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FACE AU MANQUE DE MAIN D’OEUVRE À VENIR, L’EUROPE DOIT RECOURIR À L’IMMIGRATION, ESTIME UNE ÉTUDE

Des travailleurs sur le chantier d'un stade au Qatar en décembre 2019

Le problème est simple: l’Europe comptera 95 millions de travailleurs de moins en 2050 qu’en 2015.

Face à ce manque de main d’oeuvre, des tensions budgétaires importantes et un ralentissement de la croissance économique pourront être observés, selon une étude du Center for Global Development qui préconise le recours aux migrants d’Afrique.

Les raisons sont connues: population vieillissante et niveaux insuffisants de migration, selon cette étude publiée lundi, et fondée notamment sur les projections démographiques des Nations Unies et les données sur les flux migratoires internationaux.

“Les Européens vivent plus longtemps et ont moins d’enfants. Cela réduit la population en âge de travailler tout comme le nombre de retraités augmente”, résume Charles Kenny, auteur de l’étude et chercheur principal au Center for Global Development.

Les européens font moins d’enfants

“Cela risque de mettre à rude épreuve les systèmes de protection sociale et le filet de sécurité sociale”, a-t-il ajouté.

Pour l’heure, les projections font apparaître que si le statu quo est maintenu en termes de population, seul un tiers du manque de main-d’oeuvre pourrait être comblé. Les estimations font apparaître un besoin de 7 millions de personnes pour l’Allemagne, 3,9 millions pour la France et 3,6 millions pour le Royaume-Uni.

“Cela suggère la nécessité d’un changement urgent si l’Europe veut éviter une crise du vieillissement”, souligne le Center for Global Development dans un communiqué.

Les chercheurs ont passé au crible les réponses potentielles telles que l’augmentation de la participation des femmes et des travailleurs âgés au marché du travail, l’automatisation et l’externalisation. “Mais aucun ne sera suffisant”, selon cette étude.

Ni l’inclusion des femmes sur le marché du travail, ni le prolongement de l’âge de la retraite, ne seront suffisants.

Et des pays comme l’Allemagne, à la pointe de l’automatisation, montrent que les robots ne réduisent pas la demande globale d’emplois.

“La migration est la seule réponse”

En revanche, avoir recours à l’immigration pourrait contribuer à rééquilibrer le rapport entre actifs et inactifs.

“La migration est la seule réponse qui peut combler le fossé”, estime même M. Kenny. Et, l’Europe a “un avantage important”, à savoir la proximité avec l’Afrique.

Les projections indiquent que le continent doublera sa population en âge de travailler pour atteindre 1,3 milliard d’ici 2050.

Les chercheurs soulignent que seulement 4% du boom de la main-d’oeuvre africaine migrera vers les pays à revenu élevé pour y travailler d’ici 2050, et seulement 1 migrant sur 4 vers l’UE ou le Royaume-Uni viendra d’Afrique.

“L’Afrique compte un nombre croissant de jeunes motivés et instruits pour s’épanouir en Europe, mais trop peu d’opportunités chez eux. L’Europe compte trop peu de personnes pour occuper les emplois nécessaires”, constatent les chercheurs.

“Bruxelles et Londres devront prendre conscience de la véritable crise migratoire: il n’y a pas assez de migrants”, commente enfin M. Kenny.

Mais en Europe, les politiques se heurtent à la réticence d’une frange importante de leur population à l’arrivée de nouveaux migrants.

OC avec AFP

Bfmtv

Scandale à l’ambassade des Pays-Bas au Rwanda.

La gouvernance rwandaise, ou, autrement et proprement dit, la dictature rwandaise, devient de plus en plus extrêmement gênante. Persécuter tous ceux qui lèvent la voix contre les injustices, ou les faire taire à tout prix, ce sont des méthodes qu’on a du mal à imaginer dans des pays démocratiquement avancés. Que ces méthodes soient mises en œuvre dans l’ambassade des Pays-Bas, on ne peut que s’en inquiéter.

Tout commence par des twitts d’une activiste des droits de l’homme, Denise Zaneza, qui informe l’ambassade des cas de violations de droits fondamentaux. Habituellement, c’est la meilleure façon de demander l’intervention des autorités diplomatiques, dont une simple réaction suffirait, ne fût-ce que signaler que “nous sommes au courant de”, ou encore, “nous suivons de près”…, des propos qui, on l’a vu, dissuadent souvent les violeurs de droits.

Sauf que cette fois-ci, le compte Twitter de l’activiste en question est bloqué par les employés de l’ambassade, exactement, comme le font les agents de l’état rwandais. Ou bien, pourrait-on en déduire que l’ambassade des Pays-Bas au Rwanda est sous le contrôle des services secrets rwandais ?

L’activiste, têtue dans sa passion, ne baisse pas les bras. Elle demande des explications au ministère des affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas.

Donc, c’est de cette manière dont se comportent les employés de l’ambassade quand on leur parle des injustices au Rwanda !?

C’est très décevant et honteux de la part d’un pays démocratique comme le Royaume des Pays-Bas. Vous ne devriez pas fermer les yeux sur les violations des droits humains. Le Ministère des affaires étrangères ne peut pas tolérer cette attitude“, dit l’activiste dans son twitt en taguant le ministère des affaires étrangères des Pays-Bas.

Le ministère des affaires étrangères répond à l’activiste, et promet de mener une enquête pour savoir ce qui s’est réellement passé.

Un jour après, le ministère revient sur cette affaire scandaleuse.

Merci d’avoir patienté. L’affaire a été examinée en interne, on n’a pas pu vérifier les circonstances entourant le blocage de votre compte, mais nous tenons à vous informer du déblocage de votre compte maintenant”, signale le ministère.

A ce que l’on voit, l’employé qui avait bloqué le compte en question aurait réalisé la gravité de son acte, et aurait procédé au déblocage avant que ses supérieurs ne lui tombent dessus. Sûrement, quelque chose lui échappe. Avec la technologie à jour, une telle chose finit par être dévoilée. It is a matter of time.

Avec la politique d’apartheid en place à Kigali, les employés d’origine rwandaise dans toutes les ambassades à Kigali, sont minutieusement sélectionnés sans que les hautes autorités diplomatiques ne s’en aperçoivent. Certains de ces employés sont en même temps à la solde des services secrets rwandais.

Ils demandent l’institution de la journée nationale en l’honneur de l’opération Turquoise

C’est ce qu’on lit, notamment, dans la lettre que le Parti d’opposition rwandaise en exil, Ishema Party, a adressée au président français, Emmanuel Macron , le 08 juin 2021. L’objet de la lettre était de présenter leur point de vue quant à la démarche de normalisation des relations diplomatiques entre le Rwanda et la France. C’est cette démarche qui a occasionné la mise sur pied d’une commission d’enquête sur les archives avec l’objectif de donner la lumière sur ce qui aurait été le rôle de l’état français dans le génocide de 1994. La conclusion de cette enquête annoncée est que la France a des responsabilités accablantes mais que rien ne prouve sa complicité. La sortie du rapport de cette enquête a été suivie par la visite de Monsieur Macron à Kigali.

Tout en saluant cette volonté de normaliser les relations des deux pays après plus de deux décennies en brouille, notre parti considère que cette normalisation recherchée ne devrait pas se faire à n’importe quel prix”. Les leaders du Parti s’indignent du compromis apparent que les autorités françaises sont prêtes à faire pour gagner la confiance de l’état rwandais.

En effet, le Rwanda reste champion de non-respect et de violation des droits fondamentaux des citoyens.  Sans répéter le contenu des rapports des Organisations Non Gouvernementales internationales et des pays partenaires du Rwanda à l’instar des États-Unis d’Amérique, le régime de Kigali qui habituellement traitent les Hutus de citoyens de seconde classe, s’attaque finalement aux Tutsis qui se plaignent de cette injustice faite à l’encontre de leurs compatriotes Hutus. ” Et comme exemple, ils citent “le cas de Kizito Mihigo, le chantre assassiné dans sa cellule de garde à vue à Kigali est toujours d’actualité. Monsieur Karasira Aimable a été arrêté immédiatement après votre retour de Kigali comme si vous veniez de bénir en aval, cet acte de lâcheté.” se lamentent les dirigeants du Parti présidé par Madame Nadine Claire KASINGE.

La normalisation des relations entre les deux pays, à notre avis, ne se traduit pas par la réouverture du centre culturel français et de l’ambassade à Kigali, mais plutôt par l’effort de pacification, de réconciliation profonde entre les Rwandais, quitte à assumer le rôle d’un garant des accords entre les belligérants. Cela est possible seulement si toute la vérité est exposée et si on cesse de voir les Rwandais dans le miroir victimes-bourreaux. Ici, la vérité sur ce qui est bien connu comme élément déclencheur de la tragédie au Rwanda de 1994 a une importance capitale.  C’est ici que la France doit assumer sa responsabilité et inviter les autres pays à faire de même pour que cette vérité qu’on s’efforce d’ignorer soit reconnue et soit à la base d’un dialogue franc et sincère entre les Rwandais.”

Avant de clôturer leur lettre ouverte, les leaders du Parti demandent au président de résister fortement aux diffamations lancées contre les militaires de l’opération Turquoise, qui , selon eux , méritent une journée nationale en leur honneur.

“Les détracteurs et ennemis communs aux Rwandais et aux Français ont cherché à salir l’image de l’opération Turquoise et, au nom de la grandeur de votre pays, il vous revient de résister fortement à ces diffamations, rendre hommage aux troupes du Général Jean-Claude Lafourcade, en décrétant, à minima, un évènement annuel en leur honneur.”

Deux autres points importants son évoqués dans cette lettre, le génocide contre les Hutus et la justice pour le victimes des crimes du Front Patriotique Rwandais (FPR). Sur ce dernier point, une liste non-exhaustive de criminels suspects est présentée au chef de l’Etat français pour demander la coopération.

“Lors de votre conférence de presse à Kigali, vous avez aussi affirmé n’être au courant que d’un seul génocide. Que vous ne soyez pas informé du génocide contre les Hutus qui a débuté avec la guerre d’octobre 1990 et qui continue à nos jours, nous osons espérer que vous ne vous livrez pas à la bataille du négationnisme dont les conséquences vous poursuivront à jamais. Votre coopération pour que justice soit faite pour les victimes des crimes commis par le FPR vous ferait entrer dans l’histoire comme l’homme qui a milité pour la dignité humaine.”

L’intégralité de la lettre est accessible ci-dessous.

Emmanuel Macron annonce la fin de l’opération Barkhane au Sahel

5100 soldats français sont aujourd’hui déployés au Sahel pour lutter contre le djihadisme. Le chef de l’Etat a promis une transformation profonde de la présence militaire française, basée sur la coopération internationale.

5100 soldats français sont aujourd'hui déployés au Sahel dans le cadre de l'opération Barkhane. AFP/Philippe DESMAZES
5100 soldats français sont aujourd’hui déployés au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. AFP/Philippe DESMAZES 

L’annonce avait fuité quelques dizaines de minutes avant qu’elle ne soit officialisée. Le président français Emmanuel Macron vient d’acter la fin de l’opération antidjihadiste Barkhane, notamment au Mali, théâtre d’un nouveau coup d’Etat. Il s’agit d’une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel, a précisé le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse. Celle-ci devrait être basée sur « une alliance internationale associant les États de la région ». Des consultations seront menées prochainement avec les américains et les européens pour un résultat « d’ici à la fin juin ».

Ces annonces s’inscrivent dans la volonté politique déjà esquissée par le chef de l’Etat de réduire à moyen terme la présence militaire française dans la zone. Il prône un « changement de modèle », pour « permettre une opération d’appui aux armées des pays qui le souhaitent et la mise en œuvre d’une alliance internationale concentrée sur la lutte contre le terrorisme ». Le détail de ces annonces devrait être dévoilé prochainement, dans le cadre de la coalition pour le Sahel.

« Evidemment la France n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel (…). Il est vraisemblable qu’il faille adapter le dispositif Barkhane », déclarait pour sa part peu de temps avant le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en déplacement à Abidjan, sans plus de précisions. L’engagement militaire français au Sahel était au menu d’une réunion du Conseil de défense mercredi. Paris déploie quelque 5100 soldats contre les djihadistes affiliés au groupe Etat islamique (EI) et à Al-Qaïda, un soutien de taille aux armées affaiblies des Etats du Sahel qui peinent à les combattre seules.

Ag Ghali, objectif numéro un

Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel (Tchad, Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie), le président français avait repoussé la décision attendue d’entamer le retrait de Barkhane, tout en confirmant une évolution « au-delà de l’été ». Il avait alors promis « une action renforcée » pour « essayer d’aller décapiter les organisations » liées à Al-Qaïda et l’EI. La France a engrangé des succès tangibles contre l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et les organisations affiliées à Al-Qaïda regroupées au sein du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), sans enrayer toutefois la spirale djihadiste.

A l’approche de l’élection présidentielle de 2022, cet effort militaire de longue haleine suscite aussi des interrogations croissantes en France, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013. Le chef du GSIM, Iyad Ag Ghaly, responsable de très nombreuses attaques au Burkina, au Mali et au Niger, apparaît désormais comme l’objectif prioritaire de Barkhane. « Clairement, aujourd’hui, c’est Iyad Ag Ghali qui est la priorité numéro une (…). Pour nous c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire neutraliser si ce n’est pas possible de le capturer, dans les prochains mois », soulignait le commandant des opérations spéciales, le général Eric Vidaud, le 3 juin sur la chaîne France 24.

La situation s’est compliquée ces dernières semaines avec la mort brutale du président Idriss Déby au Tchad, et surtout le deuxième coup d’Etat en neuf mois au Mali, pays central de l’opération Barkhane. Les soubresauts politiques au Mali soulèvent d’autant plus la question de la présence française qu’une partie des dirigeants maliens souhaitent entamer un processus de négociation avec certains groupes djihadistes, une démarche à laquelle Paris est opposée.

Appel aux Européens

La France a déjà annoncé le gel de ses opérations conjointes avec l’armée malienne pour condamner le coup d’Etat et soutient les pressions internationales exercées par la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’Union africaine pour pousser les autorités maliennes à organiser une transition vers un pouvoir civil et des élections en 2022.

L’opération Barkhane dispose de plusieurs bases au Mali dont certaines pourraient être fermées à moyen terme, selon deux sources. A l’horizon 2023, les effectifs français devraient tourner autour de 2500 personnes selon l’une de ces sources. Deux d’entre elles ont aussi évoqué un éventuel sommet des différents pays européens pour discuter de l’avenir de l’engagement militaire au Sahel. Paris compte sur l’« internationalisation » de l’effort d’accompagnement au combat des forces locales, sous-équipées et sous-entraînées.

La France mise tout particulièrement sur la montée en puissance du groupement de forces spéciales européennes Takuba, qu’elle a initiée et qui rassemble aujourd’hui au Mali 600 hommes dont une moitié de Français, ainsi que quelques dizaines d’Estoniens et de Tchèques et près de 140 Suédois. L’Italie a promis jusqu’à 200 soldats, le Danemark une centaine et plusieurs autres pays, dont la Grèce, la Hongrie ou encore la Serbie, ont exprimé leur intérêt. Mais après le second coup d’Etat en mai au Mali, la France a pour l’heure gelé cette mission d’accompagnement au combat des forces armées maliennes.

AFP

Affaire Paul Rusesabagina : Le gouvernement prié de discuter d’un rapatriement avec le Rwanda


La commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé mardi une proposition de résolution de la présidente Els Van Hoof (CD&V) qui demande au gouvernement d’ouvrir un dialogue avec le Rwanda sur un rapatriement de Paul Rusesabagina, actuellement jugé à Kigali.

Féroce critique du régime du président Kagame, M. Rusesabagina, qui vivait en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, a été arrêté fin août 2020 dans des conditions obscures par la police rwandaise à Kigali, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi. Lui et ses avocats, dont le Belge Vincent Leurquin, dénoncent “un enlèvement“.

Ex-directeur de l’hôtel des Mille Collines à Kigali, âgé de 66 ans et de nationalité belge, M. Rusesabagina a été rendu célèbre par un film de 2004 racontant comment il avait sauvé plus de 1000 personnes durant le génocide rwandais.

Son procès pour des faits de terrorisme a commencé le 17 février. Les conditions dans lesquelles il se déroule sont régulièrement dénoncées par son avocat et sa famille.

La résolution condamne celles-ci et demande qu’une enquête indépendante soit menée sur les circonstances dans lesquelles il est arrivé au Rwanda.

C’est une violation flagrante de la convention internationale sur la protection contre les disparitions forcées. Ses droits ont été systématiquement bafoués“, a expliqué Mme Van Hoof.

Si le Rwanda n’est pas en mesure de prévoir les conditions minimales d’un procès équitable, la Belgique doit entreprendre des actions pour permettre un procès équitable dans notre pays“, a-t-elle ajouté.

La résolution demande également que la Belgique mette tout en œuvre pour garantir les droits au procès équitable de M. Rusesabagina et lui offre l’assistance consulaire en prison.

Belga

Patrick Robert: «La France n’a pas de responsabilité dans le génocide rwandais»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Emmanuel Macron a déclaré que la France avait une «responsabilité écrasante» dans le génocide au Rwanda. Fin connaisseur de l’Afrique, le reporter-photographe Patrick Robert, qui était présent à Kigali en avril 1994, conteste fortement cette appréciation. Et il expose ses désaccords avec le rapport Duclert.

Grand reporter-photographe, Patrick Robert parcourt l’Afrique depuis 1980 et a «couvert» de nombreux conflits (le journaliste a été grièvement blessé par balles au Libéria en 2003). Son travail, publié par les plus grands magazines, a été récompensé par de nombreux prix internationaux dont deux Visa d’or au festival de photo-journalisme à Perpignan. Il était à Kigali d’avril à début mai 1994 et est retourné plusieurs fois au Rwanda depuis.


FIGAROVOX. – Quelle appréciation portez-vous sur le discours d’Emmanuel Macron à Kigali?

Patrick ROBERT. – Le discours du président Macron à Kigali est un exercice subtil qui fait manifestement partie d’un plan de normalisation des relations entre les deux pays, en accord avec les autorités rwandaises. Elles ont de leur côté beaucoup réduit leurs accusations, qui devenaient de plus en plus difficiles à justifier.

Il semble que la reconnaissance d’une responsabilité quelconque de la France, qu’elle soit «accablante», «écrasante», ou «considérable» n’est qu’une courtoisie diplomatique pour ne pas dédire le président Kagame, une sorte de cadeau de réconciliation. La France affecte de reconnaître une responsabilité largement surjouée pour pouvoir tourner la page et permettre «l’opportunité d’une alliance respectueuse, lucide, solidaire, et mutuellement exigeante».

D’après les déclarations d’Emmanuel Macron, «l’ampleur des responsabilités accablantes» de la France au Rwanda est de n’avoir pas «su entendre la voix de ceux qui l’avaient mise en garde, ou bien a-t-elle surestimé sa force en pensant pouvoir arrêter le pire». Cela ne constitue pas une responsabilité accablante.

Le président continue: «En voulant faire obstacle à un conflit régional ou une guerre civile, elle restait de fait aux côtés d’un régime génocidaire (…)». C’est un anachronisme: le régime n’était pas génocidaire avant l’attentat, qui n’était pas prévisible. Et la menace de grands massacres n’était pas ignorée par la France mais au contraire prise très sérieusement en compte pour contraindre à l’achèvement de négociations entre Rwandais «(…) dans un engrenage qui a abouti au pire, alors même qu’elle cherchait précisément à l’éviter». Cela ne fait toujours pas une responsabilité accablante.

En somme, il est possible que les deux pays aient compris qu’ils avaient besoin l’un de l’autre dans leurs actions multilatérales en Afrique. La France, qui a besoin d’un partenaire fiable avec une armée opérationnelle, et le Rwanda, qui a compris que la France est la seule puissance occidentale capable de s’investir sur le terrain dans la stabilité de l’Afrique et son développement. Il est possible également que le président Kagame ait compris que la francophonie est un outil utile qu’il a peut-être écarté un peu vite en prenant le pouvoir en 1994, et aussi qu’il ait besoin de trouver de nouveaux créanciers depuis que ses alliés originels prennent progressivement leurs distances avec un régime très contestable au plan des droits de l’homme et des principes démocratiques.

Le discours du président de la République à Kigali a été précédé par la publication du rapport de la «Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi (1990-1994)», présidée par Vincent Duclert, rapport remis à Emmanuel Macron qui l’avait demandé. Que pensez-vous de la méthodologie suivie par les auteurs du rapport? Partagez-vous leurs conclusions?

L’initiative de sortir des archives la matière permettant de comprendre quelle était la nature des motivations et des actions des dirigeants français de l’époque est bienvenue, tant les suppositions les plus folles avaient fini par faire vérité historique. Les archives de l’Élysée, du ministère de la Défense, du ministère des Affaires étrangères, de celui de la Coopération ont donc pu être consultées, la plupart ayant été déclassifiées et rendues accessibles pour la première fois.

Le rapport a deux grands défauts: ne pas considérer l’histoire de la rivalité Hutu-Tutsi dans sa profondeur historique, se privant de la conscience de son enracinement (comme si cette tragédie commençait avec l’indépendance chaotique du pays) ; et ne pas voir que le pays est devenu sous Paul Kagame une dictature policière.

Patrick Robert

Ce rapport a cependant deux grands défauts: ne pas considérer l’histoire de la rivalité Hutu-Tutsi dans sa profondeur historique, se privant de la conscience de son enracinement (comme si cette tragédie commençait avec l’indépendance chaotique du pays) ; et ne pas voir que le pays est devenu sous Paul Kagame une dictature policière dépourvue de la légitimité démocratique qu’il prétendait instaurer. La promesse, par la propagande du FPR, d’une démocratie succédant à une dictature raciste n’a pas survécu à l’exercice du pouvoir. Le Rwanda d’aujourd’hui n’est pas plus une démocratie et son régime politique pas plus partagé équitablement que celui qu’il a remplacé. Le rapport ne tient pas compte de ces deux réalités.

En somme, les rapporteurs se trouvent en porte à faux par rapport à la vérité historique puisqu’ils plaquent leur vision morale, éthique, sur une réalité qu’ils découvrent à partir des seules archives, sans tenir compte de la complexité du terrain. La plupart des critiques du rapport sont contestables sur le fond.

On y apprend cependant beaucoup de choses et des murs de certitudes s’effondrent. On comprend le mécanisme décisionnel et les raisons qui mobilisent le président Mitterrand. Point de volonté génocidaire, point de motivations occultes, d’arrière-pensées mercantiles ou de quelconque mauvaise intention, contrairement aux affirmations répétées depuis 25 ans dans des centaines d’articles et de communiqués d’associations humanitaires reprenant souvent les arguments du régime rwandais.

Pas de dérapage non plus entre les ordres donnés et leur exécution. Au sommet de la Baule en 1990, Mitterrand fait un discours qui annonçait une rupture avec les pratiques d’ingérences précédentes. L’action de la France se fera dorénavant dans la transparence et le respect du droit international. L’aide de la France sera conditionnée à la démocratisation effective des pays qui la solliciterait. Le rapport fait état de cette volonté de faire du Rwanda «une sorte de laboratoire de l’esprit du discours de La Baule». Le drame rwandais démontre que les bonnes intentions ne suffisent pas.

Pourtant les rapporteurs concluent à une responsabilité de la France dans l’exécution du génocide en considérant qu’elle savait que les extrémistes Hutu préparaient un génocide et qu’elle ne s’y est pas opposée. C’est très inexact, je le répète: si les observateurs français, à l’époque, étaient conscients que la menace de grands massacres était réelle, et qu’il était urgent de prendre de vitesse les extrémistes en aboutissant à un accord politique, aucun d’eux ne pouvait prévoir qu’ils deviendraient un génocide. D’ailleurs, la constatation de sa réalité a été faite très tardivement par la communauté internationale après qu’il eut commencé. Le fait génocidaire n’était tout simplement pas concevable dans les esprits à Paris. Les pressions pour inciter Habyarimana à contrôler ses extrémistes ont été faites, et faisaient même partie des négociations d’Arusha de partage du pouvoir. Certainement pas suffisamment, dans l’ignorance de ce que deviendrait le futur. On ne peut pas cependant être tenu responsable de quelque chose qu’on n’a pas imaginé possible alors que la France a tenté pendant quatre ans, à l’époque, de réconcilier les protagonistes. C’est profondément injuste.

Un des griefs du rapport envers les autorités politiques françaises de l’époque tient à leur grille d’analyse des réalités du Rwanda, selon eux tout à fait fausse. Est-ce aussi votre analyse?

Les rapporteurs insistent sur la vision erronée que les autorités françaises auraient portée selon eux sur la région en considérant le rapport de force démographique des ethnies en présence. Ce qui constitue d’après eux un aveuglement qui répéterait «un schéma colonial» et une «construction idéologique» qui ignoraient «le caractère factice de ces catégories», ce qui est qualifié «de vision ethniciste». Il aurait fallu considérer «l’unicité d’un même peuple».

Les rapporteurs insistent sur la vision erronée que les autorités françaises auraient portée selon eux sur la région en considérant le rapport de force démographique des ethnies en présence. Ce qui répéterait un « schéma colonial » qui ignorait « le caractère factice de ces catégories ». C’est beau comme une pétition universitaire, mais très éloigné de la réalité du pays à l’époque.

Patrick Robert

C’est beau comme une pétition universitaire, mais très éloigné de la réalité du pays à l’époque: celle de la lutte pour le pouvoir dans une histoire longue marquée par la domination des Tutsi sur les Hutu. La terreur qu’inspirait à ces derniers le retour au pouvoir des Tutsi n’est pas une construction mentale française. C’est le point de réalité obsessionnel qui a motivé le génocide, sans que les autorités françaises ne puissent le concevoir à l’époque. Cette réalité ethnique n’est en rien contradictoire avec le très fort sentiment d’appartenance des Rwandais au même peuple, avec la même langue et la même religion. Mitterrand l’avait dit à Habyarimana: «ces gens-là (le FPR) sont aussi rwandais et c’est normal qu’ils veuillent rentrer chez eux». C’est le principal point de critique des rapporteurs qui fonde l’accusation d’aveuglement et qui est donc inexact. En tout cas injuste.

L’abondance des documents et dépêches diplomatiques déclassifiés permet d’établir que le soutien de la France au régime d’Habyarimana était bien conditionné à l’ouverture des négociations d’Arusha devant aboutir au partage du pouvoir. Il n’était donc pas inconditionnel. Partage que d’ailleurs ni les Hutu ni les Tutsi ne voulaient sincèrement.

Les rapporteurs affirment également qu’en n’empêchant pas le régime d’Habyarimana d’organiser ses milices, la France prêtait la main à la préparation du génocide. Génocide qui, qu’on me pardonne d’insister, n’était pas envisageable par avance, ne serait-ce que dans l’ignorance de la proximité de l’attentat déclencheur. L’accusation du rapport fait facilement abstraction du fait que le Rwanda était un État souverain et que les Français n’y faisaient pas ce qu’ils voulaient, surtout après le discours de La Baule !

Par ailleurs, contrairement à ce qui a été affirmé, Habyarimana n’était pas un ami de Mitterrand. Ils ne se sont rencontrés que trois fois avant 1990 et quatre fois après le déclenchement de la guerre par le FPR, uniquement dans des rencontres bilatérales et des sommets de chefs d’État. L’asile donné à sa famille au lendemain de son assassinat n’était qu’un geste de courtoisie du chef d’État français. Cette décision fut prise dans l’urgence face aux menaces certaines qui pesaient sur elle.

Le rapport considère que le Rwanda de 1990 est une dictature. Néanmoins il n’était pas considéré comme tel au regard des standards de l’époque dans les pays voisins très instables. Bien que très pauvre, il était bien géré, propre, les infrastructures fonctionnaient. Les massacres du passé étaient loin, croyait-on, et le risque de rechute peu crédible dans un avenir envisageable. Ceux qui disent le contraire n’ont pas connu cette période.

Lorsque Habyarimana a renversé en 1973 Grégoire Kayibanda, dictateur Hutu ouvertement raciste qui régnait depuis l’indépendance, il a tendu la main aux Tutsi. Il a établi des quotas pour les imposer dans l’administration. C’est ce qui fait dire à Duclert, et aux associations militantes qui l’influencent manifestement, qu’il avait une politique raciste en établissant des quotas pour limiter l’accès aux Tutsi. Ce fait n’est pas exact, c’est même le contraire. À l’époque, par ailleurs, les Tutsi étaient très actifs dans la vie économique, même s’ils restaient exclus de la vie politique.

Reprenons la chronologie à partir de 1990. Que décide François Mitterrand face aux événements?

En 1990 un groupe armé rebelle venu d’Ouganda attaque le Rwanda avec l’intention de prendre le pouvoir par la force. Des massacres sont commis, puis des contre-massacres de vengeance, entraînant d’autres tueries. Habyarimana demande l’aide de la France qui a signé des accords de coopération et de défense en 1975 (sous Giscard). Ces accords de défense ne sont activés que si le pays est attaqué par un pays étranger. Le FPR est bien armé, entraîné et équipé par l’Ouganda, mais ses combattants sont des Tutsi descendant des réfugiés ayant fui le Rwanda après la guerre pour l’indépendance gagnée par les Hutu. Les renseignements militaires français ont cherché à savoir si des soldats ougandais participaient à l’offensive pour déterminer si les conditions d’intervention des accords de défense de 1975 s’appliquaient. C’est pourquoi on a vu des soldats français contrôler des identités. Non pas pour «trier» des Tutsi comme on l’a dit, mais pour vérifier s’il y avait des Ougandais parmi eux. Museveni, le chef d’État ougandais, l’a toujours nié, bien que 1.000 à 2.000 hommes du FPR fissent bien partie de l’armée ougandaise, dont Kagame lui-même qui y était colonel.

C’est la raison pour laquelle le président Mitterrand n’engage pas l’armée française directement contre les rebelles mais simplement en soutien de l’armée régulière d’un État souverain. Paris a bien tenu compte du fait que ces rebelles sont aussi rwandais et qu’il était compréhensible qu’ils souhaitent rentrer chez eux avec leurs familles. Mitterrand a dit à plusieurs reprises dès 1990 que «le FPR n’est pas notre ennemi», et que «la France ne fait pas la guerre au FPR». Pour pouvoir rendre possible des négociations, il fallait stopper les combats. Une force militaire rebelle qui progresse rapidement sur le terrain n’a rien à gagner dans des négociations: son coup d’État est à portée de main. Il fallait donc former l’armée régulière, déployer des soldats au sol, livrer des armes et figer les fronts. Surtout que pendant toute la durée des négociations à Arusha, le FPR continuait de harceler les lignes de défense pour maintenir la pression sur le régime, compliquant sa volonté de compromis.

Chaque nouvelle demande d’armes formulée par la présidence rwandaise à Paris était un point de levier pour contraindre le régime à négocier, donc à faire des compromis politiques avec les rebelles. Aucun des belligérants ne souhaitait négocier, il a fallu leur tordre le bras pour les contraindre à le faire. L’aversion de Kagame pour la France est venue de là: notre pays l’a empêché de prendre tout le pouvoir qu’il convoitait dès 1990. Les critiques actuelles ne tiennent pas compte du fait que la France avait affaire avec un État indépendant, souverain, reconnu par l’ONU, et qu’elle n’y faisait pas ce qu’elle voulait. Par exemple, Paris ne pouvait pas intervenir contre la présence des milices racistes (un phénomène régional qui s’est aggravé au Rwanda après 1992 et que l’on a sous-estimé).

Dès 1990 on savait que des militaires Hutu souhaitaient tuer les Tutsi, donc le rapport conclut qu’en ne les arrêtant pas (de quel droit aurait-on pu le faire dans un pays souverain ?) on les encourageait, finalement donc que la France est complice. C’est une fois de plus le contraire. L’urgence était à la négociation, tout en empêchant que l’une ou l’autre force n’écrase l’adversaire sur le terrain. C’était une course de vitesse contre les extrémistes de tous bords.

Le rapport Duclert fait l’inventaire des armements livrés en jugeant qu’ils sont considérables. Ce n’est pas le cas. La valeur totale de ces armes, 64 millions d’euros sur 4 ans, pour soutenir une armée en guerre, n’est en rien excessif. C’est même assez peu. Des armes légères, des munitions et des pièces détachées. Mitterrand a refusé de livrer la plupart des armes qui auraient fait la différence sur le terrain et qui étaient ardemment réclamées: aucun véhicule blindé, aucun missile, autorisant finalement une, puis deux batteries d’artillerie modeste (105mm) de six canons, aucun hélicoptère de plus, se contentant de l’entretien des trois existants avant la crise. Il refuse surtout l’appui aérien des avions français qui auraient été déterminants.

L’aide militaire de la France n’a pas été massive, elle n’était pas calibrée pour gagner la guerre mais pour que l’armée rwandaise, de très mauvaise qualité, tienne a minima le temps des négociations face au FPR qui lui, était régulièrement approvisionné en armement par l’Ouganda. Le génocide n’a pas été commis principalement par les armes à feu fournies par la France ou provenant par ailleurs des pays d’Europe de l’Est, d’Israël et d’Afrique du Sud, qui fournissaient aussi le régime d’Habyarimana.

Après avoir réussi au forceps à faire signer un accord politique de partage du pouvoir entre le gouvernement rwandais et son opposition armée, la France met fin à l’opération Noroit en 1993 et retire ses 600 hommes sur place. Conformément aux accords signés à Arusha, elle est remplacée par une mission militaire de l’ONU de 2.300 hommes qui arrive en novembre 1993. Mais cette mission est neutralisée à l’ONU par Américains et Britanniques qui réduisent au maximum son efficacité et ses moyens matériels, la privant de toute réelle utilité pour agir contre les forces en présence.

Lorsque l’attentat survient contre l’avion présidentiel, lâchant la fureur des extrémistes, l’ONU ne pourra pas agir. Il n’y avait pas de militaires français au Rwanda quand commencèrent les massacres, à part trente coopérants militaires chargés de maintenance de matériel, dont les deux gendarmes chargés des transmissions radio qui seront tués par le FPR juste après l’attentat, ainsi que la femme de l’un d’entre eux. Le FPR a bien procédé aussitôt, lui aussi, à des meurtres ciblés: de nombreux témoignages collectés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda en font état. Il est intéressant de constater que dans les heures qui ont suivi l’attentat, le FPR prenne la peine de tuer les deux gendarmes français qui faisaient de la transmission radio et probablement des écoutes. Qu’avait à cacher le FPR après l’attentat s’il n’en était pas l’instigateur? Avant d’être tués, les gendarmes avaient fait état à leur hiérarchie d’une activité radio inhabituelle du FPR. Ces informations contribuent à accréditer la thèse de la responsabilité du FPR dans l’attentat, avec de nombreuses autres, comme le fait que Museveni ait lourdement insisté pour que les trois présidents montent dans le même avion et se réjouisse devant des journalistes en apprenant l’attentat et la mort «des trois tyrans» (ignorant encore que Mobutu s’était ravisé en dernière minute).

Quoi qu’il en soit, ces trois morts seront les trois seules victimes françaises au Rwanda en quatre ans, hormis l’équipage de l’avion présidentiel. Les Français présents sur place seront tous rapatriés le lendemain avec les autres ressortissants étrangers.

Ne portez-vous pas un regard trop bienveillant sur les décisions de l’Élysée à l’époque?

Il ne s’agit pas de bienveillance, mais de la vérité historique mise en évidence par le rapport Duclert lui-même. Des critiques peuvent être faites, instruites par la connaissance du dénouement. Mais ce ne sont pas celles que les rapporteurs font.

Nombreux sont ceux qui affirment qu’il ne fallait pas s’en mêler, que ce n’était pas nos affaires. Très bien. Alors il faut accepter l’idée que d’immenses massacres auraient eu lieu à ce moment-là, en 1990 au lieu de 1994 et s’en laver les mains comme l’ont fait les autres États, américain, britannique et belge. Les Hutu auraient perdu le pouvoir, mais seraient entrés en résistance contre leur oppresseur séculaire, entraînant le pays dans une somalisation probable.

La France n’a aucune excuse à donner pour avoir été la seule à avoir tenté d’éviter la chute de ce pays, à ses risques et périls. Nous n’avions rien à gagner au Rwanda.

Patrick Robert

Mitterrand a choisi de tenter d’être un faiseur de paix. Peut-être était-ce vaniteux, présomptueux? Peut-être était-ce la vision qu’il avait de la responsabilité de la France: ne pas se débiner? Les accords d’Arusha prévoyant le partage du pouvoir sont le produit de cette implication française. Ces accords auraient pu réussir s’il n’y avait pas eu l’attentat contre l’avion du président rwandais. Arusha n’aurait pas eu lieu sans l’engagement de l’armée française au sol et le travail du Quai d’Orsay pour impliquer l’ONU et les pays voisins.

Les accords d’Arusha sont un succès français, et non pas du FPR comme le prétend le rapport. Les Tutsi se trouvent élevés quasiment à parité avec les Hutu malgré leur ratio démographique très défavorable (le FPR exigeait 50 % du commandement de l’armée et 45 % des effectifs). C’est pourtant bien le reproche que fait le général Kagame, qui faisait semblant de négocier sous la contrainte internationale mais qui ne souhaitait pas partager le pouvoir exclusif hérité de ses ancêtres et contrarié par la colonisation allemande, puis belge, n’en déplaise à la commission Duclert. Pour lui, et désormais pour tous ses soutiens occidentaux, l’opération Noroît d’abord puis Arusha sont des initiatives françaises destinées à l’empêcher de gagner la guerre et de régner seul sur le pays. Son aversion pour la France est profonde, personnelle. La normalisation des relations avec le Rwanda ne pourra se faire qu’à son initiative, avec un esprit de réconciliation sincère.

La France n’a aucune excuse à donner pour avoir été la seule à avoir tenté d’éviter la chute de ce pays, à ses risques et périls. Nous n’avions rien à gagner au Rwanda.

On comprend la position du régime actuel qui s’est attaqué à la France avec véhémence pendant des années pour faire diversion quant à ses propres responsabilités, écrasantes. On comprend moins celle des journalistes militants, des ONG moralisatrices qui se pensent infaillibles et d’une commission d’historiens qui supposent, à défaut de mieux, que la principale motivation des décideurs français de l’époque serait une obsessionnelle crainte d’une concurrence anglo-saxonne. Prétexte ridicule et fantasmée (comme le dérisoire soi-disant complexe de Fachoda). Il s’agit d’un pays francophone qui n’est pas une ancienne colonie et ne fait pas partie du «pré-carré». On a pourtant le droit de constater que le pays est devenu anglophone, qu’il s’est précipité d’adhérer au Commonwealth et que le FPR a été constamment soutenu dès le début par Américains et Britanniques. Mais non, la France n’avait au Rwanda aucun intérêt économique ou stratégique à défendre. On ne fait pas la guerre pour la francophonie. Ceux qui l’ont prétendu se sont trompés.

Le rapport affecte de croire que le FPR est un mouvement politique démocratique ouvert à tous les Rwandais. Or dans les faits les Hutu du FPR sont des faire-valoir sans aucun pouvoir réel et ouvertement méprisés.

Patrick Robert

Le rapport fait siennes des positions du FPR pourtant très contestables, et mises en avant par une communication efficace, manipulatrice, relayée à l’étranger par des compatriotes expatriés. On retrouve sa syntaxe dans les arguments des ONG, de la presse et du rapport. Par exemple, le rapport affecte de croire que le FPR est un mouvement politique démocratique ouvert à tous les Rwandais. Or dans les faits les Hutu du FPR sont des faire-valoir sans aucun pouvoir réel et ouvertement méprisés. Beaucoup des opposants Hutu à Habyarimana qui l’ont rejoint ont démissionné depuis ou ont pris la fuite sous les menaces. C’est le cas de Pasteur Bizimungu, opposant d’Habyarimana qui rejoignit le FPR dès 1990 et fut nommé fin 1994 président du pays par Paul Kagame. Il ne pouvait prendre aucune décision importante et servait de faire-valoir jusqu’à sa fuite quatre ans plus tard. Il créera un parti politique d’opposition immédiatement interdit. Pour ça il fut arrêté et condamné par la justice du Rwanda à quinze ans de prison pour «association de malfaiteurs, détournement de fonds publics et incitation à la désobéissance civile». Gracié après cinq ans de prison, il a renoncé à la politique. D’autres n’ont pas eu cette chance.

La qualification du régime d’Habyarimana de «dictature» provient encore du FPR pour justifier son expédition militaire. Mais le régime actuel est une autre dictature. Sa gestion économique technocratique habile et sa bonne gouvernance n’y changent rien. On peut s’en accommoder. Il y a d’autres pays qui sont des dictatures et qui se revendiquent être des démocraties (Russie, Turquie, Chine…) mais qu’on ne dise pas que le FPR souhaitait abattre une dictature pour instaurer la démocratie, et que la France a tenté de l’en empêcher !

L’attentat de l’avion présidentiel aura rendu impossible la poursuite du processus d’Arusha et a donné le signal des massacres. Duclert pense que les extrémistes Hutu sont responsables de l’attentat. Cette affirmation est très contestée par les nombreux observateurs qui connaissent bien le dossier. Il pense aussi que «sans l’attentat, le génocide aurait eu lieu de toute façon». C’est possible. Mais alors, pourquoi auraient-ils tué leur président s’ils pouvaient déclencher le génocide de son vivant? Et que faire du fait que le numéro de série du missile qui a atteint l’avion présidentiel provient d’un lot acheté par l’armée ougandaise quelques mois plus tôt?

Le rapport met en cause la centralisation de la décision à l’Élysée, le domaine réservé et l’exercice solitaire du pouvoir, en quelque sorte, propres à la Ve République. Qu’en pensez-vous?

Le rapport fait grand cas de l’activité dominante de l’État-Major Particulier du président Mitterrand. Il est présenté comme étant la cheville ouvrière de l’action de la France au Rwanda et de son manque supposé de probité. Les historiens semblent découvrir que la politique africaine se décide à l’Élysée. Les documents déclassifiés démontrent que l’Etat-Major Particulier a toujours suivi les consignes du président qui seul validait les actions à suivre.

Les rapporteurs ne comprennent pas bien pourquoi le président dispose d’un État-Major personnel, parallèle à celui de l’État-Major des armées, et pourquoi celui-ci semble court-circuiter celui-là. Le chef de l’État est chef des Armées et la politique africaine est toujours pilotée par le président. Pour les opérations militaires en Afrique le ministère de la Défense suit les directives de l’Élysée. En plus de lui tenir à disposition en permanence les codes nucléaires, son Etat-Major Particulier a aussi une fonction non dite et aujourd’hui futile: rendre plus compliquée l’organisation d’un coup d’État militaire en cas de crise grave: le président peut reprendre la main sur l’armée depuis l’Élysée grâce à lui. Ce qui semble être une anomalie aux historiens fait partie de l’institution militaire française et a ses raisons.

Le rapport s’indigne que des avis divergents, des analyses contradictoires provenant de militaires ou de diplomates informés sur place aient été écartés par l’exécutif. Mais c’est la règle du genre. Le président suivait sa ligne politique. Le décideur gère des considérations qui échappent aux analystes de terrain, même les plus avisés. Il doit tenir compte des relations multilatérales et diplomatiques. Il a un point de vue global propre à sa position.

N’ayant pas décelé de fautes graves dans le mécanisme de décision ni de décalage entre l’ordre émis et son exécution sur le terrain, le rapport pointe ce qui lui semble être des anomalies administratives. Que l’Etat-Major Particulier communique directement avec l’attaché militaire de l’ambassade à Kigali, alors que son courrier aurait dû suivre un cheminement administratif passant par le ministère de la Défense et les Affaires étrangères, par exemple, lui semble être la marque de dysfonctionnement fâcheux. Pourtant à aucun moment les consignes du président n’ont été modifiées ou même trahies. Le respect de la rigueur des règles protocolaires administratives du flux d’informations échangées semble plus important aux rapporteurs que la rapidité d’exécution ou que son efficacité.

On a beaucoup critiqué l’Opération Turquoise. Quelle appréciation portez-vous sur son action?

S’agissant de Turquoise, Mitterrand décide de répondre à une pressante campagne de presse et d’opinion s’indignant -très justement- de l’inaction face au génocide en cours. Il autorise alors une opération militaire française pour «faire cesser les massacres» dans l’apathie générale de la communauté internationale. Décision compliquée dans sa validation onusienne, mais qui finit par aboutir. L’obsession des dirigeants français était que les militaires français ne soient jamais confrontés sur le terrain aux forces du FPR qui avaient menacé de s’opposer à eux, ce qui limitera considérablement son efficacité. L’opération fut un succès mondialement reconnu. Pourtant, on trouve toujours aujourd’hui des critiques infondées et des accusations injustes. D’où vient cette haine de soi irrépressible? Le rapport Duclert, soulignons-le, «blanchit» définitivement Turquoise.

Non la France n’a aucune responsabilité dans le génocide des Tutsi Rwandais: sans doute aurait-elle pu mieux faire, mais elle a été la seule à prendre des risques pour que le pays puisse se réconcilier. Nous aurions aussi pu ne rien faire comme tous les autres pays et se retrancher derrière l’ONU qui n’aurait rien fait non plus. On aurait alors pu s’excuser ensuite, comme eux, d’avoir été inactif, et même coupable d’indifférence. On ne nous aurait fait aucun reproche. Le pays aurait sombré dès 1990, quatre ans plus tôt.

Le rapport Duclert conclut le contraire de ce qu’il démontre. Il apporte les preuves que l’action de la France a été retenue, prudente, raisonnée, et même courageuse, consciente des risques considérables qui menaçaient.

Patrick Robert

Les seuls responsables de la tragédie sont rwandais: le FPR, qui a pris l’initiative d’une invasion armée mûrement préparée et la prise du pouvoir par la force avec la certitude de sacrifier des milliers de vies humaines ; le gouvernement Hutu, qui a manœuvré en tentant d’instrumentaliser la France tout en mettant en place une «solution finale» au cas où les choses tourneraient mal pour son régime ; et l’ONU, aussi, porte une lourde responsabilité. Les Américains et les Britanniques ont tout fait, je le répète, pour neutraliser l’action de la MINUAR mise en place par les accords d’Arusha pour qu’elle ne puisse jouer aucun rôle qui aurait pu gêner le FPR. Le 12 avril 1994, alors que l’ONU discutait de l’éventuelle modification du mandat de la MINUAR pour la rendre utile dans la tragédie en cours, le FPR avisa l’Organisation des Nations unies avec aplomb que si elle devait devenir une «force d’instauration de la paix», elle serait considérée comme ennemie. Si l’ONU l’avait voulu en lui donnant des moyens matériels et un mandat plus adapté (au chapitre VII), la MINUAR aurait pu faire cesser les massacres dès l’attentat, en tout cas les limiter, qu’ils ne deviennent pas un génocide.

Que pensez-vous des préconisations du rapport?

Le rapport des historiens soumet un certain nombre de recommandations pour l’avenir. On sent l’appétit du monde universitaire pour la création de coûteux comités Théodule et les missions d’éducation moralisatrices, culpabilisantes et pénitentialistes destinées à notre jeunesse. Manifestement, l’intention, très surprenante, est de prévenir l’irruption d’un génocide comparable en France. À moins que de vouloir entretenir une culpabilité ontologique éternelle de notre histoire?

C’est très facile, 27 ans après, de distribuer des blâmes, quand on connaît le dénouement. On peut faire tous les reproches de jugement aux autorités françaises de l’époque, d’avoir sous-estimé les manœuvres et manipulations dont ils ont fait l’objet de la part des autorités rwandaises de l’époque, d’avoir privilégié la défense des droits régaliens au détriment des volontés légitimes de l’opposition armée, mais on ne peut pas dire qu’elles soient responsables des massacres qui les débordent alors que les soldats français ne sont plus sur place, ni qu’ils aient contribué à les rendre possibles. Il ne viendrait à personne l’idée de reprocher aux pompiers de Paris de n’avoir pas pu empêcher que la flèche de la cathédrale Notre-Dame en feu ne tombe à travers la voûte de sa nef.

En réalité, le rapport Duclert conclut le contraire de ce qu’il démontre. Il apporte les preuves que l’action de la France a été retenue, prudente, raisonnée, et même courageuse, consciente des risques considérables qui menaçaient. Pas d’aveuglement, donc. Ce sont les rapporteurs qui font preuve d’aveuglement en niant une réalité ethnique têtue et en concluant à une consensuelle responsabilité de la France dans l’accomplissement du génocide rwandais. Comme si un rapport qui la «blanchirait» ne pourrait pas être crédible.

Le Figaro.

Belgium supports the fight against impunity in the DRC

PRESS RELEASE
Belgium supports the fight against impunity in the DRC
Along with the European Union, Belgium strongly condemns the violence in the eastern part of the Democratic Republic of Congo (DRC), particularly in Ituri and North Kivu, where attacks have increased in recent days, causing numerous civilians casualties, including women and children.
Eastern DRC has been marked for many years by mass violence perpetrated by armed groups accused of war crimes and serious human rights violations. These violations primarily affect the civilian population and contribute to the worsening humanitarian situation and instability in the region. It is crucial to put an end to the activity of these armed groups and to bring those responsible for these grave violations to justice.
Human rights and the fight against impunity are at the heart of Belgian foreign policy and development cooperation priorities.
This is why Belgium has just provided support for a project on transitional justice, the fight against impunity and protection developed by the United Nations Joint Human Rights Office (UNJHRO) in the DRC, of which Belgium is one of the main donors. This involves support for the process of setting up a transitional justice commission and strengthening the judicial system at the national level, along with support for provincial processes in seven provinces particularly affected by conflict, including North Kivu, South Kivu and Ituri.
Meryame Kitir, Minister of Development Cooperation: “In several Congolese provinces, people have suffered from persistent violence for years. Without punishing the perpetrators, it will be impossible to achieve reconciliation and silence the guns. This is why I have decided to support this project of the UN Human Rights Office, as it will facilitate the access of victims to justice and contribute to the fight against impunity”.
The project is based on 4 main priorities:The promotion of sustainable peace and reconciliation through transitional justice and the fight against impunitySupport to victims of violence and serious crimesThe participation and protection of civiliansSupport for the reintegration process of ex-combatants and militiamen and their participation in the transitional justice process
The gender dimension will play a central role within this project, with a specific focus on victims of sexual violence (legal, medical, psycho-social and economic support) and on the participation of women in the activities set up. A collaboration with UN Women is planned in this framework.
This support from Belgium is part of the efforts of the national authorities and regional and international partners to address the root causes of instability and insecurity in the eastern DRC, which is an essential condition for restoring lasting peace in the region.
Deputy Prime Minister and Minister of Foreign Affairs Sophie Wilmès states: “The violence in the eastern Democratic Republic of Congo has destroyed too many innocent lives. That is why we continue to work for peace. During its mandate in the UN Security Council and still today, Belgium advocates for a more operational UN mission (MONUSCO) that is more attentive to the protection of civilians. We also contributed to the recent UN strategy for the Great Lakes to cut off the resources of armed groups. The Congolese authorities can count on our support in their efforts to bring stability to the region and protect the population”.

Face aux violences, la Belgique soutient la lutte contre l’impunité en RDC

COMMUNIQUE DE PRESSE
Face aux violences, la Belgique soutient la lutte contre l’impunité en RDC
Comme l’Union européenne, la Belgique condamne avec la plus grande fermeté les violences dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), en particulier en Ituri et au Nord-Kivu, où les attaques se sont multipliées ces derniers jours, faisant de nombreuses victimes parmi les civils, y compris des femmes et des enfants.

L’est de la RDC est marqué depuis de nombreuses années par les violences de masse, perpétrées par des groupes armés, accusés de crimes de guerre et de graves violations des droits humains. Ces graves violations des droits humains touchent en premier lieu la population civile et contribuent à l’aggravation de la situation humanitaire et de l’instabilité dans cette région. Il est crucial de mettre fin à l’activité de ces groupes armés et de traduire les responsables de ces graves violations en justice.

Les droits humains et la lutte contre l’impunité sont au cœur des priorités de la politique étrangère et de la coopération au développement belges.
C’est la raison pour laquelle la Belgique vient d’apporter son soutien à un projet d’appui en matière de justice transitionnelle, de lutte contre l’impunité et de protection développé par le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) en RDC, dont la Belgique est un des principaux bailleurs de fonds. Il s’agit, au niveau national, d’un appui au processus de mise en place d’une commission de justice transitionnelle ainsi qu’au renforcement du système judiciaire, accompagné d’un appui aux processus provinciaux dans sept provinces particulièrement touchées par des conflits, dont le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.

La Ministre de la Coopération au Développement Meryame Kitir souligne que : « Les habitants de plusieurs provinces de la RDC souffrent depuis des années d’une violence persistante. Sans punir les auteurs, il sera impossible de parvenir à la réconciliation et de faire en sorte que les armes se taisent. C’est pourquoi j’ai décidé de soutenir ce projet du Bureau des Droits de l’Homme des Nations Unies, car il facilitera l’accès des victimes à la justice et il contribuera à la lutte contre l’impunité ».

Le projet est basé sur 4 axes prioritaires :
La promotion de la paix durable et de la réconciliation à travers la justice transitionnelle et la lutte contre l’impunité
Le soutien aux victimes de violences et de crimes gravesLa participation et la protection des civils
L’appui au processus de réintégration des ex-combattants et miliciens et leur participation au processus de justice transitionnelle

La dimension genre se verra accorder une place centrale au sein de ce projet, avec un accent spécifique sur les victimes de violences sexuelles (appui juridique, médical, psycho-social, économique) et sur la participation des femmes aux activités mises en place. Une collaboration avec ONU Femmes est prévue afin dans ce cadre.

Ce soutien de la Belgique s’inscrit dans le cadre des efforts des autorités nationales et des partenaires régionaux et internationaux pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité et de l’insécurité dans l’est de la RDC, condition indispensable pour rétablir une paix durable dans la région.

Pour la Vice-Première Ministre et Ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès : “Les violences dans l’est de la République Démocratique du Congo ont détruit trop de vies innocentes. C’est pourquoi nous continuons à déployer des actions en faveur de la paix. Pendant son mandat au Conseil de sécurité de l’ONU et, encore aujourd’hui, la Belgique plaide pour une mission des Nations Unies (MONUSCO) plus opérationnelle et plus attentive à la protection des civils. Nous avons aussi contribué à la récente stratégie onusienne pour les Grands Lacs afin de couper les ressources des groupes armés. Les autorités congolaises peuvent compter sur notre soutien dans leurs efforts visant à apporter la stabilité dans la région et protéger les populations.”

ONLY IN KAGAME’S RWANDA DO THEY KILL YOUR PARENTS AND JAIL YOU FOR TALKING ABOUT IT

Stating the truth about repression and atrocities committed by Paul Kagame’s regime in Rwanda is treated as a criminal offence. Speaking the truth is criminalized. Kagame’s government which uses physical violence, torture, assassinations, and enforced disappearances as tools to silence independent voices has mastered the practice of making up charges using ill defined laws to carry out its repression. In high profile cases such as presidential challengers in elections such as Victoire Ingabire, Diane Rwigara and Fred Barafinda; lengthy prison sentences and detentions are given to candidates challenging Kagame. To set up individuals for arrest, torture, dissappearance or assassinations, the Rwandan government uses its propaganda newspapers as well as individual members of the government or the ruling party, who run smear campaigns to demonize the targetted individuals. After that, charges are made up, critics arrested, sham trials held and lengthy detentions or prison terms are served. In more alarming cases, after the smear campaign by members of the ruling party and members of the government, those who are targetted or dissappeared, never to be seen or heard from again.

Stating the truth about repression committed by the ruling Rwandese Patriotic Front (RPF) government had a high price even for journalists. Uwimana Agnes Nkusi and Saidath Mukakibibi served seven and four year sentences respectively for criticizing Kagame. Another journalist, Cyuma Hassan, was held in pre-trial detention for nearly a year for reporting on the RPF government’s destruction of poor people’s houses at the beginning of the coronavirus pandemic. Even gospel singers are not spared. Kizito Mihigo, a popular gospel singer was assassinated in a police cell in February 2020. Kizito had previously served four years in prison for singing a song calling out killings by the RPF. Kagame took it so personally that he verbally attacked Kizito Mihigo in a speech shortly after the song was released. Now the government has tuned on another singer, Aimable Karasira for his expressions on YouTube and his music. With all speech being stiffled in the country, Rwandans have turned to youtube as a tool to freely express themselves. In turn, the government has aimed its wrath on YouTubers. A few months prior to Karasira’s arrest, another outspoken YouTuber who criticized the regime, Idamange Iryamugwiza Yvonne, was also arrested and has spent the last three months in pretrial detention.

Aimable Karasira is a popular singer and a phenomenal spokesperson for the common Rwandan person. Karasira’s YouTube channel is one of the most popular channels among Rwandans at home and abroad. He was arrested on May 31,2021 by the Rwanda Investigation Bureau and charged with genocide denial, justifying the genocide and divisionism.

Karasira has been under constant surveillance, pressure and harassment that are similar to the lead-up to the arrests of Kizito Mihigo, Victoire Ingabire and Diane Rwigara. Like Kizito Mihigo, Aimable Karasira is a survivor of the Rwandan genocide in 1994. Karasira has openly spoken about surviving the genocide and also about the fact that after surviving the genocide, his parents and sister were killed by the RPF after the genocide. The RPF, in power since 1994, is responsible for killing millions of people inside Rwanda and the Congo. The RPF party members and Rwandan security agents also carry out assassinations, abductions, kidnappings, and other illegal activities abroad. In fact, official members of the RPF take an oath that states: “If I betray you or stray from the RPF’s plans and intentions, I would be betraying all Rwandans and must be punished by hanging”; they also swear to fight “enemies of Rwanda, wherever they may be,”. A recent BBC report includes such a swearing-in ceremony taking place in the UK.

RPF members, mostly military but also civilian, take part in attacks against those who speak out against the RPF and the regime inside Rwanda and abroad. The RPF also has unofficial members: those who did not take the oath but serve in various capacities including surveillance inside and outside the country, infiltration, smear campaigns, demonization of critics, whitewashing of RPF crimes, and harrassment of Rwandans worldwide. One of the most notorious groups that serves the RPF in this capacity is IBUKA, an organization setup to represent interests of Tutsi genocide survivors. However in reality, the group is a hate group that acts as a branch of the government. In fact, Tutsis such as Karasira, Kizito, Idamange and countless others who reject the RPF’s repression, crimes and hate-mongering openly reject IBUKA. In turn, IBUKA serves as one of institutions that constantly harasses such survivors instead of serving its purpose of supporting survivors; members of IBUKA also harrass any other Rwandans who refuse to partake in silent complicity with RPF crimes.

Since 2019, Karasira had been under constant harassment by high-ranking authorities in Rwanda as well as high-ranking members of the RPF, with character assassination as the main tool of harassment. This is usually a sign of things to come in terms of disappearance, being illegally detained, or having trumped-up charges brought up against the targeted individual, Karasira in this case. I warned about this plan on multiple occasions in 2020 on various platforms including an article on the BlackStarNews. In fact, the ramping up of this character assassination campaign had already yielded results prior to his arrest: he was fired as a university lecturer in fall 2020 for statements he made on his social media accounts. The leading figures in the smear campaign against Karasira are government official Edouard Bamporiki and member of the RPF Tom Ndahiro, two individuals notorious for spreading hate within and outside of Rwanda.

The accusation against Karasira that he denies the 1994 genocide, a crime in Rwanda, does not hold water as he openly speaks about surviving the same genocide. Only in Rwandan officials’ logic does a person deny the same thing he testifies to have survived. It is total nonsense. Idamange, another genocide survivor is facing similar charges. The unstated “crime” he committed is that he openly talks about his family members who were killed by the RPF as well as other atrocities committed by the RPF inside Rwanda and in the Congo. Similarly, Idamange is accused of denying genocide because she refuses to be silent while the regime uses the genocide she survived as a tool of repression on Rwandans and blackmail against the international community.

In a previous article, I wrote that “Aimable Karasira is in danger of losing his liberty due to the Rwandan government’s witch hunt of those who disagree with its practices.” The cases of real life hero of the film “Hotel Rwanda” Paul Rusesabagina who was abducted in DUBAi in August 2020, taken to Rwanda, tortured and made to face trumped up charges as well as Aimable Karasira, Kizito Mihigo, Idamange, Diane Rwigara, and Victoire Ingabire are just a small representation of thousands of victims of this regime’s pattern of egregious violations of human rights, civil rights, and freedom of law-abiding, peaceful dissenters.

The above mentioned cases among thousands of others must be taken seriously by Rwanda’s donors. Donor nations must demand immediate release of those among them who are still imprisoned or are in detention such as Aimable Karasira and Idamange. In particular, donors such as the Dutch government that focus on Rwanda’s judiciary must act immediately or cease funding of this system that perpetuates injustices.

Rwanda receives foreign aid from western nations such as the US, the UK and the European Union. Donor nations should cease providing aid to Rwanda until these horrible practices of killing, abducting, torturing, and assassinating people inside and outside of Rwanda stop. The world must raise its voice against Paul Kagame and his death squads around the world as well as against his repression inside of Rwanda. Sharing this article and demanding the release of Aimable Karasira and Idamange are steps individuals may take to help today by shining light on these atrocities.

Blackstarnews.com