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La Balkanisation de la République Démocratique du Congo: Kagame, chef de projet.

L’idée de la balkanisation de la RDC n’est pas neuve. Elle est en gestation depuis des années dans les officines des superpuissances qui planchent sur le meilleur moyen d’avoir accès aux ressources naturelles de la RDC.

Elle revient à la Une de l’actualité suite aux événements récents à Beni où la présence des Casques Bleus de l’Onu a été mise en question par des manifestations appelant leur départ vu leur inaction face à la montée de l’insécurité dans cette région.

Le 30 décembre 2019, en séjour dans la ville de Butembo, le cardinal de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, a déclaré à la presse que la menace de balkanisation de la République Démocratique du Congo était bien réelle.

Le 4 janvier 2020, les FARDC ont emboîté le pas au prélat. Dans un communiqué signé par le porte-parole de l’armée, le général major Léon-Richard Kasonga, elles  ont appelé la population à la vigilance pour faire échec au projet de balkanisation de la partie Est du territoire national.

La balkanisation du Congo, un projet pluriannuel 

Les observateurs ont encore en mémoire que  le général rwandais James Kabarebe fut chef d’Etat-major de l’armée congolaise en 1997. Il a fallu à Laurent Kabila un sursaut de nationalisme pour se débarrasser de ce conquérant des temps modernes. En 1998, Kabarebe lance une attaque et occupe la localité de Kitona, au Bas-Congo, l’objectif étant de mettre Kinshasa à genoux en détruisant le barrage d’Inga et ainsi plonger la capitale congolaise dans le noir. Il fut stoppé par les armées zimbabwéennes et angolaises venues à la rescousse de Laurent Kabila.

Le Rwanda et ses parrains concepteurs du projet ont rectifié le tir. La formule est connue : saucissonner la difficulté en morcelant l’immense territoire congolais. Les efforts furent  concentrés sur l’Est de la RDC. Depuis lors, les officiers rwandais occupent cette région sans discontinuer jusqu’aujourd’hui : le nord Kivu et sa capitale Goma furent mis à feu et à sang par Laurent Nkunda du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) entre 2003 et 2009 au Sud-Kivu, Jules Mutebutsi occupa Bukavu en 2004 ; Bosco Ntaganda fit la loi en Ituri et étendit son influence au Nord-Kivu entre 2002 et 2013 ; Sultan Makenga  fonda le M23 (2012-2013) et remplaça Laurent Nkunda exfiltré au Rwanda. La présence de militaires rwandais à l’Est de la RDC a été une constante depuis bientôt deux décennies. Actuellement, selon plusieurs sources, l’armée rwandaises a déversé des bataillons entiers à l’Est de la RDC sous le commandement des généraux Eugène Nkubito et Vincent Gatama. Le succès qu’ils ont engrangés dans le massacre de réfugiés hutu tout au long du mois de novembre 2019  dans la région de Kalehe montre que cette armée opère sur un territoire déjà conquis. C’est tellement flagrant que des soldats rwandais au sol ont été appuyés par des hélicoptères de combat.

« Balkanisation de la RDC » : un projet « Made in USA »

Dans la foulée des deux guerres du Congo (1996-1998), un pan de ce plan d’ invasion a été  dévoilé par des éminences grises américaines.

Dans un rapport célèbre publié le 05/6/1996 par Steven Metz, professeur à l’U.S Army War College et intitulé « Reform, conflict and security in Zaire », il y transparaît que la partition de la RD-Congo est, à la longue, inévitable. Pour ce chercheur, « au cas où une telle ‘‘désintégration’’ du pays se produirait, les Etats-Unis n’auraient pratiquement pas d’autre choix que d’accepter tous les Etats nouveaux qui émergeraient du Zaïre. Ils pourraient offrir du soutien diplomatique pour réduire au minimum la violence qui accompagnerait cette désintégration nationale et ils devraient ouvrir des canaux de communication avec les nouveaux Etats ». Pour Steven Metz, au lieu d’assister à la faillite de l’Etat central embourbé dans l’impasse et la corruption, incapable de se réformer, autant soutenir une province séparatiste clairement attaché à la démocratie.

 

Le 8 juin 1999, Marina Ottaway, co-directrice du projet « Démocratie et Etat de Droit », fit un témoignage devant la sous-commission de l’Afrique du Sénat américain, dans lequel elle évoque, elle aussi,  la partition éventuelle de certains Etats africains, dont le Congo  : « Aussi longtemps que le vide du pouvoir continue au Congo, d’autres pays vont continuer à intervenir directement pour soutenir des insurrections armées et sauvegarder leurs propres intérêts. […] Toute solution imposée par des non Africains exigera une présence étrangère massive pour être appliquée. Les intentions peuvent être louables, mais des interventions pour une partition du territoire africain et pour la création de nouvelles entités politiques et institutions, placeraient les Etats-Unis et d’autres puissances étrangères dans un rôle colonial. Ce qui n’est pas une décision à prendre à la légère. L’alternative, que je crois être plus appropriée pour le moment, est de laisser les pays africains trouver leurs propres solutions. Inévitablement, cela comprendra une continuation des combats internes et entre Etats et probablement la division de certains pays avant d’arriver à une nouvelle stabilité. Ce n’est pas une perspective réjouissante, mais il n’y a pas d’alternatives réalistes ».

Le 18 mars 2009, deux sommités, Jeffrey Herbst et Greg Mills, ont publié, dans le magazine « Foreign Policy » sous la rubrique de « Failed States » (des Etats en faillite), un article au titre bien évocateur : «There is No Congo » (le Congo n’existe pas) . Après une bonne démonstration, ils en arrivent à la conclusion que « le concept même d’un État congolais a perdu son utilité ».

Le 11 février 2013, dans une intervention devant le Brookings Institute de Washington, le Sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson, s’est lâché et a clairement indiqué que la solution pour ramener la paix en RDC devra emprunter les schémas de l’ex-Yougoslavie ou du Soudan, voulant dire par là que la balkanisation de ce pays était un passage obligé.

Johnnie Carson/photo RFI

L’Ambassadeur Johnnie Carson sait de quoi il parle. En effet il fut, de 1991 à 1994, ambassadeur des Etats-Unis à Kampala et à ce titre, il a accompagné la consolidation du pouvoir de Yoweri Museveni en Ouganda, l’invasion du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée ougandaise et finalement la conquête totale du Rwanda par ceux-ci en 1994. Il a non seulement couvert cette violation flagrante de la paix internationale par un état membre de l’ONU mais a appelé également son gouvernement à soutenir cette conquête. Il n’a pas quitté la région puisque de 1999 à 2003, il était ambassadeur au Kenya, d’où il pilotait les invasions successives de la RDC et la poursuite de la partition du Soudan. L’on se souviendra que Yoweri Museveni avait, dans son cahier de charge en conquérant l’Ouganda, l’obligation de tout faire pour détacher le Sud-Soudan du reste du pays. Il s’y est employé de toutes ses forces sous la supervision des USA en soutenant John Garang qui hélas !  mourra avant la réalisation de ce « rêve américain ». Ce sera chose faite en 2011. Les troupes rwandaises y sont déployées en force. Et pour cause !

Museveni ayant accompli sa tâche, il incombe désormais à Kagame d’accomplir la sienne, à savoir favoriser la sécession des provinces du Kivu de la RDC. C’est ce qui est en train de se réaliser mais que l’ambassadeur Johnnie Carson tenait à rappeler devant le Brookings Insitute, avant de quitter ses fonctions.

The Brookings Institution : la boîte à idées des démocrates

C’est devant The Brookings Institution que Johnnie Carson est allé présenter son plan de sortie de crise en RDC. Hasard ou coïncidence ? La très célèbre think tank (boite à idées) américaine est le creuset de toutes les théories montées dans les milieux universitaires et politiques des Etats-Unis, pour soutenir ou laisser tomber un pays dans le monde. Le clan Clinton y a fait ses premiers pas.

Illustration. C’est au sein de The Brookings Institution qu’il a été conçu l’idée selon laquelle la gouvernance et le respect des droits humains sont absents dans plusieurs pays africains qui se distinguent par leur étendue géographique et la densité démographique de leurs populations. Pour cette institution proche du parti démocrate, plus un pays est grand, plus il est difficile à gouverner. D’où, la conviction que seuls les petits Etats en Afrique peuvent être bien gouvernés.

Prenant le cas de la RDC, The Brookings Institution soutient que l’immensité de son territoire serait à la base des problèmes de gouvernance et autres conflits politiques qui secouent le pays. La solution, selon cette boite à idées, consisterait à le morceler en de petits Etats faciles à gouverner.

Paul Kagame, chef de projet « Balkanisatisation du Congo »

Qu’on le veuille ou non, Paul Kagame est en train d’être utilisé pour favoriser l’éclatement du Congo car selon les « cerveaux de Washington », la géante RDC tel qu’elle se présente actuellement, est ingouvernable et surtout pas par des « africains ordinaires ». Tout comme les USA ont réussi à morceler le Soudan par Yoweri Museveni interposé, ils comptent faire de même en utilisant Paul Kagamé du Rwanda.

Les Congolais devraient déjà penser à comment gérer cet après-éclatement au lieu de se perdre dans des conjectures stériles car on l’a constaté, les desseins de « l’Uncle Sam » se réalisent même à long terme.

Politiquement, Paul Kagame a encore de beaux jours au pouvoir car en tant que chef de projet « Balkanisation de la RDC », les pays anglo-saxons continueront de le soutenir pour qu’il reste place. C’est dans ce cadre que les grandes puissances ont fermé les yeux quand il a changé la constitution de telle sorte qu’il reste au pouvoir jusqu’en 2034, pour se donner suffisamment de temps pour mener à terme ce projet.

Gaspard Musabyimana

Source: www.echosdafrique.com

KAGAME – TSCHISEKEDI : Mortelle poignée de main

Félix Tshisekedi sera-t-il le prochain président assassiné par Paul Kagame dans la région ?

Il est de ces images qui se passent de commentaires, mais qui inspirent de la littérature.C elle qui fait le buzz en ce moment est de celles-là.
On y voit la main du Président Félix Tshisekedi enlacer littéralement celle de son homologue Paul Kagame, pendant que celui-ci, large sourire luciférien aux lèvres, semble adresser un regard malicieux et complice à l’auteur de ce cliché qui fera date dans la récente histoire mouvementée de cette région maudite des Grands Lacs africains.

En observant cette photo, je n’ai pas pu m’empêcher de plaindre ce gros bébé joufflu pourri-gâté, élevé dans les beaux quartiers de Kinshasa, et envoyé trop tôt en Belgique, plus pour y danser le ndombolo que pour y faire des études !
Et de visualiser, malgré moi, l’image d’une gamine angélique, tenant naïvement la main d’un baraki prédateur sexuel, qui la conduirait tranquillement à sa garçonnière!

Félix Tshisekedi sera-t-il le prochain président assassiné par Paul Kagame dans la région ?!

Voici le tour d’horizon (parodique) de ce « massacre » inédit de Chefs d’Etats, sans équivalent dans l’histoire, jusque-là documentée, de l’Humanité…

1. NDADAYE: T’AS ÉTÉ ÉLU, ET ALORS ?!

Sa carrière de « tueur en série de Présidents », Paul Kagame la démarre par un pur hasard du calendrier. Nous sommes en octobre 1993. Dans son QG rebelle de Mulindi, celui qui s’est bombardé Général après la mort de Rwigema s’emmerde un peu. Il cherche désespérément le moyen de faire péricliter ces foutus accords de paix, conclus deux mois auparavant à Arusha, et qui l’ont stoppé net dans sa (délicieuse) lancée génocidaire sur Byumba et Ruhengeri.

C’est alors que lui revient une question qui l’obsède depuis un temps, et l’empêche de fermer l’œil: comment diable ce connard de Buyoya a-t-il pu laisser s’installer le hutu Ndadaye au pouvoir, sous le seul prétexte, fallacieux à ses yeux, que celui-ci a été élu démocratiquement?!
Il décide alors de faire un saut à Bujumbura, déterminé à avoir une conversation virile avec le Major Pierre Buyoya…

Au moment où Buyoya commence à expliquer qu’il n’a rien pu faire face au ras de marée électoral, Paul Kagame pique une de ses colères mémorables, et met un point final à la causette : « arrêtes de pleurnicher comme un pédé et donnes-moi quelques soldats et des armes »!

Après avoir assassiné en plein jour le Président burundais Melchior Ndadaye, Paul Kagame s’installe dans le premier avion pour Kampala, avec dans ses bagages les officiers burundais qui avaient « fait le job », pour aller les planquer en lieu sûr. We never know…

Les « dommages collatéraux » qui allaient suivre ce forfait d’un culot inouï (pogroms tutsis doublés de pogroms hutus), il allait s’en délecter confortablement installé dans sa luxueuse villa…

2. et 3. HABYARIMANA-NTARYAMIRA: D’UNE PIERRE DEUX COUPS

Dans le temps et l’espace, tous les tueurs en série l’ont témoigné: « t’es mordu le jour où tu plombes le premier »!

Comme il fallait donc s’y attendre, six mois après jour pour jour, Paul Kagame allait rempiler, cette fois-ci sans même bouger de son canapé. Bilan de l’opération, orchestrée de main de maître: un missile, deux présidents !
Plus, bien évidemment, une douzaine de dommages collatéraux, ceux qui avaient eu le tort de monter dans le mauvais avion au mauvais moment. Ils ouvriront la liste interminable de l’hécatombe qui démarra aussitôt, et qui allait culminer en trois génocides: un tutsi, un hutu et un congolais !

 

4. SINDIKUBWABO : C’EST QUI ÇA ?!

Pathétique destin que celui de ce président éphémère que l’Histoire ne retiendra pas…
Paul Kagame le poursuivit au Zaïre en marchant tranquillement, donna un coup de pouce appuyé à sa mort « naturelle », et un coup de botte distrait à son cadavre pour le pousser au fond d’une fosse commune.

L’assassinat de Théodore Sindikubwabo ne provoqua pas de dommages collatéraux à proprement parler, puisque il fut lui-même un dommage collatéral !

 

5. PETIT KABILA DEVIENDRA GRAND

On ne se refait pas ! Rattrapé par un obscur passé « Cheguevarien », Laurent Désiré Kabila commit une ultime bêtise qui allait lui être fatale: il se mit à lorgner vers l’Empire du Milieu, tout en s’enquiquinant avec Mouamar Kadhafi !
De quoi donner du boulot (ikiraka) à un tueur à gages, en embuscade à quelques 2000 kms de là, et qui n’en demandait pas tant!

De Washington, Paul Kagame reçut donc une mission, qu’il se contenta de relayer par téléphone. À son « kadogo » infiltré depuis kalakala dans la protection rapprochée du « Mzee », il ordonna calmement: « tu lui loges une balle dans la tronche, et tu rentres à Kigali! »

Les dommages collatéraux furent limités, et pour cause : Joseph Kabila était dans la combine!
Ce coup de pouce du « parrain de Kigali » allait d’ailleurs propulser Joseph Kabila Kamenge sur le trône de son père, et le petit devint grand ! Il le reste…

 

6. BIZIMUNGU: À MOITIÉ MORT

C’est l’histoire d’un petit prince du Bushiru qui se rêvait roitelet !

Non content de diriger la plus importante parastatale du moment (Electrogaz), il répondit aux appels du pied du magnat pétrolier monopolaire de l’époque, natif des mêmes contrées, lui aussi gâté par le régime mais piégé par le virus ethniste.

Abandonnant à la « grande barrière » de Gisenyi la grosse Mercedes de fonction, Pasteur Bizimungu se sentit donc pousser des ailes et s’envola pour une hypothétique gloire…

Nommé président de pacotille quatre ans plus tard pour chauffer le futur fauteuil de Paul Kagame, il commit le tord d’y croire et se retrouva en prison.

Nul ne sait ce qu’on lui fit avaler derrière les barreaux, toujours est-il que, depuis qu’il en est sorti, il fait figure de « demi-mort »!

Dommage collatéral: même pas un demi !

 

7. MBONYUMUTWA : L’OBSESSION DU RECORD

De sous cette terre légère du stade Kamarampaka où il reposait tranquillement en attendant le jugement dernier, Dominique Mbonyumutwa croyait être mort une seule et unique fois, à l’instar de tout le commun des mortels !
C’était sans compter avec un homme obsédé par le record absolu du président qui aura assassiné le plus de confrères ! Mbonyumutwa fut donc déterré, re-tué, et ré-enterré…nul ne sais où !!

Les dommages collatéraux psychologiques furent inestimables…

 

8. KIKWETE : L’ÉCHAPPÉE BELLE

L’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete est un miraculé!

Menacé publiquement de coup de massue mortel (hitting) par Paul Kagame himself, il fut sauvé par une providentielle fin de mandat, survenue dans la foulée.
On raconte que quand il finit de passer le témoin à son successeur Magufuli, il se pinça, s’étonna d’être encore en vie, et ouvrit une bouteille de champagne !

On a frôlé le gâchis : moi je le trouve trop mignon, ce Kikwete !

 

9. M7: L’ÉLÈVE A SURCLASSÉ LE MAÎTRE

Aux dernières nouvelles, Yoweri Museveni se serait mis à l’apprentissage du français. Samanière à lui de remercier la DGSE, les renseignements extérieurs français auxquels il doit d’être encore debout.
N’ont-ils pas en effet, il y a deux ans, déjoué in extremis un attentat terroriste planifié par son poulain Paul Kagame, et qui devait cibler son avion, en vol pour une rencontre au sommet à Bujumbura ?!

 

10. NKURUNZIZA: PARTIE REMISE

Tout le monde a cessé de se demander pourquoi Pierre Nkurunziza a littéralement délaissé la présidence du Burundi pour se consacrer à Dieu.
On le sait maintenant : il prie pour que la fin de ce foutu mandat s’accélère, et qu’il puisse enfin échapper définitivement à une mort annoncée !

Depuis ce jour de 2015, en effet, où les forces spéciales tanzaniennes ont fait enrayer le pistolet de Paul Kagame qui avait déjà pressé la détente à son bout portant, Nkurunziza vit cloîtré, convaincu à juste titre que ce n’est que partie remise…

Kagame-Tchisekedi: mortelle poignée de main.
Billet d’humeur de Sylvestre Nsengiyumva.

 

Génocide contre les Hutu au Rwanda et en RDC: la fin de l’omerta?

Génocide contre les Hutu au Rwanda et en RDC : la fin de l’omerta ?

Génocide contre les Hutu au Rwanda et en RDC : la fin de l’omerta ?

Retour sur la lettre ouverte des 60 « scientifiques » qui s’étaient insurgés contre les conférences de Judi REVER en Belgique

Le mardi 8 octobre dernier, une lettre ouverte signée par une soixantaine d’ « universitaires, scientifiques, chercheurs, journalistes et historiens » était publiée dans les deux plus grands quotidiens belges francophones, avec pour ambition de faire annuler les conférences et exposés de la journaliste canadienne, Judi REVER, prévus du 8 au 11 octobre 2019 au sein de plusieurs universités flamandes[1].

Les conférences de Judi REVER devaient tourner autour de son livre : « In Praise of Blood : The Crimes of the Rwandan Patriotic Front », réédité en néerlandais en octobre 2018, sous le titre : « De Waarheid over Rwanda ; het regime van Paul Kagame » par Amsterdam University Press[2].

La lettre ouverte, prétextant lutter contre une « négationniste connue du génocide de 1994 contre les Tutsi du Rwanda », demandait ni plus ni moins « aux recteurs des KULeuven, UAntwerpen, VUB et au directeur dʼArtevelde hogeschool Gent, respectivement Luc Sels, Herman Vangoethem, Sicco Wittermans et Tomas Legrand » de fermer leurs portes à Judi REVER.

Toutefois, aucune suite ne fut réservée à cette ambitieuse lettre, pourtant co-signée par de nombreuses personnalités de renom et, bien entendu, toutes les conférences et exposés prévus pour Judi REVER ont bien eu lieu, à Anvers, Bruxelles, Leuven et Gand,allant parfois jusqu’à capter l’attention de centaines d’étudiants dans les facultés de droit et de sciences politiques de ces universités.

Nous souhaitons revenir sur la lettre en question et surtout essayer de comprendre comment et pourquoi celle-ci n’a pas obtenu le résultat espéré par ses signataires, ou plutôt par ses commanditaires.

Couverture du livre en néerlandais

Une lettre qui se trompe de combat ?

Pour commencer, la lettre du 8 octobre s’est visiblement trompée de combat.

En effet, la lettre disait vouloir lutter contre le négationnisme du génocide des Tutsi, alors que les conférences de Judi REVER portaient sur les crimes commis par le Front Patriotique Rwandais.

Or, il n’y a absolument aucun acte ou parole négationniste dans la démarche de Judi REVER, ou de quiconque d’ailleurs, qui dénonce les crimes du FPR, même en les qualifiant de génocide contre les Hutu.

Il n’y a qu’au Rwanda, dirigé par le même FPR, que la seule évocation des crimes commis contre les populations civiles Hutu par le FPR est considérée comme du « négationnisme », à l’encontre d’ailleurs de toute logique universelle, ainsi que l’a confirmé la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, dans son jugement contre l’Etat rwandais en novembre 2017.[3]

C’est donc en suivant la logique de Kigali, que les signataires de la lettre ouverte ont voulu se servir du sentiment d’horreur qu’inspire legénocide contre les Tutsi, afin de faire taire une journaliste indépendante qui a consacré plus de 20 ans de sa vie à documenter et dénoncer les crimes du FPR,crimes qui ontfait des centaines de milliers de victimes au Rwanda et en RDC dans les années 1990, principalement parmi les civils Hutu.

Paradoxalement, c’est précisément dans cette logique du FPR que réside la plus grande minimisation du génocide contre les Tutsi, qui consiste à le réduire à un vulgaire bouclier psychologique, politique et médiatique, brandi à chaque fois qu’il faut défendre le triste bilan du FPR dans les années 1990, ou même encore, pour justifier les violations des droits de l’homme qui font encore rage au Rwanda en 2019[4].

Des signataires controversés ?

Ensuite, la deuxième faiblesse de cette lettre réside précisément dans la longue liste des signataires, dont on se demande s’ils ont eu l’occasion de la relire, et dont certains sont connus pour leur militantisme politique en faveur du FPR, cequi enlève donc tout caractère scientifique à leurs préoccupations. On notera, entre autres :

En 1èreposition, Guillaume Ancel, très controversé, pour ne pas dire contradictoire, ancien militaire français qui courtise le FPR depuis quelques années, allant même jusqu’à déclarer avoir assassiné des miliciens Interahamwe en juin 1994,pour se faire passer pour un héros.

En 3èmeposition, le docteur Philippe Basabose, ancien militaire de l’APR devenu depuis professeur associé au Canada, à la Memorial University of Newfoundland et qui a donc un intérêt naturel à défendre les actions d’une armée au sein de laquelle il a combattu.

En 9èmeposition, Patrick de Saint-Exupéry, journaliste français, condamné en France par deux fois pour diffamation, alors qu’il tentait de blanchir l’image du FPR.

En 10èmeposition, Alain Destexhe, ex-sénateur belge ayant acquis la nationalité rwandaise et récompensé par le Général Paul Kagame lui-même pour « services rendus » au FPR et qui fait aujourd’hui l’objet d’une plainte pour diffamation et calomnie en Belgique.

En 18eposition, Alain Gauthier, militant français, également de nationalité rwandaise et décoré par le Général Paul Kagame pour « services rendus »

Richard GISAGARA en tenue de militant FPR, le 30 juin dernier dans uneretraite du FPR qui s’est tenue à Lille – source : igihe.com

En 20eposition, Richard Gisagara, avocat français d’origine rwandaise et membre éminent du FPR opérant sur le territoire Français.

En 49èmeposition, Jean Philippe Schreiber, professeur à l’Université Libre de Bruxelles et dont l’indépendance sur les questions rwandaises est souvent questionnée, notamment après avoir écrit qu’Octavien Ngenzi, ancien Bourgmestre Hutu de Kabarondo avait tué sa femme tutsie et ses enfants devant « l’ensemble de la population de la commune, pour l’exemple » alors que ces derniers sont bien vivantset séjournent en France.[5]

Rien qu’avec ces quelques signataires « politisés », c’est la crédibilité et la neutralité de toute la liste qui est remise en cause, malgré la présence d’autres personnalités renommées, et cela n’a certainement pas échappé aux recteurs des universités flamandes.

Une démarche diffamatoire ?

Enfin, et c’est là l’élément le plus important, les recteurs des universités flamandes, qui supervisent certaines des plus grandes facultés de droit du pays, faut-il le rappeler, ne pouvaient évidemment pas donner suite à une lettre qui qualifie publiquement une journaliste de « négationniste » au seul motif que les signataires n’ont pas eu l’occasion de « contester son point de vue » (SIC) !

C’est de la diffamation en bonne et due forme, punissable en Belgique en vertu des articles 443 et 444 du Code pénal.

De plus, la Belgique dispose, depuis le 25 avril 2019, d’une loi qui punit le négationnisme des génocides établis par une juridiction internationale, dont le génocide contre les Tutsi[6]. Il est donc inconcevable que des Universités aient pu inviter une personne dont les actes ou les paroles pouvaient tomber sous le champ d’application de cette nouvelle loi.

D’ailleurs, si la démarche des 60 signataires étaitprécisément de lutter contre le négationnisme, pourquoi n’ont-ils pas porté plainte ou demandéen référé l’interdiction des conférences ?

La fin d’une instrumentalisation, la fin d’une omerta ?

En définitive, les conférences et exposés tenus par Judi REVER en Belgique la semaine du 7 au 11 octobre, sur les crimes commis contre les populations civiles Hutu ont sans doute ouvert une nouvelle ère dans la reconnaissance du deuxième génocide que les Rwandais ont connu, cette-fois ci, contre les Hutu.[7]

Conférence du vendredi 11 octobre à Bruxelles – source Twitter
https://twitter.com/gmbonyumutwa/status/1182792677718409216?s=20

N’en déplaise aux complices, soutiens et partisans indéfectibles du FPR, ces crimes contre des centaines de milliers de civils Hutu innocents, ne seront pas éternellement ignorés par l’Histoire.

Le Docteur Denis MUKWEGE, appelle même désormais à la création d’un Tribunal Pénal International pour le génocide commis sur le territoire de la RDC[8].

Est-il négationniste pour autant ?

Ceux qui instrumentalisent le génocide contre les Tutsi pour cacher celui contre les Hutu font du tort à tous les Rwandais et finissent par minimiser tous les crimes dont les Rwandais ont été victimes.

Au plus tôt toute la souffrance des Rwandais sera reconnue, au plus vite la nation rwandaise pourra guérir et se reconstruire, et c’est bien dans cette optique que le travail de Judi REVER prend toute sa valeur.

Gustave Mbonyumutwa

11 Novembre 2019

http://www.jambonews.net


[1]La Libre Afrique et le Soir du mercredi 9 octobre 2019, avec comme titre : « Génocide des Tutsis : lettre internationale à des recteurs d’universités flamandes »

[2]https://www.standaardboekhandel.be/p/de-waarheid-over-rwanda-9789463723602

[3]http://www.rfi.fr/afrique/20171125-affaire-ingabire-defense-salue-arret-cour-africaine-droits-homme

[4]https://www.hrw.org/fr/world-report/2019/country-chapters/325445

[5]MRAX, Ibuka, « N’épargnez pas les enfants », sous la direction de Radouane Bouhlal et Placide Kalisa, p. 52.

[6]http://www.jamboasbl.com/droits-de-lhomme/observations-de-jambo-asbl-sur-le-nouvel-article-de-loi-tendant-a-reprimer-la-negation-des-genocides-reconnus-par-une-juridiction-internationale-en-ce-qui-concerne-le-cas-du-rwanda

[7]https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/09/30/congo-rwanda-l-autre-genocide-impuni_1417845_3232.html

[8]https://www.jambonews.net/actualites/20190922-rdc-denis-mukwege-appelle-a-letablissement-dun-tribunal-penal-international/

Judi Rever vs “idiots utiles” de Paul KAGAME

FB_IMG_1570811472512Judi Rever vs « idiots utiles » de Paul Kagame

 

Le combat pour la vérité est un combat de tous les instants. Surtout lorsqu’il implique des enjeux importants doublés d’intérêts colossaux. Tous ceux qui ont travaillé sur le dossier des Grands Lacs, plus particulièrement sur le génocide rwandais, en adoptant une approche qui tranche avec la doxa officielle ont eu un jour à subir les foudres des thuriféraires de Paul Kagame, à défaut de subir le châtiment de ses sbires. Dès que vous interrogez l’histoire autrement, dès que vous commencez à poser des questions qui bousculent la vérité communément admise, dès que vous adoptez une lecture qui tranche avec la vérité officielle ou tenez un discours qui sort des sentiers tracés par le pouvoir tutsi du Rwanda, vous devenez l’homme ou la femme à abattre d’un groupe de gens ayant fait du génocide rwandais son fonds de commerce. Ils sont journalistes, universitaires, politiciens, militants des droits de l’homme et j’en passe. Les plus dangereux d’entre eux, ce sont les universitaires. Ceux-là mêmes qui se cachent derrière leurs titres pompeux de « spécialiste », d’historien et de je ne sais quoi encore pour enfumer, endoctriner, fabriquer le consentement de l’opinion et par-dessus tout censurer lorsque les trois autres approches ne produisent pas les effets escomptés.

Depuis quelques jours, la journaliste Judi Rever est l’objet d’attaques en tous genres de la part des thuriféraires belges et français de Paul Kagame. Programmée pour donner une série de conférences dans des universités belges, elle est la cible d’une opération de salissage et de déstabilisation qui ne dit pas son nom. À l’instar des méchants sorciers africains, ces « idiots utiles » de Kagame sont allergiques à la lumière de la vérité. Voilà pourquoi la présence de Judi en Belgique les rend fous. Pas plus tard que hier, un groupe hétéroclite composé d’universitaires, de scientifiques, de chercheurs, de journalistes et d’historiens, a adressé une lettre ouverte aux recteurs des universités KULeuven, UAntwerpen, VUB et au directeur dʼArtevelde hogeschool Gent, afin qu’ils annulent les conférences de Judi. Que comprendre de tout ça ?

Que des journalistes intellectuellement paresseux se comportent comme des « gangsters » en s’attaquant à une personne qui ne pense pas comme eux peut se comprendre. Mais que des universitaires et des gens se définissant comme des scientifiques adoptent une posture similaire surprend. En fait, il n’y a rien de surprenant quand on sait que certains de ces universitaires sont proches des milieux pro-Kagame de Bruxelles et de Paris et propagent des thèses dont la scientificité est sujette à caution. Pour la petite histoire, l’un des signataires de la lettre, l’universitaire britannique Linda Melvern, a été décorée par Paul Kagame pour « service rendu » à la nation rwandaise. Pas besoin de vous faire un dessin pour comprendre de quel service s’agit-il…

Bref. Qu’est-ce que tous ces gens reprochent-ils à Judi Rever ? Son honnêteté et sa rigueur intellectuelles. Parce que, faut-il dire, le génocide rwandais a fait naître en Occident un nouveau type de journalistes et d’universitaires, pour qui ce drame africain est devenu non seulement un fonds de commerce » sur lequel beaucoup ont bâti leur carrière, mais aussi l’objet non pas de recherches sérieuses, mais d’un militantisme quasi-compulsif qui tolère difficilement la contradiction. Voilà pourquoi les Africains ne doivent pas être impressionnés par des gens qui se drapent de titres pompeux, alors qu’ils ne sont rien de moins que des prostitués de l’intellectuel au service d’une cause nauséabonde, pour ne pas dire d’un tyran africain.

Ils n’ont encore rien vu. Les jours à venir seront extrêmement difficiles pour certains d’entre eux. Le combat pour la vérité continue…

Patrick MBEKO

Rwanda : la négation du génocide commis contre les Hutus

Tous les génocides sont confrontés à leur négation.

Celui commis contre les Hutus du Rwanda par le FPR (Front Patriotique Rwandais) de Paul Kagame pendant plus d’une décennie à partir du début de l’année 1991 n’échappe pas à la règle. Or la négation d’un crime avéré n’est pas seulement un acte de solidarité avec l’auteur mais un acte de complicité qui contribue à parachever ce crime. Le génocide perpétré contre les Hutus a des caractéristiques communes à tous les génocides mais il a aussi ses caractéristiques propres. Il en est de même de sa négation qui a des points communs avec celle des autres génocides mais qui connaît des particularités inédites.

Un génocide caractérisé par son impunité

Comme tous les génocides, il remplit la caractéristique principale d’être le crime des crimes, c’est-à-dire celui qui a consisté à supprimer l’autre pour ce qu’il est. Mais parmi ses caractéristiques propres les plus effrayantes, il y a d’abord l’impunité totale de ses auteurs. Ils ont accédé au pouvoir au Rwanda il y a 25 ans et leurs crimes semblent passer inaperçus aux yeux des autres nations, ce qui est impossible à comprendre.

Il apparaît, de manière flagrante aujourd’hui, que ce génocide contre les Hutus a été le passage presque obligé de la plus grande entreprise criminelle de néo-colonisation de l’Afrique à la fin du 20èmesiècle.

La guerre menée par le FPR contre la République rwandaise à partir du 1eroctobre 1990 avait certes un objectif politique interne de revanche sur la révolution rwandaise de 1959 qui a émancipé la population majoritairement hutue.

Mais elle avait aussi un objectif international d’extension de l’influence anglo-saxonne et de pillage des ressources minières de l’Est de la République Démocratique du Congo au profit de multinationales occidentales.

Les ouvrages précis se sont multipliés ces dernières années sur le sujet et la seule consolation actuelle des victimes, en attendant que justice leur soit rendue, est de commencer à comprendre ce qu’il s’est réellement passé.

Il s’agit de l’alliance entre ces multinationales et la frange rwandaise de l’armée ougandaise de l’époque, les premières ayant offert leur soutien financier, politique et médiatique à la seconde qui a fait le travail sur le terrain pour leur offrir l’accès incontrôlé à ces ressources minières cruciales pour les nouvelles technologies.

A y réfléchir, il est évident que la prise du pouvoir militaire total au Rwanda par le FPR et l’invasion de l’Ex-Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo, ne pouvaient se faire que moyennant l’extermination d’une partie de la population hutue, majoritaire à 85 % au Rwanda, si l’objectif était d’y installer un pouvoir militaire issu de la minorité tutsie.

Mais la grille de lecture communautaire ou « ethnique » de ce conflit s’arrête là.

C’est-à-dire que le FPR est un mouvement politique et militaire issu de la minorité Tutsi qui a chassé du Rwanda un pouvoir en place issu de la majorité Hutu, grâce à l’armée de l’Ouganda voisin et le soutien de parrains occidentaux.

Mais il ne s’agit absolument pas de massacres inter-ethniques, comme ce que l’on a parfois pu lire, ou d’un conflit entre Hutus et Tutsis pris dans leur ensemble.

L’immense majorité des Hutus et des Tutsis n’a fait qu’être victime de cette guerre et surtout des crimes commis par les organisations politiques et militaires qui étaient impliquées dans le conflit, dont le FPR de Paul Kagame.

L’impunité est donc la première caractéristique de ce génocide qui est la conséquence d’un deal néocolonial réalisé sur place par une Armée Patriotique Rwandaise dont plus de la moitié des officiers supérieurs avaient moins de 25 ans en 1994 et dont les victimes sont aujourd’hui estimées à +/- 2,5 millions d’âmes.

L’impunité est telle qu’il subsiste une forme d’omerta lorsqu’il s’agit de nommer publiquement les auteurs de ce génocide.

L’impunité est la pire chose qui peut suivre un crime de telle nature.

L’impunité facilite en effet la négation et terrorise absolument les victimes tout en confortant l’auteur dans l’idée qu’il a agi comme il devait agir, surtout s’il a pris le pouvoir par le biais d’un tel crime.

Un génocide largement documenté

La deuxième caractéristique de ce génocide est précisément la documentation qui existe à son sujet et qui contraste avec son impunité.

Certes, tous les génocides sont documentés et il est impossible d’imaginer un crime de génocide parfait qui n’aurait laissé aucune trace et qui n’aurait connu aucun témoin mais dans le cas du génocide commis contre les Hutus, la documentation qui existe est particulièrement parlante.

S’agissant chronologiquement du dernier génocide en date dans l’histoire de l’humanité, il a pratiquement été filmé et photographié en direct par satellite.

Quelques rares images sont tombées aux mains du public et ont inspiré des films édifiants comme « Tears of the Sun / Les larmes du Soleil» du réalisateur Antoine Fuqua, sorti en 2003 avec le célèbre acteur Bruce Willis.

Mais il a surtout fait l’objet de rapports onusiens dressés par des observateurs neutres dans le cadre de leurs missions officielles au service des Nations Unies.

Le rapport Mapping publié en août 2010 par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies est le document de référence en l’espèce (https://www.ohchr.org/documents/countries/cd/drc_mapping_report_final_fr.pdf) et n’est pas l’œuvre de n’importe qui puisqu’il s’agit de l’équipe de Madame  Navanathem Pillay (ancienne présidente du TPIR – Tribunal Pénal International pour le Rwanda) et de Madame Louise Arbour (ancienne procureur du TPIR).

A la page 589 du rapport Mapping, paragraphe 514, on peut notamment y lire ce qui suit et qui ne laisse aucun doute sur la nature du crime :

« Au moment des incidents couverts par le présent rapport, la population hutu du Zaire, y compris les réfugiés venus du Rwanda, constituait un groupe ethnique au sens de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Par ailleurs, comme il a été démontré précédemment, l’intention de détruire un groupe en partie est suffisante pour être qualifiée de crime de génocide. (…) On peut donc affirmer que, même si seulement une partie du groupe ethnique hutu présent au Zaïre a été ciblée et détruite, cela pourrait néanmoins constituer un crime de génocide si telle était l’intention des auteurs. Finalement, plusieurs incidents répertoriés semblent également confirmer que les multiples attaques visaient les membres du groupe ethnique hutu comme tel. (…). »

Les passages en gras, sont en gras dans le texte cité.

Mais il existe plusieurs autres rapports et notamment deux autres rapports précédents qu’il est impossible de passer sous silence.

Il s’agit de ceux de Monsieur Robert Gersony du 19 octobre 1994 et de Monsieur Roberto Garreton du 2 avril 1997.

Le rapport Gersony a spécifiquement documenté le génocide commis contre les Hutus sur le territoire du Rwanda pendant et après la conquête militaire du FPR, alors même que la mission de son auteur était d’enquêter sur les crimes commis sur le territoire du Rwanda à partir du mois d’avril 1994, avec la présomption que tous les crimes avaient été commis par les milices Interahamwe.

Ce rapport est donc particulièrement important car il résulte d’une enquête neutre réalisée sur le terrain entre août et septembre 1994, auprès de dizaines de site de massacres au Rwanda, en recueillant à chaud la parole des survivants qui ont désigné le FPR comme ayant été de loin l’auteur des tueries les plus importantes.

Le rapport Gersony n’est certainement pas étranger au libellé neutre et général de la résolution 955 du Conseil de Sécurité de l’ONU, prise le 8 novembre 1994 et portant création du Tribunal Pénal International pour le Rwanda.

Cette résolution a en effet créé un Tribunal International pour punir les crimes commis au Rwanda et sur les territoires voisins entre le 1erjanvier 1994 et le 31 décembre 1994 sans aucune précision quant à l’auteur éventuel de ces crimes et sans aucune précision quant aux victimes éventuelles.

Elle laissait donc la possibilité de poursuivre et de punir tous les crimes de droit pénal international commis par tous les auteurs contre toutes les victimes, c’est-à-dire à la fois ceux commis par les Interahamwe et ceux commis par le FPR.

Ce n’est que pour des raisons politiques que le Procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda a choisi de ne pas poursuivre les crimes commis par le FPR, ce qui a finalement favorisé et même garanti cette impunité depuis 25 ans.

En vertu du principe de la compétence universelle lorsqu’il s’agit de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, les justices de deux pays ont quand même tenté de mettre fin à cette impunité.

C’est ainsi que le juge espagnol Fernando Andreu Merelles, après avoir reçu des plaintes des familles de victimes, a enquêté sur ces crimes et délivré en février 2008 des mandats d’arrêts contres 40 hauts responsables du FPR pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

La France a également lancé une enquête indirecte sur ces crimes dans le cadre de l’enquête concernant l’attentat terroriste qui a coûté la vie à l’équipage français qui transportait le Président Juvénal Habyarimana et d’autres hautes personnalités, dont son homologue burundais Cyprien Ntaryamira.

Mais ces enquêtes n’ont abouti à aucun procès jusqu’à ce jour et semblent avoir été entravées par des intérêts géostratégiques et politiques.

Un génocide raconté librement par ses exécutants

Ensuite, et c’est assez singulier comme documentation pour le souligner, il s’agit d’un génocide qui a été raconté par écrit, par certains de ses exécutants et notamment par deux ouvrages de soldats du FPR qui ont donné des dates, des lieux et des précisions d’une valeur inestimable pour les victimes.

De mémoire d’homme, jamais les exécutants d’un génocide ne s’étaient repentis au point d’en témoigner librement et sans contrainte, par écrit dans des ouvrages de référence tel que c’est le cas au Rwanda, notamment dans le livre d’Abdul Ruzibiza (Rwanda : l’histoire secrète) ou dans celui du journaliste Jacques Pauw (Rat Roads), ce dernier ne faisant que retranscrire les propos recueillis directement auprès d’un ancien militaire du FPR qui s’est confié sur ses crimes.

C’est important de souligner ici le fait que ces exécutants en ont témoigné librement car il est évidemment plus douteux de faire parler des exécutants ou de prétendus exécutants s’ils sont en prison ou sous contrainte.

Avec toute cette documentation qui retrace une planification et une exécution méthodique et organisée, la justice que réclament les victimes à cor et à cri serait bien plus aisée à rendre que ce qui a déjà été vu devant les Tribunaux pénaux internationaux ou la Cour pénale internationale pour d’autres crimes.

En plus, les auteurs de ce génocide appartenaient à une armée structurée qui se disait elle-même disciplinée de sorte qu’il n’y aurait aucun mal à identifier ceux qui l’ont commis, même si l’idée ne serait probablement pas de poursuivre les petits exécutants dont certains étaient des enfants soldats.

En termes d’organisation, de nombreux réfugiés ayant échappé au génocide commis contre les Hutus racontent qu’ils ont été alertés par des soldats du FPR en première ligne qui leur disaient de fuir parce qu’il y avait derrière eux d’autres soldats chargés d’éliminer la population civile.

Il y a encore, en Europe d’ailleurs, de nombreux anciens soldats du FPR qui racontent le travail qu’ils ont dû faire et qui précisent par exemple qu’il a fallu dans certains cas avoir recours à des bulldozers venus d’Ouganda pour ensevelir leurs victimes dans des fosses communes au Rwanda.

L’un d’entre eux disait avoir déjà eu le doigt gonflé pour avoir appuyé toute une journée sur la gâchette de sa Kalachnikov en abattant des civils Hutus désarmés dans l’ancienne préfecture de Byumba au Nord du Rwanda.

Les auteurs ont à ce point été peu inquiétés que le Net a vu fleurir dernièrement des reportages à leur gloire dans lesquels ils se vantent ouvertement et avec arrogance des crimes qu’ils ont commis, le dernier de ces reportages qui leur rend hommage étant tout simplement intitulé « Inkotanyi » et diffusé au Cinéma.

Un charnier a été mis au jour dans ce camp de réfugiés hutus le 27 avril 1995. Un massacre attribué à l’APR. Dix-huit sites de massacre sont recensés dans le rapport du TPIR. – PASCAL GUYOT / AFP

Un génocide d’une durée insupportable

La troisième caractéristique est sa longue durée.

L’histoire récente, c’est-à-dire celle du 20èmesiècle, n’a pas connu de génocide d’une durée aussi longue.

Le rapport mapping, cité précédemment, examine la période entre 1993 et 2003, soit 10 longues années suffisantes pour exterminer une partie de la population hutue du Rwanda et bien sûr une partie de leurs frères congolais victimes des richesses minières de leurs pays.

Mais il est certain que ce génocide a commencé bien avant 1993, au Nord du Rwanda et qu’il est impossible de savoir à quel moment précis on peut considérer qu’il a pris fin puisqu’aucun évènement politique ou militaire n’est venu l’arrêter.

Un génocide efficace

La quatrième caractéristique, parmi d’autres qu’on ne pourra pas aborder ici dans leur ensemble, est l’efficacité de ce génocide qui compte pourtant le plus grand nombre de survivants directs d’un génocide à l’heure actuelle sur terre.

En effet, ce génocide a été efficace puisqu’il a permis d’atteindre rapidement le but visé par cette entreprise criminelle néocoloniale.

Les Hutus qui étaient près de 6 millions au Rwanda au début de l’année 1994 et qui vivaient dans leur pays en occupant tous les secteurs publics et privés n’ont pas seulement été intégralement chassés de ces secteurs, ils ne sont plus là.

Beaucoup sont en exil, nombre d’entre eux ont été emprisonnés mais leur disparition est due essentiellement à leur extermination systématique pour ne laisser place qu’à une nouvelle génération meurtrie.

Ce génocide s’est donc avéré efficace sur cet aspect-là et il n’est pas étonnant que l’impunité actuelle ne fasse que rassurer les auteurs quant au bien-fondé de la solution qu’ils ont trouvée et qu’ils sont naturellement déterminés à remettre en œuvre si les circonstances le justifient à l’avenir.

Un génocide confronté à un négationnisme insidieux

Quant à sa négation, elle connaît évidemment les mêmes mécanismes que la négation de tous les autres génocides.

Personne n’ose nier les faits, c’est-à-dire l’extermination systématique d’une partie de la population Hutue au Rwanda et sur le territoire de la République du Congo par le FPR, hommes, femmes et enfants indistinctement.

Ce génocide échappe donc à la forme primaire du négationnisme, celle qui consiste juste à nier les faits et à affirmer que cela n’est pas arrivé.

Mais les autres formes de négationnisme auxquelles il est confronté ne sont pas moins pernicieuses ou moins dangereuses.

La minimisation du nombre de victimes

La première d’entre elles est la minimisation du nombre de victimes qui est commune à la négation de tous les génocides.

Combien de fois n’a-t-on pas lu et entendu par exemple que le nombre de Hutus victimes ne dépasserait pas 500 000… ?

Comme si cela n’aurait d’ailleurs pas été assez.

Il suffit de prendre le cas des camps de l’Est de la République Démocratique du Congo dont les réfugiés avaient été minutieusement comptés par les organisations humanitaires qui sont venues à leur secours en juillet 1994.

Ces camps comptaient près de 2 800 000 réfugiés en octobre 1996, à la veille de l’attaque et de la destruction de ces camps par les troupes du FPR.

En mai 1997, le gouvernement du FPR à Kigali se targuait d’avoir rapatrié 500 000 réfugiés de force au Rwanda tandis que les autres s’étaient dispersés dans les forêts de la République Démocratique du Congo, entre la frontière du Rwanda à l’Est et celle du Congo Brazzaville à l’Ouest.

Le nombre de réfugiés survivants dénombrés par le HCR au Congo au début de l’année 1998 et dans les années qui ont suivi fut évalué à 400 000.

C’est ce chiffre qui est encore avancé aujourd’hui et qui permet d’évaluer les victimes rwandaises du FPR sur le seul territoire du Congo, entre 1996 et 1997 mais aussi dans les années qui ont suivi, à +/- 1,5 millions de morts, si l’on tient compte des quelques survivants qui ont pu rejoindre les pays limitrophes.

À la suite de violents combats, un million de réfugiés hutus ont fui, et 2 000 d’entre eux sont partis dans un train surpeuplé reliant Biaro à Kisangani. À son arrivée à Kisangani, il apparaît que 100 personnes sont décédées au cours du voyage. Une femme avec son bébé pleure un membre de sa famille qui est décédé.

La dénaturation du crime

Vient ensuite la dénaturation du crime dont les Hutus ont été victimes qui est aujourd’hui la forme la plus virulente de sa négation.

Le crime de génocide étant le crime le plus grave du droit international humanitaire, sa dénaturation ne va jamais que dans le sens d’en atténuer la gravité.

C’est ainsi que le génocide dont les Hutus ont été victimes de la part du FPR a par exemple souvent été qualifié d’exactions ou est systématiquement banalisé comme étant des massacres sélectifs ou des massacres à grande échelle.

Aujourd’hui, l’évidence des faits amène certains à accepter quand même de le qualifier de crime contre l’humanité sans néanmoins utiliser le terme de génocide.

Il paraît pourtant essentiel de qualifier le crime comme il se doit sans le dénaturer et de le qualifier correctement en nommant les victimes, s’agissant d’un génocide.

C’est ainsi que des expressions génériques comme « génocide rwandais », « tragédie rwandaise », « drame rwandais » peuvent à juste titre être considérées comme inadéquates à l’égard de la spécificité du génocide commis contre les Hutus ou du génocide commis contre les Tutsis.

Si ce crime a été commis dans un cadre général caractérisé par la commission d’autres crimes graves de droit international, il n’est pas correct de le noyer dans une appellation générique qui ne fait que semer la confusion.

C’est-à-dire que si le constat factuel et juridique est qu’il y a eu deux génocides au Rwanda, un génocide commis contre les Hutus par le FPR entre 1991 et 2003 mais aussi un génocide commis contre les Tutsis par les miliciens Interahamwe au sens large entre avril et juillet 1994, le fait de désigner le tout comme étant un « génocide rwandais » revient finalement à nier les deux génocides.

La diabolisation des victimes 

La diabolisation des victimes est certainement la forme la plus abjecte de la négation du crime de génocide et est souvent liée à la dénaturation du crime.

Dès 1994, une presse de mauvais aloi, sans doute à la solde de ceux qui ont perpétré ce génocide, a entrepris de diaboliser les Hutus d’une manière générale en leur donnant pernicieusement une image antipathique auprès du public.

Le paroxysme a été atteint en 1996 lorsqu’une journaliste écrivait par exemple, pendant que le FPR détruisait à l’arme lourde les camps de réfugiés Hutus à l’Est du Congo et exterminait hommes, femmes et enfants sous les yeux indulgents du monde entier, qu’il fallait finalement se demander si ces enfants n’étaient de toute façon pas de futurs génocidaires qui auraient hérité de l’idéologie de leurs parents.

Il était en effet acquis, pour cette journaliste, que les Hutus dans leur ensemble étaient en effet des génocidaires et que seuls les Hutus modérés, morts ou restés au Rwanda, échappaient à cette idéologie génocidaire transmise aux enfants.

Cette expression de « Hutus modérés » participait d’ailleurs de cette campagne de diabolisation puisqu’elle visait à introduire de manière subliminale l’idée que les Hutus auraient été mauvais par essence mais qu’il y en avait des modérés.

Si l’on sait que l’on ne peut être modéré ou pas que dans ses opinions mais certainement pas dans ce que l’on est, il est aisé de comprendre le but de ceux qui ont inventé cette expression et qui tentent encore de la pérenniser.

Cette manière de diaboliser ceux qu’on veut exterminer pour ce qu’ils sont, en attribuant globalement des crimes à leur groupe national ou ethnique, comme ceux qu’on accusait d’avoir tué Jésus-Christ, est connue depuis la nuit des temps et fait parfois et même toujours mouche dans l’esprit de certains publics.

Une fois les victimes diabolisées, les crimes commis contre elles deviennent alors excusables, voir justifiables mais perdent en tout cas leur gravité pour devenir des représailles ou de la vengeance, si quelqu’un s’y intéresse encore.

L’exemple le plus terrible en ce qui concerne le Rwanda concerne les prisons mouroirs du Rwanda et les fameuses juridictions gacaca dont la fonction était avant tout de purger le pays des hommes Hutus, en commençant par ceux qui étaient instruits, mais qui furent présentées comme étant destinées à punir les auteurs du génocide commis contre les Tutsis alors que cela était accessoire.

Dans le prolongement des gacaca, la dernière trouvaille du gouvernement du FPR à Kigali est ce programme intitulé « Ndi umunyarwanda » (Je suis Rwandais), destiné aux jeunes Hutus appelés massivement à demander pardon pour les prétendus crimes commis par leurs parents puisqu’ils ne peuvent matériellement plus être poursuivis pour avoir commis un génocide avant leur naissance.

Le gouvernement du FPR tente aujourd’hui d’expliquer qu’il serait en train de lutter contre une idéologie génocidaire qui aurait été transmise aux enfants Hutus, c’est-à-dire ceux qui dénoncent le génocide commis par le FPR.

Les victimes sont donc diabolisées comme étant des criminels dans une logique totalement pernicieuse qui consiste à vouloir occulter la réalité du génocide commis contre les Hutus en brandissant systématiquement la lutte contre la négation du génocide commis contre les Tutsis.

La mise en concurrence avec un autre génocide

Ceci nous amène à une autre forme de négationnisme qui n’est pas non plus l’apanage du génocide commis contre les Hutus.

Il s’agit de celle qui consiste à nier le crime en invoquant l’existence d’un autre crime concomitant ou antérieur qui viendrait presque justifier ce génocide.

Nous avons tous déjà entendu l’expression de contre-génocide que certains avaient voulu consacrer pour qualifier le génocide commis contre les Hutus, après celui commis contre les Tutsis, dans une démarche de quasi absolution pour le FPR auteur du génocide contre les Hutus.

C’est encore ce qui défraie la chronique ces derniers temps puisque de nombreuses personnes peinent encore à reconnaître l’existence d’un génocide commis contre les Hutus pour le seul motif qu’il y aurait eu un génocide commis contre les Tutsis au Rwanda au même moment.

Pire, certains jeunes rwandais innocents arborent fièrement des tee-shirts ouvertement négationnistes contre le génocide des Hutus sur lesquels on peut lire qu’il n’y a eu qu’un seul génocide au Rwanda, celui commis contre les Tutsis, sous-entendant par-là qu’il n’y a pas eu de génocide perpétré contre les Hutus.

C’est une erreur fondamentale de jugement de nier le crime de génocide commis contre un autre groupe au motif que son groupe aurait aussi été victime d’un génocide, comme s’il s’agissait de revendiquer une forme d’exclusivité macabre.

Les corps sans vie des déplacés Hutus de Kibeho surplombé par des soldats du FPR (février 1995)

En effet, le génocide commis contre les Hutus est un crime distinct de celui qui a été commis contre les Tutsis et l’un ne justifie pas l’autre ni ne l’occulte.

L’un, celui commis contre les Tutsis, a été commis par ceux qu’on a globalement qualifiés d’Interahamwe au sens large pendant une période allant d’avril à juillet 1994 dans la zone officiellement sous contrôle du gouvernement intérimaire.

L’autre, celui commis contre les Hutus, l’a été sur une plus longue période, c’est-à-dire à partir de la fin janvier 1991 jusqu’au moins en 2003.

Il a également été perpétré sur un territoire plus grand, en l’occurrence une région allant de tout le territoire du Rwanda, selon l’époque, puis sur une bande s’étendant du Nord-Est au Nord-Ouest de la République Démocratique du Congo.

Et la transition est ainsi toute trouvée vers une autre forme de négationnisme particulière au génocide commis contre les Hutus et sans doute la plus incongrue.

La négation en miroir

En effet, la campagne de négation du génocide commis contre les Hutus, dont on voit qu’elle émane de ceux qui l’ont commis, c’est-à-dire les officiers du FPR encore au pouvoir à Kigali, consiste essentiellement à museler toutes les personnes qui se battent pour la reconnaissance du génocide commis contre les Hutus et pour la justice envers ses victimes, en accusant ces personnes d’être des négationnistes du génocide commis contre les Tutsis.

Ceux qui se battent pour que le génocide commis contre les Hutus soit reconnu et que ses auteurs soient punis sont gratuitement taxés de « négationnistes » parce que « partisans de la thèse du double génocide ».

Or, en toute logique, ce n’est pas celui qui clame l’existence d’un deuxième génocide qui est susceptible de négationnisme mais celui qui nie ouvertement et impunément l’un d’entre eux sans aucun argument factuel ou juridique.

Le génocide commis contre les Hutus n’est pas le fruit d’une thèse ou l’œuvre de partisans mais une réalité affreuse dont l’horreur suprême est de continuer à terroriser ses victimes plutôt qu’à leur rendre justice.

Cette campagne est de toute évidence absurde et illogique mais elle est pourtant relayée par des milieux intellectuels et politiques en Europe, même s’il ne s’agit pour le moment que de personnalités de second plan.

Bref, se livrer ouvertement à du négationnisme en accusant l’autre, celui qu’on nie, de négationnisme, est le comble du monde à l’envers.

Tout ce qui précède ne signifie pas qu’il n’y ait aucune place pour la discussion ou même la négation légitime et qu’il faille accepter le génocide commis contre les Hutus comme un dogme indiscutable et indéniable.

Chacun est en effet libre de nous démontrer en quoi les deux éléments constitutifs du crime de génocide contre les Hutus ne seraient pas remplis.

En effet, tout crime, quel qu’il soit, nécessite toujours un élément moral et un élément matériel, c’est-à-dire une intention dans le chef de son auteur et des actes.

Pour le crime de génocide, notamment contre un groupe national ou ethnique, l’intention exigée par l’article 2 de la Convention pour la répression et la prévention du crime de génocide du 9 décembre 1948 est celle de détruire en tout ou en partie ce groupe, or cette intention n’est pas contestable en l’espèce.

Elle résulte des faits et des aveux mêmes de ceux qui l’ont commis, sauf qu’ils pensent à tort qu’ils n’ont pas commis de génocide parce qu’ils ne voulaient pas exterminer tous les Hutus mais seulement une partie d’entre eux.

Et les actes exigés sont énumérés au même article et consistent, entre autres, soit dans le meurtre de membres de ce groupe, soit dans l’atteinte grave à son intégrité physique ou dans la soumission intentionnelle de ce groupe à des conditions de vie devant entraîner sa destruction totale ou partielle.

Ces actes sont établis en l’espèce et c’est seulement pour cette raison-là qu’on peut affirmer qu’il y a eu un génocide contre les Hutus du Rwanda.

La démonstration contraire n’étant pas possible de toute évidence, la propagande et l’intimidation des victimes ont pris le relais, au point que la plus grande particularité de la négation de ce génocide commis contre les Hutus vient du fait qu’il est probablement le seul à être nié par les victimes elles-mêmes dont certaines refusent de qualifier de génocide ce dont elles ont été victimes.

Ce n’est ni le sommet de l’aliénation, ni l’illustration la plus aboutie du syndrome de Stockholm, c’est plutôt la conséquence de cette impunité qui pousse les survivants à nier eux-mêmes les crimes dont ils ont été victimes dans une forme de réflexe de survie destiné à amadouer des auteurs dont ils sont encore à la merci.

La négation va encore un cran plus loin lorsque certaines victimes, enrôlées aujourd’hui sous la bannière du FPR à Kigali, sont forcées d’endosser publiquement les crimes du FPR en tant qu’officiels du régime et donc d’endosser en leur propre nom les crimes dont elles ont été victimes.

Le défi actuel n’est même pas de faire reconnaître ce génocide par d’autres mais de le faire reconnaître par les Rwandais eux-mêmes, Hutus et Tutsis, en commençant par les Hutus qui en ont été victimes et qui doivent pouvoir en témoigner ouvertement sans se terrer dans la peur.

La reconnaissance conditionnée

Combien n’a-t-on pas entendu des gens de bonne foi plaider que si un tribunal devait qualifier de génocide les crimes qui ont été commis contre les Hutus, il faudrait alors l’accepter et se rendre à l’évidence.

C’est cependant un non-sens car l’existence et la qualification d’un crime ne dépendent pas d’une reconnaissance judiciaire.

Au contraire, le fait qu’aucun Tribunal n’ait jamais poursuivi ces crimes est une honte pour l’humanité toute entière.

Patrice Rudatinya MBONYUMUTWA

http://www.jambonews.net

L’auteur est rwandais, né en 1975. Il est témoin direct de l’histoire récente de son pays à laquelle il s’intéresse depuis son plus jeune âge. Il était au Rwanda le 6 avril 1994 et pendant les semaines qui ont suivi. Il tient à préciser que ce texte est le fruit de plus de 23 ans de réflexion et de recul pendant lesquels il a assisté à de très nombreuses conférences et s’est entretenu avec de nombreuses victimes rwandaises Hutus et Tutsis. Il s’est procuré et a lu plus de 230 livres, sans compter les milliers d’articles, c’est-à-dire pratiquement tous les ouvrages principaux qui ont été publiés sur le Rwanda avant et après 1994 par les auteurs de tous bords. Il est avocat spécialisé en droit pénal qu’il a enseigné à l’Université.

Rwanda: “Dépasser Ligne la ligne rouge”: un programme macabre de Kagame

Publié le 29 Juin 2019 par Sylvestre Nsengiyumva

« Ndakureka ukisararangaaa…wamara kurenga umurongo utukura ntumenya ikigukubise! Actually, Sendashonga was shot dead because he had crossed the red line! ».

Voilà ! J’apprends à l’instant la mort « inopinée » du grand frère de Cassien Ntamuhanga, sans doute victime d’une opération « collatérale » dont la vraie cible est l’autre, momentanément hors champ.

Vous savez, un des nombreux jeunes qui disent « kiffer » mes chroniques radiophoniques et mes billets épistolaires n’arrête pas de « me les casser » gentiment, convaincu que je suis fait pour écrire des livres (ça rêve encore à cet âge !).

Soit, pour le calmer, voici en primeur ce qui pourrait être le titre de cet hypothétique ouvrage : RWANDA-LA LIGNE ROUGE SANG. Et, ci-après, une première « bonne feuille »…

Je suis sincèrement peiné de devoir m’inscrire encore en faux contre Paul Kagame (alors que, paraît-il, il me graisse pour « dizinguer » de temps à autres son ennemi mortel Rukokoma !), mais c’est plus fort que moi : sa proposition « tu passes la ligne rouge et je te tue » est une arnaque psychologique inouïe, recyclée par tout criminel depuis que le monde est monde, soucieux à la fois de tromper sa mauvaise conscience et de se dédouaner face aux tiers. Il espère ainsi faire porter le chapeau à sa victime en la rendant responsable de son forfait à lui, mais qu’elle aurait provoqué !

La proposition appropriée est : « je dépasse la ligne rouge, et je te tue » ! Nuance de taille s’il en est, car jamais le futur tué ne dépassera « LA » ligne rouge, et pour cause : il n’en connaît pas l’existence, encore moins la localisation. C’est le bourreau, le tueur, le sanguinaire qui se charge de tout : cette ligne, qui prend un jour naissance dans sa cervelle de psychopathe, sous la forme d’un continuum de sang humain, c’est lui qui en conçoit le tracé et en dessine le contour. Il en définit les modalités gestionnaires (déplacements éventuels dans le temps et /ou dans l’espace), et décide tout seul de l’instant fatidique où il va l’enjamber pour commettre l’irréparable : tuer, assassiner, massacrer, génocider … !

Au Rwanda comme ailleurs, tous les conflits (amasinde) individuels, familiaux, communautaires ou nationaux sont susceptibles d’être aplanis…tant qu’il n’y a pas encore mort d’homme ! Mais ici plus que dans maintes autres sociétés, dans cette culture qui valorise le « guhora » plus encore que la botte italienne valorise la « vendetta », celui qui franchit la ligne rouge et signe le geste ultime et irréversible de tuer, écrit de facto, à l’encre rouge sang indélébile, ce mot effrayant : INZIGO !

Pendant que j’écris ces lignes, la « somalisation » annoncée du Rwanda est déjà en cours dans les forêts du Congo, avant (qui sait ?) de passer la frontière : au moins quatre armées « rwandaises » sont occupées à se trucider mutuellement, sur les différentes lignes de fractures identitaires historiques qui traversent notre société, dans un chaos sanglant indescriptible.

C’est que Paul Kagame, s’il est un artiste en la matière, n’a pas inventé la roue : tout au long de notre histoire, des leaders irresponsables ont allègrement franchi des lignes rouges pour perpétrer des crimes de masse, inaugurant au passage des « Inzigo » collectifs entre les différents groupes prétendument communautaires que compte la société rwandaise.

Le Mwega Kabare a « tikizé » les Banyiginya, du verbe « gutikiza ». Le Hutu Kayibanda a massacré les Tutsi. Le Mukiga Habyarimana a « pogrommé » une cinquantaine de leaders historiques Banyanduga. Le Hutu Sindikubwabo a « génocidé » les Tutsi, pendant que le Tutsi Kagame « punguzait » les Hutu, du verbe swahili « kupunguza ». Paul Kagame continue, depuis, à « gafuner » indistinctement Hutu et Tutsi, du verbe « gukubita agafuni muri nyiramivumbi » ! Résultat : nul ne sait s’il est déjà né l’homme providentiel, le « Mandela rwandais » au charisme divin qui aura assez de magnétisme pour siffler la fin de cette récréation macabre et imposer (enfin) un État-Nation.

Sylvestre Nsengiyumva.

Source :

Major NSABIMANA Callixte SANKARA ni umwere, narekurwe yitahire mu rugo.

NSABIMANA CALLIXTE UZWI NKA MAJOR SANKARA NI UMWERE, KAGAME NAMUREKURE BWANGU YITAHIRE MU RUGO !

Mbere na mbere Imana ihabwe icyubahiro kuba twongeye kubona umuvandimwe Nsabimana Callixte agihumeka !

Leta y’u Rwanda niyiha ibyo gucira  imanza Callixte NSABIMANA uzwi nka Major SANKARA no kumuhamya ibyaha ATAKOZE  izaba yihaye amenyo y’abasetsi , byogeye izaba igaragaje bidasubirwaho ko inzego z’ubutabera bw’u Rwanda ari nta gaciro na busa ziranganwa.

Dushingiye ku ihame ry’ubuhanga bwubakiyeho amategeko ahana igira iti « Nullum Crimen, nulla poena, sine lege », (Nta cyaha cyabaho, nta gihano cyatangwa bidateganyijwe n’itegeko)  turasanga hari impamvu  nibura enye(4)  zituma uzwi nka Major Sankara agomba kurekurwa byihuse agasubizwa mu buzima busanzwe, kuko icyakwitwa icyaha nyakuri yagakurikiranyweho, nta tegeko rigiteganya.

  1. Ubusanzwe, ubucamanza bushinja umuntu icyaha hashingiwe ku bimenyetso simusiga byerekana ko icyo cyaha « giteganyijwe mu itegeko » kandi ko cyakozwe koko. Nta we ushinjwa icyaha bitewe gusa n’uko yigambye kuba yaragikoze ! Ubugenzacyaha bufite inshingano yo gukora anketi bugakusanya ibyo bimenyetso bishinja cyangwa bishinjura umwenegihugu kabone n’iyo we yaba yigamba kuba yarabikoze.
  2. Muri aya mezi ashize, Leta y’u Rwanda ntiyahwemye kuvuga ko umutekano w’igihugu uhagaze neza, ko abemeza ko bariho barwanira n’ingabo z’igihugu mu ishyamba rya Nyungwe ari ukwigamba ibidafite ishingiro. Ba Ministri Nduhungirehe Olivier na Sezibera Richard birirwa batembereza Abadipolomate babereka ibyiza bitatse Nyungwe  bakomeje kubihamya !

3. Kuba mu minsi ishize harabaye ibikorwa by’urugomo muri Nyungwe, si ikintu gishya. Twese turibuka ukuntu no mu mwaka wa 2015 Padiri Evariste NAMBAJE yiciwe muri Nyungwe izuba riva, bikaba byarakozwe n’abagizibanabi bataramenyekana !  Byongeye, nta gihe ibikorwa by’urugomo bitavuzwe muri Nyungwe haba ku butegetsi bwa FPR ndetse haba no mu gihe cy’ubutegetsi bwa Nyakwigendera Yuvenali Habyarimana. Abajura , abahigi  n’abahinzi b’urumogi  ntibahwemye kwitwikira ishyamba rya Nyungwe bagahungabanye umutekano.

4. Koko rero twese twiyumviye ibiganiro by’uzwi ku kazina ka Majoro Sankara atangaza ko asigaye abarizwa muri Nyungwe , ko rwose arimo arwana n’ingabo za Leta y’u Rwanda bikomeye. Nyamara twaje kumenya ko mu gihe  NSABIMANA Callixte yavugaga ibyo kuba yibereye muri Nyungwe ahubwo yabarizwaga mu Birwa bya Comores, nk’impunzi isanzwe yishakira umutekano . Ndetse Guverinoma y’ U Rwanda ubwayo, mu ijwi rya Minisitiri w’Ububanyi n’Amahanga, Richard SEZIBERA,  yemeje  ko aho mu Birwa bya Comores ari naho nyine Callixte NSABIMANA  yafatiwe ! None se ni uwuhe mucamanza ugiye kugerekwaho umusaraba wo kutwigisha « Géographie » nshya akatwemeza ko  Ibirwa bya  Comores aribyo byaje guhinduka ishyamba Nyungwe ? Comores se yaba yarimukiye muri Nyungwe cyangwa ni ishyamba rya Nyungwe risigaye ribarizwa muri Comores !

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Umwanzuro

Nsabimana Callixte uzwi nka Major Sankara ni umwana wahungabanyijwe n’ibyamubayeho mu ntambara na jenoside yo mu 1994. Yapfushije umuryango n’incuti, bimugiraho ingaruka zikomeye. Ahubwo ni umwenegihugu ukwiye kwegerwa, agahabwa ubufasha akeneye. Akarengane gakomeye yiboneye n’amaso ye kamuteye ubutwari bwo kumva ko yahara byose akitangira  kukarwanya yivuye inyuma kugira ngo hatazagira abandi benegihugu bahangayika nk’uko we yahangayitse. Igifite agaciro Abanyarwanda bazahora bamushimira ni ukuba yaratinyutse agatunga agatoki Intambara yatejwe na FPR guhera taliki ya 1/10/1990, akerekana ko Paul Kagame afitanye urubanza n’abenegihugu muri rusange, n’abo mu bwoko bw’abatutsi ku buryo bw’umwihariko kuko yabatanzeho ibitambo kugira ngo yifatire ubutegetsi.  Niba icyo ari icyaha gikomeye ntabwo ari Nsabimana Callixte wenyine ukwiye kukiryoza…turi benshi twakwihutira kucyemera bitagoranye!

Naho ubucamanza bw’u Rwanda buritonde, bushyizwe mu ihurizo ridasanzwe….buzashingira kuki bucira Callixte Nsabimana urwiteka ? Icyaha cyo  KWIYEMERA se ngo cyaba giteganywa n’iyihe ngingo y’igitabo cy’amategeko ahana mu Rwanda ? Nullum Crimen, nulla poena, sine lege.

Nta yandi mananiza Paul Kagame akwiye  kurekura bwangu Nsabimana Callixte  kandi akamworoherezwa gusubira mu buzima busanzwe.

Padiri Thomas Nahimana.

Perezida wa Guverinoma y’u Rwanda ikorera mu buhungiro

 

Commemorating the Rwandan Genocide : A Senate Resolution in praise of blood

Commemorating the Rwandan Genocide: A Senate resolution in praise of blood
April 5, 2019

by Ann Garrison

Last week New Jersey Sen. Robert Menendez introduced a Senate Resolution commemorating the 25th anniversary of the 1994 Rwandan Genocide. It “calls on the United States and the international community to cooperate in preventing and responding to genocide and crimes against humanity in nations across the globe.”

Like the Elie Wiesel Genocide and Atrocities Prevention Act passed in December 2018, the Menendez resolution bolsters the “humanitarian interventionist” argument that U.S. policymakers have deployed to justify bombing, special forces and/or sanctions in Libya, Syria and now Venezuela. It describes the 1994 Rwandan Genocide as the genocide of 800,000 Rwandan Tutsis by Hutu extremists, but Canadian investigative journalist Judi Rever’s “In Praise of Blood: Crimes of the Rwandan Patriotic Front” is just one of the latest books that upends that version of events.

Those previously published books include “Rwanda and the New Scramble for Africa: From Tragedy to Useful Imperial Fiction” by Robin Philpot, “Surviving the Slaughter: The Ordeal of a Rwandan Refugee in Zaire” by Marie Beatrice Umutesi, “Dying to Live: A Rwandan Family’s Five-Year Flight Across the Congo” by Pierre-Claver Ndacyayisenga, “How Paul Kagame Deliberately Sacrificed the Tutsi” by Jean-Marie Ngadimana, “Enduring Lies: Rwanda in the Propaganda System 20 Years On” by Ed Herman and David Peterson, and “The Accidental Genocide,” a compendium of primary-source documents compiled by former ICTR defense attorney Peter Erlinder.

Judi Rever was scheduled to speak about her book at Tarrant County College in Hurst, Texas, on April 1, but some Rwandans in the U.S. protested, calling her a genocide denier. Rwandan war and genocide survivor Claude Gatebuke published a counterargument headlined “Tarrant Community College: Why Author Judi Rever’s Scheduled Presentation Must Go Ahead” in the Black Star News, and the talk went ahead, despite a few protestors wearing t-shirts accusing her of genocide denial.

Kagame’s Rwanda has a longstanding alliance with Netanyahu’s Israel based on their constant equation of the Nazi Holocaust and the Rwandan Genocide, but these two tragedies were in fact not at all similar. The Jews did not invade Germany or any other European nation. They did not seize territory or wage a four-year war. They did not seize state power at the end of a war. The European Jews who perished in the Holocaust were a minority driven to concentration camps and murdered en masse by xenophobic white Christian supremacists.

The Tutsi Rwandan Patriotic Front (RPF) led by Gen. Paul Kagame was in fact a division of the Ugandan Army, and it did invade Rwanda on Oct. 1, 1990. It did wage a four-year war against the Rwandan Army and the civilian population, 85 percent of whom were Hutu. They massacred hundreds of thousands of Rwandan Hutus before seizing power in Kigali on July 4, 1994. So who’s denying genocide?

Hutu and Tutsi genocide

Judi Rever, in “In Praise of Blood: Crimes of the Rwandan Patriotic Front,” did not deny the Tutsi Genocide in which hundreds of thousands of Rwandan Tutsis died between April 6 and July 4, 1994. Nor do any of the other aforementioned authors. They instead add the history and documentation of the Hutu Genocide committed by the Tutsi army before, during and after the Tutsi Genocide in Rwanda.

Rever’s book implicates Gen. Paul Kagame and his Tutsi army in the massacres of both Hutu and Tutsi people. “Kagame did not stop the genocide,” she told the Canadian Broadcasting Corp., “because at the same time that ethnic Tutsis were being killed in Hutu-controlled zones, his Tutsi troops were killing with equal zeal and organization. And in every zone that Kagame’s army entered and controlled, they killed Hutus massively.”

Not only that, Rever writes, Kagame’s army also fueled the genocide against the Tutsi. They infiltrated the Hutu militias very successfully. This is not only well-documented by Rever but is also wholly credible because Hutus and Tutsis are Rwandans who speak the same language, share the same culture, and even marry one another, although the Hutu and Tutsi identity are patrilineal. The sons and daughters of a Tutsi father are Tutsi, the sons and daughters of a Hutu father are Hutu, regardless of their appearance.

According to Rever, the Tutsi infiltrators of Hutu militias baited the violence; they egged it on, and some of their commandos even participated in the slaughter of some Tutsis at roadblocks. Why? Because Kagame and his inner circle knew that the massacre of the Tutsi would later provide an excuse for the dictatorship by the Tutsi minority who would then be able to claim victim status.

That is why the Rwandan government and its supporters encourage the world to believe that the genocide was a Tutsi genocide only and that it occurred in 90 days, between April 6 and July 4, 1994. They would rather no one dwell on the four-year war during which the Tutsi army massacred Hutus, or the ensuing wars in the Democratic Republic of the Congo when Kagame’s army chased and massacred hundreds of thousands of Hutus fleeing across the Congo and caused the death of millions of Congolese as well.

Rever provides documentary evidence from testimony of defectors from Kagame’s Tutsi army, many of whom said that they fueled the genocide against the Tutsis and committed a genocide against the Hutu as well.

In an interview with the CBC, Rever said:

“At least 500,000 Hutus were killed by Kagame’s troops during the genocide and in the months after the genocide. Now, some people have said that figure could be as high as a million.

At least 500,000 Hutus were killed by Kagame’s troops during the genocide and in the months after the genocide. Now, some people have said that figure could be as high as a million.

“The killing in RPF controlled zones was not investigated. And I point out that Human Rights Watch was on the ground after the genocide and didn’t fully investigate the areas that Kagame controlled.

“So, number one, there’s a problem with the human rights organizations that were there.

“Number two, the journalists who were there during the genocide had a very hard time figuring out what was going on at first. And when they did go into RPF zones, they were under RPF escort.

“Number three, we had an incredible campaign of propaganda going on that started with an NGO called African Rights. And they basically primed world opinion and journalistic opinion on what happened during the genocide.

“And this was an organization that, we have learned, was a front organization for the RPF, for Kagame’s political party. This was an organization that received funding from the government, from Kagame’s government, afterwards. And so we’re able to look at how they did research, then how that research from African Rights was absorbed and regurgitated by even Human Rights Watch and by journalists worldwide.”

Western powers, including Canada, the U.K., and the U.S. have sustained that propaganda campaign for 25 years and made it a centerpiece of their “humanitarian” interventionist argument. Now the Senate resolution introduced by New Jersey Sen. Robert Menendez continues what Judi Rever calls their “praise of blood.”

Rever writes: “It seemed that the RPF could now commit crimes out in the open and still receive billions of dollars in aid. And Kagame could continue to receive human rights awards despite these murders, the Spanish indictment and Amnesty’s reports – buoyed by propaganda and protected by powerful friends in the West.

“What were these Western allies supporting? From the point of view of the RPF’s victims, it all seemed to be in praise of blood, an endorsement of mass murder.”

Ann Garrison is an independent journalist based in the San Francisco Bay Area. In 2014, she received the Victoire Ingabire Umuhoza Democracy and Peace Prize for her reporting on conflict in the African Great Lakes region. She can be reached at ann@kpfa.org http://www.therwandan.com/commemorating-the-rwandan-genocide-a-senate-resolution-in-praise-of-blood/

Pour le Professeur Reyntjens, le feu burundais, est un feu régional

Scénarios pour le Burundi par le Professeur Filip Reyntjens

filip

La question quant au droit du président burundais Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat lors des prochaines élections présidentielles de juin suscite de vives tensions qui ont déclenché un flux croissant de réfugiés vers les pays voisins. Elle est même parvenue à diviser le parti au pouvoir le CNDD-FDD.

Avant de se pencher sur les scenarii possibles pour le Burundi dans futur immédiat, ce papier aborde brièvement la question constitutionnelle. Deux articles de la Constitution de 2005 sont concernés. L’article 96 dispose que “Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvellement une fois”. L’article 302 qui figure à la section intitulée « Dispositions particulières pour la première période post-transition » est ainsi libellé : « A titre exceptionnel, le premier Président de la République de la période post-transition est élu par l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès, à la majorité des deux tiers des membres ». Les défenseurs du troisième mandat avancent que le mandat 2005-2010 “ne compte pas” puisque Nkurunziza n’a pas été élu au suffrage universel en 2005. Par conséquent, le mandat 2015-2020 constitue le deuxième et aucunement le troisième. Même si ces pro-troisième mandat ont le bénéfice d’une certaine ambigüité constitutionnelle, leur position est intenable pour au moins deux raisons, sans même devoir invoquer les Accords de paix d’Arusha de 2000 comme certains le font. Un: l’article 302 est une disposition temporaire portant uniquement sur la période 2005-2010. Elle n’est plus en vigueur et ne peut dès lors être invoquée aujourd’hui. Deux et surtout : alors que l’article 96 dispose du nombre de mandats, l’article 302 traite simplement de la modalité de l’élection 2005. Il ne concerne en rien d’autres aspects de la fonction présidentielle, notamment le nombre de mandats. Essayons une démonstration par l’absurde: si la modalité de l’élection présidentielle était amendée, cela signifierait-il que Nkurunziza peut se présenter pour un autre mandat ?

J’aborde maintenant les scenarii spéculatifs cela s’entend qui vont de souhaitables à catastrophiques. Ils sont présentés à titre d’alerte pour montrer que le Burundi peut devenir dans un proche avenir une très dangereuse boîte de Pandore pour la région des Grands-Lacs.

Un. Le CNDD-FDD propose un autre candidat que Pierre Nkurunziza. Le parti dispose de beaucoup de prétendants compétents qui formeraient des présidents convenables (d’autres personnes possibles constitueraient cependant des candidats moins convenables ; Nkurunziza pourrait être tenté par le scénario Putin-Medvedev avec eux). Compte tenu de la grande popularité du CNDD-FDD quoique entamée par la mauvaise gouvernance et les récentes dissensions provoquées par la question du troisième mandat, ce candidat remporterait probablement les élections, même si les élections sont libres et équitables. Comme le stipule la Constitution, Nkurunziza devient alors Sénateur à vie et une personnalité respectée, au pays et à l’étranger, pour sa sage décision et pour avoir privilégié le bien de la nation. Si le candidat proposé est choisi par consensus, le CNDD-FDD retrouve son unité et redevient la principale force politique incontestée et incontestable du pays.

Deux. Le CNDD-FDD propose Pierre Nkurunziza. Il appartient aux institutions compétentes (la Commission électorale nationale et vraisemblablement la Cour constitutionnelle) de déterminer si cette candidature est constitutionnellement admissible, décision à laquelle l’on peut s’attendre à moins que ces dernières ne fassent montre d’une indépendance inhabituelle. L’opposition, les média, la société civile et l’Eglise catholique se mettent à protester. Les manifestations sont organisées à Bujumbura et dans d’autres villes. De nombreux manifestants sont arrêtés et certains sont tués. La communauté internationale condamne et menace de prendre des sanctions. Les élections sont malgré tout organisées, de façon plus ou moins ordonnée et Nkurunziza est élu. Le régime réprime les manifestations, devient autoritaire et agit comme si de rien n’était. La fatigue et la répression finissent à vaincre l’opposition interne et la communauté internationale qui reprend progressivement l’aide après une suspension momentanée. Le CNDD-FDD se divise en deux factions.

Trois. La candidature de Nkurunziza est violemment contestée. Un grand nombre de manifestants sont tués dans les villes et les opposants à Nkurunziza sont pris pour cibles en ville et à la campagne par la jeunesse du parti CNDD-FDD, les Imbonerakure et les anciens combattants du mouvement. Les factions du CNDD-FDD entrent dans des affrontements violents. La police soutient Nkurunziza, mais l’armée se divise. Les soldats pro et anti-Nkurunziza au sein des unités, ou entre unités, se mettent à se battre. Les politiciens de l’opposition et les membres de la société civile fuient le pays ou entrent dans la clandestinité. L’état de siège est proclamé, et les élections sont reportées sine die.

Quatre. Les dirigeants de l’ancien CNDD-FDD, comme ceux qui se sont opposés à la candidature Nkurunziza et l’ex-président du parti, Hussein Radjabu, ainsi que le FNL aile-Rwasa entament de nouvelles rébellions. Ils récupèrent les armes laissées “en réserves” pendant le processus DDR et se mettent à combattre le CNDD-FDD de Nkurunziza, la police et les éléments pro-Nkurunziza de l’armée. Ils cherchent à constituer des alliances avec les unités de l’armée anti-Nkurunziza. Les combats se déclarent rapidement entre les différents groupes armés de l’opposition pour s’accaparer le plus de territoire possible. Des centaines de milliers se réfugient à l’étranger, tandis que d’autres centaines de milliers deviennent des déplacés internes sans accès humanitaire.

Cinq. Les restes des groupes rebelles de la RDC entrent dans la mêlée. Ils traversent la plaine de la Rusizi, attaquent Cibitoke et Bubanza et avancent sur Bujumbura. La rébellion rwandaise du FDLR saisit l’occasion créée par le chaos burundais et lancent des attaques au Rwanda, avec comme base d’assaut et de repli le Nord-Ouest du Burundi. Quelles soient vérifiées ou pas, des informations affirment qu’un nombre croissant de Tutsi burundais sont ciblés. En application d’une éventualité qu’il a publiquement annoncée quelques mois auparavant, Kagame donne ordre à l’armée rwandaise de contrer cette évolution jugée inacceptable par le régime de Kigali. Les Forces de défense rwandaises entre au Burundi pour intervention appelée « opération humanitaire » visant à « lutter contre le génocide ». Le Rwanda déclare qu’il va restaurer l’ordre après une courte campagne militaire. Les réfugiés et les déplacés intérieurs sont pris entre les feux de plusieurs forces combattantes sur un espace militaire très confus, sans lignes de front claires ni côtés en guerre évidents.

Six. La guerre civile s’étend sur le territoire congolais. Ni l’armée congolaise ni la Monusco ne sont capables de contrôler la situation. Plusieurs milices existantes mais semi-dormantes organisent des opérations « d’autodéfense » au Sud-Kivu. Elles établissent des zones autonomes et créent des enclaves dépourvues de toute présence du gouvernement central. Les troubles se propagent rapidement dans le Nord-Kivu où la rébellion M23 reprend ses actions militaires avec le soutien ouvert ou clandestin du Rwanda. Le conflit burundais est alors devenu une crise réellement régionale qui affecte trois pays et vraisemblablement des millions d’innocents – encore une fois.

Evidemment, ces scenarii peuvent ne jamais se réaliser et s’avérer une pure fiction politique, genre avec des si… Les scenarii sont en fait très peu probables, sauf le premier et le deuxième et peut-être le troisième. Ce sont les décisions prises par les acteurs, très souvent au hasard et en réponse à des menaces ou à des occasions, qui vont déterminer l’évolution de la situation. Cependant, ce papier vise à sonner l’alerte sur un très grave danger immédiat. Ce danger commence avec la décision du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat présidentiel. Et c’est là que la ligne rouge doit être tracée. La communauté régionale et internationale doit par conséquent dire très clairement que cela est inacceptable et que la conséquence sera des sanctions extrêmement sévères contre Nkurunziza et ceux qui le soutiennent dans cette aventure potentiellement mortelle. Ces sanctions ne doivent pas s’appliquer uniquement au régime en place mais aussi aux figures de l’opposition qui empruntent des stratégies inadmissibles et dangereuses de tension et de violence. Des actions de médiation devraient venir en premier lieu, suivies par des mesures ciblées comme le refus de visas et le blocage des comptes bancaires ainsi qu’un avertissement préventif de la Cour pénale internationale. Une annonce à tous les acteurs qu’ils sont passibles de poursuites judiciaires, comme ce fut le cas il y a quelques temps avec la République centrafricaine.

Professeur Filip Reyntjens