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“Tous les pays membres de l’ONU ont une dette morale envers les peuples de la région des Grands Lacs d’Afrique”- Victoire Ingabire Umuhoza

La Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre, jour anniversaire de l’adoption en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce 10 décembre 2021, les habitants de la région des Grands Lacs, dont je fais partie, et tous ceux qui s’intéressent à la situation politique de cette région, sont en droit de se demander si ce jour a la même signification que celle qu’il avait le 10 décembre 1948.

"Tous les pays membres de l'ONU ont une dette morale envers les peuples de la région des Grands Lacs d'Afrique"
Enfant au lac Kivu © Getty

En effet, la région des Grands Lacs connaît des conflits interminables depuis plus de deux décennies qui, d’après certaines publications, ont causé la mort de plus de cinq millions de personnes, surtout à l’est de la République démocratique du Congo, sans oublier des conflits ouverts qui coutent beaucoup de vies humaines dans cette partie du monde.

Les conflits dans la région des Grands Lacs découlent fondamentalement de l’absence totale d’un État de droit et des effets qui en dérivent. On peut citer notamment l’absence de démocratie pluraliste. Dans les pays de la région des grands lacs, on y trouve plutôt une démocratie de de façade caractérisée par la culture de l’impunité, le non-respect des droits de l’homme et des libertés des citoyens, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion des ressources économiques.

En décembre 2020 le Conseil de Sécurité a pour la nième fois adopté la stratégie pour la consolidation de la paix et la prévention et le règlement des conflits dans la région des Grands Lacs. Une stratégie qui s’articule autour des trois piliers, à savoir : a) la paix, la sécurité et la justice; b) le développement durable et la prospérité partagée; c) la résilience face aux problèmes anciens et nouveaux[1].

Ces stratégies que le Conseil de Sécurité ne cesse de rappeler n’ont jamais été mises en application et n’amènent donc pas la tranquillité au simple citoyen des pays de la région des Grands Lacs d’Afrique car dans le monde globalisé d’aujourd’hui les intérêts économiques priment sur les droits fondamentaux de l’homme.

Ainsi par exemple, en 2010, l’ONU a publié un rapport cartographié documentant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la RDC entre mars 1993 et ??juin 2003[2].

Dans ce rapport, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) appuyée par le Rwanda a été identifiée comme l’auteur de plusieurs crimes. Face à ces accusations, les hauts fonctionnaires du Rwanda ont consacré du temps, de l’énergie et des efforts à se défendre auprès de la communauté internationale contre les allégations d’implication dans le conflit en RDC. Malgré ces efforts de défense, la réputation du Rwanda en tant qu’instigateur du conflit et exploitant illicitement des minerais dans l’est de la RDC restera toujours la source de méfiance, surtout entre le peuple congolais et le peuple rwandais mais aussi au niveau des relations entre le Rwanda et la RDC jusqu’à ce que ces accusations ne soient éclaircies une fois pour toutes.

A part ces conflits ouverts en RDC, il y a aussi des conflits latents entre le Rwanda et ses autres voisins. En 2015, les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont également détériorées. Le Burundi a accusé le Rwanda d’avoir orchestré un coup d’état manqué; tandis que les autorités rwandaises accusent son voisin du sud d’abriter les rebelles qui veulent renverser son pouvoir. La frontière entre le Rwanda et le Burundi a été fermée pendant longtemps.

En 2018, des problèmes sont survenus entre le Rwanda et l’Ouganda. Le Rwanda se plaignait que l’Ouganda arrêtait des Rwandais vivant en Ouganda et que ces Rwandais sont torturés ou subissent des traitements cruels, inhumains et dégradants. Les autorités rwandaises accusent aussi l’Ouganda de soutenir les groupes rebelles qui tentent de renverser le pouvoir en place au Rwanda. La frontière entre le Rwanda et l’Ouganda ont également été fermés pendant plusieurs mois.

La fermeture des frontières prive ainsi les simples citoyens de ces pays leur liberté de mouvement ce qui viole l’article 13 de déclaration universelle des droits de l’homme.

A cette date où nous célébrons la journée des droits de l’homme instaurée par l’ONU, des foyers d’instabilité et de violence, des accrochages transfrontaliers, la méfiance et les tensions persistent entre les pays de la région des Grands Lacs d’Afrique.

Ainsi, j’invite la communauté internationale, surtout le groupe international de contact des pays de la région des Grands Lacs d’Afrique à assister les pays de cette partie du monde à trouver une solution adéquate et inclusive.

Il est déplorable de constater que la stratégie de l’ONU citée précédemment, certains acteurs clé rwandais n’ont pas été consulté pourtant le Rwanda est dans le centre de toutes ces tensions.

Les violations des droits de l’homme commises au Rwanda sont décrites en détail depuis plus de dix ans dans les rapports annuels de l’Union européenne sur les droits de l’homme et la démocratie, publiés sur le site du Service européen pour l’action extérieure[3]. De plus, lors de la 37ème session de l’Examen Périodique Universel sur les droits de l’homme au Rwanda, qui s’est tenue à Genève en janvier 2021, des représentants de divers Etats membres des Nations Unies ont fait part aux délégués de notre gouvernement de leurs préoccupations concernant les violations des droits de l’homme au Rwanda[4].

Toutes ces violations poussent certains rwandais à quitter le pays et beaucoup d’entre eux à se regrouper dans différentes organisations armées ou non armées, ce qui constitue à moyen ou à long terme une menace de sécurité du Rwanda.

J’ai toujours soutenu que sans résoudre le problème politique du Rwanda, il sera impossible d’apporter la stabilité dans cette région.

Je reste convaincue que les difficultés politiques, sociales et économiques auxquelles mon pays est confronté ne peuvent être surmontées que si notre gouvernement est contraint de faire les réformes de gouvernance nécessaires aujourd’hui. Ces réformes peuvent être réalisées à travers un dialogue entre toutes les composantes de la société rwandaise[5].

Sans ces réformes, il sera difficile de promouvoir le respect des droits de l’homme au Rwanda et par conséquent d’éviter et/ou d’arrêter le bain de sang qui coule dans la région des pays de Grands Lacs d’Afrique depuis plus de trois décennies.

A cette journée de droits de l’homme, je vous invite à écouter les cris de ces femmes violées, abandonnées à leur sort ; mais aussi à être attentifs aux pleurs de ces enfants qui sont privés de toute vie décente, qui vivent dans la pauvreté sans précédent.

Travaillons ensemble pour mettre fin au trafic de minerais de sang dans toute la région et privilégions la paix, la stabilité et le développement de tous.

Tous les pays membres de l’ONU ont une dette morale envers les peuples des pays de la région des Grands Lacs d’Afrique car en signant la charte des peuples des Nations Unies, ils se sont engagés à assurer le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans le monde entier. J’en appelle à leur conscience pour que le sang cesse de couler dans les pays de la région des Grands Lacs d’Afrique.

Victoire Ingabire Umuhoza,présidente de DALFA UMURINZI

Source: Levif

[1] https://ungreatlakes.unmissions.org/sites/default/files/s_2020_1168_f.pdf

[2] https://www.ohchr.org/Documents/Countries/CD/DRC_MAPPING_REPORT_FINAL_EN.pdf

[3] 4 https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage/82/about-european-external-action-service-eeas_en

[4] https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/UPR/Pages/RWIndex.aspx

[5] https://www.levif.be/actualite/international/pour-un-nouveau-dialogue-inter-rwandais-carte-blanche/article-opinion-14811

Mise au point sur la vraie vérité de la fuite du Rwanda par le père du président Paul Kagame

Dans une interview publiée par le journal Jeune Afrique n° 3104 de Septembre 2021, le Président Paul KAGAME revient sur la période de son jeune âge et raconte comment lui, à l’âge de 4 ans, et ses parents ont fui le Rwanda en 1961. L’article est intitulé : « Le joue où j’ai fui le RWANDA pour échapper aux génocidaires ».

Dans son exposé, Paul KAGAME dit, et je le cite : « Je me souviens bien de la dernière fois, quand nous avons été arrachés à notre foyer. Ce jour- là, ils avaient mis le feu à beaucoup d’habitations. Ils tuaient le bétail et les gens et ils semblaient déterminés à se débarrasser de tout le monde aux alentours, en finissant par notre maison qui se trouvait un peu à l’écart de la route principale ». Et il ajoute : « certains hutus avaient remarqué que la voiture envoyée par la cousine de ma mère, la reine, se dirigeait vers notre maison. Ils se signalèrent mutuellement d’interrompre ce qu’ils faisaient afin de se précipiter vers notre habitation pour nous empêcher de nous échapper. La horde des hutus était quasiment arrivée au portail de notre maison au moment où nous venions d’embarquer dans ladite voiture. Nous sommes allés d’abord à Nyanza dans la famille de ma mère et une semaine après, nous sommes partis jusqu’à MUTARA chez les grands-parents avant de traverser la frontière vers l’UGANDA pour rejoindre un endroit appelé Kamwezi ».

La vérité est toute autre !

En novembre 1959, le RWANDA a connu la Révolution sociale, sous l’impulsion de certains leaders hutu (Dominique Mbonyumutwa, Grégoire Kayibanda, Joseph Gitera et d’autres) pour mettre fin à la dictature et à l’esclavage instaurés par la monarchie des tutsi, avec à leur tête le Roi (Umwami). Le pays était encore sous la tutelle de la Belgique et c’est le Roi qui détenait le pouvoir, en étroite collaboration avec les représentants du gouvernement belge au Rwanda. A la suite de cette révolution, certains tutsis, notamment les chefs et les sous-chefs de territoires, n’ont pas accepté ce vent de changement et ont commencé à assassiner certains leaders hutus à travers le pays. Rappelons, entre autres, les victimes hutues ci-après : Polepole Mukwiye, Sindibona, Secyugu. En fait, un certain nombre de dignitaires tutsis ont fui le pays au motif qu’ils ne supportaient pas d’être sous l’autorité des hutus qui étaient juste avant leurs subordonnés, leurs esclaves!

La famille de Paul KAGAME habitait à Ruhango, une petite ville située au centre du Rwanda, dans l’ancienne Préfecture de Gitarama et elle est restée sur place jusqu’en 1961. Paul Kagame a parlé d’une horde de hutu qui seraient venus jusqu’au portail de leur habitation, ajoutant que sa famille serait partie vers une autre ville voisine, celle de Nyanza. Si c’étaient vraiment des génocidaires, ils auraient pu poursuivre sa famille jusque-là au lieu de la laisser tranquille durant une semaine. En réalité, pendant cette Révolution qui allait être confirmée le 28 janvier 1961 avec l’avènement de la République, les hutus ont laissé partir à l’étranger les tutsi qui le voulaient. Il arrivait même qu’ils les accompagnent en transportant leurs affaires jusque dans les régions réservées ou recommandées, notamment le Bugesera et le Mutara. Pour preuve, Paul Kagame a reconnu avoir rejoint ses grands- parents au Mutara, sans aucun obstacle.

Oser parler de génocidaires hutus en 1959-1961, c’est tout simplement dénaturer la vérité des faits : Paul Kagame omet curieusement de mentionner que sa tante, la reine Gicanda, est restée au Rwanda dans sa résidence située à Butare dans le sud du pays et que le même Kagame, réfugié en Uganda, est revenu lui rendre visite, à plusieurs reprises, sans être inquiété par les services de l’Etat rwandais qui étaient certainement au courant de ses allées et venues. Paul Kagame ne signale pas non plus qu’en 1965, son père, également réfugié en Uganda, est revenu à Ruhango dans son village où il a retrouvé tranquillement ses amis avant de retourner en exil. Par ailleurs, les attaques des rebelles « Inyenzi », devenus par après le FPR-Inkotanyi, contre le Rwanda, ont commencé au début des années 1960 et se sont poursuivies jusqu’en 1968, sans que cela constitue une menace pour la sécurité de la parenté de Kagame présente au Rwanda. Enfin, le beau-père de Kagame et la femme de ce dernier, Jeannette Kagame, ont vécu des années à Kigali, capitale du Rwanda, en vaquant quotidiennement à leurs affaires et en toute quiétude, dans les années 1980, alors que le pays était dirigé par la majorité hutus.

L’histoire du Rwanda falsifiée à des fins politiciennes

Depuis que le FPR-Inkotanyi a pris le pouvoir en 1994, après avoir abattu l’avion qui transportait le Président Juvénal Habyarimana et d’autres personnalités, élément déterminant qui a déclenché le génocide au Rwanda, celui-ci est devenu un fonds de commerce pour le régime dictatorial de Kagame qui ne cesse de l’évoquer à tort et à travers pour faire taire, voire tuer, tous ceux qui osent fustiger et condamner ses mensonges et ses crimes innommables. Les observateurs avisés de la situation du Rwanda savent aussi que le FPR-Kagame travaille savamment à la falsification de l’histoire, dans le but à peine voilé de disqualifier, pour de bon, les hutus dans la course à la direction du pays. En effet, en les traitant globalement de génocidaires, y compris les premiers leaders ayant instauré la république au Rwanda, le FPR envoie au monde entier le message selon lequel la majorité hutu ne doit plus prendre le pouvoir, soi-disant pour la sécurité des tutsi dont les vies seraient encore une fois menacées si les hutu revenaient aux affaires.

Nous tenons à souligner que ni les manipulations, ni les intimidations du régime du FPR-KAGAME ne nous détourneront de notre combat pour la vérité. Nous osons espérer que le journal « Jeune Afrique » qui a publié ladite interview accordée au Président Paul Kagame, daignera diffuser la présente mise au point. Le but est que cette version contradictoire permette aux lecteurs intéressés, en particulier les Rwandais, de connaître la vérité, et rien que la vérité, sur ce point précis qu’est la fuite du Rwanda de la famille de Kagame au début des années 60.

Fait à Bruxelles le 30 septembre 2021.

Faustin Twagiramungu
Ancien Premier Ministre du Rwanda
et témoin de l’histoire rwandaise

Le Parlement européen demande au Gouvernement rwandais de relâcher Rusesabagina.

Le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur la situation des droits de l’homme au Rwanda, précisément sur le cas de Paul Rusesabagina. Le texte a été adopté par 660 voix pour, 2 contre et 18 abstentions.

Les détails la da résolution :

Résolution du Parlement européen sur le cas de Paul Rusesabagina au Rwanda

(2021/2906(RSP)

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur le Rwanda, et notamment celle du 11 février 2021 sur le Rwanda: le cas de Paul Rusesabagina[1],

– vu la déclaration universelle des droits de l’homme,

– vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui a été ratifié par le Rwanda en 1975,

– vu la charte africaine des droits de l’homme et des peuples,

– vu les directives et principes sur le droit à un procès équitable et à l’assistance judiciaire en Afrique,

– vu la convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants,

– vu l’ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus («règles Nelson Mandela»), révisé en 2015,

– vu la déclaration de Kampala sur les conditions de détention en Afrique,

– vu le rapport du 25 mars 2021 sur le Rwanda du groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur la procédure d’examen périodique universel,

– vu les déclarations de la communauté internationale condamnant les irrégularités et dénonçant l’absence de procès équitables au Rwanda, notamment du gouvernement belge, du département d’État des États-Unis et du gouvernement britannique,

– vu les déclarations publiées par la Fédération des barreaux d’Europe, le Centre des droits de l’homme de l’Association du barreau américain et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme reconnues,

– vu l’accord de Cotonou,

– vu la Constitution du Rwanda,

– vu les instruments des Nations unies et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,

– vu la convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires,

– vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,

  1. considérant que, le 29 septembre 2021, M. Paul Rusesabagina, militant des droits de l’homme, ressortissant belge et résident aux États-Unis, a été condamné à 25 ans d’emprisonnement par la chambre des crimes internationaux et transfrontaliers de la Haute Cour du Rwanda à la suite de son arrestation à Kigali le 31 août 2020; que M. Rusesabagina a fait l’objet de neuf chefs d’accusation liés au terrorisme et qu’il a été reconnu pénalement responsable des activités attribuées au Mouvement rwandais pour le changement démocratique/Front de libération nationale (MRCD-FLN), coalition de partis politiques d’opposition et son bras armé;
  2. considérant l’arrestation arbitraire et fallacieuse de M. Rusesabagina en août 2020, caractérisée par son transfert illégal au Rwanda, sa disparition forcée et sa détention au secret; considérant qu’aucun mandat d’arrêt n’a été produit en vue de son arrestation, contrairement aux conditions fixées à l’article 37 du code de procédure pénale rwandais de 2019, et qu’aucun acte de mise en accusation n’a été produit avant sa condamnation, en violation de l’article 68 du code de procédure pénale rwandais; que M. Rusesabagina a déclaré publiquement à plusieurs reprises qu’il ne pouvait pas rentrer dans son pays natal par peur de représailles;
  3. considérant que Johnston Busingye, ministre rwandais de la justice, a reconnu le rôle de son gouvernement dans la disparition forcée et le transfert de M. Rusesabagina en août 2020, dans le paiement du vol chargé du transfert et dans la violation du droit de M. Rusesabagina à un procès équitable; que, le 10 mars 2021, la Cour a jugé que le transfert de M. Rusesabagina était légal et qu’il n’avait pas été enlevé;
  4. considérant que, lors du prononcé du verdict, des éléments supplémentaires qui n’avaient pas été entendus par la Cour ou présentés en cours de procès ont été annoncés à propos de l’affirmation selon laquelle M. Rusesabagina avait fourni des fonds au groupe armé FLN; qu’une partie des éléments cités découlent de déclarations qui, selon M. Rusesabagina, lui ont été extorquées sous la contrainte et en l’absence de son avocat;
  5. considérant que l’équipe d’avocats qui avaient représenté M. Rusesabagina au départ n’avait pas été choisie par lui et que les avocats de son choix auxquels il avait fini par avoir accès à partir d’avril 2021 ont été empêchés de le rencontrer, ce qui est contraire à l’article 68 du code de procédure pénale rwandais;
  6. considérant que l’état de santé de M. Rusesabagina en détention a été jugé très préoccupant étant donné qu’il a eu un cancer et qu’il souffre de troubles cardiovasculaires; que, d’après ses avocats, il n’a pas pu se rendre à deux dépistages du cancer et que les autorités carcérales ont refusé qu’il ait accès au traitement prescrit par son médecin belge, provoquant des souffrances mentales et physiques, ce qui est contraire aux articles 12 et 14 de la Constitution rwandaise relatifs au droit à la vie, au droit à l’intégrité physique et à la protection contre les traitements inhumains ou dégradants;
  7. considérant qu’en septembre 2020, les autorités rwandaises ont omis d’informer les autorités belges de l’arrestation de M. Rusesabagina, en violation du principe d’assistance consulaire consacré par le droit international; que le Service correctionnel rwandais (RCS) a eu accès aux communications et aux documents juridiques échangés entre M. Rusesabagina et ses avocats; que plusieurs notes verbales ont été envoyées par le ministre belge des affaires étrangères à son homologue rwandaise afin de demander le respect des droits de M. Rusesabagina, mais que le gouvernement rwandais a refusé toute demande;
  8. considérant qu’en juillet 2021, les autorités rwandaises auraient utilisé le logiciel espion Pegasus du NSO Group pour tenter de viser plus de 500 activistes, journalistes et responsables politiques; que selon l’analyse de son téléphone par la police criminelle, le logiciel espion a également été utilisé pour infecter le téléphone de Carine Kanimba, fille de M. Rusesabagina; que les autorités rwandaises nient ce fait;
  9. considérant que le Rwandais est signataire de l’accord de Cotonou, qui dispose que le respect des droits de l’homme est une composante essentielle de la coopération entre l’Union européenne et l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique; que la consolidation de l’état de droit et le renforcement des droits de l’homme sont les grandes priorités de la programmation de l’Union européenne envers le Rwanda;
  10. considérant que la deuxième réunion ministérielle entre l’Union africaine et l’Union européenne aura lieu à Kigali les 25 et 26 octobre 2021;
  11. rappelle au gouvernement rwandais qu’il est tenu de garantir les droits fondamentaux, y compris l’accès à la justice et le droit à un procès équitable, ainsi que le prévoit la charte africaine des droits de l’homme et des peuples et d’autres instruments internationaux et régionaux en matière de droits de l’homme, dont l’accord de Cotonou, et notamment ses articles 8 et 96;
  12. souligne que le Rwanda doit garantir l’indépendance de sa justice et préserver celle-ci par sa Constitution et ses lois étant donné qu’il est du devoir de l’ensemble des institutions gouvernementales et des autres institutions de respecter et d’observer l’indépendance de la justice;
  13. rappelle que l’extradition d’un suspect vers un autre pays ne devrait avoir lieu que dans le cadre d’une procédure d’extradition supervisée de façon indépendante de façon à garantir la légalité de la demande d’extradition et à s’assurer que les droits du suspect à un procès équitable sont pleinement garantis dans le pays requérant;
  14. condamne dès lors avec vigueur l’arrestation, la détention et la condamnation illégales de M. Paul Rusesabagina, qui sont contraires au droit international et au droit rwandais; estime que le cas de M. Rusesabagina est l’exemple même des violations des droits de l’homme au Rwanda et remet en cause l’équité du verdict, qui serait dépourvu de garanties d’un procès équitable, contrairement aux bonnes pratiques internationales applicables à la représentation, au droit d’être entendu et à la présomption d’innocence;
  15. demande la libération immédiate de M. Rusesabagina pour des raisons humanitaires ainsi que son rapatriement, sans préjuger de sa culpabilité ou de son innocence; demande à la délégation de l’Union européenne au Rwanda ainsi qu’aux représentations diplomatiques des États membres de relayer cette demande avec force dans leurs échanges avec les autorités rwandaises;
  16. demande au gouvernement rwandais de garantir, en toutes circonstances, l’intégrité physique et le bien-être psychologique de M. Rusesabagina et de lui permettre de prendre son traitement habituel; insiste auprès du gouvernement rwandais pour qu’il respecte le droit du gouvernement belge d’apporter une assistance consulaire à M. Rusesabagina afin de garantir son état de santé et un accès digne de ce nom à la défense;
  17. déplore la situation globale des droits de l’homme au Rwanda et, notamment, la persécution ciblée des voix dissidentes; condamne les poursuites répondant à des motivations politiques ainsi que la poursuite des opposants politiques; demande instamment aux autorités rwandaises de garantir la séparation des pouvoirs, et notamment l’indépendance de la justice;
  18. invite le Service européen pour l’action extérieure, la Commission et le représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme à renforcer le dialogue sur les droits de l’homme au plus haut niveau avec le Rwanda dans le cadre de l’article 8 de l’accord de Cotonou afin que le pays respecte ses engagements bilatéraux et internationaux; souligne que, dans le contexte des travaux internationaux en faveur du développement au Rwanda, il convient d’accorder une priorité bien plus importante aux droits de l’homme, à l’état de droit ainsi qu’à une gouvernance transparente et réactive;
  19. demande à la Commission de procéder à un réexamen critique de l’aide apportée par l’Union européenne au gouvernement rwandais et aux institutions publiques rwandaises afin de s’assurer qu’elle encourage pleinement les droits de l’homme et n’a pas de répercussions négatives sur les libertés d’expression et d’association, le pluralisme politique, le respect de l’état de droit et la société civile indépendante;
  20. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, au président de la République du Rwanda, au président du parlement rwandais ainsi qu’à l’Union africaine et à ses institutions.

 Source: europarl.europa.eu

Vendredi de gratitude avec Ariane Mukundente

Vendredi de gratitude: Felicula Nyiramutarambirwa, la pionnière

Felicula Nyiramutarambirwa

Pour ce vendredi de gratitude, je vous présente une femme hors du commun au nom de Felicula Nyiramutarambirwa que j’ai eu le privilège de connaître personnellement. Déjà très jeune, je me suis rendue chez elle avec sa sœur religieuse, Petite sœur Monica de Jésus. Elles habitaient une maison nichée dans un champ de bananier. Je n’ai jamais oublié mon passage en ce lieu car je n’avais jamais vu des bananiers aussi hauts et serrés en si grand nombre les uns sur les autres. Avec le vent, leurs feuilles faisaient un bruit énorme, le lourd bruissement produit par une véritable forêt de bananiers. Et non, ce n’était pas à Kibungo mais bien à Gitarama, dans la commune de Mukingi. Un bon souvenir que je garde dans ma tête avec celui de sa maman si accueillante et à l’affection débordante.

Telle mère, telle fille : je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi fort caractère, courageuse, charismatique, aimable, rassembleuse… bref une leader-née que Felicula Nyiramutarambirwa. Et son parcours est impressionnant. Elle était auxiliaire de l’Apostolat, ce qu’on appelait communément ‘’abakobwa ba Musenyeri’’. Elle fut professeure et directrice de l’École sociale de Karubanda à Butare, une école secondaire pour jeunes filles. Elle a quitté la direction de l’école quand elle fut élue Députée au Conseil National de Développement (CND) pour représenter la préfecture de Gitarama où elle remplit cette fonction avec brio, en vraie représentante du peuple.

Felicula Nyiramutarambirwa avait le courage de penser en dehors du système, de le remettre en cause, et surtout de modifier le statu quo. Elle n’avait pas peur de sortir des sentiers battus pour trouver des solutions innovantes. C’est pour cette raison qu’elle a bataillé, malgré l’échec de ses efforts, contre la dot à la rwandaise car elle considérait que la femme était traitée telle une marchandise. Elle avait une confiance en elle qui suscitait l’admiration. Felicula Nyiramutarambirwa savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle pouvait apporter aux autres en faisant preuve d’un leadership orienté vers le résultat. Elle n’en considérait pas moins les avis des autres tout en nourrissant les relations personnelles qui construisent les équipes soudées par l’atteinte d’objectifs communs.

Félicula Nyiramutarambirwa montra son leadership, notamment, en réunissant les parents de quatre communes, Mukingi, Tambwe, Ntongwe et Kigoma de la région de Gitarama pour fonder en 1988 une école secondaire privée, le Groupe Scolaire Indangaburezi, de Ruhango. Son premier Directeur n’était autre que le journaliste de la VOA Venuste Nshimiyimana qui lança l’école avec 80 élèves alors qu’elle en compte aujourd’hui près de 2500, allant du cycle secondaire à l’université. L’église fournit le terrain et l’école fut construite à crédit par feu Ignace Rulinda (RIP) qui avait beaucoup d’affection pour Felicula Nyiramutarambirwa.

Felicula Nyiramutarambirwa fait partie des trois samaritaines qui ont eu l’initiative de venir en aide aux femmes du Rwanda en détresse en fondant l’organisation Umushumba mwiza – Le bon Pasteur. L’idée même en est attribuable à une autre grande dame au grand cœur, Thérèse Mujawayezu, qui en a fit part à son amie la Reine Gicanda Rosalie ainsi qu’à la Députée Felicula Nyiramutarambirwa. Les trois compères en ont recruté sept autres, dont trois prêtres, et ce sont ces dix âmes charitables qui en sont venus à créer l’association du Bon Pasteur.

Mais pour beaucoup, la réalisation la plus spectaculaire de Nyiramutambirwa est la création en 1987 au Rwanda, avec la complicité de près de 30 personnes, d’une institution de Microfinance appelée DUTERIMBERE. Cette dernière existe toujours et compte parmi les plus importantes au pays. Afin de bien saisir l’ampleur des retombés de ce projet et l’impact de Felicula Nyiramutarambirwa sur la vie des gens, il suffit de lire ces quelques mots de l’américaine Jacqueline Novogratz, fondatrice et PDG d’Acumen, une association à but non lucratif américaine pour aider les pauvres par la promotion de l’entreprenariat:

” 1986. Kigali, Rwanda. I am standing in a field on a blue-sky day, surrounded by tall, yellow sunflowers. I am a twenty-five-year-old former banker dressed in a flowery skirt, wearing flat, mud-speckled white shoes, my head filled with dreams of changing the world. Beside me is an apple-cheeked, bespectacled nun in a brown habit smiling broadly. Her name is Felicula, and I adore her for taking me under her wing. Along with a few other Rwandan women, she and I are planning to build the first microfinance bank in the country. Today, we’re visiting a sunflower oil-pressing business, the kind of tiny venture our bank might one day support. We plan to call the microfinance organization Duterimbere meaning “to go forward with enthusiasm.”

All I see is upside.

  1. Kigali, Rwanda. I am standing at an outdoor reception on a starry night, surrounded by men and women in dark suits. I am the fifty-five-year-old CEO of Acumen, a global nonprofit seeking to change the way the world tackles poverty. Rwanda’s president, Paul Kagame, and his top ministers are at the reception to meet potential investors in a new $70 million impact fund Acumen is building to bring solar electricity to more than ten million low-income people in East Africa ”.

Ces mots sont extraits de son livre “Manifesto for a Moral Revolution”. Et voilà! Quoi dire de plus? Le Rwanda a de quoi être fier de cette femme exceptionnelle qui a changé la vie de beaucoup de gens de son vivant et même au-delà, jusqu’à aujourd’hui. Malheureusement, comme bien d’autres héros, Felicula Nyiramutarambirwa connut une fin tragique, en 1989. Elle est tuée dans un accident de voiture aux circonstances encore non élucidées. Peu de temps après sa mort, le directeur du Groupe Scolaire Indangaburezi a mobilisé les membres de l’organisation ainsi que d’autres rwandais pour mettre en place la Fondation Felicula Nyiramutarambirwa ayant pour objectif de poursuivre son œuvre d’éducation auprès des enfants rwandais.

Toutefois, alors que le communiqué annonçant la tenue de l’assemblée constituante de la Fondation venait de passer à la radio nationale et que des bienfaiteurs avait déjà commencé à verser leurs contributions, des responsables des Services de renseignements sont venus solliciter le report des assises. Le directeur a tout bonnement refusé. Par après, l’évêque de Kabyayi, Monseigneur Thaddée Nsengiyumva, s’est déplacé à Ruhango pour demander au directeur de reporter la création de la Fondation. Monseigneur Thaddée a également exigé qu’un autre communiqué soit transmis à la radio pour annuler la première annonce. On évoquait alors que la création de la Fondation pourrait entraîner des émeutes. Le régime soupçonnait également, sans chercher vraiment à l’expliquer, que le nouvel organisme risquait de jeter les bases à la création d’un parti politique qui pourrait fédérer les gens de la région de Gitarama.

Et voilà comment la paranoïa empêcha qu’une belle action voit le jour, et ce au nom de Felicula Nyiramutarambirwa. Qu’importe, ses œuvres d’hier à aujourd’hui parlent d’elles-mêmes. C’est l’une des femmes rwandaises qui, par ses actions remarquables, mérite que son nom figure avantageusement dans la liste des Héros du pays. C’est avec humilité que je vous demande de rendre hommage à cette dame aux valeurs humaines hors du commun. Une véritable inspiration pour les jeunes filles rwandaises. En ce qui me concerne, je salue son engagement en politique comme grande pionnière. Ce sont des femmes comme Felicula Nyiramutarambirwa dont nous avons besoin. Des femmes de conviction au service du peuple.

Felicula Nyiramutarambirwa, niyubahwe!

Ariane Mukundente

Vendredi de gratitude avec Ariane Mukundente

Vendredi de gratitude : La résiliente Ingabire Umuhoza Victoire

Vendredi de gratitude : La résiliente Ingabire Umuhoza Victoire

La quasi majorité des personnes que j’ai présentée jusqu’à maintenant pour mes vendredis de gratitude sont des hommes. Le Rwanda est un pays patriarcal où la femme était toujours effacée. C’est pour cela qu’on n’a pas vu beaucoup de femmes rwandaises qui peuvent rivaliser avec les hommes dans leur carrière, sauf tout récemment après 1994. C’est ainsi que pour mon vendredi de gratitude d’aujourd’hui, j’ai le plaisir de présenter une femme très courageuse, Mme Umuhoza Ingabire Victoire.
Femme politicienne, elle suscite beaucoup de réactions. Elle est violemment calomniée par ses adversaires politiques et admirée par les autres pour son courage et sa résilience. Une chose est sûre c’est une personnalité qui ne passe pas inaperçue, sa notoriété est même internationale pour l’opposante la plus populaire au Rwanda.

Bien que je m’intéresse à la politique en générale, moi qui crois au vrai multipartisme et aux vrais partis d’opposition qui aspirent au pouvoir, la politique Rwandaise n’est pas très excitante, car tout est prévisible. Donc, avant, je ne me suis jamais intéressée à la politique de qui que ce soit au Rwanda, y compris celle Ingabire. Elle a attiré mon attention par un simple hasard suite à un article d’un journal en ligne, igihe.com. Cet article affirmait qu’Ingabire lors d’une réunion avec ses partisans avait demandé à ces derniers de ne pas recruter des Tutsi dans son parti. C’était quelque mois après sa sortie de prison. Cette nouvelle m’a coupé le souffle. Comment une femme intelligente, instruite comme Ingabire qui vient de sortir de prison et qui connait les conséquences des tels propos au Rwanda pouvait prononcer ces mots? Il y avait anguille sous roche, pour moi, c’était impossible. Le mensonge était trop gros pour être vrai. Il s’est avéré effectivement que c’était un mensonge grossier, Igihe.com s’est distancé de cet article lorsqu’Ingabire a voulu porter plainte.

Après cet incident, j’ai été très curieuse. Le journal Igihe.com est un journal pro-gouvernemental, il peut plaider l’ignorance, mais il ne peut pas publier un article comme celui-là sans raison. Je comprends très bien les attaques d’un adversaire en politique, c’est de bonne guerre.
Mais ce qui m’a intrigué ce jour-là, c’est la nature de l’attaque. Comment les gens peuvent-ils inventer des mensonges en rapports avec la haine ethnique? Pourquoi vouloir attribuer à Ingabire, un discours raciste qu’elle n’a pas tenu? Pourquoi ressortir les fantômes de l’ethnisme délibérément dans un pays où on dit que les ethnies n’existent plus? Comment un journal pro-gouvernemental comme Igihe.com a-t-il publié un article sur la haine ethnique en manipulant la population ? J’avais beaucoup de questions, car de simples paysans avaient été manipulés pour mentir sur la haine ethnique. On ne joue pas avec ces choses-là, ça a conduit à un génocide. Et j’ai commencé à suivre attentivement les discours d’Ingabire, car je voulais savoir exactement ce qu’elle dit dans ses discours pour déceler moi-même l’extrémisme qu’on voulait lui attribuer. Je venais de me rendre compte que ce qu’on écrit et dit sur elle n’étaient plus fiable, il fallait l’écouter soi-même pour mieux comprendre ses propos.

Je voulais savoir entre Ingabire et ses adversaires qui dit la vérité, qui véhicule les discours de la haine et de la division ethnique. Je l’ai suivie à la lettre, je disséquais chaque mot qu’elle disait pour l’analyser. Je suis tombée des nues. De tous les discours des politiciens tant de l’intérieur que de l’extérieurs, du Rwanda, Ingabire est parmi les plus pacifistes. Elle a un discours rassembleur, inclusif qui s’adresse à toute la population rwandaise. Après cette découverte, je me suis amusée à demander aux gens qui ne l’aimaient pas, le pourquoi de cette animosité car j’étais curieuse de leur réponse.

La plupart d’entre wux ne pouvait pas me répondre, c’est comme si je les prenais de court, car ils étaient obligés de réfléchir pour me répondre. Certains me disaient qu’elle était extrémiste et quand je leur demandais de me donner une seule phrase qu’elle aurait dite qui prouve son extrémisme ethnique, ils ne savaient pas me répondre car, certains n’avaient même pas écouté aucun des discours d’Ingabire. Les plus virulents évoquaient des mots qu’elle aurait prononcés au site mémorial de Gisozi en 2010, insinuant que les Hutus ont été tués aussi et qu’il fallait le reconnaître publiquement. Au fait ce que Victoire Ingabire a dit ce jour-là ne fait pas d’elle une extrémiste ethnique, car cela n’a pas de rapport. De plus , ce qu’elle a dit a été repris récemment par le Président Kagame dans un journal Britannique à savoir qu’un grand nombre de Hutus sont morts.

J’ai lancé un défi à n’importe quelle personne de me montrer un seul discours d’Ingabire qui prêche la haine que ses adversaires essayent de nous faire avaler. Au fait, plus ils mentent à propos d’elle, plus les gens éprouvent de la sympathie pour elle et elle gagne en popularité. Car les mensonges et les calomnies sont tellement grossiers et violents qu’on a envie de chercher à connaître Mme Ingabore et d’écouter ce qu’elle dit. Et quand on se rend compte du contraste de ce qu’elle dit et ce qui est dit sur elle, on tombe des nues. C’est à se demander qui véhicule la haine. Et c’est admirable de voir comment elle reste digne devant cette animosité à son égard. Elle reste une politicienne modèle qui appelle au respect de la loi et des institutions. C’est ici qu’on voit l’aura de cette grande dame et son respect devant la fonction suprême qu’elle convoite. Elle en a les qualités et les compétences, ces épreuves font d’elle, une femme résiliente et aguerrie de la politique rwandaise. Qui est-elle?

Ingabire Umuhoza Victoire est née le 3 Octobre en 1968 au Rwanda. Après ses études primaires et secondaires, elle ira faire ses études universitaires au Pays-Bas, en droit commercial et comptabilité. Brillante, en 1997, elle continue ses études supérieures en économie commerciale et gestion des entreprises. Après ses études, elle obtient un poste de cadre dans une compagnie privée de dimension internationale ayant son siège aux Pays-Bas, où elle est chargée de contrôler et de coordonner les services comptables de 25 filiales installées en Europe, en Asie et Afrique. Ingabire a tout: un emploi prestigieux, un foyer et trois adorables enfants.

Toutefois, en 2010 elle plaque tout et descend dans son pays natal, le Rwanda pour briguer la présidence aux élections de 2010. Arrivée sur le terrain, son calvaire commence. Quelques mois après son arrivée au Rwanda, elle est arrêtée et fut condamnée en première instance à 8 ans d’emprisonnement pour «conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre» et «minimisation du génocide» de 1994. Elle porte le jugement en appel en Cour Suprême. Ce dernier alourdit à 15 ans de prison la condamnation de Victoire Ingabire. Son avocat porta le jugement à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP). Septembre 2018, elle est libérée par la grâce présidentielle. Entre temps, elle est blanchie par CADHP le 7 décembre 2018, et ce denier condamne le gouvernement rwandais à verser 72 000$ à l’opposante Victoire Ingabire en guise de réparation des préjudices matériels et moraux occasionnés par ses huit années d’emprisonnement.

Dès sa sortie de prison le 15 Septembre, Ingabire n’a pas abandonné la politique active, malgré les épreuves. L’élite du Rwanda tape fort sur elle sans arrêt avec les accusations les plus abjectes sous l’œil bienveillant du pouvoir qui laisse cette haine se déverser sur une citoyenne innocente, malgré ses appels aux autorités pour le respect de la loi. Elle perd toute sa garde rapprochée, les assassinats et disparitions des partisans de son parti FDU-Inkingi, ensuite Dalpha-Umurinzi ne s’arrêtent pas, la liste est longue. Mais devant ces épreuves Mme Ingabire dans sa douceur reste zen, elle continue son bout de chemin sans broncher en gardant le focus sur son travail de politicien.

À ceux qui ne la connaissent pas je ne vous demande pas de me croire, écoutez vous-même ses discours et c’est à vous de juger si vous êtes devant un monstre qu’on essaye de nous présenter. Ensuite , demandez-vous la raison de cette violence qui flirte souvent avec de l’ethnisme dans notre Rwanda d’après 1994. Vous allez entendre qu’elle négationniste. Demandez à voir la preuve de cette accusation : une seule phrase qu’elle aurait prononcée, un seul geste qu’elle aurait fait. Et saviez-vous quoi? Elle a perdu son petit frère dans le génocide, on l’avait pris pour un Tutsi. Dans cette période de commémoration, elle aussi, elle se souvient la mort de son frère. Acceptons que Mme Ingabire a le droit de faire la politique et d’aspirer à la fonction suprême. C’est son droit le plus absolu. Mais si on choisit aussi, l’option de mentir à son égard, eh bien préparez-vous, car elle défie toutes règles. Lorsqu’il s’agit d’elle le « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose » devient « mentez, mentez et la vérité sortira ». Si je n’étais pas tombée sur ce gros mensonge de l’article d’Igihe, j’aurais peut-être cru à ce qu’on me dit sur elle. Mais ce jour-là, j’ai compris l’importance de vérifier toujours l’information surtout quand on est en face de la propagande pure et dure.

Ses adversaires et les autres politiciens ont beaucoup à apprendre d’elle. Elle a beaucoup d’avance sur eux étant sur le terrain et maîtrisant comment faire de la politique, la vraie : par un discours positif et apaisant, une attitude de proximité sincère avec les gens; par le respect des lois du pays et les droits humains; et enfin, par la recherche du bien commun plus que les intérêts personnels.
Quant à nous, simples citoyens, nous ne pouvons que souhaiter d’avoir des politiciens à l’image Victoire Ingabire Umuhoza qui ont un message apaisant, inclusif et rassembleur axé sur le respect de la loi et l’émergence d’un pays de droit. Un peuple a les politiciens qu’il mérite, exigeons la qualité.

Rendons, aujourd’hui, hommage à cette grande dame charismatique dont le discours rassembleur et inclusif apaise les esprits dans un pays où la peur de l’autre risque de s’installer au quotidien si les politiciens ne font pas attention à leur discours imbu de haine.
Les Rwandais ont besoin d’entendre un discours apaisant.

Mme Ingabire Victoire Umuhoza, niyubahwe!

Mme Ingabire Victoire Umuhoza, yubahwe!

Ariane Mukundente Clarisse Kayisire

Le travail de justice est loin d’être terminé au Rwanda

Par Lewis Mudge, Directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.

La visite du président français Emmanuel Macron au Rwanda a mis en lumière l’importance de faire face aux responsabilités dans les crimes du passé, quel que soit le temps que cela prend. Ceux qui portent une responsabilité d’atrocités, qu’il s’agisse de génocide ou de crimes de guerre, devraient en prendre note.

La visite est intervenue après des années de relations tendues entre les deux pays. En demandant pardon, Macron entend ouvrir une nouvelle page entre la France et le Rwanda. La semaine dernière, Kigali a approuvé le choix de la France pour son prochain ambassadeur au Rwanda – le premier à occuper ce poste depuis 2015.

Les origines de ces tensions remontent au génocide au Rwanda, en 1994. Orchestré par les extrémistes politiques et militaires de l’ethnie hutue et perpétré essentiellement contre l’ethnie tutsie, le génocide a fait au moins un demi-million de morts et a été exceptionnel par sa brutalité, son organisation méticuleuse et la vitesse à laquelle les massacres ont été perpétrés. La France avait appuyé l’ancien gouvernement extrémiste du Rwanda, et avait soutenu et entraîné son armée et certaines des forces qui ont commis le génocide.

La France a aussi été critiquée, y compris par l’actuel gouvernement rwandais, pour son manque d’empressement à traduire en justice les génocidaires en fuite vivant en France. Emmanuel Macron, faisant allusion à cette question, a déclaré à Kigali : « reconnaitre ce passé, c’est surtout aussi poursuivre l’œuvre de justice ».

Le président rwandais Paul Kagame a salué son discours, affirmant que : « La vérité guérit. » Ils ont tous les deux raison. Mais une approche sélective de la vérité risque fort, un jour ou l’autre, de les rattraper.

Au Rwanda, tout le monde n’est pas autorisé à parler des exactions subies par soi-même ou ses proches au cours de l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire du pays. Le 31 mai, Aimable Karasira, un universitaire, rescapé du génocide et critique du gouvernement, a été arrêté, accusé de nier et de justifier le génocide, d’être un instigateur de divisions, et de fraude. Depuis plusieurs mois, il est harcelé et régulièrement convoqué par le Bureau d’investigation rwandais pour avoir publié sur YouTube des vidéos critiques sur l’histoire de sa famille et le génocide.

Issu de l’ethnie tutsie, Aimable Karasira affirme que des soldats du Front patriotique rwandais (FPR) ont tué plusieurs membres de sa famille à la suite du génocide. Parler des crimes commis par le FPR, qui gouverne le pays depuis 1994, représente une ligne rouge que la plupart des Rwandais n’osent pas franchir. Les crimes commis par le FPR au Rwanda n’égalent certes pas le génocide en termes de portée et d’échelle, mais ils restent des crimes de guerre atroces dont personne n’a eu à répondre.

En mars, une commission établie par Emmanuel Macron pour enquêter sur le rôle de la France dans les massacres de 1994 a publié un rapport de 1 200 pages qui a conclu que la France a des responsabilités qualifiées de « lourdes et accablantes », notamment son aveuglement quant à la préparation du génocide et sa lenteur à rompre avec le gouvernement qui l’a orchestré. En avril, un rapport mandaté par le gouvernement rwandais a conclu que le gouvernement français « porte une lourde responsabilité pour avoir rendu possible un génocide prévisible ».

Tandis que les autorités rwandaises saluent les efforts de la France pour faire face à son rôle dans les atrocités, elles continuent d’ignorer les crimes internationaux commis par des soldats rwandais dans l’est de la République démocratique du Congo. Alors qu’il se trouvait à Paris pour un sommet sur le financement post-pandémie pour le continent africain, le président rwandais Paul Kagame a, dans des interviews, écarté les questions sur les crimes terribles commis en RD Congo au lendemain du génocide. Une fois de plus, il a rejeté l’enquête de l’ONU sur ces crimes, le « Rapport Mapping » publié en 2010, et l’a qualifié de « controversé », « politisé » et « très contesté ».

Le Rapport Mapping fournit un compte-rendu détaillé de l’enquête menée par le Bureau du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme au Congo, documentant les crimes graves commis entre mars 1993 et juin 2003. Il conclut que la majorité de ces crimes peuvent être qualifiés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, notamment des massacres, des violences sexuelles et des attaques contre des enfants, ainsi que d’autres exactions.

Les enquêteurs de l’ONU ont décrit le rôle de l’ensemble des principales parties congolaises et étrangères responsables, y compris les soldats rwandais et les rebelles congolais qu’ils soutenaient, qui sont accusés de certains des crimes les plus graves documentés dans ce rapport. L’absence de justice pour ces crimes est choquante, et les remarques de Paul Kagame indiquent clairement que le gouvernement rwandais n’a aucune intention de demander des comptes aux auteurs rwandais pour les crimes et exactions commis.

L’impunité pour les crimes perpétrés par des acteurs étatiques rwandais se poursuit. Lors de la même interview à Paris, Paul Kagame a rejeté d’un revers de main les préoccupations sur l’extradition illégale médiatisée de Paul Rusesabagina en août dernier et le décès particulièrement suspect en garde à vue du chanteur très populaire et engagé pour la paix, Kizito Mihigo, en février 2020. Paul Kagame est apparemment peu concerné par la reconnaissance par son propre ministre de la Justice, lors d’un appel vidéo enregistré, du rôle du gouvernement dans la disparition forcée, le transfert illégal et les violations des droits à un procès équitable de Paul Rusesabagina. Son procès pour terrorisme s’est ouvert le 17 février.

Plus d’un an après le décès de Kizito Mihigo, Paul Kagame a fait une vague allusion à une enquête fantoche, une tactique d’écran de fumée courante au Rwanda. « Tout est réglé par le biais de l’enquête et du tribunal », a-t-il dit. Ceci est clairement faux. Une enquête véritablement indépendante est nécessaire. Étant donné le nombre de meurtres d’opposants politiques à l’intérieur et hors du Rwanda, il n’est pas surprenant qu’une telle enquête n’ait pas encore été menée.

La France est en train de faire face à ses responsabilités pour les atrocités passées, mais elle devrait aller plus loin et s’assurer que les auteurs du génocide soient traduits en justice. Les dirigeants du Rwanda devraient reconnaître leur propre rôle dans les crimes passés et actuels. Entre-temps, Emmanuel Macron devrait veiller à ne pas  adhérer à des discours réécrivant le passé et à des présentations tronquées du présent, et s’engager à défendre les droits humains dans son pays comme à l’étranger.

Human rights Watch

La France au Rwanda: De Mitterrand à Macron, une attitude ambiguë

Le réchauffement des relations diplomatiques et politiques, entre la France et le Rwanda, de ces derniers temps m’a poussé à me faire une réflexion sur le comportement de la France au Rwanda, depuis l’intervention militaire de la France au Rwanda, dès octobre 1990 à aujourd’hui.

L’on peut légitimement se demander pourquoi la France a suivi la voie de l’humiliation face à un régime qui a choisi de montrer les muscles alors même qu’en théorie les forces sont inégales?

La France n’a pas encore reconnu son rôle dans l’instauration ou le maintient des différentes dictatures en Afrique (Gabon, Congo-Brazzaville, Togo, Bourkina-Fasso,…) ni sur dans l’assassinat de quelques leaders indépendantistes ou panafricanistes ( Thomas Sankara, Sylvanius Olympio,… ). La France n’a pas encore reconnu son rôle dans l’imposition de certains présidents comme Allasane Outtara en Côte d’Ivoire, elle n’a pas non plus reconnu son rôle dans la fabrication des crimes accusés à tort à l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo destitué chez lui par les militaires français déguisés en militaires ivoiriens aux ordres de Nicolas Sarkozy. Pour la petite histoire, Nicolas Sarkozy, alias Paul Bismuth, fait actuellement face à la justice dans plusieurs affaires dont le financement libyen de sa campagne présidentielle et l’affaire Bygmalion entre autres, alors Laurent Gbagbo a été acquitté! La France n’a pas non plus reconnu son rôle dans l’assassinat de Mouammar Kadhafi, assassinat qui a mis à genou le peuple libyen et l’a plongé dans dans une guerre civile interminable et a déstabilisé toute la région du Sahel avec son lot des groupes djihadistes et terroristes.

Alors pourquoi la France courbe-t-elle l’échine devant la petite dictature rwandaise allant jusqu’à sacrifier ses soldats ainsi que ses citoyens assassinés au Rwanda comme l’équipage du Falcoln 50 qui transportait l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, son homologue burundais Cyprien Ntaryamira avec leurs suites, qui a été abattu au dessus de Kigali dans la nuit du 06 avril 1994 ainsi que les deux gendarmes chargés d’interception des messages radio, Jean-Paul Maïer et Alain Didot, assassinés à Kakiru en avril 1994 par un commando du FPR d’après le livre de Pierre Péan, “Noires Fureurs, Blancs menteurs”?

Pour bien comprendre certaines choses il m’a fallu lire le Rapport Duclert commandé par le président Emmanuel Macron et lui remis le 23 mars 2021 par le professeur Vincent Duclert; rapport qui a relancé les relations entre la France et le Rwanda et à la suite duquel les présidents français et rwandais se sot rendus mutuellement visite pour marquer ces retrouvailles. Rappelons au passage que le Rwanda avait rompu ses relations diplomatiques avec la France, suite à l’accusation et aux mandats d’arrêt émis contre des proches de Paul Kagame par le juge anti-terroriste Jean-Louis De Bruguière, dans le dossier de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana au printemps 1994 au Rwanda. Avec la victoire du président Nicolas Sarkozy, un ami personnel de Paul Kagame en la personne de Bernard Kouchner, était devenu ministre des Affaires étrangères et avait conseillé au gouvernement rwandais de laisser faire un simulacre d’arrestation de l’une des personnes visées par les mandats d’arrêt émis par le juge Jean-Louis De Bruguière pour accéder au dossier et le détruire sans jamais se présenter autrement devant la justice. Ce rôle fut confié au Colonel Rose Kabuye, ancienne conseillère de Paul Kagame. Elle fut arrêtée en Allemagne le 09 novembre 2008 et livrée à la France pour être inculpée. Le stratagème fonctionna correctement et après que les avocats des 9 personnalités rwandaises accusées par le juge De Bruguière ont pu accéder au dossier, Rose Kabuye rentra dans son pays comme une héroïne, une Jeanne d’Arc rwandaise. La suite est connue: le successeur de Jean-Louis De Bruguière, Marc Tréviduc ainsi que ses successeurs les juges Nathalie Poux et Jean-Marc Herbaut, finissent par ordonner un non lieu, un non lieu dont les motivations politiques ne sont pas difficiles à déceler.

Le Rapport Duclert est donc une suite logique au démantèlement du dossier de l’attentat.
Mais ce qui m’a fait réfléchir sur ce comportement c’est qu’en lisant ce rapport, je me suis rendu compte de certaines choses étranges:

  • La France n’a vraiment jamais voulu apporter une aide décisive aux Forces Armées rwandaises (FAR) pour qu’elles viennent au bout de la rébellion du FPR: les différentes demandes du président Habyarima pour disposer d’une supériorité aérienne (hélicoptères) et des moyens d’artillerie, ont toujours été refusées,
  • La France s’est toujours contentée d’empêcher l’effondrement des FAR, sans vouloir réellement qu’elles prennent le dessus,

-Même cette aide à demi-teinte accordée par le président Mitterrand au président Habyarimana était conditionnée à des concessions multiples et des avancées démocratiques que le président rwandais a toujours acceptées allant jusqu’à nommer un gouvernement d’opposition qui lui était hostile en temps de guerre,

-Contrairement à certaines rumeurs, ce n’est pas le docteur Nsengiyaremye Dismas, premier-ministre d’alors, qui a chassé les Français du Rwanda mais la France qui se cherchait une sortie honorable, a offert ce départ au FPR tout en l’encourageant à une solution négociée avec le gouvernement rwandais,

-Les boîtes noires du Falcoln 50 abattu au dessus de Kigali avaient disparus de la circulation avant d’être retrouvées dans les placards des Nations Unies à New York, alors que ces boîtes avaient été récupérées par Paul Barril, un “mercenaire” français qui travaillait avec les services de renseignement extérieurs français,….

Tout ceci m’emmène donc à me poser sérieusement la question de savoir si la France n’est pas impliquée, elle ou certains de ses “agents”, dans cet attentat qui est l’élément déclencheur du génocide, avec des plans qui auraient peut-être mal tourné?
En lisant le rapport Duclert, on a comme impression que même aux yeux de certains responsables français, Habyarimana apparaissait comme l’obstacle majeur à la paix et à la démocratisation du pays, ce qui, évidemment était un lecture biaisée.

Sinon, comment diantre, un grand pays comme la France, pays des droits de l’Homme peut-elle sacrifier la vérité judiciaire, sacrifier la vérité historique, sacrifier l’honneur de ses soldats et ses hommes politiques dans le seul but de normaliser les relations avec un pays qui n’a même aucun intérêt économique ou stratégique pour la France? Les accusations de participation au génocide ne résistent pas à l’analyse et aux preuves et les menaces maintes fois brandies par le Rwanda d’inculper les haut responsables français pour génocide ou complicité de génocide n’auraient pas abouti à des condamnations devant un tribunal indépendant. Par contre, si le FPR possède des éléments qui vont dans le sens de ma supposition, cela peut faire l’effet d’une bombe et pousser le gouvernement Macron à tout faire pour normaliser les relations avec le Rwanda et enterrer une vérité qui risquerait de faire beaucoup de dégâts.
J’espère que d’autres mèneront cette réflexion qui pourra conduire à une validation ou non de cette thèse.

Emmanuel Mwiseneza, le 18 juin 2021

FACE AU MANQUE DE MAIN D’OEUVRE À VENIR, L’EUROPE DOIT RECOURIR À L’IMMIGRATION, ESTIME UNE ÉTUDE

Des travailleurs sur le chantier d'un stade au Qatar en décembre 2019

Le problème est simple: l’Europe comptera 95 millions de travailleurs de moins en 2050 qu’en 2015.

Face à ce manque de main d’oeuvre, des tensions budgétaires importantes et un ralentissement de la croissance économique pourront être observés, selon une étude du Center for Global Development qui préconise le recours aux migrants d’Afrique.

Les raisons sont connues: population vieillissante et niveaux insuffisants de migration, selon cette étude publiée lundi, et fondée notamment sur les projections démographiques des Nations Unies et les données sur les flux migratoires internationaux.

“Les Européens vivent plus longtemps et ont moins d’enfants. Cela réduit la population en âge de travailler tout comme le nombre de retraités augmente”, résume Charles Kenny, auteur de l’étude et chercheur principal au Center for Global Development.

Les européens font moins d’enfants

“Cela risque de mettre à rude épreuve les systèmes de protection sociale et le filet de sécurité sociale”, a-t-il ajouté.

Pour l’heure, les projections font apparaître que si le statu quo est maintenu en termes de population, seul un tiers du manque de main-d’oeuvre pourrait être comblé. Les estimations font apparaître un besoin de 7 millions de personnes pour l’Allemagne, 3,9 millions pour la France et 3,6 millions pour le Royaume-Uni.

“Cela suggère la nécessité d’un changement urgent si l’Europe veut éviter une crise du vieillissement”, souligne le Center for Global Development dans un communiqué.

Les chercheurs ont passé au crible les réponses potentielles telles que l’augmentation de la participation des femmes et des travailleurs âgés au marché du travail, l’automatisation et l’externalisation. “Mais aucun ne sera suffisant”, selon cette étude.

Ni l’inclusion des femmes sur le marché du travail, ni le prolongement de l’âge de la retraite, ne seront suffisants.

Et des pays comme l’Allemagne, à la pointe de l’automatisation, montrent que les robots ne réduisent pas la demande globale d’emplois.

“La migration est la seule réponse”

En revanche, avoir recours à l’immigration pourrait contribuer à rééquilibrer le rapport entre actifs et inactifs.

“La migration est la seule réponse qui peut combler le fossé”, estime même M. Kenny. Et, l’Europe a “un avantage important”, à savoir la proximité avec l’Afrique.

Les projections indiquent que le continent doublera sa population en âge de travailler pour atteindre 1,3 milliard d’ici 2050.

Les chercheurs soulignent que seulement 4% du boom de la main-d’oeuvre africaine migrera vers les pays à revenu élevé pour y travailler d’ici 2050, et seulement 1 migrant sur 4 vers l’UE ou le Royaume-Uni viendra d’Afrique.

“L’Afrique compte un nombre croissant de jeunes motivés et instruits pour s’épanouir en Europe, mais trop peu d’opportunités chez eux. L’Europe compte trop peu de personnes pour occuper les emplois nécessaires”, constatent les chercheurs.

“Bruxelles et Londres devront prendre conscience de la véritable crise migratoire: il n’y a pas assez de migrants”, commente enfin M. Kenny.

Mais en Europe, les politiques se heurtent à la réticence d’une frange importante de leur population à l’arrivée de nouveaux migrants.

OC avec AFP

Bfmtv

Scandale à l’ambassade des Pays-Bas au Rwanda.

La gouvernance rwandaise, ou, autrement et proprement dit, la dictature rwandaise, devient de plus en plus extrêmement gênante. Persécuter tous ceux qui lèvent la voix contre les injustices, ou les faire taire à tout prix, ce sont des méthodes qu’on a du mal à imaginer dans des pays démocratiquement avancés. Que ces méthodes soient mises en œuvre dans l’ambassade des Pays-Bas, on ne peut que s’en inquiéter.

Tout commence par des twitts d’une activiste des droits de l’homme, Denise Zaneza, qui informe l’ambassade des cas de violations de droits fondamentaux. Habituellement, c’est la meilleure façon de demander l’intervention des autorités diplomatiques, dont une simple réaction suffirait, ne fût-ce que signaler que “nous sommes au courant de”, ou encore, “nous suivons de près”…, des propos qui, on l’a vu, dissuadent souvent les violeurs de droits.

Sauf que cette fois-ci, le compte Twitter de l’activiste en question est bloqué par les employés de l’ambassade, exactement, comme le font les agents de l’état rwandais. Ou bien, pourrait-on en déduire que l’ambassade des Pays-Bas au Rwanda est sous le contrôle des services secrets rwandais ?

L’activiste, têtue dans sa passion, ne baisse pas les bras. Elle demande des explications au ministère des affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas.

Donc, c’est de cette manière dont se comportent les employés de l’ambassade quand on leur parle des injustices au Rwanda !?

C’est très décevant et honteux de la part d’un pays démocratique comme le Royaume des Pays-Bas. Vous ne devriez pas fermer les yeux sur les violations des droits humains. Le Ministère des affaires étrangères ne peut pas tolérer cette attitude“, dit l’activiste dans son twitt en taguant le ministère des affaires étrangères des Pays-Bas.

Le ministère des affaires étrangères répond à l’activiste, et promet de mener une enquête pour savoir ce qui s’est réellement passé.

Un jour après, le ministère revient sur cette affaire scandaleuse.

Merci d’avoir patienté. L’affaire a été examinée en interne, on n’a pas pu vérifier les circonstances entourant le blocage de votre compte, mais nous tenons à vous informer du déblocage de votre compte maintenant”, signale le ministère.

A ce que l’on voit, l’employé qui avait bloqué le compte en question aurait réalisé la gravité de son acte, et aurait procédé au déblocage avant que ses supérieurs ne lui tombent dessus. Sûrement, quelque chose lui échappe. Avec la technologie à jour, une telle chose finit par être dévoilée. It is a matter of time.

Avec la politique d’apartheid en place à Kigali, les employés d’origine rwandaise dans toutes les ambassades à Kigali, sont minutieusement sélectionnés sans que les hautes autorités diplomatiques ne s’en aperçoivent. Certains de ces employés sont en même temps à la solde des services secrets rwandais.

Ils demandent l’institution de la journée nationale en l’honneur de l’opération Turquoise

C’est ce qu’on lit, notamment, dans la lettre que le Parti d’opposition rwandaise en exil, Ishema Party, a adressée au président français, Emmanuel Macron , le 08 juin 2021. L’objet de la lettre était de présenter leur point de vue quant à la démarche de normalisation des relations diplomatiques entre le Rwanda et la France. C’est cette démarche qui a occasionné la mise sur pied d’une commission d’enquête sur les archives avec l’objectif de donner la lumière sur ce qui aurait été le rôle de l’état français dans le génocide de 1994. La conclusion de cette enquête annoncée est que la France a des responsabilités accablantes mais que rien ne prouve sa complicité. La sortie du rapport de cette enquête a été suivie par la visite de Monsieur Macron à Kigali.

Tout en saluant cette volonté de normaliser les relations des deux pays après plus de deux décennies en brouille, notre parti considère que cette normalisation recherchée ne devrait pas se faire à n’importe quel prix”. Les leaders du Parti s’indignent du compromis apparent que les autorités françaises sont prêtes à faire pour gagner la confiance de l’état rwandais.

En effet, le Rwanda reste champion de non-respect et de violation des droits fondamentaux des citoyens.  Sans répéter le contenu des rapports des Organisations Non Gouvernementales internationales et des pays partenaires du Rwanda à l’instar des États-Unis d’Amérique, le régime de Kigali qui habituellement traitent les Hutus de citoyens de seconde classe, s’attaque finalement aux Tutsis qui se plaignent de cette injustice faite à l’encontre de leurs compatriotes Hutus. ” Et comme exemple, ils citent “le cas de Kizito Mihigo, le chantre assassiné dans sa cellule de garde à vue à Kigali est toujours d’actualité. Monsieur Karasira Aimable a été arrêté immédiatement après votre retour de Kigali comme si vous veniez de bénir en aval, cet acte de lâcheté.” se lamentent les dirigeants du Parti présidé par Madame Nadine Claire KASINGE.

La normalisation des relations entre les deux pays, à notre avis, ne se traduit pas par la réouverture du centre culturel français et de l’ambassade à Kigali, mais plutôt par l’effort de pacification, de réconciliation profonde entre les Rwandais, quitte à assumer le rôle d’un garant des accords entre les belligérants. Cela est possible seulement si toute la vérité est exposée et si on cesse de voir les Rwandais dans le miroir victimes-bourreaux. Ici, la vérité sur ce qui est bien connu comme élément déclencheur de la tragédie au Rwanda de 1994 a une importance capitale.  C’est ici que la France doit assumer sa responsabilité et inviter les autres pays à faire de même pour que cette vérité qu’on s’efforce d’ignorer soit reconnue et soit à la base d’un dialogue franc et sincère entre les Rwandais.”

Avant de clôturer leur lettre ouverte, les leaders du Parti demandent au président de résister fortement aux diffamations lancées contre les militaires de l’opération Turquoise, qui , selon eux , méritent une journée nationale en leur honneur.

“Les détracteurs et ennemis communs aux Rwandais et aux Français ont cherché à salir l’image de l’opération Turquoise et, au nom de la grandeur de votre pays, il vous revient de résister fortement à ces diffamations, rendre hommage aux troupes du Général Jean-Claude Lafourcade, en décrétant, à minima, un évènement annuel en leur honneur.”

Deux autres points importants son évoqués dans cette lettre, le génocide contre les Hutus et la justice pour le victimes des crimes du Front Patriotique Rwandais (FPR). Sur ce dernier point, une liste non-exhaustive de criminels suspects est présentée au chef de l’Etat français pour demander la coopération.

“Lors de votre conférence de presse à Kigali, vous avez aussi affirmé n’être au courant que d’un seul génocide. Que vous ne soyez pas informé du génocide contre les Hutus qui a débuté avec la guerre d’octobre 1990 et qui continue à nos jours, nous osons espérer que vous ne vous livrez pas à la bataille du négationnisme dont les conséquences vous poursuivront à jamais. Votre coopération pour que justice soit faite pour les victimes des crimes commis par le FPR vous ferait entrer dans l’histoire comme l’homme qui a milité pour la dignité humaine.”

L’intégralité de la lettre est accessible ci-dessous.