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Mise au point sur la vraie vérité de la fuite du Rwanda par le père du président Paul Kagame

Dans une interview publiée par le journal Jeune Afrique n° 3104 de Septembre 2021, le Président Paul KAGAME revient sur la période de son jeune âge et raconte comment lui, à l’âge de 4 ans, et ses parents ont fui le Rwanda en 1961. L’article est intitulé : « Le joue où j’ai fui le RWANDA pour échapper aux génocidaires ».

Dans son exposé, Paul KAGAME dit, et je le cite : « Je me souviens bien de la dernière fois, quand nous avons été arrachés à notre foyer. Ce jour- là, ils avaient mis le feu à beaucoup d’habitations. Ils tuaient le bétail et les gens et ils semblaient déterminés à se débarrasser de tout le monde aux alentours, en finissant par notre maison qui se trouvait un peu à l’écart de la route principale ». Et il ajoute : « certains hutus avaient remarqué que la voiture envoyée par la cousine de ma mère, la reine, se dirigeait vers notre maison. Ils se signalèrent mutuellement d’interrompre ce qu’ils faisaient afin de se précipiter vers notre habitation pour nous empêcher de nous échapper. La horde des hutus était quasiment arrivée au portail de notre maison au moment où nous venions d’embarquer dans ladite voiture. Nous sommes allés d’abord à Nyanza dans la famille de ma mère et une semaine après, nous sommes partis jusqu’à MUTARA chez les grands-parents avant de traverser la frontière vers l’UGANDA pour rejoindre un endroit appelé Kamwezi ».

La vérité est toute autre !

En novembre 1959, le RWANDA a connu la Révolution sociale, sous l’impulsion de certains leaders hutu (Dominique Mbonyumutwa, Grégoire Kayibanda, Joseph Gitera et d’autres) pour mettre fin à la dictature et à l’esclavage instaurés par la monarchie des tutsi, avec à leur tête le Roi (Umwami). Le pays était encore sous la tutelle de la Belgique et c’est le Roi qui détenait le pouvoir, en étroite collaboration avec les représentants du gouvernement belge au Rwanda. A la suite de cette révolution, certains tutsis, notamment les chefs et les sous-chefs de territoires, n’ont pas accepté ce vent de changement et ont commencé à assassiner certains leaders hutus à travers le pays. Rappelons, entre autres, les victimes hutues ci-après : Polepole Mukwiye, Sindibona, Secyugu. En fait, un certain nombre de dignitaires tutsis ont fui le pays au motif qu’ils ne supportaient pas d’être sous l’autorité des hutus qui étaient juste avant leurs subordonnés, leurs esclaves!

La famille de Paul KAGAME habitait à Ruhango, une petite ville située au centre du Rwanda, dans l’ancienne Préfecture de Gitarama et elle est restée sur place jusqu’en 1961. Paul Kagame a parlé d’une horde de hutu qui seraient venus jusqu’au portail de leur habitation, ajoutant que sa famille serait partie vers une autre ville voisine, celle de Nyanza. Si c’étaient vraiment des génocidaires, ils auraient pu poursuivre sa famille jusque-là au lieu de la laisser tranquille durant une semaine. En réalité, pendant cette Révolution qui allait être confirmée le 28 janvier 1961 avec l’avènement de la République, les hutus ont laissé partir à l’étranger les tutsi qui le voulaient. Il arrivait même qu’ils les accompagnent en transportant leurs affaires jusque dans les régions réservées ou recommandées, notamment le Bugesera et le Mutara. Pour preuve, Paul Kagame a reconnu avoir rejoint ses grands- parents au Mutara, sans aucun obstacle.

Oser parler de génocidaires hutus en 1959-1961, c’est tout simplement dénaturer la vérité des faits : Paul Kagame omet curieusement de mentionner que sa tante, la reine Gicanda, est restée au Rwanda dans sa résidence située à Butare dans le sud du pays et que le même Kagame, réfugié en Uganda, est revenu lui rendre visite, à plusieurs reprises, sans être inquiété par les services de l’Etat rwandais qui étaient certainement au courant de ses allées et venues. Paul Kagame ne signale pas non plus qu’en 1965, son père, également réfugié en Uganda, est revenu à Ruhango dans son village où il a retrouvé tranquillement ses amis avant de retourner en exil. Par ailleurs, les attaques des rebelles « Inyenzi », devenus par après le FPR-Inkotanyi, contre le Rwanda, ont commencé au début des années 1960 et se sont poursuivies jusqu’en 1968, sans que cela constitue une menace pour la sécurité de la parenté de Kagame présente au Rwanda. Enfin, le beau-père de Kagame et la femme de ce dernier, Jeannette Kagame, ont vécu des années à Kigali, capitale du Rwanda, en vaquant quotidiennement à leurs affaires et en toute quiétude, dans les années 1980, alors que le pays était dirigé par la majorité hutus.

L’histoire du Rwanda falsifiée à des fins politiciennes

Depuis que le FPR-Inkotanyi a pris le pouvoir en 1994, après avoir abattu l’avion qui transportait le Président Juvénal Habyarimana et d’autres personnalités, élément déterminant qui a déclenché le génocide au Rwanda, celui-ci est devenu un fonds de commerce pour le régime dictatorial de Kagame qui ne cesse de l’évoquer à tort et à travers pour faire taire, voire tuer, tous ceux qui osent fustiger et condamner ses mensonges et ses crimes innommables. Les observateurs avisés de la situation du Rwanda savent aussi que le FPR-Kagame travaille savamment à la falsification de l’histoire, dans le but à peine voilé de disqualifier, pour de bon, les hutus dans la course à la direction du pays. En effet, en les traitant globalement de génocidaires, y compris les premiers leaders ayant instauré la république au Rwanda, le FPR envoie au monde entier le message selon lequel la majorité hutu ne doit plus prendre le pouvoir, soi-disant pour la sécurité des tutsi dont les vies seraient encore une fois menacées si les hutu revenaient aux affaires.

Nous tenons à souligner que ni les manipulations, ni les intimidations du régime du FPR-KAGAME ne nous détourneront de notre combat pour la vérité. Nous osons espérer que le journal « Jeune Afrique » qui a publié ladite interview accordée au Président Paul Kagame, daignera diffuser la présente mise au point. Le but est que cette version contradictoire permette aux lecteurs intéressés, en particulier les Rwandais, de connaître la vérité, et rien que la vérité, sur ce point précis qu’est la fuite du Rwanda de la famille de Kagame au début des années 60.

Fait à Bruxelles le 30 septembre 2021.

Faustin Twagiramungu
Ancien Premier Ministre du Rwanda
et témoin de l’histoire rwandaise

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Lettre de l’abbé F. Rudakemwa au secrétaire exécutif de la CNLG

Fort-Coulonge, le 12 juin 2020

A Monsieur le Secrétaire Exécutif de la CNLG

P.O. Box 7035, Kigali-Rwanda

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Je voudrais réagir au volumineux rapport de recherche (502 pages) que votre commission a publié en 2019. Son titre est « Le génocide des Batutsi dans l’ancienne préfecture de Cyangugu ». Ma première réaction est de rendre hommage à toutes les victimes de cette tragédie, de souhaiter que les coupables soient punis et qu’aucune personne innocente ne soit accusée injustement. À propos des accusations infondées, je voudrais :

  1. Dénoncer l’obstination de ce rapport
  • à traiter de génocidaires tous les Bahutu de tous les temps et de tous les lieux;
  • à vouloir faire du génocide des Batutsi une clef de lecture de l’histoire du Rwanda en général, et de l’ancienne préfecture de Cyangugu en particulier.
  1. Me demander si nous ne serions pas en face d’accusations en miroir.
  2. Réfuter les insinuations et les mensonges que ce rapport profère contre ma personne.

« Je déteste ce que tu dis, disait Voltaire, mais je me ferais tuer pour que tu puisses toujours le dire ».

Ainsi je pourrai dire moi aussi ce que je pense et « du choc des idées jaillira la lumière ».

Je vous souhaite, Monsieur le Secrétaire exécutif, bonne réception de ce document.

Abbé Fortunatus Rudakemwa


Sigles et abréviations

AFP : Agence française de presse

APR : Armée patriotique rwandaise

CDR : Coalition pour la défense de la République

CNLG : Commission nationale de lutte contre le génocide

C.R.I.S.P : Centre de recherche et d’information socio-politique

CSP : Conseil supérieur du pays

FAR : Forces armées rwandaises

FPR : Front patriotique rwandais

HCR : Haut-commissariat des réfugiés

IBUKA : (Souviens-toi) : Association des rescapés du génocide des Tutsi au Rwanda

Inyenzi: Ingangurarugo yiyemeje kuba ingenzi (Vaillant combattant déterminé à être toujours le meilleur).

Lett.enc : Lettre encyclique

MDR : Mouvement démocratique républicain

ONU : Organisation des nations unies

PDC : Parti démocrate-chrétien

PSD : Parti social-démocrate

RADER : Rassemblement démocratique rwandais

UNAR : Union nationale rwandaise

UPRONA : Union pour le progrès national


 I. Coller à tous les Bahutu l’étiquette de génocidaires

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Le premier grand défaut de votre rapport est l’obstination à traiter de génocidaires tous les Bahutu de tous les temps et de tous les lieux. En peu de mots, « le virus de haine et de génocide contre les Batutsi est congénital et héréditaire chez les Bahutu ». Son deuxième défaut, corollaire du premier, c’est l’acharnement à faire du génocide des Batutsi en 1994 au Rwanda une clef de lecture de toute l’histoire du pays. Ce double défaut est tellement grave qu’il rend votre rapport odieux, digne d’être relégué aux oubliettes, pour ne pas dire à la poubelle, et de là passer au déchiqueteur.

J’avais déjà abordé le sujet en 2011 et j’écrivais alors ce qui suit :

Le peuple rwandais comprend trois groupes ethniques : les Bahutu, les Batutsi et les Batwa. Il est généralement admis que les Bahutu constituent 85% de la population, les Batutsi 14% et les Batwa 1%. Même en admettant de larges marges d’erreur, les Bahutu ne pourraient pas être moins de 80%, les Batutsi ne pourraient atteindre le seuil des 20%, ni les Batwa celui des 2%.

Le génocide de 1994 au Rwanda a été perpétré par des miliciens majoritairement Bahutu, mais ce ne sont pas tous les Bahutu qui se sont rendus coupables du crime de génocide comme voudraient l’accréditer la propagande, l’idéologie et la justice officielles actuellement en cours au Rwanda. Si tous les Bahutu s’étaient levés comme un seul homme et s’étaient mis tous ensemble à « génocider » les Batutsi, de ces derniers, pas un seul n’aurait survécu. Le résultat aurait été le même si la seule moitié des Bahutu s’était livrée aux massacres que la communauté internationale a qualifiés à juste titre de génocide.

Aujourd’hui, les prisons « connues » du Rwanda abritent 120.000 Bahutu accusés de génocide. Quand ils entrèrent en fonction, les tribunaux d’exception « Gacaca » se proposaient de juger 800.000 personnes pour le même crime. Le total de ces « génocidaires » s’élèverait alors à 920.000 personnes, auxquels viendraient s’ajouter ceux qui sont détenus dans les prisons et les cachots secrets et privés, ainsi que les 44.000 autres qui, au dire du gouvernement de Kigali, sont en cavale partout dans le monde et qu’une commission « ad hoc » créée le 14 novembre 2007 doit traquer par tous les moyens et ramener au pays morts ou vifs. Si un contingent aussi nourri, avec tout le temps libre dont il disposait pour sa sale besogne (100 jours : du 6 avril au 4 juillet 1994), s’était mis à l’œuvre, aucun Mututsi ne serait resté en vie.

Il y a eu le génocide des Juifs perpétré par les Nazis ; mais on n’a jamais entendu que tous les Allemands soient des génocidaires. Pourquoi est-ce que tous les Bahutu devraient l’être ? Est-il possible qu’il y ait plus de génocidaires au Rwanda, où les victimes se chiffrent à moins d’un million, que chez les Nazis où le nombre des victimes dépasse de loin les six millions ? [i]

Pour étayer votre thèse et son corollaire, vous passez en revue les tueries interethniques qui ont émaillé l’histoire du Rwanda, surtout depuis 1959 jusqu’en 1994, mais aussi avant et après cette période de temps.

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Un examen dépassionné du contexte et du déroulement de ces tueries montre que vous avez tort, que votre thèse est fausse, tandis que son corollaire est à la fois erroné et extrêmement dangereux pour le présent et le futur de la société rwandaise. Dans les lignes qui suivent, je voudrais procéder avec vous à cet examen dépassionné.

I.1. De 1994 à aujourd’hui

Commençons par les massacres de 1994 que la communauté internationale a qualifiés à juste titre de génocide. Ces massacres ont fait plus de victimes du côté des Bahutu que du côté des Batutsi. Et pour cause, dans une grande partie du Rwanda, les miliciens Interahamwe (pas tous les Bahutu) massacraient autant de Batutsi qu’ils pouvaient sans épargner les Bahutu de l’opposition. D’ailleurs les Interahamwe ont commencé d’abord par ces derniers.

De l’autre côté, dans la partie du Rwanda qu’elle contrôlait, l’APR (et non tous les Batutsi) massacrait autant de Bahutu innocents qu’elle pouvait. Elle a continué à le faire sur tout le territoire rwandais au fur et à mesure qu’elle progressait dans le cadre de sa guerre totale et finale contre les FAR. Pour des raisons difficiles à comprendre, elle massacrait aussi des Batutsi, omettait de leur porter secours alors qu’elle le pouvait et encourageait même les massacres dont ils étaient victimes. Les foules épuisées qui marchaient à pied sur les routes du Rwanda en 1994 en direction du Zaïre étaient constituées en très grande partie de rescapés, de témoins oculaires ou auriculaires des atrocités du FPR. Elles n’étaient pas constituées de criminels fuyant l’avancée du FPR. Loin de là.

Au mois de mai 1994, c’est une délégation du FPR à l’ONU qui s’est opposée à l’envoi par l’organisation d’une force internationale au Rwanda pour stopper net ces massacres. Ils venaient de durer un mois, ils allaient durer encore deux mois de trop (puisqu’officiellement ils finiront en juillet 1994) à cause de l’entêtement du FPR.

Rappelons qu’ils ont été causés par l’assassinat le 06 avril 1994 des présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda, Cyprien Ntaryamira du Burundi et de leurs suites dans les circonstances que vous connaissez. Vous n’ignorez pas que le même jour (le 06 avril 1994), les présidents Mobutu Sese Seko du Zaїre et Daniel Arap Moi du Kenya, ainsi que leurs suites, devaient eux aussi être assassinés. C’était seulement cinq mois après l’assassinat ignoble de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu du Burundi. Toutes ces victimes ont en commun le fait d’être des Bantous, peuple africain dont les Bahutu constituent un sous-groupe. Avant de présumer que ces chefs d’États auraient été tués (ou qu’ils étaient sur le point d’être tués) par leurs congénères, génocidaires de nature, je n’y réfléchirais pas sept fois seulement, mais bien mille fois.

I.2. De 1990 à 1994

Depuis le 1er octobre 1990, jour du déclenchement de sa guerre de reconquête à partir de l’Ouganda, le FPR se livrait à de sporadiques massacres de Rwandais, surtout des Bahutu. Depuis cette date, les pionniers des futures milices « Interahamwe » faisaient de même au détriment des Batutsi, sans épargner certains Bahutu. Avec cette grande différence que l’APR commettait des crimes presque parfaits. Aux yeux de l’opinion, elle parvenait à les adosser aux forces gouvernementales ou aux milices. D’autres fois, elle subtilisait les corps des victimes pour aller les enterrer et/ou les incinérer dans des endroits accessibles à ses seuls agents et membres.

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Au vu du contexte et du déroulement des massacres qui endeuillent le Rwanda depuis 1990 jusqu’aujourd’hui, au pays et partout ailleurs dans le monde, comment osez-vous stigmatiser tous les Bahutu et seulement les Bahutu ?  « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps », disait Abraham Lincoln. La vérité est en train d’émerger chaque jour davantage et rien ne l’arrêtera.

I.3. En 1973

Avant 1990, une précédente vague anti-tutsi avait soufflé sur le Rwanda au premier trimestre de 1973. Des « Comités de Salut Public » chassèrent les Batutsi des écoles, du monde du travail et de la fonction publique. Certains furent même tués, beaucoup d’autres prirent le chemin de l’exil. C’étaient des manœuvres combinées par un groupe de militaires visant à affaiblir encore d’avantage le régime du président Grégoire Kayibanda en vue de le renverser par un coup d’État, comme cela arrivera de fait le 05 juillet 1973.

Ces tristes événements ne peuvent pas être pris comme preuve infaillible d’une haine éternelle de la part des Bahutu à l’égard des Batutsi. Il suffit pour s’en convaincre de ne pas perdre de vue deux faits.

Le premier est que les membres des « Comités de Salut Public » s’en prenaient aussi aux étudiants Bahutu du centre et surtout de Gitarama, préfecture d’origine du président Grégoire Kayibanda. Le second fait est l’ampleur nettement plus étendue du génocide survenu quelques mois auparavant au Burundi (Pentecôte 1972), au cours duquel les éléments exclusivement tutsis de l’armée nationale burundaise et de la jeunesse Louis Rwagasore, jeunesse du parti UPRONA, massacrèrent entre 300.000 et 500.000 Bahutu, tous âges et toutes catégories confondus[ii]. Là, il y avait de la haine ethnique, oui.

I.4. En 1959

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Vous croyez trouver un argument massue en faveur de votre thèse dans les violences qui ont marqué la Révolution sociale de 1959 au Rwanda. Ignorez-vous que ces violences ont fait plus de morts du côté des Bahutu que du côté des Batutsi? Cela est dû au fait qu’elles n’ont pas été déclenchées par des leaders Bahutu « assoiffés de pouvoir ». Non. Elles ont été lancées par des milices royales à l’antique (Ingabo z’umwami) mises sur pied par des caciques Batutsi qui ne voulaient entendre parler ni de démocratie, ni de justice sociale, ni de partage du pouvoir et encore moins de renoncer à des privilèges mal acquis. Ils ont été les premiers dans l’histoire du Rwanda à dresser et à publier (afficher) des listes d’autres Rwandais, leurs compatriotes, à abattre.

La contre-attaque révolutionnaire ne s’en est pas prise aux Batutsi indistinctement, mais plutôt aux extrémistes qui étaient à la tête des milices royales et à ceux qui s’étaient montrés toujours brutaux et impitoyables dans l’exercice de leurs fonctions héréditaires. Elle a aussi renvoyé chez eux les représentants du roi que, au cours des années 1920-1930, l’autorité coloniale belge avait parachutés dans les entités autonomes hutu de l’ouest et du nord du Rwanda.

Pris de peur et pensant que leur sécurité n’était pas garantie, d’autres Batutsi qui n’étaient pas visés par la contrattaque révolutionnaire ont choisi de prendre le chemin de l’exil. Leurs voisins Bahutu les protégeaient, les accompagnaient jusqu’à la frontière, portant parfois leurs bagages et autres effets sur la tête. Certains Bahutu passaient même la frontière avec eux. Les uns et les autres étaient convaincus que l’exil serait de courte durée. C’était sans compter avec l’intransigeance et le jusqu’auboutisme de l’UNAR. Monsieur le Secrétaire exécutif, vous vous rendez compte que, à moins d’être d’une profonde mauvaise foi, personne n’oserait dire que les violences qui ont marqué le Révolution sociale de Novembre 1959 plaident en faveur de votre thèse.

D’autres nombreux Batutsi quitteront le Rwanda de leur propre gré après le 28 janvier 1961, date à laquelle le Rwanda est devenu une république dirigée par des leaders Bahutu. Pour ces Batutsi là, il était tout simplement impensable de partager le pouvoir avec les Bahutu et encore moins vivre dans un pays gouverné par eux[iii]. Certains d’entre eux rejoindront les « Inyenzi », rébellion armée regroupant une partie des durs qui étaient partis en 1959.

 I.5. De 1960 à 1967

Sans tarder, dès 1960 déjà, ces Inyenzi menaient des incursions terroristes à différents points du territoire rwandais. Leur but était d’étouffer dans l’œuf la jeune république, reprendre par les armes le pouvoir qu’ils avaient perdu par les urnes, même au prix du sang : le sang des Bahutu, mais aussi celui des Batutsi restés au Rwanda considérés déjà à l’époque par leurs congénères en exil comme des traîtres et des poltrons.

Leurs incursions continueront même après le 1 juillet 1962, date à laquelle le Rwanda recouvra l’indépendance. Elles iront jusqu’en 1967. La plus célèbre et la plus meurtrière de ces incursions fut celle de décembre 1963. Monsieur l’abbé Alexis Kagame en parle en ces termes:

Pendant ce temps, sous le coup de cette attaque qui n’avait été stoppée qu’à quelques 20 km de Kigali, tout le pays fut jeté dans une terreur panique … Dans le reste du pays, les populations étaient mises en alerte. Une tentative d’invasion s’était produite, en effet, à la pointe Nord-orientale du Rwanda, venant de l’Uganda. Elle fut repoussée par la garde nationale qui lui infligea beaucoup de pertes. Une autre attaque importante des Inyenzi … eut lieu au Bugarama (Vallée de la Rusizi) en direction de Cyangugu le 1 janvier 1964. La garde nationale leur infligea encore ici une cuisante défaite. …

Par ici, par-là, les autorités préfectorales s’arrogèrent le droit du glaive dans cette atmosphère de panique. Elles arrêtèrent de nombreux notables Batutsi et Bahutu notoiremnet Unaristes et les firent exécuter sans jugement. Ici encore les règlements de compte personnels firent des victimes parmi les personnes non concernées, y compris des Bahutu. Lorsqu’on est bien placé, en effet, quoi de plus simple que d’englober dans le massacre telle personne envers laquelle on devait régler une dette importante, ou est en procès avec un ami, etc?…

En conclusion, les incursions des Inyenzi n’avaient pas auparavant provoqué des représailles que nous sachions, d’ordre ethnique à l’intérieur du pays, et elles n’en auront pas dans la suite. La catastrophe s’est concentrée sur les raids de décembre 1963[iv].

Alexis Kagame continue en précisant que ces exécutions sommaires n’ont pas eu lieu partout au Rwanda, mais seulement dans les préfectures de Cyangugu, Gisenyi, Kibungo et Gikongoro.

Monsieur le secrétaire exécutif,

Je ne pense pas que vous en sachiez plus long que Alexis Kagame, le plus grand historien que le Rwanda ait connu, un Mututsi de surcroît. À la lecture du récit qu’il fait des tristes évènements de fin décembre 1963 – début janvier 1964 dans certaines préfectures du Rwanda, il faudrait encore une fois être d’une profonde mauvaise foi pour dire qu’ils témoignent d’un esprit génocidaire et d’une haine congénitale que les Bahutu ont à l’égard des Batutsi. Un autre fait qui le montre, c’est que les prisonniers de guerre faits par les unités de la Garde nationale ont été jugés par la Cour militaire, condamnés à mort, mais graciés par le président de la république.

Le jour de la très forte attaque des Inyenzi en décembre 1963, une quinzaine de leaders des partis d’opposition se trouvaient à Kigali, réunis comme à un rendez-vous. Alexis Kagame en cite certains :

– Rutsindintwarane, président de l’UNAR;

– Rwagasana, secrétaire général du même parti et député national;

– Afrika, ministre de l’élevage et membre du même parti;

– Burabyo; membre du bureau du même parti;

– Bwanakweli, président du RADER, Ndazaro, vice-président du RADER;

– Karinda, fonctionnaire au ministère des finances.

« Certains d’entre eux furent arrêtés par machination de leurs ennemis personnels », c’est Alexis Kagame qui le dit, c’est-à-dire « à l’insu des autorités responsables » toujours selon les termes de Kagame.

Tout le groupe formé de 15 hommes en état d’arrestation fut expédié à la prison spéciale de Ruhengeri, convoyé par des fonctionnaires belges de l’aide technique. Une fois là à Ruhengeri, les prisonniers auraient été exécutés probablement le 24 décembre 1963 par ces mêmes fonctionnaires belges qui les convoyaient, soi-disant « pour venger les propos injurieux que lesdits leaders avaient naguère déclamées contre l’Administration de la Tutelle ». Ces convoyeurs furent bientôt licenciés des services du gouvernement[v]. Monsieur le secrétaire exécutif, même l’horrible massacre de ces leaders rwandais, dont Prosper Bwanakweli d’heureuse mémoire, ne permet à personne de stigmatiser tous les Bahutu. J’espère que vous êtes d’accord avec moi sur ce point.

Conclusion à la première partie.

Monsieur le Secrétaire exécutif, l’analyse des tueries interethniques qui ont eu lieu au Rwanda depuis 1959 démontre un détail qui m’a intrigué. Jamais, au grand jamais, un groupe de Bahutu, (et encore moins tous les Bahutu comme tels) n’ont pris l’initiative de les déclencher.

-Sans les agressions verbales et physiques des Unaristes, voies de fait graves, coups, blessures et meurtres accomplis par les milices royales en 1959, la Révolution sociale de cette année-là au Rwanda n’aurait pas pris une tournure violente. Le pays aurait connu une évolution pacifique.

-Sans les sporadiques attaques des tristement célèbres « Inyenzi» qui se sont échelonnées de 1960 à 1967, les massacres qui se sont produits à la même époque n’auraient jamais eu lieu.

-Nous avons vu que derrière les actions des « Comités de Salut Public» en 1973, se trouvait un groupe d’officiers qui voulaient prendre le pouvoir par les armes. Mais je ne doute pas qu’il y ait eu des étourdis qui ont emboîté le pas aux meneurs du mouvement sans connaître leur objectif, mais ayant seulement à l’esprit les massacres à très grande échelle opérés l’année précédente au Burundi par les Batutsi contre les Bahutu.

-En 1990, le problème des réfugiés rwandais était sur le point d’être résolu par voie d’une concertation très avancée entre le HCR, le gouvernement ougandais et le gouvernement rwandais. Le jour où il était prévu une réunion très importante entre les trois parties, le FPR préféra déclencher la guerre dite d’Octobre 1990 avec son cortège de massacres opérés des deux côtés des belligérants.

-Sans l’attentant du 06 avril 1994 qui coûta la vie aux victimes dont nous avons parlé ci-haut, la guerre d’Octobre 1990 n’aurait jamais dégénéré en génocide. Dire qu’on ne sait pas qui a abattu l’avion du président Juvénal Habyarimana ce soir-là du 06 avril 1994, c’est un euphémisme ou, mieux encore, un secret de polichinelle.

II. Une accusation en miroir?

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Gardons à l’esprit l’étiquette de génocidaires que vous collez à tous Bahutus indistinctement. Gardons aussi à l’esprit l’élément très important que nous venons d’examiner à la fin de la première partie, à savoir que « Jamais, au grand jamais, un groupe de Bahutu, (et encore moins tous les Bahutu comme tels) n’ont pris l’initiative de déclencher les massacres interethniques qui ont marqué l’histoire du Rwanda depuis 1959 et 1994 ».

Procédons alors à un rapide flash-back de l’histoire du Rwanda de 1959 jusqu’aux origines. En effet, l’histoire du Rwanda ne commence, ne s’interrompt ni ne finit en 1959. Tandis que je faisais cette rétrospective, certains écrits ont retenu mon attention. Je voudrais vous les partager, Monsieur le Secrétaire exécutif, pour voir si votre thèse ne serait pas une accusation en miroir.

II.1. La charte de fondation du parti UNAR du 15 août 1959

Cette charte explique la doctrine du parti en disant entre autres ce qui suit :

L’orgueil de l’Occidental ne lui permet pas de supporter un « autre homme qui lui est égal ». … Bien que la société ruandaise soit composée d’individus de valeur très inégale, et qu’il n’est pas équitable d’accorder la même valeur à la pensée vulgaire de l’homme ordinaire qu’au jugement perspicace de l’homme capable … Bien que le suffrage universel aboutira infailliblement à l’asservissement de la minorité lettrée par la majorité inculte … Il est cependant impossible de refuser le suffrage universel aux Bahutu. … Si la minorité tutsi est vraiment capable et à la hauteur des événements, elle doit, par son énergie, influer sur l’opinion publique, étonner le monde par son organisation, sa discipline. … L’organisation immédiate de notre parti s’empressera de donner aux Bahutu et aux Batwa les mêmes droits, et en même temps s’empressera de mâter les sottises et la trahison commune aux êtres incapables de la plus élémentaire abstraction[vi].

Ce texte se passe de commentaire. Ses auteurs sont égaux aux Occidentaux et supérieurs aux autres Rwandais Bahutu et Batwa. A contrecœur et avec répugnance, ils leur donneront les mêmes droits, mais ils s’empresseront aussi de mâter les sottises et la trahison de ces êtres inférieurs.

II.2. La première lettre 17 mai 1958 des grands serviteurs de la cour au CSP.

Elle dit :

L’on peut se demander comment les Bahutu réclament maintenant leurs droits au partage du patrimoine commun. Ceux qui réclament le partage du patrimoine commun sont ceux qui ont entre eux des liens de fraternité. Or les relations entre nous (Batutsi) et eux (Bahutu) ont été de tout temps jusqu’à présent basées sur le servage ; il n’y a donc entre eux et nous aucun fondement de fraternité… Les Bahutu prétendent que Batutsi, Bahutu et Batwa sont fils de Kanyarwanda, leur père commun. Peuvent-ils dire avec qui Kanyarwanda les a engendrés, quel est le nom de leur mère et de quelle famille elle est ? L’histoire dit que Ruganzu a tué beaucoup de « Bahinza » (roitelets). Lui et les autres de nos rois ont tué des Bahinza et ont aussi conquis les pays des Bahutu dont ces Bahinza étaient rois. On en trouve le détail dans « l’Inganji Karinga ». Puisque donc nos rois ont conquis les pays des Bahutu en tuant leurs roitelets et ont ainsi asservi les Bahutu, comment maintenant ceux-ci peuvent-ils prétendre être nos frères ?” [vii]

Cet autre écrit se passe lui aussi de commentaire. Son titre est “Voici le détail historique du règne des Banyiginya au Rwanda”. Il s’acharne à justifier le droit historique et inaliénable du roi et des Batutsi à gouverner seuls le Rwanda parce qu’ils l’ont conquis.

II.3. La deuxième lettre 18 mai 1958 des grands serviteurs de la cour au CSP[viii].

Au lendemain de la première lettre, les mêmes grands serviteurs de la cour retournèrent à la charge et enfoncèrent encore davantage le clou. Ils adressèrent au roi et aux membres du CSP une autre lettre par laquelle ils s’opposaient énergiquement à tout projet de changement du régime foncier au Rwanda. “Nous vous exposons, disent-ils, nos doléances à propos des « ibikingi » et des « amasambu » [latifundia], propriétés exclusives de leurs possesseurs comme le Rwanda est propriété exclusive du roi”. Ils proposaient que les paysans sans terres soient encouragés à s’exiler vers les pays limitrophes ou à déménager pour aller occuper certaines zones insalubres et peu hospitalières à l’intérieur du Rwanda.

II.4. Inganji Karinga

Des trois documents ci-haut analysés, le message est clair : « Pas de partage, ni du pouvoir, ni des terres, ni du patrimoine commun entre les Batutsi et les autres Rwandais (Bahutu et Batwa ». Pourqoui ? Parce que les plus éminents parmi les Batutsi, les Banyiginya, sont d’origine céleste : une légende à dormir debout[ix]. Les détenteurs de cette idéologie disent qu’elle leur vient d’une tradition orale mise par écrit par Alexis Kagame dans son livre « Inganji Karinga » (Karinga le victorieux, – le conquérant ou le triomphateur-). Karinga, c’était le tambour emblème de la dynastie tutsi-nyiginya qui a régné sur le Rwanda jusqu’en 1959.

Tout au long l’histoire universelle, chaque fois qu’un peuple s’est considéré d’origine céleste et/ou supérieur aux autres, il a commis des crimes horribles contre les peuples dits « inférieurs » :

-Extermination par le peuple de Dieu des sept peuples, symboles des sept péchés capitaux, qui habitaient le territoire de Canaan, etc.

-Pillage des richesses naturelles, traite négrière, colonisation, néo-colonialisme et impérialisme de la part des Occidentaux Blancs,

-Seconde guerre mondiale et génocide des Juifs par les Aryens,

-Apartheid (développement séparé) en Afrique du Sud, etc.

-L’abus du droit de glaive et le système socio-économique appelé « Ubuhake» au Rwanda.

Quand les Abanyiginya annexaient une principauté, le prince de cette dernière et tous ceux qui, de droit, pouvaient prétendre à sa succession étaient passés au fil de l’épée. Pour symboliser la fin irréversible de leur lignée, ils étaient châtrés et les organes génitaux du prince en particulier allaient orner Karinga, le tambour emblème de la dynastie des Abanyiginya[x].

Les survivants, s’il y en avait, et à plus forte raison les gens du peuple, n’étaient pas associés à l’exercice du pouvoir. Ils se voyaient plutôt imposer un système socio-économique très oppressif dénommé « ubuhake ».

C’est un système qui tenait à la fois de la féodalité et de l’apartheid. De la féodalité, il avait pris le clientélisme ; et de l’apartheid la conviction que les Batutsi étaient supérieurs aux Bahutu et aux Batwa[xi].

Dans le domaine strictement économique, ce système se caractérisait par une exploitation des serfs par les seigneurs. Au Rwanda, ce système avait atteint son sommet qui est le principe de la loi d’airain : le serf, ravalé au rang d’instrument de travail, ne reste qu’avec le strict minimum nécessaire pour qu’il continue à produire. Un serviteur jugé insoumis par son seigneur s’exposait à l’expropriation ou à des sévices corporels qui bien souvent le laissaient estropié toute la vie.  Bien avant 1959, des Rwandais majoritairement Bahutu s’en allaient en exil pour échapper à la cruauté et au totalitarisme de la monarchie, auxquels était venu s’ajouter le joug colonial allemand, puis belge.

Conclusion à la deuxième partie

Monsieur le Secrétaire exécutif,

Au terme de ce parcours, il me semble le virus que vous avez cru diagnostiquer chez les tous les Bahutu se trouverait plutôt chez une infime partie des Batutsi : une frange extrémiste au sein des Batutsi qui ont gouverné le Rwanda d’une main de fer jusqu’en 1959. Je ne sais pas si leurs descendants qui ont reconquis le pouvoir au Rwanda en 1994 portent eux aussi ce virus. Est-ce que certains Bahutu auraient été contaminés à leur tour ? Je ne l’exclus pas. En effet,

De longues années vécues dans la terreur développent chez certains individus des mécanismes de défense pouvant les conduire, au nom de la survie, à poser des actes désavoués silencieusement par leur conscience[xii] .

Si c’était le cas, alors les masses, c’est-à-dire la partie saine de la population rwandaise formée de Bahutu, de Batutsi, de Batwa et de Naturalisés, tous de bonne volonté, serait prise en sandwich entre deux groupuscules malveillants. Ce sont ces « génocidaires » peu nombreux et de tous bords que vous devriez ramener au bercail, au lieu de diviser par des discours haineux et mensongers « cette partie saine de la population que l’injustice seule peut conduire à des excès »[xiii].

[A suivre]

Intégralité du document:


Source: http://www.echosdafrique.com


[i] F. Rudakemwa, Priorité N1 : Régler leurs comptes aux Bahutu ? » in www.leprophete.fr, le 20 mars 2011.

[ii]  Rudakemwa F., Op.cit., pp. 127-133.

[iii] ID., Op.cit., pp. 93-94

[iv] Kagame A., Un abrégé de l’histoire du Rwanda de 1853 à 1972, Éditions universitaires du Rwanda, Butare 1975, pp.355-358.

[v] ID., Op.cit.,pp. 356-357.

[vi]  Charte de fondation du Parti UNAR, in Nkundabagenzi F., Rwanda politique, C.R.I.S.P, Bruxelles, 1962, pp. 94-95.

[vii] Première lettre des grands serviteurs de la cour, in Nkundabagenzi F., Doc. cit., pp. 35 – 36.

[viii] Deuxième lettre des grands serviteurs de la cour, in Nkundabagenzi F., Doc. cit., pp. 37 – 38. Rudakemwa F., L’évangélisation du Rwanda (1900-1959), L’Harmattan, Paris, 2005, pp. 322-323.

[ix] Kagame A., Inganji Karinga, Imprimerie de Kabgayi, Deuxième édition, 1959, pp. 60-68.

Rudakemwa F., Rwanda. A la recherche de la vérité historique pour une réconciliation nationale, L’Harmattan, Paris, 2007, pp. 117-120.

[x] ID., Op.cit, p. 41

[xi] ID., Op.cit., pp. 37-38.

[xii] Mbanda Jean, Lettre ouverte aux des familles politiques FPR, MDR, PDC, PDU, PSD, PSR, UDPR, Kigali, le 05.05.2000.

[xiii] Vicaires apostoliques du Rwanda et du Burundi, Lettre pastorale sur la vertu de la justice, Avril 1957, p.2.

Rwanda : Le recyclage de l’usage de listes par CNLG. C’est du déjà vu.

Sur son site web, Rwanda Broadcasting Agency (RBA) a sorti une liste d’une trentaine de médecins de l’Hôpital universitaire de Butare censés avoir participé dans le génocide rwandais de 1994. Cette liste est un recyclage d’une vieille liste sortie par une certaine Rakiya Omaar d’Africa Rights et qui était payée par le gouvernement rwandais pour fabriquer ces accusations. Les compromissions entre Rakiya Omaar et le FPR furent découvertes et étalés au grand public. Prise de honte, elle qui se disait militer pour les droits de l’homme, Rakiya Omaar disparut dans la nature. Que Jean Damascène Bizimana  du CNLG (Commission nationale de lutte contre le génocide) sorte de nouveau la liste, c’est de bonne guerre mais ça ne convainc personne. C’est plutôt la loi du moindre effort et une façon ostentatoire de montrer qu’il travaille et que le budget colossal alloué au  Centre qu’il préside se justifie.

Une petite historique de l’usage de listes montre que le FPR (Front patriotique rwandais, parti au pouvoir au Rwanda) y fait régulièrement recours pour traquer ses opposants politiques ou ceux dont il soupçonne de n’être pas d’accord avec sa politique. Il a donc imaginé ce raccourci de listes de « génocidaires ». C’est une arme politique redoutable et qui a été utilisée avec succès par l’UNAR (Union Nationale Rwandaise) ancêtre du FPR.

L’usage de listes à des fins criminelles date de novembre 1959. Cette année, des extrémistes du parti UNAR (Union Nationale Rwandaise, ancêtre du FPR) y ont eu recours pour désigner les Hutu à abattre. Ceux qui avaient commencé à manifester leur ras-le-bol avec le système féodal en vigueur furent listés et qualifiés d’« abaporosoma », membres du parti APROSOMA (Association pour la Promotion Sociale de la Masse) de Joseph Habyarimana Gitera (Temps Nouveaux, 1/11/1959). Il est vrai que bon nombre des ces avant-gardistes étaient des leaders de ce parti. Ils furent pourchassés et assassinés atrocement.

Le système de listes ayant fait ses preuves, il fut adopté par le FPR durant la préparation de la guerre. Ainsi, parallèlement aux attaques qu’il menait, le FPR élaborait des listes des personnes à abattre. Déjà en mars 1993, en pleine négociation d’Arusha, il avait fourni une liste des autorités administratives et politiques à relever de leurs fonctions. La plupart ont été assassinées. Après la descente de l’avion du Président Habyarimana, tout au début du mois d’avril 1994, le FPR envoya à bon nombre de pays et de chancelleries ce qu’il appela la « CDR list », contenant selon lui les noms de ceux qui étaient impliqués dans des massacres. La liste comprend même des personnes inexistantes ou qui ne vivaient pas au pays depuis de longues années.

Après sa prise de pouvoir en 1994, le FPR officialisa le système de listes. En 1995, un projet de loi révisant le code pénal pour y introduire le crime de génocide fut préparé par feu Alphonse Marie Nkubito, alors ministre de la justice. Parallèlement, un autre projet fut initié par les services du FPR. Ils proposaient la mise sur liste des suspects du génocide, leur catégorisation et le principe de plaidoyer de culpabilité. Pour donner une force à son projet et enterrer celui du ministère de la justice, le FPR organisa à Kigali un symposium international en décembre 1995 dont les recommandations allaient dans le sens de son projet de loi. Après l’éviction de Nkubito, sa remplaçante, Marthe Mukamurenzi, endossa le projet mais au moment d’aller le défendre au Parlement, elle fut remplacée par Charles Muligande, alors Ministre des Transports et Secrétaire Général du FPR.

Sitôt arrivé à Kigali, le FPR lança une liste de 428 personnes. Elle fut revue et enrichie jusqu’à 1946 personnes et publiée au Journal Officiel la République Rwandaise comme «  Liste n°1 de la première catégorie prescrite par la loi organique n°8/96 du 30/08/1996 ».

La liste du 30/08/1996, comme par ailleurs toutes les précédentes, condamne avant même de juger et pêche contre le principe de la présomption d’innocence. Elle a fait des ravages en particulier dans l’intelligentsia hutu. Pourtant, les critiques qui lui sont faites lui ôte pratiquement toute sa valeur.

En effet, on y retrouve par exemple des personnes mortes avant 1990 et d’autres mortes avant 1994. Parmi celles-ci se retrouvent même des victimes du FPR d’avril 1994 dont notamment Théoneste Mujyanama assassiné par le FPR à Kigali, ancien ministre de la justice; Sylvestre Baliyanga, ancien Préfet de Kibuye et de Ruhengeri, assassiné par le FPR avec sa famille chez lui à Remera, à Kigali; Jean Hategekimana, ancien Président du Tribunal de Première Instance de Kigali et sa famille assassinés par le FPR à Kigali.

La liste contient aussi par des fautes de forme inexcusables dans une matière aussi grave. A certains endroits, la numérotation manque ou les numéros sont repris deux fois. L’identification des personnes est incomplète vu qu’elle ne fait mention, dans la plupart des cas, que des noms et prénoms sans autres coordonnées. Certaines personnes sont même identifiées uniquement par leurs prénoms. A certains numéros, on retrouve les mêmes personnes mais identifiées avec des données différentes.

Appelé à s’expliquer par une certaine opinion nationale choquée par la grossièreté des erreurs de la liste qui dépassaient tout entendement, le Procureur Général Siméon Rwagasore, signataire de la liste, a été obligé d’avouer, dans une interview au journal Intego (n° 25, décembre II, 1996), que la liste n’avait pas la valeur qu’on voulait lui prêter. Pourtant au Rwanda, des centaines de personnes ont été arrêtées et emprisonnées par le fait même qu’elles figuraient sur la liste, malgré des discours officiels rassurants (Amiel Nkuliza, Le Partisan, n° 40, janvier 1997).

Fort heureusement, certains Etats démocratiques se sont aperçus du manque de sérieux de cette liste et ont accordé l’asile politique à certaines personnes qu’elle reprend. Pouvait-il en être autrement puisque même le pouvoir de Kigali a affecté aux hautes fonctions des personnalités figurant sur la liste.

La liste du 30/08/1996 a été actualisée le 31 décembre 1999. Elle contenait les mêmes erreurs que la précédente malgré un vernis qui ne pouvait tromper personne. Elle pêchait toujours contre la présomption d’innocence. Elle condamnait avant jugement.

La liste mentionnait même le nom de Juvénal Habyarimana. Pourtant le FPR est désigné par plusieurs sources comme le commanditaire de son assassinat.

Le 19 mars 2001 la liste fut portée à 2898 noms. 36 noms avaient disparu et 801 nouveaux noms y étaient apparus ; Pierre Célestin Rwigema qui a été chef du gouvernement du FPR pendant 5 ans y figurait en bonne place.

Au fil des années, le FPR n’a pas désarmé. Il a envoyé des agents de la DMI dans bon nombre de pays africains et européens. Ils avaient une couverture d’étudiants ou de diplomates ou se présentaient eux aussi comme des réfugiés.

Leur rôle était de recenser les réfugiés hutu se trouvant dans ces pays. A partir des informations qu’ils transmettaient régulièrement, une liste de 93 hutu vivant à l’étranger fut élaborée et transmise à bon nombre de pays ainsi qu’à INTERPOL.

Le système de listes fut utilisé dans les Tribunaux Gacaca. Un million de personnes furent recensées : des hommes et des femmes encore valides, des leaders d’opinion, des intellectuels (enseignants, agronomes, infirmiers,…). Le même travail fut fait à l’étranger et la liste arrêtée contenait plus de 40000 personnes.

Le système de listes a fait ses preuves. Le FPR y fait recours pour maintenir et consolider son pouvoir dictatorial et criminel, en tentant d’intimider quiconque est susceptible de porter un jugement sur sa gestion bananière du pouvoir.

Gaspard Musabyimana
23/5/2020

Politiki: Mu Rwanda hariho imirongo ibiri ya Politiki, uwa Lunari n’uwa Parmehutu (Igice cya gatatu)

Mu isesengura ry’ubushize twabonye uburyo kamere ya politiki ituma hafi ya hose mu bihugu haba imirongo ya politiki ibiri y’ingenzi ihanganye. Ibi biterwa n’uko abantu bashaka guhuza imbaraga, buri wese akiyunga n’abo begeranye mu bitekerezo. Kugira ngo na none abantu bishyire hamwe, bisaba ko buri wese agira icyo yigomwa. Ibyo rero bituma imyumvire yari itatanye mu ntangiriro, igenda yegerana, ikaza kwibumbira mu mirongo ibiri minini. Hari impamvu ikomeye rero ituma haba imirongo ibiri, ntihabe itatu cyangwa ine. Ni impamvu ishingiye ku mibare.Iyo abantu biyegeranya ngo baronke ingufu, buri tsinda riba riharanira kuba irya mbere. Ayo mahirwe yo kuba imbere agenda yiyongera uko amatsinda aba make, akagenda ayoyoka uko amatsinda aba menshi. Dufate urugero rw’igihugu kirimo ibyerekezo bine bya politiki: A, B, C, D. Kuko bose baba ari cyo bagendereye, buri murongo wa politiki waba ufite amahirwe angana na 25% yo gutsimbura abandi ukajya imbere. Nyamara hagize babiri muri bo bihuza, hasigara amatsinda atatu, ya mahirwe yo kuba uwa mbere akazamuka akagera kuri 33%. Hagize abandi babiri bihuza, ya mahirwe agera kuri 50%. Aha rero ni ho hari ipfundo rituma henshi haba imirongo ibiri ya politiki.

Ujya muri politiki ntabwo aba afite gusa umugambi wo kugera ku butegetsi. Aba anifuza kuburambaho igihe kinini gishoboka. Aha rero ni ho demokarasi itandukanira n’izindi nzira. Abanyagitugu bafata ubutegetsi bakanaburambaho ku ruhembe rw’umuheto. Mu bya cyami ho bubaka ingengabitekerezo ko ngo nta wundi wayobora usibye abavukanye ubwo butore. Muri demokarasi ni ibindi. Utinda ku butegetsi igihe cyose ba nyirabwo (abaturage) bakibugutije. Ndetse n’iyo rubanda yaba igukunze cyane bakugenera umubare wa “Manda” udashobora kurenza.

Muri demokarasi rero, igipimo cy’amajwi gitanga icyo cyizere ni 50% n’imisago. Iyo ufite muri za 40%, ushobora gutegeka kuko uba warushije abandi. Amajwi asigaye n’ubwo aba ari menshi (60%) ariko aba atatanye. Nyamara rero ntiwabyizera, kuko bashoboye kwishyira hamwe, bahita bagira 60% bakaguhigika. Ni yo mpamvu iri rushanwa ry’ubutegetsi muri demokarasi riganisha kuri 50%, kuko buri wese aba azi ko narenzaho na 0,1% azatengamara, kuko abasigaye bose, n’aho bakwiyunga batamutsimbura. Ubu bushake bwo kwegera 50% rero butuma abantu bagenda biyegeranya bikarangira bibumbiye mu bice bibiri bihanganye. Amashyaka asigaye na yo yireba ahereye kuri iyo mirongo yombi, hakaba abo byitwa ko bayikuririza, abandi bakavugwa ko bayoroshya. Ni ho haturuka ibyo twumva ngo Centre-Gauche (koroshya) cyangwa ngo Extrême-Droite (gukabya).

N’iwacu mu Rwanda ni uko byagenze. Ibitekerezo bya politiki byagiye byiyegeranya kugera hasigaye ya mirongo ibiri gusa: uwa repubulika ishingiye kuri demokarasi (wabimburiwe na MDR-PARMEHUTU) n’uwa gihake ishingiye ku murage n’amateka (wabimburiwe na UNAR). N’ubu rukigeretse. Amashyaka yacu wayarebera muri iyi mirongo yombi. Gusa na none, birashoboka ko hagira ayitarura ho gato, amwe akayikabiriza (Extrême), andi akayoroshya (Centre). Ariko murabona nyine ko na yo ari ya mirongo yombi aba yubakiyeho.

I. UKO IYO MIRONGO YOMBI IHAGAZE MURI IKI GIHE CYACU.

1. Umurongo wa UNAR.

Kuba FPR ari UNAR y’ubu byo si umugani. Mwibuke ko mu ntangiro zayo yitwaga RANU, ni ukuvuga UNAR mu mpine y’icyongereza. Gusa rero uko gusa no gusabirana ntibyagarukiye mu mazina gusa. Witegereje ibikorwa, usanga ari wa murongo wa UNAR ukomeje. FPR kimwe na UNAR irwanira ishyaka ibitekerezo.

 Icya mbere FPR yashakaga si imyanya mu butegetsi.

Iyo FPR iza kuba igenzwa n’imyanya, i Arusha bari bayihaye irenze iyo yari ikwiye, yari gutuza. Gusa ibi byari bihabanye n’umurongo wayo wa politiki wo kumva ko ubutegetsi bufite ba nyirabwo: Indobanure zo muri FPR. Ni yo mpamvu FPR yakomeje intambara kugeza ibufashe bwose. Yanze gutatira wa murongo w’uko hari abavukiye gutegeka n’abavukiye guhakwa.Iyo Kagame avuze ngo “twatakaje imyaka 30” ni ho aba yerekeza. Ni ukuvuga ngo Repubulika ya mbere n’iya kabiri zabaye icyuho, kuko ubutegetsi bwari mu maboko y’abatabugenewe.

Muzumve amadisikuru y’ubu: u Rwanda rwabayeho kugeza 1959, hacamo icyuho cya jenoside yamaze imyaka 30 (Repubulika ya mbere n’iya kabiri), rwongera kubaho FPR ifashe ubutegetsi. Igisekeje ni uko ibi Kagame abivugira kuri Stade Amahoro atubatse, akabivuga aturutse mu Rugwiro atubatse, ari butahe mu Kiyovu atubatse n’ibindi. Ibyakozwe byose kuri repubulika ya mbere n’iya kabiri bisa n’ibitabaho kuko nyine byakozwe n’abatagenewe kugira ubutegetsi. Kuri FPR, mu Rwanda ubutegetsi bufite ba nyirabwo. Si ubutegetsi butangwa, ni ubutegetsi butunzwe. Ni yo mpamvu yanze kubusangira n’abandi. Ibyo ntibivuguruzanya no kuba nyuma yo kubufata igenda ibukeberaho abo ishatse n’igihe ishakiye. Na ba Rwarakabije yarabakebeye. Gusa ibakebera izi, na bo bazi, ko ari ubwayo, bakagomba kwitwararika no kuyoboka. Ingaruka y’iyi myumvire ni uko ushaka kugira ijambo mu gihugu cye agomba kubanza GUHAKWA ngo arihabwe, kuko rifite ba nyiraryo. Ngako akagobeko ko “kwihesha agaciro”. Iyo wumvise uku kuri, uba ubaye umuntu. N’iyo wari ufite “mandant d’arrêt” ukurikiranweno jenoside nka Rwigema Pierre Céléstin, bayigukuriraho, ugataha, babona uyoboka neza bakakugabira akanya. Naho iyo ugize uti nanjye ndi umwenegihugu ugashaka kwiha ijambo, FPR ikubika hamwe na ba Victoire, Mushayidi na Ntaganda, iyo ugize amahirwe ntigukurikize ba Rwisereka.

Aha kabiri FPR ibera umushibuka wa UNAR ni ku bo yubakiyeho.

N’ubwo ishuka abantu ngo abaturage bayikunda kurusha uko bikunda, n’umwana icyo nticyamufata. Ntiwaba wubakiye ku baturage ngo ujye kubabyutsa saa cyenda z’ijoro n’imbunda ugira ngo ubatoreshe ku ngufu indorerezi zitarahasesekara. Ntiwaba wubakiye ku baturage ngo ubavune ibikumwe ubatoresha ku ngufu, uwo badashaka. Ntiwaba wubakiye ku baturage ngo amajwi yabo uyate mu misarani. Ntiwaba wubakiye ku baturage ngo nyuma y’imyaka 19 intambara irangiye, ube ukibacungisha imbunda kugera muri nyumbakumi (positions z’abasirikari hose, lokodifensi, inkeregutabara n’ibindi). FPR yubakiye by’ukuri ku ndobanure nke. Abandi ni ugukurikira.Torture-FPR

Ikindi kirimo kwigaragaza cyane muri iyi minsi ni“ukwikubira” ibyiza by’igihugu. FPR ikomereje aho UNAR yari igereje. Kera inka zari iz’umwami none zagiye muri Girinka(FPR). Ntiwayigurisha udahawe umuriro (uruhusa). Ubutaka ntibukiri ubw’abaturage ngo bwabaye ubwa leta (FPR). Ibishanga ni uko.Uhinze ibidategetswe waba uhungabanyije umudendezo wa leta (FPR). Usaruye ikigori mu byo bagutegetse huginga ukagaburira abana, ngo uba ukomye gahunda za leta (FPR) mu nkokora. Gutwara taxi byeguriwe abifite (FPR). Ntibitangaje kuba FPR iri mu mashyaka akize ku isi. Kera igihugu cyose cyari icy’umwami, none ubu cyose cyahindutse icya FPR. Icyo dusigaranye umwami mushya atarafata ni abagore. Ubanza na bwo biterwa no gutinya kwirahuriraho amakara kuko n’ababo babananiye. Umunsi umwe tuzakanguka dusange hatowe itegeko ko abagore bari abacu bahindutse aba leta (FPR) !

Ivangura riragenda rikagera hose. Mu bintu byose usangamo gahunda ebyiri: ireba rubanda rwa giseseka, n’ireba indobanure zo mu butegetsi. Ngo abana ba rubanda nibajye biga mu zuba ryo mu mpashyi, nyamara ab’indobanure za FPR biga Green Hills baruhuka Nyakanga na Kanama. Ngo abana ba rubanda nibige ku ngufu mu cyongereza (n’abigisha ntacyo bazi), nyamara muri Green Hills hari ishami ryiga kandi ryigisha mu gifaransa… Ngo Bourses zivuyeho ku bana ba rubanda, nyamara ab’indobanure bararihirwa ibya mirenge mu mahanga… Ni byinshi byerekana ko FPR na yo ifata abanyarwanda mu byiciro. Hakaba abavukanye uburenganzira n’abagomba kubusaba bagategereza kubuhabwa; hakaba abavukanye impagarike n’abavukanye inenge ngo yitwa ingengabitekerezo…ngayo nguko.

 2. Umurongo wa MDR-PARMEHUTU.

Umuromgo wa politiki wabimburiwe na MDR-PARMEHUTU na wo ntiwazimye : Ubutegetsi ntawe ubuvukana butangwa na rubanda, ikabuha umwegihugu yishakiye hadashingiwe ku mavuko no ku bukire. Abenegihugu bose barareshya, nta wavukiye guhaka, ngo undi avukire guhakwa .

inama

Mu matora ya Kamarampaka yabaye le 25/9/1961 : Rubanda yasezereye Karinga n’izayo ihitamo ubutegetsi bwa Repubulika ishingiye kuri Demokarasi.

Uyu murongo wa Parmehutu ntaho wagiye. Ubizi kuturusha ni UNAR/FPR bamye bahanganye. Mu mikorere yayo, FPR ihora yikanga umurongo wa politiki wa Parmehutu ikawuhoza mu ngororero (target). Ingororero cyari igiti bashingagaho intobo bitoza kumasha. Gufora umuheto rero babyitaga kugorora. Aha ni ho haturuka ijambo ingororero. FPR na yo rero ihoza MDR-PARMEHUTU mu ngororero. Mwumvise mu minsi ishize abacurabwenge bayo bateza ubwega ko bamaze kuvumbura bidasubirwaho ishyaka ricumbikiye PARMEHUTU y’ubu. Uku ni ko umucurabwenge wayo Tom Ndahiro abisobanura (mwihangane nimubona hari aho bitumvikana si amakosa yanjye. Imyandikire n’ubuhanga bwa Tom murabizi. Gusa nahisemo kubyandukurana n’amakosa yabyo ngo nubahe ibitekerezo by’undi harimo n’uburenganzira bwe bwo kwibeshya):

 “Amateka ariyanditse Bucyana Maritini abonye umusimbura. Uwo si undi ni Thomas Nahimana washinze ishyaka rye “Ishyaka/Parti Ishema—IshemaParty.” Ab’ingezi muri iryo shyaka ni aba: Padiri Thomas Nahimana, Mme Nadine Claire Kasinge, Bwana Jean Baptiste Kabanda, Dr. Deogratias Basesayabo, Bwana Chaste Gahunde, Dr, Joseph Nkusi, Bwana Venant Nkurunziza na Bwana Ernest NSENGA… Muri iryo tangazo biyerekana ko baharanira amahoro. Ariko imvugo ikoreshwa ikomoka mu ijambo ryavuzwe na Geregori Kayibanda ku itariki ya 10 Mata 1994. (Soma Kangura N0 40-Gashyantare 1993). Ibyanditse mu itangazo ry’ishyaka rya Padiri, usanga igitekerezo ari icya CDR n’abambari bayo. Ku rupapuro rwa mbere KANGURA N0 51 handitse ngo: “ABATUTSI BAKWIYE KURYOZWA IBY’INTAMBARA” ku urwa nyuma hari ifoto ya Bucyana Martini wari perezida wa CDR munsi y’ifoto ye handitse ngo: “ISHYAKA RYACU NIRYO RITEZWEHO GUKIZA RUBANDA, NIRYO RISHYAMIRANYE N’ARI KU BUTEGETSI. Icyo kinyamakuru ni icyo mu Ukwakira 1993. Mu itangazo rya Padiri Nahimana n’abo ayobora, ntibagaragaza Ku urupapuro rwa 3 rw’icyo kinyamakuru Kangura, hari inyandiko ifite umutwe: “KWITWA UMUPARMEHUTU SI IGISEBO NI ISHEMA”. Iryo zina ISHEMA rishyizwe ahagaragara kuli 28 Mutarama 2013 rifite icyo riganishaho. PARMEHUTU yakoreye kudeta i Gitarama kuli 28 Mutarama 1961. Ishema ryayo rivukiye i Paris, France nyuma y’imyaka 52. Ni amateka reka dutegereze”.

(http://umuvugizi.wordpress.com/2013/01/29/hutu-power-mu-birindiro-i-paris/#more-1809)

 

Kubera amakosa menshi n’akajagari k’ibitekerezo, ntibyoroshye guhandura ubutumwa burimo. Reka ariko ngerageze n’ubwo ari nko guhinga umushike.

Muri make uyu mucurabwenge wa FPR akaba n’umwiru mukuru kwa Kagame (umujyanama) aragira ati:

  1.  Amateka arongeye yisubiyemo. Ishema rya Parmehutu rivukiye i Paris.
  2.  Ishyaka Ishema ryavutse taliki ya 28 Mutarama, itariki yibukwaho Kongere y’i Gitarama ubwo MDR-PARMEHUTU yahirikaga ingoma ya Cyami igakoma imbarutso y’ugutsindwa kwa LUNARI.
  3.  Ishyaka Ishema riri mu murongo wa PARMEHUTU ya Grégoire Kayibanda. N’ubwo rigaragaza ko riharanira amahoro, imvugo yabo ikomoka kuri Grégoire Kayibanda.
  4.  Abashinze iri shyaka nta bwoba batewe no kwitwa Abaparmehutu (kuri bo si igisebo ahubwo ni ISHEMA).
  5.  Aya ni amateka abanyarwanda bakwiye gukurikiranira hafi.

Ubundi iyi nkundura yaherukaga gukariha muri 2003 ubwo FPR yari yanzikiye gusesa MDR. Nyuma byabaye nk’ibituje. Ubanza FPR yarumvaga PARMEHUTU yarapfuye buhambe. Ubu ariko itangiye kumva ko itanogonotse. None Tom ati “Ishema rya Parmehutu rivukiye i Paris”. Usibye no guteza ubwega ngo PARMEHUTU yazukiye mu Ishema, FPR izi ko umurongo wa politiki udapfa. Kuba kuva MDR yaseswa muri 2003 nta shyaka ryari rihagarariye umurongo wayo wa politiki, ntibivuze ko ibitekerezo wubakiyeho byari byarapfuye. Ibitekerezo ntibipfa, hapfa ba nyirabyo. Ndacyafite amatsiko yo kumenya uko abayobozi b’Ishyaka Ishema bakiriye iri sesengura rya FPR. Biramutse ari byo, politiki y’u Rwanda yaba iteye indi ntambwe. Ibintu byaba bibaye nk’ibindi umugani w’abiru. Ibi ndetse biduhaye akanya ko gusesengura isano iri hagati y’iriya mirongo ibiri yaranze politiki y’u Rwanda n’amashyaka agenda avuka ayishamikiyeho.

 II. IBISA BIDASABIRANA N’IBISABIRANA BIDASA.

1. UNAR NA FPR

Mu isesengura rishize twagarutse ku ngingo yo kutitiranya izina ry’ishyaka n’umurongo waryo wa politiki. Koko rero ntibihagije kubona izina ngo wemeze ko ishyaka iri n’iri rifite umurongo runaka. Ahubwo ushingira ku bitekerezo bya politiki rishyize imbere. Bifasha umuntu kumenya ibisa by’ukuri. Twabonye uburyo FPR ari UNAR y’ubu. Ibi byo biroshye kuko FPR yatangiye yitwa RANU (UNAR mu cyongereza). Nyamara rero hari aho bidahuza. N’ubwo biharanira umurongo umwe wa politiki, hari aho bitandukaniye. Iyo UNAR yemezaga ko hari abavukiye gutegeka n’abavukiye gutegekwa, yabikoraga nta buryarya. Ni ho imyumvire yari igeze. Usibye n’abatware bari mu butegetsi, hari na benshi muri rubanda babyumvaga batyo. Turamutse dushingiye ku myumvire y’ubu y’uko abantu bavuka bareshya mu burenganzira, maze tugacira UNAR urubanza rukakaye, twaba tuyirenganyije. Mu gihe cyayo yumvaga iri mu kuri. Si ko bimeze ubu kuri FPR. Ukurikije aho imyumvire igeze ku isi hose no mu Rwanda, kuba FPR ivangura abanyarwanda ni umugambi uteguye, wubakiye ku bushake bwo guhigika bamwe ugatonesha abandi. Aha rero ni aha mbere FPR itandukaniye na UNAR. Kuri iki , uwashinja FPR ubugome ntiyaba arengereye.

Byaba n’isesengura ryiza umuntu yibajije impamvu FPR, imaze gufata ubutegetsi, itacyuye wa “mwami” UNAR yarwaniraga ishyaka. Igisubizo twagishakira mu nzira ebyiri.

Ku ruhande rumwe, igikuru si umwami, si n’ubwami, ni ingengabitekerezo(idéologie) byubakiyeho, imwe ya gihake (ko bamwe bavukiye gutegeka abandi bakavukira guhakwa). FPR rero yafashe icyo kiri ingenzi (wa murongo wa politiki ko ngo ubutegetsi bufite ba nyirabwo) ibindi ntacyo byari biyunguye.

Ku rundi ruhande ndetse, ishobora kuba yaranze kwikururira ibintu byamaze guta imitemeri. Erega maye iby’umwami hashize igihe kirekire imbwa zarabirwaniyemo. Abatabizi reka mbibutse ko umwami wa nyuma w’u Rwanda yatanze tariki 25 nyakanga 1957. Kuva icyo gihe, nta mwami wongeye kubaho. Nimumbaze rero muti uyu Ndahindurwa akaba iki? Igisubizo: ntiyigeze aba umwami. Umwami yabaga we kuva ku munsi yimitsweho, hashingiwe ku nzira yabugenewe mu muco nyarwanda.

Abasomye ibisobanuro byanditswe na Alexis Kagame (umwiru mukuru wagombaga kumwimika) muzi ko Ndahindurwa atigeze yimikwa, kuko byananiranye kumvikana ku buryo bwari gukoreshwa mu mihango yo kwimika. Ngo bahisemo ko arahira. Nyumvira nawe ! Nk’uwuhe mwami wundi se muzi wabaye we binyuze mu ndahiro? Iyo ndahiro se yari iteganyijwe he mu nzira tuzi z’ubwiru? Ku muntu wumva ubwami icyo bwari cyo n’uko bwakoraga, kuvuga “umwami warahiye” birashekeje. Ni nko kuvuga “imbeho ishyushye” cyangwa “ikimasa gihaka”. Kagame Alexis, nk’umwiru uzi ibintu, iyo usomye uburyo avuga ibi byo kurahira, ubona ko na we mu gihe yabyandikaga ibitwenge byari byamwishe: abyita comédie supplémentaire(Kagame, A., Un abrégé de l’Histoire du Rwanda, de 1853 à 1972, Butare: EUR, p. 266). Ubusanzwe umuragwa yabaga umwami umunsi yimitsweho bikurikije inzira ya kane y’ubwiru ari yo Nzira y’Ubwimika. Ibindi ni urwenya.

 2. MDR 59 NA MDR 91

Reka tunakomoze gato ku isano iri hagati ya MDR-PARMEHUTU yo muri za 59 na MDR yo muri za 91. Ni kenshi twumva abanenga MDR yo muri 91 ko ngo yatatiye igihango, ko ngo yagambanye umunsi yifatanyije na FPR mu kurwanya Habyarimana, no kwemera kujya muri guverinoma FPR imaze kwifatira ubutegetsi ku ngufu, n’ibindi. Abavuga ibyo babiterwa no kumva ko, ukurikije uriya murongo wa politiki wa MDR-PARMEHUTU 59, ari ishyano ko MDR 91 yiyunga na UNAR nshya ari yo FPR. Mu by’ukuri si byo. Kutumva itandukaniro hagati y’izi za MDR zombi bishobora gutuma dushinja MDR 91 amakosa itakoze.

Kuba amazina yombi asa bishobora kutuyobya tukibagirwa ko MDR 59 na MDR 91 byari bitandukaniye ku kintu cy’ingenzi. MDR 59 yarwaniraga ishyaka umurongo w’ibitekerezo. MDR 91 yarwaniraga imyanya mu butegetsi. Nerekanye uburyo kutarwanira imyanya byatumye MDR 59 idacikamo ibice kandi ntiyigurishe ku Mwami. MDR 91 yo ni ko byayigendekeye. Yari igendereye imyanya, biyitera kwigurisha iburyo n’ibumoso. Uko kurwanira imyanya kwabaye intandaro yo gucikamo ibice, kuko abenyegezaga ku mpande zose byaraboroheraga. Ngiyo MDR-Power, ngiyo MDR-Jogi, n’ibindi. Uku gucikamo ibice kwarayikurikiranye na nyuma ya 94. Muribuka umurava bamwe mu bari bayigize bagaragaje mu iseswa ryayo. Utabyibuka yabaza Safari Stanley na bagenzi be.

Nk’ishyaka rirwanira imyanya mu butegetsi ridashyize imbere umurongo wa politiki, kuba MDR 91 yarafatanyije na FPR ntibitangaje, nta n’ikosa ririmo. Iyo ushaka imyanya uyishakira ahashoboka hose no mu nzira zose. Igikuru ni ukubona icyo ushaka. Bagomba kuba baribwiraga bati reka FPR idufashe kugamburuza Habyarimana, tuzayikubita icenga tuyigobotore, cyangwa tuyereke igihandure mu matora. Basanze ibarusha imitego ibyungukiramo bo barahomba. Nka ya ndirimbo ngo “ndangura mpendwa ngacuruza mpomba”. Gusa MDR 91 nta wayitera ibuye, ku isi hose amashyaka arwanira imyanya mu butegetsi adashyize imbere umurongo w’ibitekerezo ni kuriya abigenza. Akadakora umwe ntikica ubukwe.

Dukurikije iriya mirongo ibiri ya politiki n’ibiyitandukanya, iyo MDR 91 iza kuba irwanira ishyaka umurongo wa politiki nka wa wundi wa MDR 59, ntibyashobokaga na gato “gukorana byahafi”(coalition) na FPR, kuko bari kuba bari mu byerekezo bihabanye kandi bihanganye. Ni imirongo igoye guhuza. Ngo “Bigirankana bya Nirwange yasomeje amata amatezano ati ibitajyanye ni ibi”! Nta hantu na hamwe wahuriza umurongo wa Repubulika ishingiye kuri Demokarasi (ubutegetsi bwa rubanda) , n’umurongo w’ubuhake bushingiye ku bisekuru. Uko kuba mu byerekezo bivuguruzanya bituma nta hantu mwahera mufatanya bya hafi. Iyo uharanira umwe muri iyi mirongo, kimwe mu byo uba ugamije ni ukuzibira urwanira undi murongo ngo adafata ubutegetsi. Kuba rero MDR 91 yo yarashoboye kwibona muri gahunda za FPR birumvikana. Nta wavuga rero ko MDR 91 yagambaniye wa umurongo wa politiki wa MDR 59. Ntawo yagiraga. Yari ishyaka rishaka imyanya mu butegetsi, mu nzira zose. Ngo imbeba yakurikiye akaryoshye mu nsi y’ibuye ihakura inda y’akabati. Ikindi kimenyetso gishobora kuzadufasha muri iki cyerekezo, ni ugucukumbura icyo FPR yapfuye na ba Gapyisi igahitamo kubakuraho. None wasanga hari icyo FPR yumvikanyeho n’abandi uyu we akayitera utwatsi! Abacukumbura muzarebe aha, hapfunditse ibanga. But that is another story!

Ubutaha tuzafatanya kureba uko amashyaka y’ubu ahagaze ushingiye kuri iriya mirongo iranga politiki y’u Rwanda, ingaruka bifite ku cyifuzo cyo guhuza “opposition”, n’izo bishobora kugira ku ihinduka ry’ubutegetsi.

BIRACYAZA….

Edmond MUNYANGAJU.


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Politiki: Mu Rwanda hariho imirongo ibiri ya Politiki, uwa Lunari n’uwa Parmehutu (Igice cya kabiri)

Umwanditsi w’igitabo cy’umubwiriza yitegereje ibibera mu nsi ni ko guterura agira ati: “Ibyahozeho ni byo bizakomeza kubaho; ibyakozwe ni byo bizakomeza gukorwa, ugasanga nta kintu gishyashya cyaduka ku isi. Hari ubwo haba ikintu bakavuga ngo dore kiriya ni gishyashya! Burya na cyo kiba cyarabayeho mu binyejana byahise” (Umubwiriza 1,9-10). Yagushije ku kuri guhamye. Ibi ntibivuguruje kuba isi igenda ihinduka. Ihora ijya mbere kuko ngo “bucya bucyana ayandi”. Nyamara ihame uyu muhanuzi yagushijeho ritwibutsa ko atari bibi gusubiza amaso inyuma tukareba ibyahise, kuko biba bipfunditse amabango yadufasha kumva iby’ubu. Nk’uko twabikomojemo ubushize, reka dufatanye kureba uburyo, iyo ucukumbuye, usanga kugeza ubu LUNARI na MDR-Parmehutu ari yo mirongo ifatika y’ibitekerezo bya politiki u Rwanda rwagize. Hari uwakwibaza ati ese andi mashyaka yabayeho nyuma nta murongo wa politiki yagiraga? Iki kibazo kirakwiye. Dufatanye tugishakire igisubizo.

Mu gutangira, reka twibukiranye ibibanza:

  • Ni byiza kutitiranya umurongo wa politiki n’izina ry’ishyaka. Birashoboka kugira kimwe udafite ikindi. Izina ry’ishyaka rishobora kuba rivuga ko riharanira imibereho myiza y’abaturage, kandi mu bikorwa ritazi n’iyo byerekera. Ushobora no kubona ishyaka riharanira imibereho y’abaturage mu bikorwa, kandi ntiribishyire mu izina.
  • Ishyaka rya politiki n’umurongo wa politiki ntibigendana iteka. Hashobora kubaho ishyaka ritagira umurongo wa politiki, kimwe n’uko hashobora kubaho umurongo wa politiki utagira ishyaka riwuhagarariye. Birakwiye rero gusobanura ibintu neza.

I. POLITIKI NI IKI?

Ntiriwe ndondora ibisobanuro byose bitangwa n’abahanga, navuga ko politiki yubakiye ku bintu bibiri by’ingenzi biranga imibereho ya muntu. Mu buzima bwacu, ibyo dukeneye ntibigira ingano (besoins illimités), nyamara ikigega cy’ibisubizo cyo ni gito (ressources limitées). Hatabayeho inzira zo guhuza aya mahurizo yombi, abantu twabaho nk’inyamaswa, inini ikajya imira into. Mu kubyirinda, abantu bashaka inzira zo kumvikana ku mahame abagenga ngo basaranganye kugirango buri wese ashobore kubaho mu mahoro no mu munezero. Ngiyo politiki. Ni ibikorwa byose bihuza abantu bagamije kubaka imiyoboro ikemura ririya hurizo ry’ibyo bafite (ressources) n’ibyo bakeneye (besoins). Ni yo mpamvu ahari abantu babiri, burya politiki iba yatangiye. Kuba mu rugo umugabo yasa inkwi, umwana akavoma, umugore agateka, iyo na yo ni politiki mu rwego ruciriritse. Iyo imiryango myinshi yishyize hamwe igamije gushakira igisubizo ririya hurizo tumaze kuvuga, irema icyo abagereki bitaga “Polis” cyangwa “Cité”, ari nako ibihugu byavutse. Ibikorwa byose bijyanye no gufasha “Polis” kubaho mu mudendezo ushingiye ahanini ku gusaranganya neza ibyiza by’igihugu, nibyo byitwa politiki.

Ku rwego rw’amashyaka n’ibihugu, kubaka iyo “miyoboro ifatika” ihuza abantu benshi hagamijwe kubafasha kubana mu mahoro arambye ntibyizana kandi ntibyahawe bose : bisaba abantu babifitiye impano(charisme), ugutinyuka, ubushake, ubwitange, ubushobozi n’umuhate : abo nibo bitwa Abanyapolitiki. Ni na yo mpamvu atari ubonetse wese ukora politiki. Kuko ni wo mwuga ugoye kurusha iyindi.

Kimwe mu bibazo bikomereye u Rwanda muri iki gihe wacyumvira aha. Buri wese yihinduye umunyapolitiki. Ngo nyumbakumi yumvise ko Kadafi yishwe, ariyamirira ati: “abanyapolitiki turashize!”. Muri “opposition” nyarwanda na ho ushishoje ntiwabura bene abo , bigira abanyapolitiki kandi ntacyo biyumvira. Umuntu yabigereranya n’ubuhanzi. Kuririmba muri korali ni ibya benshi, naho kuba umunyamuziki n’umuhanzi w’indirimbo ni ibya bake babifitiye impano. Na politiki ni uko. Ikorwa n’abayifitiye impano, bafite umurongo w’ibitekerezo barwanira. Iyo bitabaye ibyo, ihinduka amacambwa. Amacambwa ni amazi y’ibirohwa aba ku nkengero z’umugezi. Ubundi imbwa zitinya amazi maremare, ariko kuko ayo yo aba ari ku ruhande kandi ari hagufi, na zo zirahajya zikidumbaguza, zikivovota, zigataha zumva zivuye koga mu mugezi. Ni yo mpamvu bayita amacambwa. Umugani ugana akariho.

II.UMURONGO WA POLITIKI BISOBANURA IKI?

Umurongo wa politiki ni ibitekerezo, umushinga (projet de socitété), n’ibikorwa bigamije kubaka sosiyete no kuyiha igihagararo iki n’iki. Ufite umurongo wa politiki aba yumva igihugu hari uburyo cyayoborwamo maze abagituye bakarushaho gusangira mu mutuzo ibyiza bigikomokaho. Umurongo wa politiki urangwa n’ingingo enye:

1.Kugira ibitekerezo

Aha hari uwakwiyamirira ati ese ubundi habaho abantu batagira ibitekerezo? Muri politiki birashoboka. Urugero: uwavuga ko ashaka gukuraho ubutegetsi bwa FPR akoresheje intambara, kandi mu mushinga we wa politiki ntitubonemo gushaka ibikoresho n’abarwanyi, yaba nta bitekerezo afite. Tutagiye kure, hari benshi ubu baharanira ngo guhirika ubutegetsi bwa FPR. Wababaza icyo bazabusimbuza, ugatungurwa n’uko icyo kibazo ari ubwa mbere kibanyuze mu bwonko. Kurwanira guhindura ubutegetsi udafite icyo ubusimbuza gifatika (projet de société alternative) ni ukutagira ibitekerezo. Byaragaragaye kenshi aho abantu barwanya ubutegetsi ndetse bakabukuraho, nyuma bakayoberwa icyo babusimbuza, ugasanga ntaho bavuye ntaho bagiye.

Muri politiki, kugira ibitekerezo, bivuga kugira ibihamye, bihera ku ntangiro bikagusha ku iherezo, bikareba impande zose z’ikibazo. Iyo bigarukiye mu cyeregati, cyangwa bigafata igice cy’ikibazo, tuvuga ko nta byo. Hari igihe bidogera ugasanga kuyoborwa n’abatagira ibitekerezo birutwa no gutegekwa n’abafite ibitekerezo ugaya. Muri Libiya Kadafi ngo yari umunyagitugu. Nyamara ubu baramwifuza, atari uko bakunze igitugu cye, ahubwo kuko yasimbuwe n’abatagira ibitekerezo n’umurongo bya politiki. Za Iraki ni uko n’ahandi henshi. Amateka aratuburira. Urabe wumva mutima muke wo mu rutiba!

2.Kugeza ibitekerezo ku baturage

Muri politiki, ibitekerezo by’ishyaka iyo bitazwi n’abaturage, ngo babyibonemo cyangwa se babinenge (kubinenga ni gihamya y’uko babizi), biba bitabaho. Dukore umwitozo muto. Ese hari uzi gutandukanya umurongo wa PSD n’uwa PDC cyangwa PDI? Ese ni abanyarwanda bangahe bazi icyo rimwe muri yo ryazana kitaturuka ku bandi? Muri politiki, umurongo w’ishyaka iyo utazwi n’abaturage uba ntawo.

3.Umurongo wa politiki ugira abawurwanya

Iki ni ngenzi. Kugira abawurwanya bifite agaciro kayingayinga ako kugira abawushyigikiye. Twabonye ko politiki ibereyeho gucunga amakimbirane ari muri kamere muntu. Ni yo mpamvu muri politiki iyo uvuze ngo ndashaka iki, biba bisobanuye ko hari ikindi wanze. Iyo ufite umurongo wa politiki, uba uvuga uti twe tubona igihugu cyayoborwa gitya. Mu buryo buziguye (indirectement), uba uvuze ngo twanze ko kiyoborwa kuriya. Abashyigikiye uwo murongo wundi barakwamagana. Burya rero guhangana biri muri kamere ya demokarasi. Gusa ni uguhanganisha imishinga n’ibitekerezo (Débat-tre). Aha wahahera wumva bimwe nakomojeho ko habaho amashyaka atagira umurongo wa politiki. Muratinye ishyaka ritagira urirwanya. Ese ye, waba warigeze wumva umuntu urwanya ibitekerezo bya PSD, PDC, PDI…Impamvu iroroshye. Wabinenga utabizi? Ese wabimenya wenda bitanabaho? Muri politiki abantu bahanganisha ibitekerezo. Bimwe mu biranga utabifite ni ukutagira abamunenga no gutinya kujya ahabona ngo ajye impaka n’abandi.

4.Ibitekerezo bidapfa

Umurongo wa politiki ni ibitekerezo bikomeza kubaho n’ababitangije batakiri ho. Reka ntange urugero.

Iyo uvuze LUNARI na PARMEHUTU, utungurwa n’uko abato babyiruka bazi kuyatandukanya kurusha uko basobanukiwe n’amashyaka y’ubu. Ibitekerezo byayo byabaye uruhererekane kandi byambukiranyije ibisekuru (générations). Ibya UNAR biracyariho muri FPR nyuma y’imyaka 50. Ibya PARMEHUTU na byo ntaho byagiye.

III. UMURONGO WA POLITIKI WA LUNARI  n’uwa PARMEHUTU

Icyo amashyaka ya politiki abereyeho, ni uguhuriza hamwe ababyumva kimwe. Hari ikintu rero gitangaza. Hafi ya hose muri politiki, hakunze kubaho imirongo ibiri mikuru ihanganye mu mashyaka anyuranye: Muri Leta Zunze ubumwe z’Amerika hari Democrates na Republicains. Mu Burayi hakaba Gauche na Droite. Mu bihugu by’abayisilamu hakaba Partis Religieux na Partis Laïcs. N’iyo habayeho andi mashyaka, bayareba bahereye kuri ibyo bice byombi, ukumva ngo Centre-Gauche cyangwa Extrème-Droite.

Mu by’ukuri, kuri buri ngingo ireba sosiyete, haba hari ibyifuzo n’ibitekerezo binyuranye. Gusa, muri politiki buri wese akenera gufatanya n’abandi ngo bahuze ingufu. Iyo kamere ya politiki ituma bya bitekerezo bitatanye bigenda byiyegeranya, hagasigara imirongo migari ibiri ihanganye. Muri politiki babyita “convergence à la médiane”. No mu Rwanda ni uko.

Mu ntangiro, havutse amashyaka anyuranye, nyamara byaje kurangira yibumbiye mu bice bibiri. Umurongo wa Repubulika ishingiye kuri demokarasi urangajwe imbere na MDR-Parmehutu, hakaba n’umurongo w’Ubwami bushingiye ku bisekuru, amoko n’imiryango, ushyigikiwe na UNAR (si yo yawutangije, yavutse isanga umaze ibinyejana, iwugira uwayo mu ruhando rw’amashyaka).

Ishyaka MDR

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Perezida Dominiko MBONYUMUTWA

Kenshi dukunze kuryita MDR-PARMEHUTU. Ryashinzwe tariki 9 ukwakira 1959 ryitwa PARMEHUTU (Parti du Mouvement de l’Emancipation Hutu), riyobowe na grégoire Kayibanda. Inama rusange yabereye i Gitarama taliki ya 28 Gicurasi 1960, yarihinduriye izina ryitwa M.D.R (Mouvement Démocratique Républicain). Nyamara kuko izina rya mbere ryari ryaramaze gufata, ntiryazimiye, ahubwo abantu mu mvugo bahise barihuza n’irishya baranabicurika bibyara MDR-PARMEHUTU. Nyamara izina “officiel” guhera muri 1960 ni MDR.

Ishyaka UNAR

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Umwami Kigeli V NDAHINDURWA

Ryavutse taliki ya 3 Nzeri 1959, ryitwa L’Union Nationale Rwandaise, riyobowe na François RUKEBA.

Reka noneho turebe igitandukanya Ubwami na Repubulika ishingiye kuri demokarasi, biradufasha kumva aho UNAR na MDR-Parmehutu zari zitaniye. Iyi mirongo ibiri ya politiki wayirebera ku bintu byinshi ariko turafatamo bitatu by’ingenzi biranga amashyaka muri rusange:

(1)Icyo rigamije;

(2)Abo ryubakiyeho

(3)Icyerekezo cya sosiyete riharanira.

 

Repubulika ishingiye kuri demokarasi:Umurongo wa MDR-Parmehutu Ubwami:Umurongo wa UNAR
Icyo rigamije. Kurwanira ishyaka ibitekerezo. Kurwanira ishyaka ibitekerezo.
Abo ryubakiyeho. Ishyaka ryubakiye ku mbaraga za rubanda rugufi (parti populaire). Ishyaka ryubakiye kuri bake bifite (parti d’élite).
Icyerekezo cya sosiyete riharanira. Ubutegetsi butangwa. Ubutegetsi butunzwe.
Ubutegetsi bufunguriye bose. Ubutegetsi bufite ba nyirabwo.
Isaranganwa ry’ibyiza by’igihugu ryubakiye ku nzego n’amategeko. Ukwikubira ibyiza by’igihugu kubakiye kuri “kamere” n’umurage.

 

(1)Ku ngingo ya mbere, UNAR na MDR byari mahwi.

Bombi bwarwaniraga ishyaka ibitekerezo byabo. Ntibaharaniraga mbere na mbere imyanya mu butegetsi. Urwanira ishyaka ibitekerezo aba abikomeyeho, ku buryo unamubwiye ngo umuhe ubutegetsi ariko abizibukire, cyangwa se ubumuhe mu nzira zibonetse zose, atagukundira. Aha PARMEHUTU na UNAR zari zihahuriye. Buri shyaka ryari rifite umurongo wa politiki riharanira kandi ridakozwa ibyo kuwutatira. Iyo MDR-Parmehutu iza kuba iharanira imyanya mu butegetsi, byari korohera Umwami kuyitamika iyo myanya ubundi bakaruca bakarumira cyangwa bagacikamo ibice. Si ko byagenze.

UNAR na yo iyo iza kuba iharanira ubutegetsi, yari kujya mu matora, cyane ko, nk’uko Musenyeri Alexis Kagame abivuga mu gitabo cye1, yari kwegukana amajwi atari make. Si ko byagenze rero. Ahubwo UNAR yahisemo kubitera umugongo (boycot)inashishikariza abayoboke bayo kutitabira amatora kuko yumvaga bihabanye n’umurongo wayo wa politiki.

Igikomeye ariko ni ukumva icyateraga aya mashyaka yombi kwitwara gutya.

PARMEHUTU ntiyaharaniraga ubutegetsi. Yari izi ko umunsi rubanda bumvise umurongo wayo wa politiki, bakawibonamo, bazabuyiha ku mudendezo, kuko ari bo ba nyirabwo.

LUNARI ntiyaharaniraga ubutegetsi kuko yari izi ko ari ubwayo, ko gutegeka biri muri kamere yayo. Ntawe uharanira ibiri ibye. Ibi biratugeza ku ngingo ya kabiri n’iya gatatu (abo ishyaka ryubakiyeho n’ishingiro ry’ubutegetsi).

(2)Ingingo ya kabiri ireberwaho amashyaka ni abo yubakiyeho.

MDR-Parmehutu yari ishyaka ryubakiye ku baturage baciye bugufi (parti populaire). Kuko rero abo ari bo bari benshi mu gihugu, ni ho havuye kwitwa ishyaka rya rubanda nyamwinshi. Yatangijwe n’abantu baciye bugufi, badasanzwe mu butegetsi, bityo rubanda rukabibonamo, kuko babaga basangiye “ukwigizwayo “.

UNAR yo yarimo abatware n’abandi basanzwe mu butegetsi bwa cyami. Bari bafite amaboko yandi atari abaturage bato: icyubahiro, igitinyiro, intwaro, ubukungu, ubuhake n’amateka. Ubutegetsi bari babusanganywe kandi bizeye kubugumana, kuko ingengabitekerezo ya cyami yigishaga ko hari abavukiye gutegeka n’abavukiye kuyoboka. Ko igihugu kidashobora kubaho kidafite umwami. Aha hatwumvisha impamvu UNAR yateye umugongo iby’amatora. Hari uwihuta akavuga ko UNAR yanze amatora kuko yanze kuyoborana cyangwa kuyoborwa n’Abahutu. Ni byo kandi si byo. Harimo akagobeko (c’est subtil). Ibaze nawe umaze imyaka 400 bakumvisha ko wavukiye gutegeka naho ba kanaka bakaba baravukiye kuyoboka, bwacya ngo jya gupiganirwa na bo ubutegetsi! Ari wowe se wapfa kubyumva? UNAR yumvaga ari ugucurika ibintu.

Iyi ngingo y’abo amashyaka yubakiyeho yanadufasha kumva icyo benshi bibeshyaho ngo amashyaka UNAR na MDR-Parmehutu yavanguraga amokoSi byo.

Ikiri ukuri ni uko muri UNAR hari higanjemo abatutsi, naho muri MDR-Parmehutu hakiganzamo Abahutu(rubanda rugufi). Nyamara ibi ntibyaturutse ku bushake bwo kuvangura. Byarikoze. MDR-Parmehutu yari ishyaka riharanira rubanda rugufi, kandi muri rwo abenshi bakaba abahutu. Nyamara ntiyangaga Abatutsi. Ubishidikanya azabaze impamvu Paul Kagame na Bernard Makuza ari ababyara. UNAR yari ishyaka ry’abari mu butegetsi bwa cyami kandi abenshi bakaba abatutsi, ariko yarimo n’abahutu. Ubishidikanya azabaze ba Rukeba, Michel Rwagasana n’abandi. Uyu Rwagasana yari umuvandimwe wa Gerigori Kayibanda kwa se wabo.

(3)Ingingo ya gatatu aya mashyaka atandukaniyeho ni icyerekezo cya sosiyete.

Nk’uko twabikomojeho, MDR-Parmehutu yaharaniraga Repubulika ishingiye kuri demokarasi. Iki cyerekezo cya sosiyete kirangwa n’uko ubutegetsi butangwa. Utegeka akaba azi ko ubutegetsi atari ubwe, ko yabuhawe, kuko ari ubw’abaturage, kandi ko bashobora kubumwaka bakabuha undi. Ubu butegetsi rero buba bufunguriye bose.

Ku rundi ruhande, UNAR yari igizwe n’abasanganwe ubutegetsi kandi bazi ko ari cyo bavukiye (gutegeka). Iyi myumvire tuyisanga n’ahandi ku isi. Utegeka akaba azi ko ubutegetsi abutunze. Ashobora kuba yarabuvukanye (umwami), yaraburazwe (igikomangoma), cyangwa yarabufashe ku ngufu (umusirikari). Ni yo mpamvu buba bugomba kugarukira ku babutunze. Kuri ba nyirabwo. Undi se yavuga ko abushaka nka nde? Aha haratwumvisha nyine impamvu UNAR yirinze kujya mu mahiganwa y’amatora . Abari bayigize bari barabyirutse bazi ko ubutegetsi ari ingarigari yabo. Byari bigoye kubumvisha ko bajya kubupiganirwa. Kandi nta wabarenganya,koko se hari upiganirwa ibiri ibye? Icyo batamenye ni uko ibihe byari byarahindutse!

Imirongo ya politiki ya MDR na UNAR yaranyuranyaga na none ku cyashingirwaho mu kugira uruhare ku byiza by’igihugu.

Umurongo wa MDR washakaga isaranganywa rishingiye ku buringanire bw’abenegihugu bose(égalité) no ku rwego rwa buri wese(mérite). Mbese hakabaho amategeko agena icyo buri wese afitiye uburenganzira. Iri ni ryo shingiro rya Repubulika na demokarasi.

Ku rundi ruhande, umurongo w’ubwami UNAR yarwaniraga, uvuga ko uburenganzira bukwiye gushingira ku cyo abawushyigikiye baba bita “kamere”(statu quo). Ni ukuvuga ngo ibintu tubirekere uko biri , ni ko Imana yabishatse. Yashatse ko bamwe bavuka ari abatware, abandi bakaba abagaragu. Biri muri kamere. Kubihindagura bikaba ugucurika ibintu. Abatware nibakomeze bayobore kandi bayobokwe kuko ni cyo bavukiye. Abandi nibakomeze bayoboke kandi bahakwe kuko ni cyo bavukiye, bizahore bityo imitaga itazima izuba.

IV. N’UBU RUKIGERETSE.

Iyi mirongo ibiri ya politiki iracyageretse kugeza magingo aya mu Rwanda.

1.Kuba FPR ari UNAR NSHYA byo si umugani.

Mwibuke ko mu ntangiro zayo yitwaga RANU, ni ukuvuga UNAR mu mpine y’icyongereza. Gusa rero uko gusa no gusabirana ntibyagarukiye mu mazina gusa. Witegereje ibikorwa usanga ari wa murongo wa UNAR ukomeje….

Edmond Munyangaju

BIRACYAZA…


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Politiki: Mu Rwanda hariho imirongo ibiri ya Politiki, uwa Lunari n’uwa Parmehutu (Igice cya mbere)

Hashize igihe kirekire abantu basaba bashimitse ko amashyaka ya “opposition” nyarwanda yakwiyunga agafatanyiriza hamwe guhindura ubutegetsi mu Rwanda. Ababivuga babiterwa n’uko bumva byahuriza hamwe ingufu ubu zitataniye mu mashyaka anyuranye atavuga rumwe n’ubutegetsi bwa FPR. Ni icyifuzo cyiza. Ndagira ngo turebere hamwe ireme ry’iki gitekerezo n’ingaruka zacyo.  Kugira ngo twumve akamaro cyangwa ingorane zo kwishyira hamwe, dutangire tureba abajya muri politiki ari bantu ki.

 1. Kuki abantu bajya muri politiki?

Icya mbere ngira ngo tubanze duhigike ni ya mareshyamugeni ngo umuntu WESE wiyemeza gukora politiki abiterwa no gushaka kwitangira abandi. Ubushakashatsi bwose bwerekana ko iki ari ikinyoma. Ikimenyimenyi ni uko benshi mu bavuga ko bajyanywe muri politiki no kwitangira abandi, usanga mu buzima busanzwe wenda atari na ba bantu babangukirwa no gufasha. Ugasanga mu buzima bwabo batarafungurira umushonji n’umwe, batazi icyo kurera imfubyi ari cyo, n’ibindi. Ubushakashatsi rero bwo bwerekana ko kenshi abantu bajyanwa muri politiki n’impamvu ebyiri. Gushaka ubutegetsi (power seeking) no kurwanira ishyaka ibitekerezo byabo (policy seeking). Muri make rero, ujya muri politiki aba abifitemo inyungu. Ushaka ubutegetsi aba ashaka ibyubahiro, amakuzo, ubukire n’ibindi bijyana na bwo. Urwanira ibitekerezo aba yumva igihugu hari uburyo kigomba kuyoborwamo. Iyo abigezeho, na we yumva bimuhaye agaciro imbere y’umutimanama we n’imbere y’abandi.

Kuba abantu bajyanwa muri politiki no gushaka ziriya nyungu zombi dusobanuye, hari uwabyita inenge. Si byo. Ahubwo ni byiza. Umunyapolitiki ubyemera aba ari inyangamugayo kandi avugisha ukuri. Aba ari n’umugabo. Hari abashima ubabeshya ko ngo nta nyungu akurikiye. Rubanda irashukika. Ubwabyo ni ikibazo kujya mu bintu bitagira inyungu. Gusa rero inyungu ziri kwinshi. Ntituzigarukirize ku mafaranga n’ubukungu nk’uko bamwe babikora. Burya n’ugiye kwiha Imana muri wa muryango w’ababikira bita ku ndembe, haba hari inyungu akurikiye: umukiro wa roho n’ubugingo bw’iteka. Umunyapolitiki uvuga ko nta nyungu akurikiye, iyo atari umubeshyi aba ari indindagire. Hari na none uwambaza ati “none se uwo muntu ukurikiranye inyungu ze yagirira ate igihugu n’abaturage akamaro?”. Iyo ashaka ubutegetsi, yita ku byo abaturage bifuza kuko ni bo ba nyirabwo. Na bo rero bamuhundagazaho amajwi. Mbese ni mpa nguhe. Iyo arwanira ibitekerezo, akora uko ashoboye ngo yumvishe abaturage agaciro kabyo, bamuhe amajwi, abishyire mu bikorwa. Ng’uko uko umunyapolitiki ukurikiye inyungu bwite ahindukira akagirira abaturage akamaro.

 2. Abanyapolitiki bacu wabashyira mu kihe cyiciro?

Ukuri ntikwica umutumirano, reka mbivuge. Ingorane u Rwanda rwahuye na yo ni uko rwagize abanyapolitiki badakurikiranye inyungu. Biragoye kumenya icyo bakurikiranye, ariko nshidikanya niba bo baba bakizi. Muti gute ? Duhereye ku kurwanira ibitekerezo, biragoye kumenya umurongo w’abanyapolitiki b’abanyarwanda. Umurongo wa politiki ntituwitiranye n’izina ry’ishyaka. Umurongo wa politiki ni ukugira ibitekerezo kandi abaturage bagasobanurirwa uburyo byahindura imibereho yabo. Reka ntange urugero.

Tumaze imyaka irenga 26 dufite ishyaka ryitwa PSD,ngo riharanira imibereho myiza y’abaturage. Jya rero mu giturage ubaze umuturage niba arizi. Umubaze niba yaritora n’icyo aritezeho. Ese ni abanyarwanda bangahe bazi icyo PSD yabazanira kitazanwa na FPR, PDC cyangwa PDI?. Muri politiki, umurongo w’ishyaka iyo utazwi n’abaturage (ntitwitiranye kuwumenya no kuwibonamo) uba ntawo. Ikindi kiranga umurongo uhamye w’ibitekerezo, ni ukuba uruhererekane hagati y’ibisekuru. Abiyita ibigugu muri politiki yacu mbanenga kuba nta babyiruka babagwa mu ntege. Byari kuba iyo bagira umurongo w’ibitekerezo uzwi. Bitabaye, biragoye kubajya inyuma utazi aho bagana.

Ushingiye kuri ibi, wasanga u Rwanda kugeza ubu rwaragize imirongo ibiri ya politiki: uwa Runari (UNAR) n’uwa MDR Parmehutu. Tuzabigenera akanya dusesengure iyo mirongo yombi, aho itandukaniye n’aho ishingiye. Gusa tutagiye kure, reka ntange ibimenyetso bitatu.

Iyo uvuze Runari cyangwa MDR, abantu bahita bakubita agatima ku bitekerezo n’imiterere y’ubutegetsi mbere yo kwibuka umuyobozi (Leader) runaka. Abenshi mu babyiruka ubu ushobora gusanga batanibuka abayashinze n’abayayoboye, ariko icyo yarwaniraga cyo barakizi. Iki ni ikimenyetso cy’uko muri ayo mashyaka ibitekerezo byarushaga agaciro amazina y’abayobozi. Iki ni icya mbere kiranga umurongo uhamye wa politiki.

Icya kabiri ni uko, ukoze ubushakashatsi, watungurwa n’uko abato babyiruka basobanukiwe na Runari cyangwa MDR kurusha uko basobanukiwe na PDC kandi ari yo yo muri iki gihe. Icyo ni ikimenyetso cya kabiri.

Icya gatatu ni uko ibitekerezo by’aya mashyaka byambukiranyije ibisekuru (générations). Ibya Lunari biracyariho muri FPR nyuma y’imyaka 50. Ibya MDR na byo ntaho byagiye. N’ubwo ubu nta shyaka ribihagarariye cyangwa ribyiyitirira, biraho bituje. Ikibigaragaza ni uko FPR, mu mikorere yayo, ni byo ihora yikanga, ikabihoza muri “target”. Muzarebe iyo ivuga ibya kamarampaka, rubanda nyamwinshi, ubwigenge n’ibindi byubatswe na MDR, icika ururondogoro.

Dore ikindi gitangaje abantu batitayeho. Nyuma ya jenoside, ishyaka twari twiteze ko risenywa imbere y’amategeko ni MRND, kuko yaregwaga jenoside. Nyamara si ko byagenze. FPR yihutiye gusenya MDR kuko izi ko ari yo ifite umurongo n’ibitekerezo bikomeye bishobora kuzayigora. MRND n’ubwo ubu idahari mu Rwanda, nyamara yo ntiyigeze iregwa mu mategeko ngo iseswe nk’ishyaka. Biratangaje. Ushaka rero kureba ingufu z’ibitekerezo bya MDR azarebe uburyo FPR-Inkotanyi ihora ibyikanga. Ngo ntawe utinya ijoro atinya icyo barihuriyemo. Twibutse ko FPR yatangiye yitwa RANU cyangwa UNAR mu gifaransa!

3. Itandukaniro hagati yo gushaka ubutegetsi no gushaka imyanya.

Ni byiza gutandukanya ibi bintu byombi. Umunyapolitiki ushaka ubutegetsi aba afite umurongo n’icyerekezo. Ushaka akanya aba ari umucanshuro. Ushaka ubutegetsi, agira umurongo wa politiki, agaharanira kuwumvisha abaturage ngo nibamutora awushyire mu bikorwa. Ushaka akanya, nta bitekerezo nta n’umurongo. Icyo apfa ni akanya. Akenshi, yisunga abafite ibitekerezo n’umurongo ngo arebe ko bamusagurira. Ngiyo indangagaciro ya byinshi mu byiyita amashyaka biri mu Rwanda muri iki gihe. Kuko nta murongo w’ibitekerezo, bahisemo kwiturira mu ibaba rya FPR, ngo amahanga abone ko ubutegetsi buhuriweho n’amashyaka menshi. FPR na yo yabemereye kutarisha ikiyiko, ahubwo ikajya irisha ikanya ngo hagire utuvungukira dutakara na bo bagire icyo bacyura. Iyi ndwara ariko ushishoje wayisanga no muri opposition.

  1. Amashyaka ya “hobe ibyansize” na “twihangire imirimo”.

Iyo abantu bageze mu buhungiro, ikibazo cya mbere bagira ni icyo kwakira imibereho mishya. Abakiri bato bo biraborohera kuko baba bakiyubaka. Abakuzeho gato, bahura n’ikibazo cyo kwibona muri sosiyete itabaha icyubahiro n’umwanya bari bamenyereye. Reba rero umuntu wari minisitiri cyangwa Jenerali akibona muri ka kumba bacumbikiramo impunzi, yakwaka akazi bakamuha ako kwakira abinjira (réceptioniste) mu nzu y’abasaza cyangwa gucunga umutekano mu isoko. Yatambuka agasanga ntawe umwitayeho kandi yari amenyeye kuramukanywa ibyubahiro. Munyumve neza nta kazi nsuzuguye. Gusa imyumvire yacu ya kinyarwanda n’uko twumva ibyubahiro biradukurikirana. Aha rero ni hamwe haturuka imisusire y’amashyaka yacu. Hari ayo umuntu yakwita “Hobe ibyansize” cyangwa“Twihangire Imirimo”. Ni ishyaka nshinga ngo ntibagirana kandi narigeze gukomera. Mba nteganya ko rimwe mu mwaka BBC izampamagara mu kiganiro mpaka, rimwe mu myaka ibiri tugakora inama, ubundi tugatanga itangazo kuri internet. Ibikorwa bya politiki bikagarukira aho. Iyo izina ryanjye barivuze nka rimwe mu mezi atandatu, numva nanjye nkiri mu ruhando ngo rwa politiki. Ubishidikanya, afate ishyaka rimaze imyaka nk’ 10 rivutse, arebe ibikorwa bya politiki rikora mu mwaka cyangwa ryakoze muri iyo myaka. Nanyomoza nzamushima. Amashyaka nk’aya ntaba agamije kurwanira ubutegetsi cyangwa se kurwanira ibitekerezo. Cyakoze rimwe na rimwe iyo akanya kabonetse ntakitesha. Ngiyo impamvu hari abarangiriza mu Rwanda kwihesha agaciro kandi nyamara batahwemaga gutuka FPR. N’abayituka ubu, ibemereye akanya, hari abarenze umwe bamanuka batakirwambaye.

Kera mu bayahudi, abanyapolitiki b’ukuri bari Abahanuzi. Umuhanuzi rero yagombaga kuba ari umuntu usanzwe yitunze. Impamvu kwari ukugira ngo hatazagira umucyurira ko yaje gushaka amaramuko. Umunsi umwe rero, Amasiya, umusaherezabitambo w’i Beteli, yigeze gushaka kubicyurira umuhanuzi Amosi. Amosi yahagaze yemye ati “mfite amasambu yanjye n’amatungo ahagije. Gusa Uhoraho yarambwiye ati bisige ujye guhanura. Ariko nari nitunze” (Am 7,14-15).

Ese ye, abanyapolitiki bacu mu buhungiro, ni bangahe bashobora gutanga igisubizo nk’iki hagize ubacyurira? Ni yo mpamvu FPR na yo ibihoza ku munwa, ibacyurira gushaka amaramuko. Opposition y’ukuri izatangira umunsi twagize abanyapolitiki bashobora nkwishongora nka Amosi, bati “twari twitunze, dufite akazi aka n’aka, dufite umwuga uyu n’uyu, ariko twarabiretse kuko twiyumvisemo umuhamagaro wo gukora politiki”. Aha rero ni ho hari ibanga ryo guhuza amashyaka ya opposition.

5. Guhuza amashyaka ya opposition.

Muri politiki, hari ibintu bibiri bituma amashyaka yishyira hamwe. Ni bya bindi n’ubundi navuze: gushaka ubutegetsi no kurwanira ibitekerezo.

Duhere ku mashyaka ashaka ubutegetsi. Ayangaya akunze kwishyira hamwe mu gihe cy’amatora. Ashobora kubikora mbere cyangwa nyuma ho gato. Mbere y’amatora, aba agira ngo adatatanya amajwi ahubwo ayakusanye ashobore kwegukana imyanya ihagije. Nyuma y’amatora, haba hari iryatsinze ariko ridafite amajwi ahagije ngo ritegeke ryonyine. Rishaka irindi byiyunga. Iri rishakisha irindi rito, rinyotewe ubutegetsi, ariko ridafite umurongo w’ibitekerezo ukomeye, kugirango ritazarigora mu guhitamo ibikorwa bya leta. Iyi ni inzira ya mbere opposition nyarwanda yakwihurizamo. Opozisiyo ishatse kujya mu matora, byaba byiza kwegeranya imbaraga. Bitabaye ibyo, kwiyunga wasanga ntacyo byunguye cyane.

Mu buryo bwa kabiri, amashyaka arwanira umurongo w’ibitekerezo yo ashobora kwiyunga igihe icyo ari cyo cyose. Iyo abonye imirongo n’icyerekezo bijya hamwe, hari ubwo ahitamo gukorera hamwe kuko aba yegeranye mu myumvire. Iki rero ni cyo kibuze mu mashyaka ya opposition nyarwanda. Twatangiye tureba uburyo umurongo wayo wa politiki udasobanutse, amwe ndetse akaba atanawugira. Iyo rero abantu bavuga kwishyira hamwe, baba birengagije ko abishyira hamwe bagomba kuba hari ibyo bahuje.

Kugeza ubu, ikigaragara amashyaka ya opposition ahuriyeho ni ubushake bwo gutsinsura ubutegetsi bwa FPR. Gusa rero muri politiki ubushake bwo guhindura ubutegetsi ntibuhagije ngo abantu bishyire hamwe. Igikomeye ni icyo buri wese yumva yabusimbuza n’uburyo yabigeraho. Gukuraho ubutegetsi bwa FPR, ukabusimbuza Repubulika ishingiye ku mahame ya demokarasi, undi akabusimbuza ingoma ya ubwami(monarchie), ni imishinga ibiri inyuranye kuri byinshi.

Igikomeye kurushaho, ni uko hari n’amashyaka atari make agarukira kuri iyo ntambwe ya mbere: guhirika FPR. Ibindi ntubabaze. Byaragaragaye kenshi aho abantu barwanya ubutegetsi, bakabukuraho, nyuma bakayoberwa icyo babusimbuza, ugasanga ntaho bavuye ntaho bagiye. Muzitegereze Kongo nyuma ya Mobutu, Iraki nyuma ya Sadam, Misiri nyuma ya Mubarak n’ahandi.

Ikibazo cy’ukuri opposition nyarwanda ifite si amashyaka menshi cyangwa make. Yego ngo uburo bwinshi ntibugira umusururu, ariko na none ngo ingabo nyinshi ni izongeranya. Ikibazo cy’ukuri ni amashyaka (make cyangwa menshi) ariho ku izina, atagize icyo yunguye usibye gutera icyugazi no gutuma abatabizi bibeshya ngo hari ababitubereyemo, kandi byahe byo kajya! Ikibazo cy’ukuri ni amashyaka (make cyangwa menshi) adafite umurongo wa politiki, muri make atagize icyo amaze.

Hari umunyapolitiki wigeze gucyurira undi, ati:“nemera ko igihugu gikwiye kuyoborwa n’impaka z’ibitekerezo. Ikibazo gusa ni uko n’abadafite ibitekerezo bashaka gutera impaka”. Yarasaze agwa ku ijambo. Abashaka rero guhuza opposition nyarwanda nabagira inama yo kubanza kuyirema. Niba babona ihari, nabagira inama yo kuyicira (kuyikonorera) nk’uko bicira ikawa kuko yuzuye ibyonnyi. Ikibazo si uguhuza amashyaka menshi ya opposition, ikibazo ni ukumenya wahuza ayahe. Hari arenze rimwe azagira akamaro umunsi yasenyutse.

Umwanzuro wo kwisegura.

Ndabizi ko hari uri buntere ibuye ngo nakoze ishyano mvuga ko hari amashyaka ya opposition nyarwanda y’imburamumaro. Hari uwandenganya ngo nsuzuguye abanyapolitiki b’inararibonye kandi basaziye mu mwuga. Mbere yo kwihutira kuntera ibuye, banza unsubize iri hurizo: uburyo FPR yafashe ubutegetsi n’uburyo ibutengamayeho imyaka 26, nyamara idashyigikiwe n’abaturage, kandi ngo dufite inararibonye muri politiki n’amashyaka anigana. Nurangiza, ndatega umutwe. Ntuntere ibuye gusa, ahubwo ndemera ufate n’intosho. Umunyapolitiki Machiavel ni we wanditse ati “ibiriho n’ibyakagombye kubaho birahabanye cyane, ku buryo umuntu wirengagiza ibiriho aba agana ahabi (la distance entre la réalité et l’idéal est tellement grande que celui qui ferme les yeux sur ce qui est, apprends plutôt sa perte que sa survie). Ukuri nguko. Kurarura, ariko guca mu ziko ntigushye.

 Edmond Munyangaju.

BIRACYAZA….


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Le 6 avril 2020, le génocide du Rwanda sera une fois encore commémoré à travers une histoire fabriquée

Le 6 avril 2020, c’est une nouvelle fois à travers l’histoire fabriquée par le régime du général Kagamé que va être commémoré le 26° anniversaire du génocide du Rwanda. Une histoire dont les trois principaux piliers ont pourtant été pulvérisés par l’historiographie. Ainsi :

1) Contrairement à ce qu’affirme cette histoire fabriquée, ce ne sont pas les « extrémistes hutu » qui ont abattu l’avion du président Habyarimana.

Le génocide du Rwanda ayant été déclenché par l’assassinat du président Habyarimana, l’impératif était donc de connaître les auteurs de ce crime. Or, les alliés du général Kagamé, Etats-Unis et Grande-Bretagne, ont interdit au TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) dépendant du Conseil de Sécurité de l’ONU (Résolution 955 du 8 novembre 1994), de chercher à les identifier.

Quant à la justice française, seule à avoir enquêté sur cet attentat, elle s’est prudemment défaussée après 21 ans d’accumulation d’éléments semblant pourtant désigner le camp du général Kagamé. Le 21 décembre 2018, suivant en cela les réquisitions du Parquet, elle a ainsi rendu un insolite non-lieu concernant les hauts cadres du général Kagamé que  le juge Bruguière accusait d’être les auteurs ou les commanditaires de l’attentat du 6 avril 1994. Insolite en effet car :

1) Les magistrats écartent la piste des « extrémistes hutu », innocentant ces derniers  de toute responsabilité dans l’attentat qui déclencha le génocide.

2) Ils énumèrent en revanche, et en détail, les nombreux éléments du dossier paraissant désigner à leurs yeux l’équipe du général Kagamé comme étant à l’origine de cet attentat.

3) Mais, in fine, les deux magistrats instructeurs prennent étrangement le contre-pied du déroulé de leur propre argumentation pour conclure que « L’accumulation (je souligne) des charges pesant sur les mis en examen (les membres du premier cercle du général Kagamé mis en examen par le juge Bruguière le 17 novembre 2006) (…) ne peut pas constituer des charges graves et concordantes permettant de les renvoyer devant la cour d’assises ».

Utilisant la seule conclusion de ce singulier non-lieu en taisant soigneusement la liste des charges l’impliquant  énumérées par les magistrats français, le régime de Kigali affirme avec un singulier aplomb qu’il n’est donc pour rien dans l’attentat du 6 avril 1994. Cela lui permet de continuer à soutenir que ce furent les « extrémistes hutu » qui commirent l’attentat alors que rien, ni dans le dossier de la justice française ainsi que nous venons de le voir, ni dans la monumentale masse de documentation étudiée par le TPIR, ne conduit à cette piste. D’autant plus que, présenté par l’histoire fabriquée comme étant l’ « architecte du génocide », donc comme celui qui l’aurait déclenché en faisant abattre l’avion du président Habyarimana, le colonel Bagosora a été totalement lavé de cette accusation par  le TPIR :

« No allegation implicating the Accused (Bagosora) in the assassination of the President is to be found in the indictment, the Pre-Trial Brief or any other Prosecution communication. Indeed, no actual evidence in support of that allegation was heard during the Prosecution case. » (TPIR- Decision on Request for Disclosure and Investigations Concerning the Assassination of President Habyarimana (TC) 17 october 2006).

2) Contrairement à ce qu’affirme l’histoire fabriquée, le génocide n’était pas programmé.

Si le régime de Kigali continue à affirmer contre toute vérité que ce furent les « extrémistes hutu » qui commirent l’attentat du 6 avril 1994, c’est parce que ce postulat couvre le cœur de leur mensonge historique qui est que ces mêmes « extrémistes hutu » ayant programmé le génocide, l’assassinat du président Habyarimana allait leur permettre d’avoir les mains libres pour le déclencher.

Or, ces « extrémistes hutu » qui, comme nous l’avons vu, ne sont pas les auteurs de l’attentat qui coûta la vie au président Habyarimana, n’avaient pas davantage programmé le génocide.

Ce point essentiel a été définitivement  établi devant le TPIR dont le Procureur n’a pas été en mesure de prouver l’existence d’une entente antérieure au 6 avril 1994 en vue de planifier et d’exécuter le dit génocide, ce qui a naturellement conduit à l’acquittement des principaux accusés de ce chef d’accusation majeur. Pour plus de détails à ce sujet on se reportera aux jugements dans les affaires Bagosora, Zigiranyirazo, Bizimungu, Ngirumpatse et Karemera que je présente dans Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda.

Dans ces conditions, comme le génocide du Rwanda n’était pas programmé, nous en revenons donc à la question essentielle qui est de savoir qui a tué le président Habyarimana puisque ce meurtre fut l’élément déclencheur d’un génocide « improvisé » après le 6 avril 1994 par certains de ses partisans rendus hystériques par son assassinat.

3) Contrairement à ce qu’affirme l’histoire fabriquée, dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, quand il reprit unilatéralement la guerre, le but du général Kagamé n’était pas de sauver des vies, mais de conquérir militairement le pouvoir.

Toujours selon l’histoire fabriquée, le général Kagamé fut contraint de violer le cessez-le-feu en vigueur afin de sauver les populations du génocide. Or, une fois encore devant le TPIR, il a été établi que :

– Cette offensive fut lancée dès l’annonce de la mort du président Habyarimana, donc plusieurs heures avant les premiers massacres.

– Cette offensive contre l’armée nationale rwandaise désemparée par la mort de son chef d’état-major tué dans l’explosion de l’avion présidentiel, et dont l’armement avait été consigné par l’ONU dans le cadre du cessez-le-feu et des accords de paix, avait été minutieusement préparée depuis plusieurs semaines, les forces du général Kagamé n’attendant qu’un signal pour marcher sur Kigali.

– Afin de provoquer le chaos, les forces du général Kagamé attaquèrent en priorité les casernements de la gendarmerie afin d’interdire à cette dernière de rétablir la sécurité dans la ville de Kigali, ce qui était sa mission. Voilà pourquoi, dès le 7 avril, avant la vague des premiers massacres, le poste de gendarmerie hautement stratégique de Remera fut pris d’assaut. Quant au camp Kami, principale emprise de la gendarmerie à Kigali, fixée dans sa défense, sa garnison fut donc dans l’incapacité d’intervenir dans la ville pour y mettre un  terme aux massacres.

Ces  points fondamentaux réduisent à néant l’histoire officielle fabriquée par le régime du général Kagamé. Or, comme ils sont systématiquement ignorés par les médias, c’est donc une fausse histoire du génocide du Rwanda qui sera une fois de plus commémorée le 6 avril 2020.

Pour en savoir plus sur la construction et la déconstruction de cette fausse histoire, en plus du PDF : Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, on se reportera à mon livre intitulé Rwanda : un génocide en questions.

Bernard Lugan

Source : http://bernardlugan.blogspot.com/


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Colloque du 09 mars 2020: Licra a menti!

Lundi le 09 mars 2020 au Palais de Luxembourg dans les locaux du sénat français s’est tenu un colloque intitulé “« L’Afrique des Grands Lacs, 60 ans de tragique instabilité ». Un peu avant le jour du colloque, l’esprit de peur et de panique a envahi Kigali. Le régime  en place à Kigali s’inquiétait beaucoup quant à ce qui pouvait se discuter au sein du sénat .

Kagame et ses hommes ont tenté d’infiltrer l’auditoire, mais en vain. Il était trop tard, les places étant limitées. Et puis, une tentative de bloquer le colloque a été lancée. En même temps le président du sénat rwandais s’est adressé à son homologue français pour demande l’annulation du colloque. Une pétition a été mise en ligne pour forcer le président du sénat d’abandonner son soutien au colloque. Ça n’a pas toujours pas marché. Les intervenants ont subi de chantages et menaces pour qu’ils ne participent pas, sauf que certains sont trop forts pour céder.

LICRA s’en mêle, maladroitement

Licra a écrit une lettre au président du sénat pour plaider au côté des Kagamistes, sauf que les maladresse, mensonge et turpitude sans précédent en inondaient le contenu. D’abord, le titre de la lettre : “génocide des Tutsi: le colloque de la honte”. Le signataire de la lettre voulait jouer avec les sentiments en évoquant ce malheur qu’a connu le Rwanda et dont personne n’ose parler et débattre en profondeur. Or, le thème du colloque tournait autour de l’instabilité qui a eu lieu pendant 60 ans! Et puis, délibérément ou manipulé, l’auteur de ladite lettre s’aventure: il commence par créer un prénom d’Adrien qu’il colle à l’un des intervenants, Charles Onana. Et sans vérifier ses sources ou pour se ridiculiser gratuitement ( il y en a qui aiment ça), l’auteur annonce un procès qui aurait été intenté à l’encontre de Charles Onana, soi-disant, suite aux propos négationnistes tenus à la chaîne LCI en 2019. 

Vincent Herouët, de la LCI contacté par LACROIX à ce sujet  met à nu Licra: “nous n’avons pas reçu l’ombre d’une plainte à ce sujet : cette phrase est sortie avec malhonnêteté de son contexte. Charles Onana n’a jamais nié sur notre antenne la réalité du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. On comprend bien dans cet entretien, qu’il parle de la période qui précède ce génocide”. 

A la question de ce fameux procès à son encontre, Charles Onana réplique à Réveil FM International : “n’importe quoi”, avant d’ajouter: “le ridicule ne tue pas et que rien ne les arrête dans la diffusion du mensonge!”.  

Enfin, Charles Onana lance un défi à Licra: “Ils seraient bien inspirés de s’intéresser à la situation dramatique de mon ami Déo Mushayidi, victime Tutsi du génocide de 1994, condamné à perpétuité parce qu’il a réclamé, comme moi, vérité et justice pour les Tutsi et les Hutu. Demandez à tous les journalistes et associations qui ont diffusé cette rumeur à quelle date se tient le procès ? C’est hallucinant ! Ce sont des méthodes de voyous. Le droit français reste tout de même précis. Vous aurez remarqué qu’ils m’ont même baptisé « Adrien » pour l’occasion. Je n’ai jamais vu ce prénom dans mes papiers d’identité. Cela vous donne une idée du niveau de rigueur de ceux qui me poursuivent. S’ils en sont à ne même pas savoir comment je m’appelle alors que mon nom est sur tous mes livres, je serais tenté de dire qu’ils vont jusqu’à nier publiquement le nom que m’ont donné mes parents… N’est-ce pas du « négationnisme » ça ?”

Rappelons que dans le passé le régime de Kagame avait porté plainte contre Charles Onana pour diffamation, plainte qui a été retirée par peur que toute la vérité éclate devant les juges, et le public, ce qui servirait de jurisprudence.

Chaste Gahunde


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Les Rwandais et leurs origines ethnisées

LES RWANDAIS ET LEURS ORIGINES ETHNISÉES
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Si la communauté internationale ne cesse de s’interroger sur l’histoire (ancienne et récente) du Rwanda, il n’en demeure pas moins que les Rwandais eux-mêmes se questionnent sur leur propre histoire, sur leur propre identité.

Peu d’écrits ont traité la question identitaire des Rwandais qui est pourtant une des causes de conflits récurrents de ce pays. S’appuyant sur des éléments précis, cet article apporte des pistes de réflexions sur les origines des Rwandais (hutu-tutsi-twa), sujets soumis à polémiques et dont on sait à quel niveau il alimente les crises rwando-rwandaises et même régionales.

Introduction

Le XXe siècle a été certainement le pire des siècles qu’a connus le Rwanda depuis son existence. On a vu une haine sans nom opposer deux camps nommés « ethnies » jusqu’à aboutir aux tragédies les plus sanglantes de l’histoire.

Le XXe siècle correspond, en effet, à la colonisation des pays africains par les Occidentaux. Rappelons pour le cas du Rwanda que celui-ci a été occupé d’abord par les Allemands (du début du XXe siècle à la première guerre mondiale) puis par les Belges jusqu’en 1962. Cette période d’une soixantaine d’années a beaucoup transformé le pays, par rapport aux modes de vie des Rwandais, aux mœurs et à la culture en général.

Si, au cours de cette période, le Rwanda a vu naître l’école, les hôpitaux, les routes, l’habillement moderne, la voiture, etc., il a aussi vu mourir sa religion traditionnelle, son organisation politique et sociétale, ses références symboliques, etc. Mon objectif n’est pas bien entendu, de comparer les pertes par rapport aux gains acquis grâce à la présence occidentale, mais de souligner la dégradation outrancière des relations qui existaient entre les Hutus et les Tutsis.

Personne ne peut oser dire que ces deux groupes sociaux n’existaient pas avant l’arrivée des Occidentaux et que les relations entre eux n’étaient pas déjà tendues. Néanmoins, tous les témoignages concordent en affirmant le rôle des colonisateurs dans l’attribution de critères naturels pour identifier ces deux groupes. En formalisant les différences naturelles, entre les Hutus et les Tutsis (et les Twas par ailleurs), les autorités coloniales appuyées par quelques anthropologues ont donc irréversiblement tranché. Les politiques coloniales et postcoloniales toutes confondues, en ont largement profité pour légitimer et consolider leur pouvoir, parfois au prix du sang du peuple rwandais.

Je voudrais revenir sur les erreurs qui ont été commises au début du XXe siècle, et sur l’une d’elles en particulier. En attribuant arbitrairement des origines géographiques différentes à ces deux groupes sociaux : hutu et tutsi, les classificateurs de l’époque venaient confirmer fatalement les différences et creuser le fossé au sein du peuple rwandais.

A l’heure actuelle, l’ethnisation des consciences ainsi que les événements vécus par les uns et les autres ont fini par catégoriser tout le monde, sans scrupule, fermant ainsi la parenthèse sur le vrai débat concernant nos questions identitaires, sources des tragédies cycliques qui ne cessent d’endeuiller le Rwanda.

Linguiste de formation, je voudrais, en m’appuyant sur les données linguistiques et sociolinguistiques fustiger l’idée aberrante selon laquelle les Hutus seraient seuls d’origine bantoue tandis que les Tutsis seraient d’origine chamito-nilotique.

Le but n’est pas, comprenez-moi bien, d’emprunter le sens inverse en établissant des liens fictifs entre les deux groupes ou plus encore de justifier les comportements actuels ou passés des uns vis-à-vis des autres. Tout simplement, je voudrais qu’on ne continue pas à être prisonniers des erreurs du passé, et que l’on cherche à comprendre l’histoire des Rwandais sans poser de critères discriminatoires au préalable.

Que lit-on sur le peuplement du Rwanda ?

Les premiers Occidentaux arrivés aux Rwanda se sont empressés d’écrire sur les origines des Rwandais. Plusieurs raisons justifient cet empressement :

– Les premiers Européens sont des explorateurs (Oscar Baumann notamment) qui cherchent à expliquer, avec des sources et des moyens bien entendu très limités, ce qu’ils ont découvert ponctuellement.

– D’autres sont des colonisateurs dont la politique « divide et impera diviser pour régner » est la devise (les colonisateurs devaient à tout prix trouver un point de chute pour installer l’autorité coloniale). Dans cette catégorie, ont peut aussi inclure les missionnaires qui adoptent la même politique pour asseoir et consolider l’Eglise.

– Une autre catégorie est constituée d’anthropologues européens de la fin du XIXème siècle et début du XXe siècle. On sait bien que les anthropologues européens étaient préoccupés par les classifications des peuples, notamment dans un rapport de domination « Blancs-Noirs ».

Sur le continent africain, les vieilles idéologies manichéennes veulent expliquer que les civilisations noires seraient l’œuvre des Hamites, peuples de race blanche qui seraient venus de la région caucasienne. Ces hypothèses dépourvues de tout fondement ont largement influencé les premiers européens qui ont travaillé sur les origines des Rwandais. S’appuyant surtout sur des aspects morphologiques de la famille dirigeante, ils ont tiré des conclusions généralisantes, comme on peut le lire dans différents écrits :

Le Père Pagès écrit :
« La communauté d’origine des Hamites avec les Sémites (Egyptiens ou Abyssins) semble hors de conteste. Leurs ressemblances physiques, leurs affinités des mœurs pastorales, l’identité de coutume, telles que la division en animaux purs et impurs (imiziro), la loi du lévirat, la mutilation d’un ennemi, leur organisation politique féodale), etc., sont autant de traits qui prouvent leur parenté avec cette race ».

Le Chanoine De Lacger a écrit quant à lui :
« Les Tutsis ont le type caucasique et tiennent du Sémite de l’Asie antérieure. Avant d’être ainsi négricisés, ces hommes étaient bronzés ».

Le Rapport sur l’administration belge du Rwanda-Urundi de 1925 décrit les Tutsis comme suit :
« Le Mututsi de bonne race n’a, à part la couleur, rien du nègre. Ses traits, dans la jeunesse, sont d’une grande pureté ; front droit, nez aquilin, lèvres fines ».

De tels écrits bien simplistes, polémiques et parfois manichéens ont été pourtant pris à la lettre. Les premiers intellectuels rwandais se les sont appropriés et les ont reproduits dans leurs ouvrages en langue locale. Ce sont ces livres qui ont servi à tous les niveaux de l’enseignement rwandais.

Monseigneur Alexis Kagame, un des premiers élèves de l’école européenne (notamment élève des Pères De Decker et Van Overschelde), ne pouvait que reproduire les théories en vogue, d’autant plus que cela ne le desservait pas en tant que membre de la dynastie nyiginya, fonctionnaire de la cour.

Quelle que soit la reconnaissance qui lui est due en tant que pionnier des travaux historiographiques et transcripteur des littératures orales de cour, on ne peut que regretter que les erreurs partagées par les Européens aient été enseignées et transmises de génération en génération par le biais de l’école.

Mgr Alexis Kagame affirme sans vergogne dans notamment « Inganji Kalinga (Tambour Victorieux) » son adhésion aux théories européennes, en localisant les origines géographiques des Hutus et des Tutsis. Ces derniers, Hamites, seraient venus, dit-il, de la région de l’Abyssinie (en Ethiopie). Les Hutus, poursuit-il, seraient arrivés en Afrique centrale en provenance de l’Asie. Mgr Kagame croit et écrit sans hésiter que les Tutsis étaient de couleur blanche (voir Inganji Kalinga, p. 65, p.71) et qu’ils se sont négrifiés par la suite.

Mgr Kagame Alexis est tombé, par certains de ses écrits, dans l’erreur manichéenne, utilisant des exemples souvent contradictoires et partisans. Toutes les critiques actuelles lui reprochent, à juste titre, de ne pas avoir su prendre de distance entre son travail scientifique et ses sentiments personnels. Il se met dans la mêlée et prend position contre ceux qui ne sont pas de son camp.

Hutu-tutsi : dénominations postérieures aux clans

Beaucoup d’écrits concordent à affirmer la primauté des clans rwandais sur les groupes sociaux hutu-tutsi. Ces appartenances ont été certainement créées après les débuts de la formation du Rwanda, c’est-à-dire après que la dynastie nyiginya, située aux environs de Gasabo, eut commencé à conquérir d’autres royaumes voisins (vers les années 1400). Avant et après cette conquête progressive, les membres des clans se mariaient entre eux, qu’ils soient de royaumes voisins ou lointains. Entre les rois voisins, le mariage interclanique était courant. Les exemples sont nombreux et à titre d’exemple : le roi Mashira[1] a épousé Nyirantobwa, fille de Mibambwe I Mutabazi[2]. Gahindiro, le fils de ce dernier (de la dynastie nyiginya) a peiné pour avoir Bwiza (la miss rwandaise de l’époque !!!), la fille de Mashira, roi de Nduga (du clan banda).

Du fait que les dénominations hutu-tutsi (et twa par ailleurs) n’existaient pas encore à cette époque du début de la formation du Rwanda, Mgr Alexis Kagame est bien confondu. Pour justifier la supériorité de la dynastie nyiginya et s’alignant ainsi sur l’idéologie européenne, il fait une hypothèse assez tendancieuse selon laquelle d’autres clans qui se mariaient avec les nyiginya étaient peut-être aussi des Tutsis. Voici ce qu’il écrit à la page 51 d’« Inganji kalinga » (Tambours victorieux) :
« (…) Qu’est-ce qui peut justifier que d’autres clans puissent se marier avec nos rois, si ce n’est que ces clans sont eux aussi des Tutsis ? S’ils ne sont pas des Tutsis, dis-moi comment un roi (Hinza) du Bushi ou de Buhunde peut-il oser demander une fille du roi du Rwanda et on la lui donne. Quel roi nyiginya peut-il s’acharner à aller demander une fille chez le roi hinza (si lui-même n’est pas de la même lignée) comme l’a fait Gahindiro de Mibambwe I ? »[3].

A cette époque les dénominations hutu-tutsi n’étaient pas créées et Mgr Kagame ne peut que formuler les hypothèses tendancieuses en attribuant ces appartenances aux clans, en fonction de ses propres tendances idéologiques.

On doit donc s’arrêter un instant et s’interroger sur cette présence de mêmes clans dans les trois groupes hutu-tutsi-twa lesquels sont des groupes sociaux et non des ethnies, dénominations postérieures à celles de clans. Sans parti pris, qu’est-ce qui empêcherait concrètement ces clans, partageant les mêmes ancêtres, d’être un même peuple[4] ayant les mêmes origines ?

Apports des éléments linguistiques

Toutes les sources orales dont nous disposons jusqu’à l’heure actuelle témoignent, depuis la nuit des temps, d’une même langue partagée par tous les clans rwandais et donc, par les trois groupes sociaux rwandais. Les éléments du code ésotérique dynastique tels qu’ils ont été intégralement transmis par les fonctionnaires spécialisés désignés de génération en génération par les rois successifs, et transcrits par Mgr Kagame, sont bel et bien en langue rwandaise (notamment le code dynastique « Ubwiru » ou la généalogie des rois nyiginya « Ubucurabwenge »). Or le rwandais (kinyarwanda) est une langue de la famille des langues bantoues, classée par les linguistes qui ont travaillé sur la classification des langues africaines. La dynastie nyiginya, de par l’usage du kinyarwanda et notamment dans son code ésotérique dynastique, est sans conteste de la famille des Bantous et non de celle des Hamites.

L’usage du kinyarwanda par tous les clans, avant même la naissance du Rwanda est un élément qui ne peut qu’affirmer l’hypothèse des mêmes origines. Les toponymes et les anthroponymes de tous les clans et leurs localisations géographiques tirent également leur source de la langue rwandaise, cela renforce davantage l’hypothèse d’une même communauté, ayant certainement les mêmes cultures.

Comment est-il possible qu’une dynastie d’origine abyssinienne n’ait pas laissé de traces de langues chamito-nilotiques dans son code ésotérique dynastique, qui l’auraient rendu plus ésotérique, plus protégé contre l’extérieur ? Certaines personnes prétendent que les nyiginya et d’autres clans (supposés tutsi) auraient abandonné leur langue pour adopter la langue des clans (supposés hutus et twas) qu’ils venaient de trouver sur place. Or, dès lors que les nyiginya étaient socialement, militairement, politiquement et économiquement plus puissants que d’autres clans, quelle raison auraient-ils eue d’abandonner la langue originelle ? C’est impensable. Supposons même qu’ils aient accepté de perdre leur langue, comment imaginer que ce soit au point de n’en garder aucune trace, ne fût-ce que pour le rituel ésotérique ?

Bref, la colonisation, l’exiguïté du territoire, la pauvreté dans un pays surpeuplé, sont autant de facteurs qui ont joué un rôle important dans la dissension des Rwandais. A chaque époque, le Rwanda a connu des divisions binaires qui consistent à désigner chaque fois les bons et les mauvais, ceux qui doivent être privilégiés ou pas (soi-disant par nature ou en raison de leur nombre minoritaire ou majoritaire). C’est incontestablement dans cette optique que les dénominations hutu-tutsi sont nées pour désigner les deux groupes sociaux à situations socio-économiques opposées.

Toujours dans ce mode de fonctionnement par exclusion, on a toujours assisté à des subdivisions binaires à l’intérieur même du système. Après l’indépendance jusqu’en 1994, on a connu une subdivision Kiga-Nduga avec des enjeux politiques et économiques conséquents. Pendant la période monarchique, on ne peut pas ignorer les querelles Nyiginya-Ega qui ont été la cause du coup d’Etat de Rucuncu.

Que faire des consciences qui ont intégré l’idée de groupes ethniques ?

La question fondamentale est bien celle-là. A l’heure actuelle et après ce que tous les Rwandais ont vécu, est-il nécessaire de leur dire qu’ils sont les descendants d’ancêtres communs et qu’ils sont plus proches les uns les autres qu’il ne le leur a été enseigné ? Certaines politiques ont essayé de tenir ce discours de l’unité originaire des Rwandais mais sans vouloir/pouvoir l’expliciter ni l’accompagner par des actes concrets.

A mon avis, il n’est jamais trop tard pour bien faire et les Rwandais peuvent toujours être accompagnés vers une vraie réconciliation pour le futur du Rwanda et de tous ses enfants, sans exclusion. Cela n’exclut pas en revanche le recours à la justice pour punir ou gracier tous ceux qui ont des comptes à rendre.

Cette réconciliation qui s’appuie sur l’unité originaire des Rwandais n’est peut-être pas la seule possibilité. Aujourd’hui, il y a des Rwandais qui prônent d’assumer leur hutuité ou leur tutséité, et de s’appuyer sur cette base pour se réconcilier et vivre en harmonie. Cela ne paraîtrait pas dérangeant, car de toute façon, les faits sont bien là : ces appartenances ont fini par s’imposer. Cependant, quelles que soient les pistes proposées pour arriver à la paix durable au Rwanda, il me semble judicieux de ne pas rester prisonniers des erreurs de jugement du passé car les éléments dont on dispose montrent plutôt que les Rwandais ne sont pas si différents les uns des autres !

Faustin Kabanza


Références :

– Kagame, A. : Inganji Karinga, Kabgayi, 1959, (2e Ed.).
– Kagame A. : Les organisations socio-familiales de l’ancien Rwanda, Gembloux, Ed. J. Duculot, 1954.
– Pagès, A. : Un royaume hamite au centre de l’Afrique, Bruxelles, Marcel Hayez, 1933.
– Vansina, J. : L’évolution du royaume rwanda des origines à 1900, Bruxelles, ARSOM, 1962.
– Delmas, L. : Généalogie de la noblesse du Rwanda, Kabgayi, Vicariat Apostolique du Ruanda, 1950

Sites internet :

http://audiovie.org/linguistique/
langues-africaines.htm
http://www.universalis.fr/encyclopedie/
nilotiques/1-origines-des-nilotiques/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnisme_
au_Rwanda///Article N° : 11664


Notes

[1] Supposé roi hutu du royaume de Nduga.
[2] Supposé roi tutsi de la dynastie nyiginya.
[3] Texte original en kinyarwanda : (…), ni iki cyatuma imiryango yabo ishyingirana n’abami bacu n’abo hakulya, atari uko n’abo bo hakurya atari abatutsi ? Niba kandi atari abatutsi, mbwira umuhinza wo mu Bushi no mu Buhunde waza gusaba umugeniku Mwami w’U Rwanda bakamumuha. Ni nde se wahihibikanywa no kujya gusaba umukobwa w’umuhinza utali imfura, nk’uko Gahindiro ka Mibambwe wa mbere yabigize ?
[4] peuple, en tant communauté vivant sur un même territoire, unie par des caractéristiques communes notamment la culture, les mœurs, la langue.


Source : http://africultures.com/

 

“Les Justes du Rwanda “, un documentaire stigmatisant ?

« Les Justes du Rwanda », un documentaire stigmatisant ?

« Les Justes du Rwanda », un documentaire stigmatisant ?
En tentant de raconter l’héroïsme de quelques Hutu, un documentaire français fini par diaboliser « l’immense majorité ».

Ce mardi 14 janvier 2020 à Liège avait lieu une projection du documentaire « Les Justes du Rwanda », un film imaginé, écrit, réalisé et produit par Luc Lagun-Bouchet fin 2018[1].

Le documentaire, d’une cinquantaine de minutes, immortalise l’histoire de trois Hutu qui ont caché des Tutsi pendant le génocide, les sauvant ainsi d’une mort certaine.

Le film est très bien fait. Il est sobre, fluide et captivant du début à la fin. Ce sont les « sauvés » et les « sauveurs » qui racontent, avec humilité, lucidité et pudeur.

« Les Justes »

Il y a trois histoires de « Justes », tous des Hutu. Celles de Damas à Kigali[2], de Joséphine à Kibuye[3] et de Frodouard[4] à Gitarama. Tour à tour, ils nous racontent ce qu’ils ont fait et comment ils l’ont fait. Quant au « pourquoi ils l’ont fait », ils ne disent pas grand-chose. Ils restent humbles et font seulement comprendre que c’était probablement dans leur nature.

Les « sauvés »

Ensuite, ce sont les « sauvés » qui racontent.

Pie qui a survécu grâce à Damas, caché pendant 100 jours dans une toilette. Thomas et Pierre qui ont été recueillis par Joséphine dans sa propre maison et enfin, Antoinette qui doit la vie à Frodouard, tout simplement cachée dans un trou creusé par son sauveur au milieu des champs.

Plus qu’un film, ce sont trois magnifiques témoignages qui apportent un peu de vie et d’espoir à ce printemps maudit de 1994.

Il y a malheureusement deux bémols à ce documentaire, deux éléments que nous avons trouvés fortement dérangeants.

La stigmatisation

D’abord, il y a cette inexplicable détermination du réalisateur à vouloir diaboliser les Hutu dans leur ensemble. Depuis la fiche de présentation, jusqu’au débat qui a suivi la projection, le réalisateur persiste et signe : il s’agit bien de « l’immense majorité des Hutu qui a participé aux tueries » !

Pourtant, sur les 6.000.000 de Hutu vivant au Rwanda en 1994, comment aurait-il été possible que « l’immense majorité » puisse participer aux massacres ? Il s’agirait de plus de 5.000.000 d’individus, si l’on prend un taux entre 80 et 90% pour quantifier l’expression « immense majorité ».

Malgré ce rapide calcul, le réalisateur n’en démord pas et continue de soutenir que cette proportion de tueurs est correcte, soit en moyenne 5 assassins pour 1 victime…

Plus grave encore, c’est de suggérer que « toute une ethnie » composée de millions de personnes, à l’exception que quelques-uns, serait coupable collectivement, alors que dans les faits, le nombre de 200.000 à 300.000 tueurs, déjà très effrayant, semble être le plus sérieux[5]. C’est à peine 7% de la population totale des Hutu, bien loin de l’ordre de grandeur que représente l’expression « immense majorité ».

La propagande

Ensuite, le deuxième point qui dérange, ce sont les quelques contre-vérités historiques disséminées un peu partout dans le documentaire.

Il y a par exemple cette traduction trompeuse du mot « Inkotanyi » par « Tutsi » au tout début.

Le film s’ouvre sur un extrait sonore de la RTLM, dans lequel l’animateur de cette tristement célèbre radio, chante « les INKOTANYI ont été exterminés » en kinyarwanda, mais le film traduit ces mots par « les TUTSI ont été exterminés ».

Pourtant, toute personne qui s’intéresse à l’histoire du Rwanda sait que le mot « Inkotanyi » est le nom de guerre que s’étaient donné les rebelles du Front Patriotique Rwandais (FPR) dès les débuts de leur attaque en octobre 1990. D’ailleurs, encore aujourd’hui, le nom complet du FPR est officiellement « FPR-Inkotanyi », sans aucune référence explicite aux Tutsi.

Plus loin, vers le milieu du documentaire, il y a toute une explication selon laquelle ce sont les colons belges qui auraient « inventé » les ethnies au Rwanda afin de mieux asseoir leur pouvoir. Un point de vue discutable, puisque les ethnies faisaient déjà partie du paysage socio-politique rwandais depuis des siècles.

Enfin, l’élément le plus surprenant fut la présence d’une subtile propagande tout au long du film en faveur du Front Patriotique Rwandais (FPR), le parti au pouvoir depuis 25 ans. Le FPR y est décrit comme un mouvement politique salutaire pour tous les Rwandais et auquel rien ne peut être reproché, alors que ses crimes commis avant, pendant et après le génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994 sont suffisamment documentés par quasiment tous les organismes de défense des droits de l’Homme (Human Rights Watch, Amnesty International, UN OHCR, etc…).

Des héros malgré tout

Sans cette touche politique qui donne un caractère courtisan, pour ne pas dire partisan au film, ce documentaire aurait pu se distinguer des autres, pour avoir choisi de raconter une histoire bien éloignée du monde politique. Mis à part ces deux bémols, le documentaire est à voir.

Nous vous le recommandons et entre temps, nous espérons que le réalisateur reviendra à la raison vis-à-vis de son acharnement envers « l’immense majorité » des Hutu.

Ce qui compte, c’est que les histoires de Damas, Joséphine et Frodouard soient connues car à notre avis, ce sont plus que des « justes », ce sont des héros.

Gustave Mbonyumutwa

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[1] http://www.citemiroir.be/fr/activite/les-justes-du-rwanda

[2] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/04/09/l-orphelinat-de-nyamirambo-symbole-des-justes-du-rwanda_5447686_3212.html

[3] https://proof.org/stories-of-courage/2013/3/18/dusabimana

[4] http://www.cpch.eu/Temoignage-J086.html

[5] https://www.nybooks.com/articles/2018/06/28/rwanda-deathly-hush/