. Les archives de l’Élysée, du ministère de la Défense, du ministère des Affaires étrangères, de celui de la Coopération ont donc pu être consultées, la plupart ayant été déclassifiées et rendues accessibles pour la première fois.

Le rapport a deux grands défauts: ne pas considérer l’histoire de la rivalité Hutu-Tutsi dans sa profondeur historique, se privant de la conscience de son enracinement (comme si cette tragédie commençait avec l’indépendance chaotique du pays) ; et ne pas voir que le pays est devenu sous Paul Kagame une dictature policière.

Patrick Robert

Ce rapport a cependant deux grands défauts: ne pas considérer l’histoire de la rivalité Hutu-Tutsi dans sa profondeur historique, se privant de la conscience de son enracinement (comme si cette tragédie commençait avec l’indépendance chaotique du pays) ; et ne pas voir que le pays est devenu sous Paul Kagame une dictature policière dépourvue de la légitimité démocratique qu’il prétendait instaurer. La promesse, par la propagande du FPR, d’une démocratie succédant à une dictature raciste n’a pas survécu à l’exercice du pouvoir. Le Rwanda d’aujourd’hui n’est pas plus une démocratie et son régime politique pas plus partagé équitablement que celui qu’il a remplacé. Le rapport ne tient pas compte de ces deux réalités.

En somme, les rapporteurs se trouvent en porte à faux par rapport à la vérité historique puisqu’ils plaquent leur vision morale, éthique, sur une réalité qu’ils découvrent à partir des seules archives, sans tenir compte de la complexité du terrain. La plupart des critiques du rapport sont contestables sur le fond.

On y apprend cependant beaucoup de choses et des murs de certitudes s’effondrent. On comprend le mécanisme décisionnel et les raisons qui mobilisent le président Mitterrand. Point de volonté génocidaire, point de motivations occultes, d’arrière-pensées mercantiles ou de quelconque mauvaise intention, contrairement aux affirmations répétées depuis 25 ans dans des centaines d’articles et de communiqués d’associations humanitaires reprenant souvent les arguments du régime rwandais.

Pas de dérapage non plus entre les ordres donnés et leur exécution. Au sommet de la Baule en 1990, Mitterrand fait un discours qui annonçait une rupture avec les pratiques d’ingérences précédentes. L’action de la France se fera dorénavant dans la transparence et le respect du droit international. L’aide de la France sera conditionnée à la démocratisation effective des pays qui la solliciterait. Le rapport fait état de cette volonté de faire du Rwanda «une sorte de laboratoire de l’esprit du discours de La Baule». Le drame rwandais démontre que les bonnes intentions ne suffisent pas.

Pourtant les rapporteurs concluent à une responsabilité de la France dans l’exécution du génocide en considérant qu’elle savait que les extrémistes Hutu préparaient un génocide et qu’elle ne s’y est pas opposée. C’est très inexact, je le répète: si les observateurs français, à l’époque, étaient conscients que la menace de grands massacres était réelle, et qu’il était urgent de prendre de vitesse les extrémistes en aboutissant à un accord politique, aucun d’eux ne pouvait prévoir qu’ils deviendraient un génocide. D’ailleurs, la constatation de sa réalité a été faite très tardivement par la communauté internationale après qu’il eut commencé. Le fait génocidaire n’était tout simplement pas concevable dans les esprits à Paris. Les pressions pour inciter Habyarimana à contrôler ses extrémistes ont été faites, et faisaient même partie des négociations d’Arusha de partage du pouvoir. Certainement pas suffisamment, dans l’ignorance de ce que deviendrait le futur. On ne peut pas cependant être tenu responsable de quelque chose qu’on n’a pas imaginé possible alors que la France a tenté pendant quatre ans, à l’époque, de réconcilier les protagonistes. C’est profondément injuste.

Un des griefs du rapport envers les autorités politiques françaises de l’époque tient à leur grille d’analyse des réalités du Rwanda, selon eux tout à fait fausse. Est-ce aussi votre analyse?

Les rapporteurs insistent sur la vision erronée que les autorités françaises auraient portée selon eux sur la région en considérant le rapport de force démographique des ethnies en présence. Ce qui constitue d’après eux un aveuglement qui répéterait «un schéma colonial» et une «construction idéologique» qui ignoraient «le caractère factice de ces catégories», ce qui est qualifié «de vision ethniciste». Il aurait fallu considérer «l’unicité d’un même peuple».

Les rapporteurs insistent sur la vision erronée que les autorités françaises auraient portée selon eux sur la région en considérant le rapport de force démographique des ethnies en présence. Ce qui répéterait un « schéma colonial » qui ignorait « le caractère factice de ces catégories ». C’est beau comme une pétition universitaire, mais très éloigné de la réalité du pays à l’époque.

Patrick Robert

C’est beau comme une pétition universitaire, mais très éloigné de la réalité du pays à l’époque: celle de la lutte pour le pouvoir dans une histoire longue marquée par la domination des Tutsi sur les Hutu. La terreur qu’inspirait à ces derniers le retour au pouvoir des Tutsi n’est pas une construction mentale française. C’est le point de réalité obsessionnel qui a motivé le génocide, sans que les autorités françaises ne puissent le concevoir à l’époque. Cette réalité ethnique n’est en rien contradictoire avec le très fort sentiment d’appartenance des Rwandais au même peuple, avec la même langue et la même religion. Mitterrand l’avait dit à Habyarimana: «ces gens-là (le FPR) sont aussi rwandais et c’est normal qu’ils veuillent rentrer chez eux». C’est le principal point de critique des rapporteurs qui fonde l’accusation d’aveuglement et qui est donc inexact. En tout cas injuste.

L’abondance des documents et dépêches diplomatiques déclassifiés permet d’établir que le soutien de la France au régime d’Habyarimana était bien conditionné à l’ouverture des négociations d’Arusha devant aboutir au partage du pouvoir. Il n’était donc pas inconditionnel. Partage que d’ailleurs ni les Hutu ni les Tutsi ne voulaient sincèrement.

Les rapporteurs affirment également qu’en n’empêchant pas le régime d’Habyarimana d’organiser ses milices, la France prêtait la main à la préparation du génocide. Génocide qui, qu’on me pardonne d’insister, n’était pas envisageable par avance, ne serait-ce que dans l’ignorance de la proximité de l’attentat déclencheur. L’accusation du rapport fait facilement abstraction du fait que le Rwanda était un État souverain et que les Français n’y faisaient pas ce qu’ils voulaient, surtout après le discours de La Baule !

Par ailleurs, contrairement à ce qui a été affirmé, Habyarimana n’était pas un ami de Mitterrand. Ils ne se sont rencontrés que trois fois avant 1990 et quatre fois après le déclenchement de la guerre par le FPR, uniquement dans des rencontres bilatérales et des sommets de chefs d’État. L’asile donné à sa famille au lendemain de son assassinat n’était qu’un geste de courtoisie du chef d’État français. Cette décision fut prise dans l’urgence face aux menaces certaines qui pesaient sur elle.

Le rapport considère que le Rwanda de 1990 est une dictature. Néanmoins il n’était pas considéré comme tel au regard des standards de l’époque dans les pays voisins très instables. Bien que très pauvre, il était bien géré, propre, les infrastructures fonctionnaient. Les massacres du passé étaient loin, croyait-on, et le risque de rechute peu crédible dans un avenir envisageable. Ceux qui disent le contraire n’ont pas connu cette période.

Lorsque Habyarimana a renversé en 1973 Grégoire Kayibanda, dictateur Hutu ouvertement raciste qui régnait depuis l’indépendance, il a tendu la main aux Tutsi. Il a établi des quotas pour les imposer dans l’administration. C’est ce qui fait dire à Duclert, et aux associations militantes qui l’influencent manifestement, qu’il avait une politique raciste en établissant des quotas pour limiter l’accès aux Tutsi. Ce fait n’est pas exact, c’est même le contraire. À l’époque, par ailleurs, les Tutsi étaient très actifs dans la vie économique, même s’ils restaient exclus de la vie politique.

Reprenons la chronologie à partir de 1990. Que décide François Mitterrand face aux événements?

En 1990 un groupe armé rebelle venu d’Ouganda attaque le Rwanda avec l’intention de prendre le pouvoir par la force. Des massacres sont commis, puis des contre-massacres de vengeance, entraînant d’autres tueries. Habyarimana demande l’aide de la France qui a signé des accords de coopération et de défense en 1975 (sous Giscard). Ces accords de défense ne sont activés que si le pays est attaqué par un pays étranger. Le FPR est bien armé, entraîné et équipé par l’Ouganda, mais ses combattants sont des Tutsi descendant des réfugiés ayant fui le Rwanda après la guerre pour l’indépendance gagnée par les Hutu. Les renseignements militaires français ont cherché à savoir si des soldats ougandais participaient à l’offensive pour déterminer si les conditions d’intervention des accords de défense de 1975 s’appliquaient. C’est pourquoi on a vu des soldats français contrôler des identités. Non pas pour «trier» des Tutsi comme on l’a dit, mais pour vérifier s’il y avait des Ougandais parmi eux. Museveni, le chef d’État ougandais, l’a toujours nié, bien que 1.000 à 2.000 hommes du FPR fissent bien partie de l’armée ougandaise, dont Kagame lui-même qui y était colonel.

C’est la raison pour laquelle le président Mitterrand n’engage pas l’armée française directement contre les rebelles mais simplement en soutien de l’armée régulière d’un État souverain. Paris a bien tenu compte du fait que ces rebelles sont aussi rwandais et qu’il était compréhensible qu’ils souhaitent rentrer chez eux avec leurs familles. Mitterrand a dit à plusieurs reprises dès 1990 que «le FPR n’est pas notre ennemi», et que «la France ne fait pas la guerre au FPR». Pour pouvoir rendre possible des négociations, il fallait stopper les combats. Une force militaire rebelle qui progresse rapidement sur le terrain n’a rien à gagner dans des négociations: son coup d’État est à portée de main. Il fallait donc former l’armée régulière, déployer des soldats au sol, livrer des armes et figer les fronts. Surtout que pendant toute la durée des négociations à Arusha, le FPR continuait de harceler les lignes de défense pour maintenir la pression sur le régime, compliquant sa volonté de compromis.

Chaque nouvelle demande d’armes formulée par la présidence rwandaise à Paris était un point de levier pour contraindre le régime à négocier, donc à faire des compromis politiques avec les rebelles. Aucun des belligérants ne souhaitait négocier, il a fallu leur tordre le bras pour les contraindre à le faire. L’aversion de Kagame pour la France est venue de là: notre pays l’a empêché de prendre tout le pouvoir qu’il convoitait dès 1990. Les critiques actuelles ne tiennent pas compte du fait que la France avait affaire avec un État indépendant, souverain, reconnu par l’ONU, et qu’elle n’y faisait pas ce qu’elle voulait. Par exemple, Paris ne pouvait pas intervenir contre la présence des milices racistes (un phénomène régional qui s’est aggravé au Rwanda après 1992 et que l’on a sous-estimé).

Dès 1990 on savait que des militaires Hutu souhaitaient tuer les Tutsi, donc le rapport conclut qu’en ne les arrêtant pas (de quel droit aurait-on pu le faire dans un pays souverain ?) on les encourageait, finalement donc que la France est complice. C’est une fois de plus le contraire. L’urgence était à la négociation, tout en empêchant que l’une ou l’autre force n’écrase l’adversaire sur le terrain. C’était une course de vitesse contre les extrémistes de tous bords.

Le rapport Duclert fait l’inventaire des armements livrés en jugeant qu’ils sont considérables. Ce n’est pas le cas. La valeur totale de ces armes, 64 millions d’euros sur 4 ans, pour soutenir une armée en guerre, n’est en rien excessif. C’est même assez peu. Des armes légères, des munitions et des pièces détachées. Mitterrand a refusé de livrer la plupart des armes qui auraient fait la différence sur le terrain et qui étaient ardemment réclamées: aucun véhicule blindé, aucun missile, autorisant finalement une, puis deux batteries d’artillerie modeste (105mm) de six canons, aucun hélicoptère de plus, se contentant de l’entretien des trois existants avant la crise. Il refuse surtout l’appui aérien des avions français qui auraient été déterminants.

L’aide militaire de la France n’a pas été massive, elle n’était pas calibrée pour gagner la guerre mais pour que l’armée rwandaise, de très mauvaise qualité, tienne a minima le temps des négociations face au FPR qui lui, était régulièrement approvisionné en armement par l’Ouganda. Le génocide n’a pas été commis principalement par les armes à feu fournies par la France ou provenant par ailleurs des pays d’Europe de l’Est, d’Israël et d’Afrique du Sud, qui fournissaient aussi le régime d’Habyarimana.

Après avoir réussi au forceps à faire signer un accord politique de partage du pouvoir entre le gouvernement rwandais et son opposition armée, la France met fin à l’opération Noroit en 1993 et retire ses 600 hommes sur place. Conformément aux accords signés à Arusha, elle est remplacée par une mission militaire de l’ONU de 2.300 hommes qui arrive en novembre 1993. Mais cette mission est neutralisée à l’ONU par Américains et Britanniques qui réduisent au maximum son efficacité et ses moyens matériels, la privant de toute réelle utilité pour agir contre les forces en présence.

Lorsque l’attentat survient contre l’avion présidentiel, lâchant la fureur des extrémistes, l’ONU ne pourra pas agir. Il n’y avait pas de militaires français au Rwanda quand commencèrent les massacres, à part trente coopérants militaires chargés de maintenance de matériel, dont les deux gendarmes chargés des transmissions radio qui seront tués par le FPR juste après l’attentat, ainsi que la femme de l’un d’entre eux. Le FPR a bien procédé aussitôt, lui aussi, à des meurtres ciblés: de nombreux témoignages collectés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda en font état. Il est intéressant de constater que dans les heures qui ont suivi l’attentat, le FPR prenne la peine de tuer les deux gendarmes français qui faisaient de la transmission radio et probablement des écoutes. Qu’avait à cacher le FPR après l’attentat s’il n’en était pas l’instigateur? Avant d’être tués, les gendarmes avaient fait état à leur hiérarchie d’une activité radio inhabituelle du FPR. Ces informations contribuent à accréditer la thèse de la responsabilité du FPR dans l’attentat, avec de nombreuses autres, comme le fait que Museveni ait lourdement insisté pour que les trois présidents montent dans le même avion et se réjouisse devant des journalistes en apprenant l’attentat et la mort «des trois tyrans» (ignorant encore que Mobutu s’était ravisé en dernière minute).

Quoi qu’il en soit, ces trois morts seront les trois seules victimes françaises au Rwanda en quatre ans, hormis l’équipage de l’avion présidentiel. Les Français présents sur place seront tous rapatriés le lendemain avec les autres ressortissants étrangers.

Ne portez-vous pas un regard trop bienveillant sur les décisions de l’Élysée à l’époque?

Il ne s’agit pas de bienveillance, mais de la vérité historique mise en évidence par le rapport Duclert lui-même. Des critiques peuvent être faites, instruites par la connaissance du dénouement. Mais ce ne sont pas celles que les rapporteurs font.

Nombreux sont ceux qui affirment qu’il ne fallait pas s’en mêler, que ce n’était pas nos affaires. Très bien. Alors il faut accepter l’idée que d’immenses massacres auraient eu lieu à ce moment-là, en 1990 au lieu de 1994 et s’en laver les mains comme l’ont fait les autres États, américain, britannique et belge. Les Hutu auraient perdu le pouvoir, mais seraient entrés en résistance contre leur oppresseur séculaire, entraînant le pays dans une somalisation probable.

La France n’a aucune excuse à donner pour avoir été la seule à avoir tenté d’éviter la chute de ce pays, à ses risques et périls. Nous n’avions rien à gagner au Rwanda.

Patrick Robert

Mitterrand a choisi de tenter d’être un faiseur de paix. Peut-être était-ce vaniteux, présomptueux? Peut-être était-ce la vision qu’il avait de la responsabilité de la France: ne pas se débiner? Les accords d’Arusha prévoyant le partage du pouvoir sont le produit de cette implication française. Ces accords auraient pu réussir s’il n’y avait pas eu l’attentat contre l’avion du président rwandais. Arusha n’aurait pas eu lieu sans l’engagement de l’armée française au sol et le travail du Quai d’Orsay pour impliquer l’ONU et les pays voisins.

Les accords d’Arusha sont un succès français, et non pas du FPR comme le prétend le rapport. Les Tutsi se trouvent élevés quasiment à parité avec les Hutu malgré leur ratio démographique très défavorable (le FPR exigeait 50 % du commandement de l’armée et 45 % des effectifs). C’est pourtant bien le reproche que fait le général Kagame, qui faisait semblant de négocier sous la contrainte internationale mais qui ne souhaitait pas partager le pouvoir exclusif hérité de ses ancêtres et contrarié par la colonisation allemande, puis belge, n’en déplaise à la commission Duclert. Pour lui, et désormais pour tous ses soutiens occidentaux, l’opération Noroît d’abord puis Arusha sont des initiatives françaises destinées à l’empêcher de gagner la guerre et de régner seul sur le pays. Son aversion pour la France est profonde, personnelle. La normalisation des relations avec le Rwanda ne pourra se faire qu’à son initiative, avec un esprit de réconciliation sincère.

La France n’a aucune excuse à donner pour avoir été la seule à avoir tenté d’éviter la chute de ce pays, à ses risques et périls. Nous n’avions rien à gagner au Rwanda.

On comprend la position du régime actuel qui s’est attaqué à la France avec véhémence pendant des années pour faire diversion quant à ses propres responsabilités, écrasantes. On comprend moins celle des journalistes militants, des ONG moralisatrices qui se pensent infaillibles et d’une commission d’historiens qui supposent, à défaut de mieux, que la principale motivation des décideurs français de l’époque serait une obsessionnelle crainte d’une concurrence anglo-saxonne. Prétexte ridicule et fantasmée (comme le dérisoire soi-disant complexe de Fachoda). Il s’agit d’un pays francophone qui n’est pas une ancienne colonie et ne fait pas partie du «pré-carré». On a pourtant le droit de constater que le pays est devenu anglophone, qu’il s’est précipité d’adhérer au Commonwealth et que le FPR a été constamment soutenu dès le début par Américains et Britanniques. Mais non, la France n’avait au Rwanda aucun intérêt économique ou stratégique à défendre. On ne fait pas la guerre pour la francophonie. Ceux qui l’ont prétendu se sont trompés.

Le rapport affecte de croire que le FPR est un mouvement politique démocratique ouvert à tous les Rwandais. Or dans les faits les Hutu du FPR sont des faire-valoir sans aucun pouvoir réel et ouvertement méprisés.

Patrick Robert

Le rapport fait siennes des positions du FPR pourtant très contestables, et mises en avant par une communication efficace, manipulatrice, relayée à l’étranger par des compatriotes expatriés. On retrouve sa syntaxe dans les arguments des ONG, de la presse et du rapport. Par exemple, le rapport affecte de croire que le FPR est un mouvement politique démocratique ouvert à tous les Rwandais. Or dans les faits les Hutu du FPR sont des faire-valoir sans aucun pouvoir réel et ouvertement méprisés. Beaucoup des opposants Hutu à Habyarimana qui l’ont rejoint ont démissionné depuis ou ont pris la fuite sous les menaces. C’est le cas de Pasteur Bizimungu, opposant d’Habyarimana qui rejoignit le FPR dès 1990 et fut nommé fin 1994 président du pays par Paul Kagame. Il ne pouvait prendre aucune décision importante et servait de faire-valoir jusqu’à sa fuite quatre ans plus tard. Il créera un parti politique d’opposition immédiatement interdit. Pour ça il fut arrêté et condamné par la justice du Rwanda à quinze ans de prison pour «association de malfaiteurs, détournement de fonds publics et incitation à la désobéissance civile». Gracié après cinq ans de prison, il a renoncé à la politique. D’autres n’ont pas eu cette chance.

La qualification du régime d’Habyarimana de «dictature» provient encore du FPR pour justifier son expédition militaire. Mais le régime actuel est une autre dictature. Sa gestion économique technocratique habile et sa bonne gouvernance n’y changent rien. On peut s’en accommoder. Il y a d’autres pays qui sont des dictatures et qui se revendiquent être des démocraties (Russie, Turquie, Chine…) mais qu’on ne dise pas que le FPR souhaitait abattre une dictature pour instaurer la démocratie, et que la France a tenté de l’en empêcher !

L’attentat de l’avion présidentiel aura rendu impossible la poursuite du processus d’Arusha et a donné le signal des massacres. Duclert pense que les extrémistes Hutu sont responsables de l’attentat. Cette affirmation est très contestée par les nombreux observateurs qui connaissent bien le dossier. Il pense aussi que «sans l’attentat, le génocide aurait eu lieu de toute façon». C’est possible. Mais alors, pourquoi auraient-ils tué leur président s’ils pouvaient déclencher le génocide de son vivant? Et que faire du fait que le numéro de série du missile qui a atteint l’avion présidentiel provient d’un lot acheté par l’armée ougandaise quelques mois plus tôt?

Le rapport met en cause la centralisation de la décision à l’Élysée, le domaine réservé et l’exercice solitaire du pouvoir, en quelque sorte, propres à la Ve République. Qu’en pensez-vous?

Le rapport fait grand cas de l’activité dominante de l’État-Major Particulier du président Mitterrand. Il est présenté comme étant la cheville ouvrière de l’action de la France au Rwanda et de son manque supposé de probité. Les historiens semblent découvrir que la politique africaine se décide à l’Élysée. Les documents déclassifiés démontrent que l’Etat-Major Particulier a toujours suivi les consignes du président qui seul validait les actions à suivre.

Les rapporteurs ne comprennent pas bien pourquoi le président dispose d’un État-Major personnel, parallèle à celui de l’État-Major des armées, et pourquoi celui-ci semble court-circuiter celui-là. Le chef de l’État est chef des Armées et la politique africaine est toujours pilotée par le président. Pour les opérations militaires en Afrique le ministère de la Défense suit les directives de l’Élysée. En plus de lui tenir à disposition en permanence les codes nucléaires, son Etat-Major Particulier a aussi une fonction non dite et aujourd’hui futile: rendre plus compliquée l’organisation d’un coup d’État militaire en cas de crise grave: le président peut reprendre la main sur l’armée depuis l’Élysée grâce à lui. Ce qui semble être une anomalie aux historiens fait partie de l’institution militaire française et a ses raisons.

Le rapport s’indigne que des avis divergents, des analyses contradictoires provenant de militaires ou de diplomates informés sur place aient été écartés par l’exécutif. Mais c’est la règle du genre. Le président suivait sa ligne politique. Le décideur gère des considérations qui échappent aux analystes de terrain, même les plus avisés. Il doit tenir compte des relations multilatérales et diplomatiques. Il a un point de vue global propre à sa position.

N’ayant pas décelé de fautes graves dans le mécanisme de décision ni de décalage entre l’ordre émis et son exécution sur le terrain, le rapport pointe ce qui lui semble être des anomalies administratives. Que l’Etat-Major Particulier communique directement avec l’attaché militaire de l’ambassade à Kigali, alors que son courrier aurait dû suivre un cheminement administratif passant par le ministère de la Défense et les Affaires étrangères, par exemple, lui semble être la marque de dysfonctionnement fâcheux. Pourtant à aucun moment les consignes du président n’ont été modifiées ou même trahies. Le respect de la rigueur des règles protocolaires administratives du flux d’informations échangées semble plus important aux rapporteurs que la rapidité d’exécution ou que son efficacité.

On a beaucoup critiqué l’Opération Turquoise. Quelle appréciation portez-vous sur son action?

S’agissant de Turquoise, Mitterrand décide de répondre à une pressante campagne de presse et d’opinion s’indignant -très justement- de l’inaction face au génocide en cours. Il autorise alors une opération militaire française pour «faire cesser les massacres» dans l’apathie générale de la communauté internationale. Décision compliquée dans sa validation onusienne, mais qui finit par aboutir. L’obsession des dirigeants français était que les militaires français ne soient jamais confrontés sur le terrain aux forces du FPR qui avaient menacé de s’opposer à eux, ce qui limitera considérablement son efficacité. L’opération fut un succès mondialement reconnu. Pourtant, on trouve toujours aujourd’hui des critiques infondées et des accusations injustes. D’où vient cette haine de soi irrépressible? Le rapport Duclert, soulignons-le, «blanchit» définitivement Turquoise.

Non la France n’a aucune responsabilité dans le génocide des Tutsi Rwandais: sans doute aurait-elle pu mieux faire, mais elle a été la seule à prendre des risques pour que le pays puisse se réconcilier. Nous aurions aussi pu ne rien faire comme tous les autres pays et se retrancher derrière l’ONU qui n’aurait rien fait non plus. On aurait alors pu s’excuser ensuite, comme eux, d’avoir été inactif, et même coupable d’indifférence. On ne nous aurait fait aucun reproche. Le pays aurait sombré dès 1990, quatre ans plus tôt.

Le rapport Duclert conclut le contraire de ce qu’il démontre. Il apporte les preuves que l’action de la France a été retenue, prudente, raisonnée, et même courageuse, consciente des risques considérables qui menaçaient.

Patrick Robert

Les seuls responsables de la tragédie sont rwandais: le FPR, qui a pris l’initiative d’une invasion armée mûrement préparée et la prise du pouvoir par la force avec la certitude de sacrifier des milliers de vies humaines ; le gouvernement Hutu, qui a manœuvré en tentant d’instrumentaliser la France tout en mettant en place une «solution finale» au cas où les choses tourneraient mal pour son régime ; et l’ONU, aussi, porte une lourde responsabilité. Les Américains et les Britanniques ont tout fait, je le répète, pour neutraliser l’action de la MINUAR mise en place par les accords d’Arusha pour qu’elle ne puisse jouer aucun rôle qui aurait pu gêner le FPR. Le 12 avril 1994, alors que l’ONU discutait de l’éventuelle modification du mandat de la MINUAR pour la rendre utile dans la tragédie en cours, le FPR avisa l’Organisation des Nations unies avec aplomb que si elle devait devenir une «force d’instauration de la paix», elle serait considérée comme ennemie. Si l’ONU l’avait voulu en lui donnant des moyens matériels et un mandat plus adapté (au chapitre VII), la MINUAR aurait pu faire cesser les massacres dès l’attentat, en tout cas les limiter, qu’ils ne deviennent pas un génocide.

Que pensez-vous des préconisations du rapport?

Le rapport des historiens soumet un certain nombre de recommandations pour l’avenir. On sent l’appétit du monde universitaire pour la création de coûteux comités Théodule et les missions d’éducation moralisatrices, culpabilisantes et pénitentialistes destinées à notre jeunesse. Manifestement, l’intention, très surprenante, est de prévenir l’irruption d’un génocide comparable en France. À moins que de vouloir entretenir une culpabilité ontologique éternelle de notre histoire?

C’est très facile, 27 ans après, de distribuer des blâmes, quand on connaît le dénouement. On peut faire tous les reproches de jugement aux autorités françaises de l’époque, d’avoir sous-estimé les manœuvres et manipulations dont ils ont fait l’objet de la part des autorités rwandaises de l’époque, d’avoir privilégié la défense des droits régaliens au détriment des volontés légitimes de l’opposition armée, mais on ne peut pas dire qu’elles soient responsables des massacres qui les débordent alors que les soldats français ne sont plus sur place, ni qu’ils aient contribué à les rendre possibles. Il ne viendrait à personne l’idée de reprocher aux pompiers de Paris de n’avoir pas pu empêcher que la flèche de la cathédrale Notre-Dame en feu ne tombe à travers la voûte de sa nef.

En réalité, le rapport Duclert conclut le contraire de ce qu’il démontre. Il apporte les preuves que l’action de la France a été retenue, prudente, raisonnée, et même courageuse, consciente des risques considérables qui menaçaient. Pas d’aveuglement, donc. Ce sont les rapporteurs qui font preuve d’aveuglement en niant une réalité ethnique têtue et en concluant à une consensuelle responsabilité de la France dans l’accomplissement du génocide rwandais. Comme si un rapport qui la «blanchirait» ne pourrait pas être crédible.

Le Figaro.

France – Rwanda : une autre dette pour financer le luxe de Kagame ?

Le gouvernement français vient d’accorder au gouvernement rwandais un prêt de 40 millions d’euros et une subvention de 5.8 millions d’euros. Le prêt serait destiné à maîtriser les impacts du COVID-19, et la subvention, à l’enseignement de la langue française.

D’après notre analyse, ce dont le Rwanda a besoin n’est pas l’argent, car, rien sur cette planète n’égalera les sommes reçues par ce pays dans la reconstruction après la guerre de 1990 – 1994. Selon l’étude de la Banque mondiale, plus de 190 millions de dollars n’ont pas servi à ce qui était prévu et se sont retrouvés dans les paradis fiscaux. Billy NDENGEYINGOMA, le beau-fils de KAGAME, BUSIGNYE Johnson via son petit frère Denis KARERA, un autre haut gradé de l’armée et conseiller de KAGAME , détiennent des comptes cités dans ce scandale. Il y va sans dire les autres détournements scandaleux qui impliquent, notamment Bernard Makuza, ancien Président du Sénat; Dr Ndayambaje Irenée, Directeur général de REB; Dr Conco Jeanine, ancienne Directrice générale de RBC; Dr James Gashumba, Vice-Chancelier de Rwanda Polytechnic; Ing. Aimé Muzola, Directeur général de WASAC; Richard Gasana, Maire du District de Gatsibo; Ndayambaje Godefroid, Maire du District de Ngororero; Rutaburingoga Jérôme, Maire du District de Gisagara; Sebutege Ange, Maire du District de Huye; Habyarimana Gilbert, Maire du District de Rubavu; Espérance Mukamana, Directrice générale de RLMUA.

Kagame lui même n’aménage rien en se servant de ces fonds qui seront remboursés par le contribuable rwandais sans en avoir bénéficier. Les coûts de déplacements inutiles du Présidents ont été analysés par les experts:

Ce dont le Rwanda a besoin n’est pas l’argent, plutôt la bonne gouvernance.
En effet, bien que la pandémie COVID – 19 ait causé ses propres dégâts, force est de constater que ceux-ci auraient pu être évités dans un système politique avec des institutions fortes et un environnement socio-économique plus libre et propice à l’optimisation du potentiel national.

Afin de doter le pays de telles capacités, il faut:
1. L’ouverture de l’espace politique pour permettre à toutes les forces vives du pays de jouer leur rôle dans la refondation de la nation.
2. La proposition d’un gouvernement de transition qui ouvre les portes à l’opposition politique et tous les acteurs de la société civile avec la mission de préparer les élections démocratiques de 2024.
3. La restructuration des institutions de l’Etat pour en faire organes démocratiques, efficaces et opérationnels.
4. La refonte des forces de l’ordre du pays et création des services dignes de confiance, et qui reflètent la réalité de la société rwandaise.
5. La création des commissions distinctes chargées des questions diverses.

Lire la feuille de route pour la gouvernance du Rwanda après COVID-19

Chaste GAHUNDE

Lettre à l’assemblée nationale française sur l’injustice au Rwanda.

  • Boniface Twagirimana est porté disparu depuis le 08 octobre 2018, il se serait échappé d’une prison haute sécurité, quelques jours après son arrivée dans cette prison !
  • Anselme Mutuyimana a été assassiné le 08 mars 2019,
  • Eugene Ndereyimana est porté disparu depuis le 15 juillet 2019,
  • Syldio Dusabumuremyi a été assassiné le 23 septembre 2019.

Le plus attristant est que l’on pourra croire que le jeu politique entre la France et le Rwanda via la Francophonie se joue avec une variable d’ajustement, celle des vies des opposants politiques. Comment en votre qualité de représentants du peuple français pouvez-vous laisser faire cela ? Peut-on imaginer une France dans laquelle les opposants politiques seront assassinés ou portés disparus sans qu’une enquête indépendante ne soit menée ?

« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons » Martin Luther King

En restant sur la Francophonie, Paul kagame a été obligé de libérer un autre prisonnier politique, il s’agit de Kizito Mihigo. C’est important de revenir sur lui car le 07 avril 2020, Emmanuel Macron a tenu à saluer « la capacité de réconciliation » du peuple rwandais et cela m’a interpellée pour deux raisons :

  • Tout en reconnaissant et en saluant le soutien et la solidarité qu’Emmanuel Macron et le peuple français ont exprimés au peuple rwandais par la commémoration des victimes du génocide perpétré contre les tutsis en 1994, le silence des autorités françaises à la suite de l’assassinat de Kizito Mihigo, rescapé de ce génocide est déplorable.
  • Saluer « « la capacité de réconciliation » du peuple rwandais est ignorer que la réconciliation au Rwanda, comme pour les autres sujets au Rwanda, obéit aux ordres de la dictature. Le peuple rwandais est sommé d’afficher un semblant de réconciliation, pire encore ceux qui essayent d’œuvrer pour mettre en place les fondations d’une réconciliation véritable et durable sont emprisonnés, assassinés, forcés à l’exil voire les trois à la fois pour les moins lotis.

L’exemple ici est trois jeunes trentenaires, membres fondateurs de l’Alliance Rwandaise pour le Pacte National (RANP-Abaryankuna, un mouvement composé des jeunes résistants rwandais) qui en 2014 avaient mis en place une action d’envergure pour amorcer des dialogues sur la vraie unité dont le peuple rwandais a besoin. Lorsque le gouvernement rwandais a découvert leur action, la réponse n’a pas tardé :

  • Gérard Niyomugabo, écrivain, a été arrêté le 04/04/2014, à ce jour il est porté disparu.
  • Kizito Mihigo, chanteur, a été arrêté le 06/04/2014 et libéré le 15 septembre 2018 dans le contexte de la Francophonie. Il a été de nouveau arrêté le 13 février 2020 puis depuis a été assassiné le 16 février 2020 dans sa cellule par les autorités rwandaises qui ont voulu masquer cet assassinant en suicide.
  • Cassien Ntamuhanga, journaliste, a été arrêté le 07/04/2014 et s’est miraculeusement échappé de la prison rwandaise le 31 octobre 2017. Vous devez savoir que trois petits frères de Cassien Ntamuhanga ont été kidnappés le 04 octobre 2016 par les agents des renseignements rwandais et sont à ce jour portés disparus !

Les trois jeunes étaient des activistes de la réconciliation rwandaise, celle fondée sur l’égalité parfaite entre les individus, le pardon et l’amour de l’autre et du pays. Ce faisant, ils se distanciaient de l’idéologie officielle du régime du FPR, celle de « Ndi Umunyarwanda » qui demandait aux descendants de ce qui a été considéré comme l’ethnie hutue de demander éternellement pardon aux descendants de ce qui é été considéré comme l’ethnie tutsie pour les crimes qui ont été commis en leur nom. Dans ses oeuvres, Kizito Mihigo chantait notamment une réconciliation basée sur l’humanité en indiquant « Je suis rwandais (Ndi Umunyarwanda) devrait être précédé par je suis humain (Ndi umuntu) » et a été emprisonné en raison de ces paroles.

En dehors du contexte de la Francophonie, je souhaite vous parler de :

  • Dieudonné Niyonsenga journaliste et propriétaire de la chaîne Youtube Ishema TV, qui s’est distingué en couvrant les démolitions des habitations de plus de 4000 familles des pauvres et des classes moyennes à Kigali sans aucune indemnité ou relogement, les viols des femmes rwandaises par les militaires rwandais lors du confinement. Ce journaliste a été arrêté le 15 avril 2020 pour n’avoir pas respecté les mesures de confinement, depuis la police rwandaise a fabriqué des charges (utilisation des faux papiers) contre lui et il est en prison en attendant un procès ! Ce dimanche un média a appelé publiquement à ce que Victoire ingabire soit assassinée. La journaliste qui utilise le surnom d’« Ellen Kampire » et le média « my250TV » n’ont pas été sanctionnés !
  • Fred Barafinda Sekikubo, il a été amené le 10 février 2020 à l’hôpital psychiatrique de Ndera par la police rwandaise. Depuis il y est interné contre la volonté de sa famille. Selon sa femme les médecins ont dit qu’il pouvait sortir mais attendent l’autorisation de la police rwandaise ! Ce père de 10 enfants a voulu se présenter à l’élection présidentielle de 2017 et s’est beaucoup démarqué fin 2019 et début 2020 par ses prises de positions où il dénonçait les démolitions des habitations des pauvres à Kigali et l’injustice sans fin dont subit le peuple rwandais.

Pour finir, il est primordial de ne pas oublier les victimes des exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité rwandaise en toute impunité. Depuis le 01 janvier 2020, au moins dix-sept civils[1] non armés ont été assassinés par la police rwandaise ou affiliée. Pour l’année 2019, il y a eu au moins cinquante civils[2] non armés exécutés par la police rwandaise.

Tout cela se déroule dans une impunité totale et sous silence complète de la communauté internationale dont la France fait partie. La lutte contre l’impunité est primordiale pour que le peuple rwandais puisse vivre en paix. Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, l’a souligné dans son discours du 10 décembre 2018 : «Seule la lutte contre l’impunité peut briser la spirale des violences». Vos voix pour arrêter la spirale des violences au Rwanda peuvent non seulement aider le peuple rwandais à retrouver la paix et la sécurité mais aussi peut sauver des vies, notamment celle des opposants politiques dans le collimateur du pouvoir du FPR au Rwanda ou à l’étranger. A défaut d’agir, vous pouvez vous abstenir de soutenir ce régime pour celles et ceux qui le font et encourager Emmanuel Macron à arrêter de soutenir le dictateur sanguinaire Paul Kagame.

Je vous prie de croire, Mesdames, Messieurs, les Députés de la République française, à l’assurance de ma plus haute considération.

Constance Alice Mutimukeye


[1] https://www.rwandanlivesmatter.site/#/numbers

[2] Ibid

GIFR dénonce la complaisance du CAPS face à la dictature de Kagame

Communiqué N° GIFR 20-04-2020

Dans une note intitulée “L’effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ?”[1] et rendue publique par latribune.fr dans son édition du 01/04/2020, le Centre d’analyse, de prévention et de stratégie (CAPS) estime que la crise du Covid-19 pourrait être pour l’Afrique “la crise de trop, qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale)”.

Avant d’envisager des stratégies à adopter en cas de crise grave, d’effondrement des régimes politiques et des interlocuteurs pour la France, le CAPS établit une comparaison entre États dits fragiles (Sahel et Afrique centrale) et ceux considérés comme solides comme le Rwanda et le Sénégal.

Les membres du GIFR, Groupe d’Initiatives France Rwanda, apprécient la pertinence et l’opportunité de cette analyse qui vient à point nommé. Ils déplorent cependant son aveuglement vis-à-vis du Rwanda quand elle suggère à la France d’envisager des stratégies à adopter en cas de crise grave et d’effondrement des régimes politiques. Il est stupéfiant de voir une note du CAPS qualifier le Rwanda d’”État solide”. Les effets de cette manipulation scandaleuse ne se sont pas fait attendre car, au lendemain de cette sortie, l’Elysée a invité le dictateur Paul Kagame à participer à la vidéo-conférence dédiée aux chefs d’États africains triés sur le critère de viabilité de leur pays respectif. Or, personne au CAPS n’est en droit d’ignorer la situation qui prévaut dans ce pays sur les plans politique et socio-économique.

Politiquement, le Rwanda connaît une situation on ne peut plus explosive due non seulement à une gouvernance autocratique, au non-respect des libertés les plus fondamentales de la personne humaine mais aussi à des relations tendues avec ses voisins notamment l’Ouganda et le Burundi. La terreur qui règne dans le pays conduit d’innombrables ressortissants rwandais à prendre le chemin de l’exil pour ne pas être tués ou arrêtés arbitrairement. Si les plus chanceux peuvent prétendre à l’asile politique dans les pays lointains d’Asie, d’Europe et d’Amérique, le plus grand nombre s’entassent dans les pays de la sous-région comme l’Ouganda, le Burundi, la Tanzanie et le Kenya.

Ne pouvant se résoudre à une vie de misère, désireux de rentrer dans leur pays quel qu’en soit le prix, beaucoup de rwandais de l’extérieur ont déjà opté pour l’usage de la force en vue de renverser le pouvoir du FPR.

En définitive, parler de solidité pour un pays qui vit perpétuellement sous la menace d’une attaque armée nous parait quelque peu erroné.

La fragilité du pays réside aussi dans les inégalités chroniques entre différentes couches de la population rwandaise. La gestion calamiteuse des ressources, l’appropriation illégale des biens par les oligarques du pouvoir ont créé deux principales catégories dans le pays : une classe aristocratique qui vit dans une insolente opulence et une majorité de la population qui vit dans une misère sans précédent. Si rien n’est fait pour redresser la barre, pour arrêter les injustices, il est à craindre que, à la longue, la population se soulève contre ce pouvoir qui la maintient sous le joug. Cela constitue à nos yeux une sorte de bombe à retardement qui ne permet pas de classer le Rwanda parmi les pays solides en Afrique.

A la lumière de ces quelques éléments de mise au point, nous appelons les autorités diplomatiques de la France à revoir leur copie d’analyse en ce qui concerne le Rwanda, à classer le régime parmi les plus fragiles et à en tirer toutes les conséquences.

Le Groupe d’Initiative France-Rwanda, GIFR en sigle

Paris 20 avril 2020

[1] https://www.latribune.fr/economie/international/comment-la-france-imagine-une-possible-implosion-de-l-afrique-face-au-covid-19-844055.html

 

Colloque du 09 mars 2020: Licra a menti!

Lundi le 09 mars 2020 au Palais de Luxembourg dans les locaux du sénat français s’est tenu un colloque intitulé “« L’Afrique des Grands Lacs, 60 ans de tragique instabilité ». Un peu avant le jour du colloque, l’esprit de peur et de panique a envahi Kigali. Le régime  en place à Kigali s’inquiétait beaucoup quant à ce qui pouvait se discuter au sein du sénat .

Kagame et ses hommes ont tenté d’infiltrer l’auditoire, mais en vain. Il était trop tard, les places étant limitées. Et puis, une tentative de bloquer le colloque a été lancée. En même temps le président du sénat rwandais s’est adressé à son homologue français pour demande l’annulation du colloque. Une pétition a été mise en ligne pour forcer le président du sénat d’abandonner son soutien au colloque. Ça n’a pas toujours pas marché. Les intervenants ont subi de chantages et menaces pour qu’ils ne participent pas, sauf que certains sont trop forts pour céder.

LICRA s’en mêle, maladroitement

Licra a écrit une lettre au président du sénat pour plaider au côté des Kagamistes, sauf que les maladresse, mensonge et turpitude sans précédent en inondaient le contenu. D’abord, le titre de la lettre : “génocide des Tutsi: le colloque de la honte”. Le signataire de la lettre voulait jouer avec les sentiments en évoquant ce malheur qu’a connu le Rwanda et dont personne n’ose parler et débattre en profondeur. Or, le thème du colloque tournait autour de l’instabilité qui a eu lieu pendant 60 ans! Et puis, délibérément ou manipulé, l’auteur de ladite lettre s’aventure: il commence par créer un prénom d’Adrien qu’il colle à l’un des intervenants, Charles Onana. Et sans vérifier ses sources ou pour se ridiculiser gratuitement ( il y en a qui aiment ça), l’auteur annonce un procès qui aurait été intenté à l’encontre de Charles Onana, soi-disant, suite aux propos négationnistes tenus à la chaîne LCI en 2019. 

Vincent Herouët, de la LCI contacté par LACROIX à ce sujet  met à nu Licra: “nous n’avons pas reçu l’ombre d’une plainte à ce sujet : cette phrase est sortie avec malhonnêteté de son contexte. Charles Onana n’a jamais nié sur notre antenne la réalité du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. On comprend bien dans cet entretien, qu’il parle de la période qui précède ce génocide”. 

A la question de ce fameux procès à son encontre, Charles Onana réplique à Réveil FM International : “n’importe quoi”, avant d’ajouter: “le ridicule ne tue pas et que rien ne les arrête dans la diffusion du mensonge!”.  

Enfin, Charles Onana lance un défi à Licra: “Ils seraient bien inspirés de s’intéresser à la situation dramatique de mon ami Déo Mushayidi, victime Tutsi du génocide de 1994, condamné à perpétuité parce qu’il a réclamé, comme moi, vérité et justice pour les Tutsi et les Hutu. Demandez à tous les journalistes et associations qui ont diffusé cette rumeur à quelle date se tient le procès ? C’est hallucinant ! Ce sont des méthodes de voyous. Le droit français reste tout de même précis. Vous aurez remarqué qu’ils m’ont même baptisé « Adrien » pour l’occasion. Je n’ai jamais vu ce prénom dans mes papiers d’identité. Cela vous donne une idée du niveau de rigueur de ceux qui me poursuivent. S’ils en sont à ne même pas savoir comment je m’appelle alors que mon nom est sur tous mes livres, je serais tenté de dire qu’ils vont jusqu’à nier publiquement le nom que m’ont donné mes parents… N’est-ce pas du « négationnisme » ça ?”

Rappelons que dans le passé le régime de Kagame avait porté plainte contre Charles Onana pour diffamation, plainte qui a été retirée par peur que toute la vérité éclate devant les juges, et le public, ce qui servirait de jurisprudence.

Chaste Gahunde


Avis aux lecteurs: Nos articles peuvent être reproduits à condition de citer le nom d'auteur et le site web source.
Notice to readers: Our articles may be reproduced provided the author's name and the source website are cited.

Le Rwanda tente un Cheval de Troie en Francophonie

La francophonie est en danger. Par le biais de son média français préféré , le gouvernement rwandais – ou ses représentants au sein de la diplomatie française, ce qui revient au même – a lancé un ballon d’essai.

Ce ballon d’essai est destiné à lui faire connaître et donc anticiper les réactions que provoquerait une éventuelle candidature au poste de secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie de l’actuelle ministre des affaires étrangères du Rwanda .

Dès le début de cette manœuvre, la réaction officielle du gouvernement français a été recherchée. La réponse diplomatique qui aurait été faite passe aujourd’hui auprès des 83 pays membres de l’OIF pour la tentative d’une ancienne puissance coloniale pour imposer cette candidature. Elle peut donc être d’ores et déjà exploitée comme telle par Kigali, ce qui était probablement le but réel de sa publication prématurée.

Cette opération est aussi suivie de près par les états voisins du Rwanda, majoritairement anglophones et qui ont jadis soutenu militairement et diplomatiquement la conquête du pouvoir par Kagame puis son accès au Commonwealth, avant d’entrer en conflit ouvert avec lui. Ils avancent aujourd’hui que, les exigences du Commonwealth étant supérieures à celle de l’OIF en matière de respect des droits de l’homme, Kagame et son gouvernement dictatorial réélu avec un score soviétique, auraient aujourd’hui intérêt à se rapprocher de l’organisation francophone  qu’il voulait pourtant quitter il y a peu.

Tous les commentateurs et tous les acteurs  de ce ballon d’essai font mine de considérer – ou d’espérer – que le seul but poursuivi serait un réchauffement des relations franco-rwandaises.  Or, les exigences posées par l’un et par l’autre de ces deux partenaires sont totalement incompatibles puisque la France ne peut pas – décemment – imposer à sa Justice le non-lieu exigé par Kagame dans la procédure qui le met en cause depuis plus de dix ans dans l’attentat du 6 avril 1994, attentat qui a déclenché le génocide en toute connaissance de cause.

On ne peut que s’interroger sur les buts véritables poursuivis par cette initiative puisque les actuels prolégomènes à une éventuelle candidature de Mme Louise Mushikiwabo comme secrétaire générale de l’OIF ne les révèlent en rien. Les antécédents de ce personnage et de son maître, le général–président–à–vie Paul Kagame, leurs nombreuses tentatives  d’élimination de la langue française du Rwanda, pays indubitablement et exclusivement  francophone depuis un siècle, tout au moins pour ce qui est des langues européennes, ne laissent pas d’inquiéter les observateurs qui parlent d’un véritable « cheval de Troie ».

maxresdefault

Lousie MUSHIKIWABO, cheffe de la diplomatie rwandaise

Il est établi que, depuis de nombreuses années, Paul Kagame n’a eu de cesse d’éradiquer la langue et la culture françaises du Rwanda. Sous prétexte que, lui, Paul Kagame, ne parle pas français, il a interdit le 8 octobre 2008 l’usage de cette langue dans l’enseignement public rwandais où elle était seule utilisée depuis un siècle. De même, il a interdit l’usage de la langue française dans tout document administratif.

Accessoirement, sous des prétextes  d’urbanisme qui ne trompent personne, il a ensuite fait raser le centre culturel français de Kigali et il refuse depuis quelques années d’accréditer l’ambassadeur de France proposé par Paris. Pourquoi Kagame aurait-il brutalement changé radicalement de posture à l’égard de la langue et de la culture françaises et tout simplement à l’égard de la France ? N’ayant aucune réponse, très logiquement, certains observateurs avisés considèrent que  Louise Mushikiwabo qui s’est toujours comportée comme un petit soldat exemplaire au service de Kagame au point que, en tant que Ministre des « Affaires Etranges », elle a toujours couvert d’un manteau diplomatique les opération d’assassinat d’opposants rwandais commis à l’étranger (Afrique du Sud, Kenya et autres), ferait un excellent cheval de Troie au sein d’une organisation honnie.

Or, on sait depuis 1994 et depuis l’action du bataillon FPR introduit au CND de Kigali fin 1993, comment Kagame est passé maître dans l’utilisation d’un cheval de Troie.

Lors des négociations d’Arusha et lors de la paix signée en cette ville de Tanzanie le 4 août 1993, Kagame a su se ménager, sous le prétexte de mettre fin à la guerre, les moyens de lancer l’assaut final qui le portera au pouvoir quelques mois plus tard. Il a obtenu le départ des troupes françaises auxquelles il ne pardonnera jamais d’avoir retardé son triomphe, mais surtout, il a obtenu d’introduire au cœur du dispositif ennemi un bataillon de ses meilleures troupes. Sous prétexte d’assurer la protection de ses émissaires,  il a placé à Kigali un bataillon entier. Et comme il aime les symboles, il a fait en sorte que ce bataillon soit cantonné au Conseil National du Développement (C.N.D.) qui était jusque-là le parlement rwandais, le temple de la démocratie  naissante dans ce pays.  Ce bâtiment présentait, outre son aspect symbolique la double caractéristique, d’une part, de commander l’axe reliant l’aéroport au centre-ville et, d’autre part, de faire face, de l’autre côté de cet axe, au principal casernement de la Garde Présidentielle de son ennemi juré, Juvénal Habyarimana

C’est à partir de cette installation FPR du CND – que tout à chacun qualifiait de « Cheval de Troie » dès avant qu’elle soit effective en décembre 1993 – que Kagame a pu infiltrer la société rwandaise et les Interahamwe, préparer et perpétrer l’attentat du 6 avril 1994 qui tua deux chefs d’état hutu et lancer simultanément son offensive contre la Garde Présidentielle logée à portée de mitrailleuse.

Quand Kagame conquiert une place par la force, par la négociation ou par la ruse, il ne la lâche pas. Il est le maître du Rwanda depuis 1994 et jusqu’en 2034 au moins. Louise Mushikiwabo resterait secrétaire générale  de l’OIF pendant au moins plusieurs mandats…sauf si elle a détruit cette organisation entre-temps. Dans le meilleur des cas, si l’OIF n’est pas détruite, la France en sera exclue ou , à tout le moins, y sera marginalisée .

Michel ROBARDEY

Source: Mediapart

Rwanda: passe d’armes entre le PS français et les autorités de Kigali

1000px-Flag_of_Rwanda.svg__0

Le Drapeau du Rwanda

Drapeau de la France_0.jpeg

Le Drapeau de la France

Au Rwanda, cela fait cinq ans que l’opposante Victoire Ingabire est en prison. A cette occasion, le Parti socialiste français demande sa libération et en profite pour dénoncer la réforme de la Constitution, un processus qui doit permettre à Paul Kagamé de rester au pouvoir après la fin de son deuxième et en principe dernier mandat en 2017. Une sortie que le gouvernement rwandais n’a pas vraiment appréciée.

Victoire Ingabire est injustement emprisonnée après des années de combat consacrées à la réconciliation du peuple rwandais, la justice et la démocratie, dénonce le Parti socialiste français. Le PS ajoute que l’opposante rwandaise, qui vient déjà de passer cinq ans en prison, doit pouvoir participer librement à la vie démocratique de son pays.

ingabire v

Ingabire Victoire Umuhoza

Des socialistes français qui disent exprimer leur solidarité à la famille de Victoire Ingabire, à son parti, les FDU, mais aussi « à toutes les forces démocratiques et pacifistes qui veulent instaurer une paix durable au Rwanda et oeuvrer à l’instauration des libertés fondamentales pour tous les Rwandais ».

Réponse rapide de Kigali

Dans ce communiqué, le Parti socialiste dit s’inquiéter « de la tentation du pouvoir rwandais de remettre en cause l’ordre constitutionnel et la limite fixée au nombre de mandats présidentiels ». Il demande donc aux autorités rwandaises de renoncer à leur projet de révision constitutionnelle. 

« Je me demande si c’est un vrai document issu d’un quelconque parti sérieux, ironise la ministre rwandaise des Affaires étrangères. Cela aurait été mieux si le Parti socialiste français s’était soucié du meurtre de masse d’un million de Rwandais, il y a 21 ans, [plutôt] que de se préoccuper, aujourd’hui, de la manière dont les Rwandais exercent leur droit souverain de se choisir un dirigeant », a rétorqué Louise Mushikiwabo.

Source: RFI