Category Archives: Droits de l’homme

Appel à une enquête indépendante sur la mort du chanteur rwandais Kizito Mihigo

Lettre ouverte à tous les chefs de gouvernement du Commonwealth

Des organisations de la société civile à travers le monde demandent aux autorités rwandaises d’autoriser une enquête indépendante, impartiale et efficace sur sa mort en détention du chanteur populaire de gospel et activiste pour la paix Kizito Mihigo. Alors que vos gouvernements marquent la journée du Commonwealth aujourd’hui et s’apprêtent à participer au sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth à Kigali en juin, nous vous écrivons pour vous demander de vous engager auprès de vos homologues du gouvernement rwandais afin de soutenir cet appel.

Le 14 février 2020, le Bureau d’enquête rwandais (RIB) a confirmé que Mihigo avait été arrêté près de la frontière. Il était accusé de tentative de passage illégal au Burundi, d’avoir rejoint des groupes « terroristes » et de corruption, ainsi que d’avoir violé les conditions de sa libération de prison en 2018. Quelques jours plus tard, le 17 février 2020, la police nationale rwandaise annonçait que Mihigo avait été retrouvé mort à 5 heures du matin, dans sa cellule au poste de police où il était détenu à Kigali, à la suite d’un suicide présumé.

Il y a pourtant des raisons de douter de cette version des faits. Au Rwanda, les dissidents et les voix critiques font souvent l’objet de menaces, de harcèlement judiciaire et d’arrestations arbitraires. Ces dernières années, plusieurs membres de l’opposition et journalistes ont disparu ou ont été retrouvés morts dans des circonstances suspectes. Après avoir publié en 2014 une chanson dans laquelle il faisait part de sa compassion pour les victimes du génocide et d’autres violences, chanson interprétée comme une référence aux crimes commis par le Front patriotique rwandais lors de sa prise de contrôle du pays en 1994, Mihigo a été menacé, détenu au secret pendant 9 jours et ensuite poursuivi pour complot contre le gouvernement, entre autres chefs d’inculpation. Le 27 février 2015, il a été reconnu coupable et condamné à 10 ans. Après sa grâce présidentielle et sa libération en 2018, et jusqu’aux jours qui ont précédé sa mort, Mihigo a informé ses contacts qu’on le menaçait pour qu’il fasse des faux témoignages contre les opposants politiques au gouvernement et qu’il voulait fuir le pays car il craignait pour sa sécurité.

L’annonce de la mort de Mihigo a provoqué une onde de choc au Rwanda et au-delà de ses frontières. Avant de perdre les faveurs du gouvernement en 2014, Mihigo avait joué un rôle important dans la vie publique rwandaise, notamment en participant à la composition du nouvel hymne national en 2001 et en chantantrégulièrement lors de cérémonies officielles. Le travail de Mihigo – lui-même un rescapé du génocide – pour promouvoir la réconciliation a reçu une reconnaissance tout aussi importante ; en 2011, par exemple, la première dame Jeannette Kagame lui a remis un prix « Célébrons les jeunes Rwandais » en hommage à son travail.

Selon l’Observation générale n°3 sur l’article 4 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, « Lorsqu’une personne meurt dans un centre de détention de l’État, ce dernier est présumé responsable et il lui incombe de prouver que sa responsabilité n’est pas engagée moyennant une enquête rapide, impartiale, approfondie et transparente menée par un organisme indépendant ». De même, la version révisée du Manuel des Nations Unies sur la prévention des exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et les moyens d’enquête sur ces exécutions (le Protocole du Minnesota), prévoit qu’il existe une présomption générale de responsabilité de l’État pour un décès en détention, sauf preuve du contraire, et souligne que cela est particulièrement vrai dans les cas où la personne décédée « était, avant sa mort, un opposant politique au gouvernement ou un défenseur des droits de l’homme ; elle souffrait de problèmes de santé mentale reconnus ; ou elle s’est suicidée dans des circonstances inexpliquées ».

Le jour où la mort de Mihigo a été annoncée, et avant qu’une enquête indépendante n’ait pu être menée, la porte-parole du RIB, Marie-Michelle Umuhoza, a déclaré aux médias rwandais que Mihigo s’était « étranglé » avec les draps de son lit, qu’il avait fait preuve d’un « comportement inhabituel » pendant sa détention et qu’il avait refusé de parler aux enquêteurs, à son avocat et à sa famille. Le 26 février, citant un rapport d’autopsie, l’Organe national de poursuite judiciaire a conclu que la mort de Mihigo « résultait d’un suicide par pendaison » et a déclaré qu’il n’engagerait pas de poursuites pénales.

Mihigo est l’un de plusieursdétenus à être mort dans des circonstances suspectes lors de sa détention au Rwanda ces dernières années. Des enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces, susceptibles de déboucher sur des poursuites crédibles, sont essentielles pour dissuader de futures violations des droits et promouvoir la responsabilité, la justice et l’État de droit. Le fait de ne pas mener de telles enquêtes constitue une violation des obligations de l’État au titre du droit à la vie.

Pour que justice soit faite pour la mort de Mihigo, les autorités rwandaises devraient permettre à un organe indépendant de mener une enquête impartiale, approfondie et transparente.

Dans la Charte du Commonwealth de 2013 les États membres ont réaffirmé leurs valeurs et principes fondamentaux, notamment la défense des droits humains, la liberté d’expression, l’État de droit et le rôle de la société civile. La tenue du sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth au Rwanda sans aborder l’absence de progrès des autorités rwandaises en matière de justice pour les violations des droits humains en général, et la mort de Mihigo en particulier, jette de sérieux doutes sur les engagements du Commonwealth en matière de droits humains.

Dans l’intérêt des droits humains au Rwanda et de l’intégrité du Commonwealth, nous vous demandons instamment de soutenir l’appel lancé aux autorités rwandaises pour qu’elles autorisent une enquête indépendante, impartiale et efficace sur la mort de Mihigo en détention.

Très sincèrement,

  1. Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France)
  2. African Child Care Network ACCN
  3. AfricanDefenders
  4. AfricTivistes
  5. Amnesty International
  6. Article 19 Eastern Africa
  7. Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA)
  8. Australian Centre for International Justice
  9. Banglar Manabadhikar Suraksha Mancha (MASUM)
  10. Brainforest
  11. Bytes for All
  12. CIVICUS
  13. Commonwealth Human Rights Initiative (CHRI)
  14. Defend Defenders
  15. Defenders Coalition Kenya
  16. Ethiopian Human Rights Defenders Center (EHRDC)
  17. FIDH within the framework of the Observatory for the protection of Human Rights Defenders
  18. Human Rights Defenders Network-Sierra Leone
  19. Human Rights Watch
  20. Humanitarian Development Organization HDO
  21. Maldivian Democracy Network (MDN)
  22. Network of Civil Society Organizations for the Observation and Monitoring of Elections in Guinea (ROSE)
  23. Nile Initiative for Development NID
  24. Odhikar
  25. Ole Reitov, Artistic Freedom Expert
  26. PEN America
  27. PEN International
  28. Quill Foundation
  29. Robert F. Kennedy Human Rights
  30. Réseau de Défenseurs des Droits Humains de l’Afrique Centrale
  31. South Sudan Human Rights Defenders Network
  32. Southern Africa Human Rights Defenders Network (SAHRDN)
  33. The Center for Peace and Advocacy
  34. The Daphne Caruana Galizia Foundation (Malta)
  35. The Voice Project
  36. Vanguard Africa
  37. World Organisation Against Torture (OMCT), within the framework of the Observatory for the Protection of Human Rights Defenders

Contexte de l’arrestation de Kizito Mihigo

Le 27 février 2015, Kizito Mihigo a été condamné à 10 ans de prison pour complot contre le gouvernement en place ou contre le Président de la République, formation d’un groupe criminel et conspiration en vue de commettre un assassinat à l’issue d’un procès qui s’est appuyé sur des aveux qui auraient été obtenus sous la torture.

Il avait été arrêté le 6 avril 2014 et détenu au secret pendant neuf jours au cours desquels il avait déclaré que des hauts responsables du gouvernement l’avaient interrogé à plusieurs reprises sur une chanson religieuse, Igisobanuro cy’Urupfu (L’explication de la mort) écrite en mars et dans laquelle il priait pour toutes les personnes tuées, notamment les victimes du génocide et d’autres violences. Il a déclaré que ces hauts responsables l’avaient également interrogé sur ses liens présumés avec le Congrès national du Rwanda, un groupe d’opposition en exil, et que les policiers l’avaient battu et forcé à avouer les infractions dont il a été accusé par la suite devant le tribunal. Dans un enregistrement que Mihigo a réalisé le 6 octobre 2016 alors qu’il était en prison, et qui a été rendu public après sa mort, il en vient à la conclusion que ces poursuites ont été motivées par des raisons politiques, dans le but de supprimer la chanson.

Dans cet enregistrement, Mihigo décrit des rencontres avec plusieurs hauts responsables du gouvernement, qui, il a dit, lui auraient expliqué que le président n’aimait pas sa chanson et qu’il devait « demander pardon », ou risquer la mort. Dans l’enregistrement, Mihigo a décrit également sa détention au secret du 6 au 15 avril 2014, au cours de laquelle il a dit avoir été battu et interrogé par Dan Munyuza, l’inspecteur général adjoint de la police de l’époque et actuel inspecteur général de la police, qui lui a dit de plaider coupable et de « demander pardon » ou risquer une condamnation à la prison à vie. Ces allégations suggèrent que Mihigo a été victime de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que d’autres violations graves de ses droits à un procès équitable, à la liberté, à l’intégrité physique et à la sécurité.

Source : Human Rights Watch

Rwanda : Violations massives des droits de la personne.

Le Canada devrait prendre des sanctions contre des officiels du régime de Kigali.

Des ressortissants rwandais vivant au Canada font pression sur le gouvernement canadien afin qu’il adopte des mesures immédiates contre des officiels rwandais accusés d’être responsables de violations massives des droits de la personne qui sévissent dans ce pays. L’initiative vient du Congrès rwandais du Canada qui a adressé cette semaine une lettre au ministre des affaires étrangères, l’Honorable arc Garneau, lui demandant d’exercer un leadership à l’échelle internationale pour que des sanctions sévères soient prises à l’encontre des principaux chefs militaires et responsables politiques du régime rwandais réputés avoir joué un rôle dans les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, les détentions arbitraires et plusieurs morts en détention.  Sont souvent cités, entre autres, le général James Kabarebe (conseiller de Paul Kagame), le Colonel Jeannot Ruhunga (Secrétaire général du Bureau d’investigation du Rwanda), Dan Munyuza (inspecteur général de la police rwandaise), le Général Joseph Nzabamwita (chef du service de renseignements), Jean-Damascène Bizimana (Président de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide) et Johnson Busingye (ministre de la justice).

Madame Idamange Iryamugwiza Yvonne aux arrêts pour avoir exprimé ses opinions.

L’arrestation cette semaine de madame Yvonne Idamange, une jeune mère de quatre enfants, très critique du pouvoir de Kagame ainsi que la disparition préoccupante d’un jeune prodige et poète rwandais ont constitué  l’élément déclencheur de la démarche du Congrès rwandais du Canada. Les deux événements ont lieu au moment où l’on commémore  à travers le monde le premier anniversaire du meurtre du chanteur Kizito Mihigo (assassiné dans sa cellule le 17 février 2020). Tout cela arrive également au moment où s’ouvre le procès de Paul Rusesabagina. Rendu célèbre par le film « Hôtel Rwanda » et opposant au régime de Kagame, Paul Rusesabagina a été kidnappé par les autorités rwandaises qui l’accusent d’actes de terrorisme. Le Parlement européen vient de voter une résolution condamnant cette arrestation illégale et demandant une enquête internationale du cas Rusesabagina.

En janvier dernier, lors de l’Examen périodique universel qui s’est tenu au Conseil des droits de l’homme à Genève, plusieurs pays ont pointé du doigt le bilan catastrophique du Rwanda en matière des droits de la personne. Et plus récemment encore, l’ONG Freedom House a révélé comment le pouvoir rwandais est devenu l’un principaux acteurs de la répression des opposants non seulement à l’intérieur mais aussi à l’étranger, y compris au Canada. Tous ces faits nous amènent à  exprimer nos très vives préoccupations quant à la situation actuelle des droits de la personne et à l’avenir particulièrement sombre du pays. Si rien n’est fait, le Rwanda se dirige inévitablement vers une autre hécatombe. Le Congrès rwandais du Canada est convaincu que le Canada peut et doit intervenir pour changer la trajectoire prise par un régime qui s’enlise dans la dictature.

SOURCE Congrès Rwandais du Canada (CRC)

Renseignements: Pierre-Claver Nkinamubanzi, Ph.D., Président, Congrès rwandais du Canada

www.newswire.ca/fr

Bruxelles, Paris, Genève, La Haye, Lyon : les rwandais expriment leur ras le bol

Bruxelles, Paris, Genève, La Haye, Lyon : les rwandais expriment leur ras le bol
Aimée Bamukunde brandissant une pancarte à l’effigie d’Idamange devant le palais des Nations à Genève

Ce mardi 16 février 2021, à 13 heures, plusieurs centaines de rwandais ont spontanément manifesté dans plusieurs villes européennes afin de demander la libération d’Yvonne Idamange et demander que les droits fondamentaux des citoyens rwandais au pays ou en exil cessent d’être bafoués.

Des mobilisations ont simultanément eu lieu à Bruxelles, Paris, La Haye, Genève, Lyon et d’autres actions sont envisagées dans les prochains jours à Montréal,  Stockholm, Paris ou encore à Genève une nouvelle fois.

Cette mobilisation de la communauté rwandaise en exil fait suite à l’arrestation d’Yvonne Iryamugwiza Idamange pour une vidéo qu’elle a publiée ce lundi 15 février 2021 sur sa chaine YouTube et qui a déjà été vue plus de 130’000 fois en l’espace de quatre jours seulement.

Dans cette vidéo, Yvonne Idamange exprime son ras le bol de voir des jeunes talents rwandais emprisonnés, victimes de disparitions forcées ou tués « sur une base quotidienne », et cite entre autres noms, celui de Kizito Mihigo, assassiné le 17 février 2020, celui du journaliste Cyuma Hassan Dieudonné, emprisonné pour « non respect des mesures de confinement » depuis avril 2020 ainsi que celui du jeune poète Mussa Innocent Bahati porté disparu depuis le 7 février 2021.https://www.youtube.com/embed/wUf1OrNKcTA?start=1&feature=oembed

Dans son message, cette maman de quatre enfants a appelé les rwandais à se rendre à la présidence munis d’une bible pour « réclamer la démocratie au Rwanda» et la fin des abus graves des droits de l’Homme qui continuent à être régulièrement commis dans le pays.

Dans un langage très virulent à l’encontre du pouvoir en place, ou elle est allée jusqu’à qualifier le général Kagame de « cadavre » en écho à une rumeur persistante depuis plusieurs mois dans certains milieux rwandais selon laquelle Paul kagame serait décédé, l’activiste a évoqué un impérieux « besoin de changement » dans la gouvernance du pays et a appelé à plusieurs reprises dans sa vidéo, à une « révolution pacifique », à laquelle elle a appelé les « rwandais de l’extérieur » à se joindre « si vous restez les bras croisés, Dieu vous demandera des comptes ».

« Tu vas te taire, si tu ne te tais pas, ils vont te tuer, les gens parleront de ta mort une semaine et après ce sera fini »

Dans la même vidéo, Yvonne Idamange explique avoir reçu quelques jours plus tôt la visite du secrétaire d’État Edouard Bamporiki, qui lui aurait proposée, au nom de l’Etat rwandais d’acheter son silence.  Madame Idamange dit avoir en sapossession l’enregistrement de cette conversation dans laquelle le Ministre luidemande ce que l’Etat rwandais pourrait lui offrir en échange de son silenceUne proposition à laquelle elle a opposé une fin de non recevoir « Je lui ai répondu que si c’était nécessaire, je suis prête à mourir pour les enfants du Rwanda car je ne peux pas accepter de me vendre et me taire sur le sang des rwandais (…) il m’a dit, tu vas te taire, et si tu ne te tais pas, ils vont te tuer, les gens parleront de ta mort une semaine et ce sera fini ».  

Sur twitter le principal intéressé a par la suite confirmé cet entretien en ces termes « c’était ma responsabilité en tant qu’avocat et ami de la famille de lui rappeler les crimes et leurs sanctions dans la loi. Je suis fier de l’avoir fait. Sinon le temps que j’ai passé à l’école de droit aurait été vain. Nous nous connaissons depuis 2003. »https://platform.twitter.com/embed/Tweet.html?creatorScreenName=Jambonewsnet&dnt=true&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1361434237501665283&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.jambonews.net%2Factualites%2F20210219-bruxelles-paris-geneve-la-haye-lyon-les-rwandais-expriment-leur-ras-le-bol%2F&siteScreenName=Jambonewsnet&theme=light&widgetsVersion=889aa01%3A1612811843556&width=500px

Quelques heures à peine après la publication de cette vidéo, la police rwandaise annonçait son arrestation « pour de sérieux crimes comprenant « l’incitation à l’ordre public, la rébellion contre une arrestation légale et une attaque grave contre un membre des forces de sécurité », la police l’accusant d’avoir blessé l’un des policiers venu l’arrêter à la tête avec une bouteille.  

Beaucoup de rwandais ont mis sur leurs profils de réseaux sociaux la photo d’Yvonne Idamange avec comme message « ne la tuez pas, écoutez la »

Dès l’annonce de son arrestation, les réseaux sociaux rwandais se sont enflammés, plusieurs milliers de rwandais diffusant sa photo ou la mettant comme photo de profil avec souvent un même message « ne tuez pas Idamange, écoutez là ».  Le lendemain, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Bruxelles, Paris, Genève, la Haye ou Lyon pour demander la libération immédiate de la jeune femme ainsi que le respect des droits de l’Homme au Rwanda.

À Bruxelles beaucoup de manifestants avaient une bible dans une main, une photo d’Yvonne Idamange dans l’autre

A Bruxelles, environ 200 manifestants selon les organisateurs, 150 selon la police se sont rassemblés devant l’ambassade du Rwanda, pour la plupart munis d’une bible dans une main (à la demande d’Idamange) et d’une photo d’Yvonne Idamange dans l’autre.

Dans leurs slogans, les manifestants ont à plusieurs reprises exprimé leur ras le bol de voir les droits des rwandais être continuellement bafoués sans aucune réaction nationale ou internationale. « Turarambiwe, Turarambiwe, Turarambiwe »  (nous en avons assez) ont ainsi scandé les manifestants qui répétaient en boucle les noms de jeunes rwandais assassinés par le régime ou portés disparus à l’instar de Mussa Innocent Bahati, le dernier nom en date à s’être ajouté sur cette trop longue liste de personnes portées disparues au Rwanda.https://www.youtube.com/embed/w9_pYNXmFYw?start=588&feature=oembed

A d’autres reprises les manifestants ont scandé le mot « révolution » en écho à l’appel d’Idamange d’avoir une « révolution pacifique » au Rwanda. Ils exigeaient la libération de Yvonne Idamange ainsi que des autres prisonniers politiques au Rwanda. A la veille de la commémoration de l’anniversaire de l’assassinat de Kizito Mihigo, les manifestants ont terminé leur événement dans le recueillement, en entonnant un couplet de la chanson Igisobanuro cy’urupfu, celle-là même qui qui fut à l’origine du long chemin de croix de l’artiste chrétien.

« Je me suis levée pour ceux au Rwanda qui ne peuvent pas le faire »

Ganishya Runyinya, une des participantes à la manifestation à Bruxelles explique avoir voulu manifester car elle a été frappée par le fait de voir “une mère célibataire de quatre enfants qui a l’air d’avoir tout, qui semble faire partie de la classe privilégiée du Rwanda se lever et laisser de côté son privilège pour parler au nom de tous les rwandais en étant consciente des risques qu’elle encourt. »

Le fait que Yvonne Idamange, s’est montrée prête à tout sacrifier y compris sa vie pour s’exprimer, ajoute Ganishya Runyinya, « montre que les rwandais en sont arrivés à un point de non retour. Son action de refuser de vivre dans son confort en gardant les yeux fermés sur la détresse de la population rwandaise me fait penser à la phrase prononcé par Kizito Mihigo dans l’une des dernières vidéos qu’il a enregistrées avant son assassinat dans laquelle il explique qu’il préfère mal vivre,  vivre difficilement, mais en étant libre intérieurement que de faire ce qu’ils veulent, mais en étant vraiment enchainé, sans être lui-même. » https://player.vimeo.com/video/512280075?dnt=1&app_id=122963

C’est ce « sacrifice de soi » qu’Idamange a fait pour les rwandais, continue Ganishya, « qui m’a poussé à ne pas rester les bras croisés. Je sais très bien qu’au Rwanda personne n’allait aller à la présidence comme elle l’avait demandé et ce en raison du climat de peur qui y règne, mais moi je n’ai aucune raison d’avoir peur. La ou je vis, j’ai la possibilité de faire le geste que ceux au Rwanda ne peuvent pas faire en raison des craintes pour leur vies. Je me suis levée pour ceux qui ne peuvent pas le faire. »

À Paris , les manifestants se sont rassemblés au Parc de Monceau

A Paris, les manifestants se sont rassemblés aux alentours de 12h au Parc de Monceau à proximité de l’ambassade du Rwanda. Vers 13h, une délégation, de quatre personnes ont approché pour déposer leur message dans les boutes de l’ambassade. Les autres devant rester en retrait en raison des mesures de confinement imposées en France.

Marie Jeanne Rutayisire, une des manifestantes explique s’être mobilisée « afin de contester les injustices qui se passent eu Rwanda, et soutenir Idamange qui réclame les droits pour tous les rwandais. »

« Le courage d’Idamange m’a émue et inspirée »

A Genève, des personnes venant de différents cantons, se sont rencontrés à la place de la Nation devant le palais des Nations Unies à 13 h avec des photos d’Idamange, des photos d’autres prisonniers, ainsi que celles de personnes victimes de disparitions forcées. Une délégation s’est ensuite rendue devant l’ambassade du Rwanda avant de revenir à nouveau place des Nations.

Aimée Bamukunde, dont la photo d’elle brandissant une pancarte à l’effigie d’Idamange en face du palais des Nations est vite devenue virale, explique s’être mobilisée  car « en tant que rwandaise », elle se sent concernée par ce qui se passe à l’intérieur du pays et par tous les problèmes qu’Idamange a cités. « On peut ne pas être d’accord avec tout ce qu’elle a dit mais son courage m’a émue et inspirée encore plus. Idamange aurait pu être ma grande sœur, ma cousine, ma voisine, c’est cette force d’une maman de quatre enfants qui met de coté sa propre vie et qui parle pour tout son peuple qui m’a poussée à me mobiliser pour elle. C’est cela que je recherche et qui m’inspire, ces femmes qui osent dire tout haut ce que le gens pensent mais n’osent pas dire. »

Au delà du courage d’Idamange, c’est la forme et le contenu du discours de la jeune femme qui semble avoir marqué Aimée Bamukunde « elle était méthodique,  organisée, et parlait dans un langage clair. Elle parlait des problèmes que les rwandais vivent. Bien qu’elle ne soit pas elle –même dans le besoin, elle parlait pour les plus démunis. Elle a parlé pour tous les rwandais non seulement ceux à l’intérieur mais aussi ceux à l’extérieur du pays et c’est cela qui m’a frappé.

La jeune femme explique avoir été séduite par le caractère « inclusif » du discours d’Yvonne Idamange « personnellement ma cause, ce sont les enfants rwandais dans les camps de réfugiés à l’extérieur du pays qu’on a tendance à oublier. Quand elle s’adresse à « chaque rwandais ou qu’il soit », aucun enfant du Rwanda n’est exclu, c’est son discours inclusif qui m’a séduite. Des gens ayant vu ma photo circuler me disent merci de faire ceci, moi j’ai plutôt envie de dire merci à elle, merci à toutes ces mamans qui font en sorte que les choses changent, c’est une héroïne. »

« Je me suis reconnue en elle »

À La Haye, les manifestants se sont rassemblés à « Plein » devant le parlement néerlandais brandissant des photos d’Idamange.

A La Haye, les manifestants se sont rassemblés à « Plein » devant le parlement néerlandais brandissant des photos d’Idamange.

Gloria Uwishema, une des manifestantes explique s’être mobilisée car d’une part elle s’indignait de voir une rwandaise persécutée pour sa liberté d’expression  «il n’y avait pas de raisons de la persécuter. Son cas montre justement qu’il y’a un grand manque d’espace d’expression au Rwanda ». D’autre part, Gloria Uwishema explique s’être mobilisée en tant que femme, afin de soutenir une femme de sa génération, ayant des enfants comme elle et « qui est parvenue à dire les problèmes des rwandais. Idamange n’arrive pas à s’imaginer le Rwanda de demain, pour elle mais surtout pour ses enfants, elle s’inquiète de l’avenir et du chemin que notre pays est entrain d’emprunter. Je me suis beaucoup reconnue en elle. »

Dans la foulée de la manifestation, Prosper Shima, jeune rwandais habitant également aux Pays-Bas et qui organisait le rassemblement, ne s’est pas arrêté à ce rassemblement et envoie depuis lors des courriers signés par près d’une centaine des personnes aux différents pays partenaires du Rwanda « nous avons déjà écrit  à  différentes ambassades qui se trouvent au Rwanda, à la Mission européenne à Kigali, à l’ambassade des Etats-Unis, à l’ambassade des Pays-Bas en leur demandant  d’exhorter les autorités rwandaises  à respecter les droits fondamentaux des rwandais ainsi que le droit à la liberté d’expression de Madame Idamange. »

« On en a marre, on veut soutenir les rwandais qui souffrent de ce système qui les écrase dans tous les sens »

À Lyon, les manifestants se sont rassemblés place Bellecour

A Lyon, les manifestants se sont rassemblés sur la place Bellecour à 13h tapante pour «pour dénoncer la violation des droits humains et soutenir la démocratie au Rwanda ».   Vu le court délai, certains ayant été prévenus le matin même, les manifestants se sont retrouvés sans affiches d’Idamange mais avec une bible comme elle l’avait demandé.  

Léon Ruhungira qui fut parmi les personnes qui se sont mobilisées, explique l’avoir fait pour « soutenir la liberté de parole au Rwanda et manifester contre l’injustice qui frappe les rwandaisOn en a marre, on veut soutenir les rwandais qui, au pays, en ont marre et osent parler. On veut soutenir les rwandais qui souffrent de ce système qui les écrase dans tous les sens. Il est temps que ça change. »

« On ne va pas s’arrêter tant que la situation ne change pas »

Quatre jours après l’arrestation de la Youtubeuse, l’émotion reste vive au sein de la communauté rwandaise et la mobilisation autour de son cas ne montre aucun signe d’essoufflement.

Dans les foras rwandais, malgré l’actualité particulièrement chargée des derniers jours, Yvonne Idamange continue à être le principal sujet de discussions et plusieurs émissions YouTube continuent à lui être consacrées quotidiennement.

La mobilisation ne faiblit pas et des nouvelles manifestations sont annoncées ce week-end, à Paris, Genève, Stockolm et même au Canada. Une grande « manifestation virtuelle » est également annoncée pour le 28 février.

Diane Gasana, jeune rwandaise vivant en Suisse et qui est parmi les organisateurs de la manifestation de samedi à Genève explique vouloir à nouveau se mobiliser car « ça va trop loin. On a été touchés par l’arrestation d’une mère célibataire. Tout ce qu’elle a fait c’est dénoncer les défaillances du système. Pour nous, s’exprimer n’est pas un crime. »

Mardidernier, elle faisait partie des manifestants qui se sont rendus devant le Palais des Nations à Genève ainsi qu’à l’ambassade du Rwanda  « Ce qui m’a choquée est que quand nous sommes arrivés à l’ambassade, ils nous ont regardé par la fenêtre et aucun d’eux n’a daigné venir écouter nos revendications. Pourtant nous n’étions ni nombreux, ni menaçants, on a ressenti cela comme un méprisOn ne va pas s’arrêter jusqu’à ce que l’Etat nous entende ou que la situation au Rwanda change ».

A côté de ces gestes de soutien, une récolte de Fonds a été lancée afin d’aider Yvonne Idamange pour ses frais judiciaires et soutenir ses quatre enfants. En seulement quatre jours, la cagnotte atteint déjà près de 20 000 dollars et les dons continuent à affluer.

https://www.gofundme.com/f/support-for-idamange

Ruhumuza Mbonyumutwa

Jambonews.net

Source : jambonews.net

RBB exige la libération immédiate et sans conditions de Madame Yvonne Iryamugwiza Idamange.

Communiqué sur la situation sécuritaire de Madame Idamange Yvonne.


Usant de sa liberté d’expression, Madame Yvonne Iryamugwiza Idamange a publié des vidéos sur sa chaîne YouTube dans lesquelles elle s’est montrée critique des mesures impopulaires prises par le gouvernement de Kigali pour contrer la pandémie du Covid-19. Elle a ensuite subi de nombreuses menaces de mort à peine voilées de la part de personnalités du régime qui l’ont qualifiée d’Interahamwe et de négationniste, alors qu’elle est elle-même une rescapée du génocide. Son enfant mineur a même été porté disparu pendant vingt-quatre heures avant d’être retrouvé vivant. Il a confirmé avoir été séquestré par la police rwandaise.

Le matin du 15 février 2021, sur sa chaîne YouTube, Madame Idamange a diffusé une autre vidéo dans
laquelle elle a dénoncé le harcèlement, l’intimidation et les menaces de mort dont elle a été l’objet de
la part de la police rwandaise. Aussitôt après avoir délivré son message, elle a été violemment
attaquée à son domicile puis arrêtée arbitrairement par un groupe d’agents de police.

Connaissant les méthodes criminelles du régime de Kigali à l’égard de toute voix critique, le Cadre de
Concertation – Rwanda Bridge Builders (RBB) – craint le pire et voudrait attirer l’attention de la
communauté internationale sur les atteintes à la sécurité de Madame Idamange.

Le Cadre de concertation met en garde le régime de Kigali sur son modus operandi consistant à tuer
ses opposants en faisant croire à l’opinion qu’ils se sont suicidés.
Le Cadre de Concertation – Rwanda Bridge Builders (RBB) – demande particulièrement aux pays qui
soutiennent financièrement le régime de Kigali d’exercer des pressions sur le gouvernement rwandais, afin qu’il cesse de harceler et d’intimider cette mère de 4 enfants.
Le Cadre exige la libération immédiate et sans conditions de Madame Yvonne Iryamugwiza Idamange,
afin qu’elle continue de jouir sans entraves de ses droits fondamentaux. En tout état de cause, le
régime de Kigali sera tenu responsable de tout ce qui pourrait arriver à Madame Yvonne Idamange.

C’est ici l’occasion de rappeler qu’un autre activiste de la réconciliation nationale, le poète Innocent Bahati est toujours porté disparu depuis une semaine, après un rendez-vous avec un agent de la police rwandaise.
Cette campagne de terreur arrive au moment où les Rwandais commémorent la mort de l’artiste chanteur Kizito Mihigo, chantre de la réconciliation nationale, lui aussi assassiné il y a un an jour pour jour par le régime de Paul Kagame. Le 17 février 2020, la police avait annoncé la mort de Kizito Mihigo, arrêté trois jours plus tôt aux motifs qu’il se préparait à fuir le pays. Le porte-parole de la police rwandaise avait ensuite prétendu que le chanteur s’était suicidé dans sa cellule, au poste de police de
Remera, à Kigali.

Malgré l’insistance de plusieurs organisations rwandaises et internationales de défense des droits
humains, le gouvernement rwandais s’est toujours opposé aux demandes d’une enquête internationale
indépendante pour identifier les vraies circonstances de l’assassinat de notre héros national, Kizito Mihigo.


Fait le 15 février 2021.

Les signataires :

  1. Action citoyenne pour la Paix
  2. Amahoro-PC
  3. Association des rescapés du génocide des réfugiés rwandais au Congo (Ex-ZaïreRDC) ARGR-
    Intabaza
  4. Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR)
  5. Comité pour l’Unité, la Paix et la Réconciliation au Rwanda (CUPR)
  6. Congrès rwandais du Canada (CRC)
  7. Convention Nationale Républicaine (CNR-Intwari)
  8. Comité de Suivi de la Problématique des Réfugiés Rwandais (CSPR)
  9. COVIGLA, Collectif des victimes des crimes de masse commis dans la région des grands lacs
    africains
  10. Democratic Rwanda Party, DRP-ABASANGIZI
  11. FDU-Inkingi
  12. Fondation Ibukabose-Rengerabose, Mémoire et Justice pour tous
  13. Global Campaign for Rwandans Human Rights
  14. Global Voice of Rwandan Refugees (GVRR)
  15. Groupe d’initiative France-Rwanda (GIFR)
  16. Inganzo Gakondo
  17. Initiative du Peuple pour l’Alliance Démocratique (IPAD-Umuhuza)
  18. Initiative Humanitaire pour la région des grands lacs (IHRGL)
  19. Initiative HUMURA
  20. Institut Seth Sendashonga pour la Citoyenneté Démocratique ISCID asbl
  21. JAMBO asbl
  22. Liberté d’Expression Culture et Paix, LECP Info
  23. Mouvement Républicain pour la Paix et le Progrès, MRP
  24. NSADO Norway
  25. Observatoire des Droits de l’Homme au Rwanda (ODHR)
  26. Organization for Peace, Justice and Development in Rwanda and Great Lakes Region (OPJDR)
  27. Pacte Démocratique du Peuple (PDP-IMANZI)
  28. PS Imberakuri
  29. Réseau International pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme au Rwanda
    (RIPRODHOR)
  30. RNC-Ihuriro
  31. Rwanda National Forum (RNF)
  32. Rwandan Alliance for the National Pact (RANP-Abaryankuna)
  33. Rwandan American Youth Association
  34. Rwandan Platform for Dialogue, Truth, and Justice (RDTJ)
  35. RFN NORWAY, FORUM RWANDAIS NORVEGE
  36. United Freedom Fighters (UFF-INDANGAMIRWA)
    RBB Contact address: rwandabridgebuilders@gmail.com

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Madame Idamange Iryamugwiza Yvonne a besoin d’être protégée.

A L’ATTENTION DE LA PRESSE, DU CORPS DIPLOMATIQUE ET DES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME

CONCERNE : Campagne de lynchage à l’encontre de Madame Idamange Iryamugwiza Yvonne.

  1. « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » (Déclaration universelle de Droit de l’homme de 1948, article 19).
  2. « La liberté de presse, d’expression et d’accès à l’information sont reconnues et garanties par l’Etat. » (La Constitution de la république du Rwanda de 2003 révisée en 2015, article 38, alinéa 1).
  3. En vertu de ces droits ci-haut cités, en date du 31 janvier 2021, Madame Idamange Iryamugwiza Yvonne a diffusé un message dans lequel elle exhortait les autorités rwandaises à prêter l’oreille au cri du peuple impacté négativement par les mesures décrétées dans le but d’endiguer la covid-19. Elle n’a pas raté l’occasion pour poser des questions dans les domaines de l’éducation et la liberté à la religion, entre autres, qu’elle partage avec beaucoup d’autres Rwandais.
  4. En guise de réaction le gouvernement rwandais a orchestré une campagne de lynchage à travers les réseaux sociaux et plateformes pro-gouvernementaux à l’encontre de cette dame courageuse visant à la faire taire et à démoraliser quiconque aurait l’intention de l’imiter. Cette campagne devient de plus en plus tenace et menace la sécurité et la vie de Madame Idamange
  5. Madame Idamange Iryamugwiza Yvonne rejoint la liste longue d’autres acteurs qui ont été victimisés pour avoir osé parler des injustices que le peuple rwandais endure dans leur quotidien. Certains d’entre eux ont payé de leur vie : Feu Kizito Mihigo a été assassiné en 2020 après avoir chanté la nécessité d’abandonner la discrimination mémorielle entre les victimes du génocide et celles des autres crimes.  D’autres ont subi des conséquences diverses : Monsieur KARASIRA Aimable, un professeur en informatique a été licencié par l’université pour avoir des idées estimées contradictoires avec le code de l’éthique dans la fonction publique ; Madame Victoire Ingabire Umuhoza a été condamnée à quinze ans pour demander que les auteurs des crimes commis contre les Hutus soient jugés ; le journaliste Niyonsenga Dieudonné alias Cyuma Hassan est toujours en prison pour avoir interviewé les opprimés. En Bref, selon le mode opératoire du FPR, quiconque brave la terreur pour dénoncer les injustices risque sa vie, la prison, ou les tortures tant morales que psychologiques.

Pour toutes ces raisons :

Nous estimons que Madame Idamange Iryamugwiza Yvonne est en danger et a besoin d’être protégée.

Nous recommandons ce qui suit :

  1. A l’Etat rwandais, de veiller à la sécurité de Madame Idamange tout en empêchant ceux qui se couvrent des institutions nationales pour ternir son image
  1. Au corps diplomatique, de faire usage de leur influence pour dissuader les autorités qui semblent recourir à la violence au lieu de subvenir aux besoins du peuple.
  2. Aux défenseurs des droits de l’homme, de rester attentifs à la situation de Madame Idamange.
  3. A la presse locale et internationale, de couvrir son histoire et de lancer l’alerte au cas échéant
  4. A tous les Rwandais, de condamner les persécutions que subit Madame Idamange dans son combat pour l’amélioration du bien-être commun des citoyens.

Fait à Paris, ce 08/02/2021

Par

  1. ISHEMA Party
  2. UFF- Indangamirwa
  3. RRPM – Inkundura

Vous pouvez télécharger le format PDF

Les rescapés du génocide contre les Tutsis soutiennent Madame Yvonne Idamange Iryamugwiza.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Date : le 8 février 2021

Le Centre de Lutte contre l’Injustice et l’impunité – CLIIR a été sollicité pour communiquer la détresse et l’appel au secours des rescapés du génocide perpétré contre les tutsi au Rwanda en 1994, suite aux menaces, aux humiliations, aux assassinats et aux intimidations de toutes sortes orchestrés contre des citoyens rwandais courageux et honnêtes par quelques courtisans qui servent le régime totalitaire du FPR au Rwanda et dans la diaspora. Le message ci-après, nous a été transmis pour publication par un groupe importants de rescapés tutsis. Ce message est publié fidèlement dans sa forme originale.

« Cher Coordinateur du Centre de Lutte Contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda;

Nous nous adressons à vous pour vous solliciter de communiquer à l’opinion publique rwandaise et internationale notre soutien à Madame Idamange Yvonne, rescapée du génocide perpétré contre les tutsi au Rwanda en 1994.

Craignant pour nos vies et celles de nos proches, au Rwanda et ailleurs dans le monde, nous nous sommes résolus de faire appel au CLIIR pour exprimer nos sentiments et appeler les Rwandais de toutes ethnies et le monde à manifester leur solidarité à cette jeune compatriote en demandant au régime totalitaire du Rwanda d’adopter un comportement humain et d’apprendre à respecter les citoyens rwandais, la culture rwandaise et les droits de l’homme en général.

Il y a quelques jours seulement, une jeune citoyenne rwandaise, rescapée du génocide perpétré contre les tutsi, Mme Idamange Yvonne, témoin impuissante révoltée par l’irresponsabilité des dirigeants, la souffrance du peuple et les mauvais traitements lui infligés durant les mesures sanitaires inhumaines imposées pour combattre le coronavirus (covid-19), a décidé d’exiger l’assouplissement de ces mesures et l’aide alimentaire aux citoyens affamés. En prenant des risques inouïs, elle a créé un blog destiné à lancer son cri d’alarme par des appels vidéos afin de rappeler à la raison les dirigeants concernés et insouciants en les informant que le peuple rwandais est fatigué et n’en peut plus. Mme Yvonne IDAMANGE a livré son message patriotique dans un discours poli et ferme. Son message a été très bien accueilli par les citoyens affamés et a été relayé par un grand nombre d’internautes partout au Rwanda et dans la diaspora rwandaise. Les rwandais de toutes ethnies et de toutes confessions religieuses se sont retrouvés dans le message de Mme Idamange et l’ont soutenu sans retenue. Ce 08 février 2021, plus de 162000 personnes avaient visité son blog portant son nom « IDAMANGE » lancé depuis le 31/01/2021.

Vous pouvez lire tout le communiqué de soutien à Mme Yvonne Idamange dans le fichier en PDF attaché.

Nous vous prions de le diffuser largement.

MATATA Joseph.

Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) Rue de la Colonne, n°54/4 1080 BRUXELLES Tél/Fax : +32.81.601.113 GSM : +32.487.616.651 (Base) & +32.476.701.569 (Proximus)

Nibarize umuyobozi wa CNLG – Mpozenzi

NIBARIZE UMUYOBOZI WA CNLG

Icyitonderwa: iyi nkuru yabanje gusohoka yitiriwe Mimi KAGABO; Nyuma twaje gusanga atari we wayanditse, ahubwo yanditswe na MPOZENZI Nemeye.

Bwana muyobozi, ndabasuhuje.
Ejo mwagaragaye mu itangazamakuru ngo mwamagana abapfobya Genocide ndetse ugira n’amazina amwe n’amwe uvuga.
Aha mfite ingingo nagirango dusesengure tuzumve kimwe:

Mumfashe nk’inararibonye tugereranye icyo mwita gupfobya Genocide duhitemo muri group 2 zikurikira, abandi nabo badufashe guhitamo.

Murakoze

Group 1:

A. Kunenga cg kugaragaza ibitagenda neza muri Leta.
B. Kuvuga ubundi bwicanyi butari Genocide bwakozwe ningabo za APR.
C. Kwamagana amahano akorwa na Leta
D. Kwanga kwifatanya nabandi gushinja ibinyoma muri gacaca
E. Kwitandukanya na Leta yica abaturage ishinjwe
F. Kugaragaza ko Genocide yabaye igikoresho cya politike mu nyungu za bamwe.

Group 2:
A. Guhamya ko wahagaritse Genocide kdi bamwe mu bayikoze bari ingabo zawe (abatekinisiye, technicians)
B. Kwica bamwe mubayirokotse ubita ibipingamizi kuko batifatanije nawe mu migambi mibisha( urugero: Assiel Kabera, Mucyo, Kizito…)
C. Kurya imfashanyo zinfubyi nabapfakazi barokotse ukabaha ibyo usigaje
D. Kurihira abana barokotse ukabima akazi nkuko Mucyo yababajije mukamwica?
E. Kwanga gushyingura abayizize imibiri ikabikwa muri étagères nkaho ari exposition cg exhibition.
F. Gufata abo wishe ukabitirira Genocide ugamije guhunga ubutabera.

Bwana Dr Bizimana uri mukuru bihagije, warize ba umugabo va mu kinyoma ubwire abagutumye ko murambiranye mu ipfundikanya n’ibinyoma, ariko unabambarize iyo hatabaho ayo mahano yaduhekuye baba bitwaza iki?

Nako ngo ” amagi yaramenetse barya imireti dore ko..” eh reka ntaza gutandukira kdi nararezwe! Muririrwa muroga abana, mwinyuramo musebanya, iyo tubumva turabaseka, General muzima ufite ibigwi afite byinshi yabwira abana barokotse Genocide ndetse n’abandi bana bose atabaroze kariya kageni!

Bwana Muyobozi, niba koko murwanya ipfobya muzahindure inyito” Kwibuka” nayo irapfobya, ubundi hibukwa uwibagiranye, twe abacu tubahoza Ku mutima. Ariko kdi mwe na ba Peter Mahirwe(Tom) ndetse na Hon Bamporiki n’abandi mwirirwa mukinira Ku bacu mujye mwibuka birumvikana kandi bifite injyana. Mwese tuzi ibyanyu.
Peter Mahirwe we uwaba nkawe yamwambika ubusa ku gasozi ariko ntibikabe!

Twibukiranye Muyobozi, ejobundi sibwo Min Businjye yariye iminwa muri Universal Periodic Review, ahakana amabi mukora, bukeye kabiri ,dore nawe wihaye uriya mubyeyi Idamange, ni ikihe kinyoma yavuze? Ese utareba ninde ko ibyo yavuze ari ukuri?
Karasira wavuze ikibi yavuze ni iki? Ahubwo ko we yabaye imfura akavuga abacecetse se bo ko muri kumwe nabo!

Ingabire nawe natinze kumenya ibye, umva ibyo avuga nuburyo abona ibintu ntacyo yakabaye ashinjwa, ahubwo se ko bazi bike!

Erega twarahumutse, nta marira mwahojeje abanyarda nkuko mwaririmbaga, ahubwo mwateje imiborogo. Imisoro nimisanzu mwanengaga ko yubatse irebero mwayikubye inshuro zirenga ijana, mutwara imitungo ababyeyi bacu baruhiye murayidukodesha.
Tuzababaza byinshi, twarakuze nimutwica dore ko ariwo muco. Murabeshya abadukomotseho ni hahandi muzabasobanurira!
Numvise uvuga iby’ ubushobozi ngo leta yafashije abacitse ku icumu, Leta kuba yararihiye abana bagizwe imfubyi na Genocide ntimukabigire igikangisho, leta mwahiritse niyo yabishe( mubigizemo uruhare ruhishe) mwagombaga no gutanga indishyi ahubwo, nonese ko mwishyuye intwaro Leta ya Habyarimana yaguze ibarwanya! Ntawe ushimirwa inshingano. Aho ugayirwa kutazuzuza neza.
Nkumenere ibanga, benshi bamenye uburyo foundation mwayubakiye Ku kinyoma inyubako yose ni ikinyoma, muba mwereka abazungu gusa!!!
Ikindi mureke ba Karasira, n’abandi mutazi bamwe munari kumwe nabo aho, mwarishe, ntaho mwari nutaniye n’ interahamwe z’inkoramaraso , mwageze ubwo mwica n’abo mwari mwemereye UN ko mushoboye kubarokora. Muri iyi nkubiri siho Karasira yaburiye ababyeyi bombi.

Nzaguha, Muyobozi ubishatse, list y’ahantu hamwe na hamwe mwiciye abaturage, nyuma yo kubahamagaza mu nama. Abanyarwanda bacecekanye byinshi mubimenye.

Bwana Muyobozi , nizere ko ntawe ntutse, singambiriye gupfobya cg kwangisha abaturage ubutegetsi gusa murananzwe byo so ibanga! Nimuhindure imigenzereze cg se muzahangane na rubanda yariye karungu nkuko Bamporiki ahora abivuga.
Ninde wababeshye ko ibyo mwita ukuri ariko kuri kw’ihame(verité absolue cg absolute truth) kuki mutemera kuvugana n’abandi kubyo mutumvikana ibyo ni ikimenyetso cy’ umunyakinyoma.

Ngaho ba umugabo nibura rimwe tuzakwite intwari, usabe ba shobuja mugire ibyo muhindura.
Gusa ntimunyite umuvugizi ntawe mvugira, uretse ko turi benshi niba muzica niba muzafunga cg mukadukurikirana iyo turi simbizi.

Mpozenzi Nemeye mwene Nemeye wa Nemeye.

Source: Personal Facebook Page

ONU : Le Rwanda pointé du doigt pour son bilan en matière de droits humains

Human Rights Watch

L’Examen périodique universel devrait être suivi d’actions concrètes

Les délégués à l'ouverture de la 41ème session du Conseil des droits de l'homme, au siège des Nations Unies à Genève (Suisse), le 24 juin 2019.
Les délégués à l’ouverture de la 41ème session du Conseil des droits de l’homme, au siège des Nations Unies à Genève (Suisse), le 24 juin 2019. © 2019 Magali Girardin/Keystone via AP

(Genève) – Les pays membres des Nations Unies ont émis de vives critiques et de nombreuses recommandations concernant le bilan des droits humains au Rwanda lors de l’Examen périodique universel (EPU) du pays, qui s’est tenu au Conseil des droits de l’homme à Genève le 25 janvier 2021.

Pendant l’examen, des pays de toutes régions confondues ont appelé le Rwanda à mettre fin à la torture et aux mauvais traitements et à enquêter sur les cas d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de détentions arbitraires et de morts en détention. De nombreux pays ont déclaré que le Rwanda devrait autoriser les journalistes et activistes à travailler de manière indépendante, permettre aux organisations non gouvernementales de s’enregistrer, et protéger la liberté d’expression, notamment en réformant sa loi sur les médias et son code pénal. Plusieurs pays ont également déclaré que le Rwanda devrait protéger les groupes marginalisés, comme les enfants des rues, et veiller à ce qu’ils ne soient pas soumis à des arrestations et détentions arbitraires, notamment dans des centres de « transit ».

« Les vives critiques adressées au Rwanda par les pays du monde entier témoignent de l’inquiétude de la communauté internationale face à la crise des droits humains au Rwanda », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Il est crucial que ces pays fassent un suivi direct avec le gouvernement rwandais et qu’ils fassent pression pour qu’il adopte des mesures concrètes pour mettre en œuvre leurs recommandations ».

Créé en 2006, l’Examen périodique universel consiste en un examen complet du bilan de tous les États membres des Nations unies en matière de droits humains, effectué par d’autres membres tous les cinq ans, à tour de rôle. Les organisations locales et internationales, ainsi que le pays examiné, peuvent fournir des rapports qui alimentent le processus d’examen.

Après chaque examen, un groupe de trois pays collabore avec le pays examiné et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pour produire un « rapport final » qui comprend les recommandations et les réponses du pays. Le Conseil des droits de l’homme adoptera le rapport final lors de sa session du mois de juin.

Pendant son examen, le Rwanda a reçu 284 recommandations de la part de 99 pays. Il en a accepté 160, a pris note de 75 autres, et a dit ne pas soutenir les 49 recommandations restantes. Le Rwanda devrait agir immédiatement en vue d’améliorer son bilan en matière de droits humains, et les experts, les agences et les États membres des Nations unies devraient continuer à faire pression sur le Rwanda pour qu’il mette fin aux violations, a déclaré Human Rights Watch.

Dans le cadre de l’examen actuel, Human Rights Watch a fait une contribution sur la situation des droits humains au Rwanda depuis 2015 et sur la mise en œuvre par le gouvernement des recommandations qu’il a reçues lors de son dernier examen.

En 2015, le gouvernement a fait valoir que certaines des recommandations reçues – dont certaines demandaient des réformes majeures ou des enquêtes sur les violations graves des droits humains et appelaient à déterminer les responsabilités en la matière – étaient déjà partiellement ou totalement mises en œuvre. Le gouvernement a également affirmé, dans une déclaration générale, que plusieurs autres de ces recommandations étaient « actuellement incompatibles avec sa législation interne et ses obligations constitutionnelles », dont une recommandation appelant le Rwanda à adopter des lois et des politiques spécifiques pour protéger le travail des défenseurs des droits humains. Toutefois, le Rwanda est tenu de respecter ses obligations en vertu du droit international et il lui est interdit de prétendre qu’il n’est pas en mesure de le faire parce que son droit interne est incompatible avec ces obligations. Le gouvernement a répondu aux recommandations demandant la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées en déclarant que la ratification des instruments internationaux ne peut se faire qu’après consultation et approbation du Parlement rwandais. À la connaissance de Human Rights Watch, ce processus n’a pas encore eu lieu.

Entre 2010 et 2017, Human Rights Watch a documenté que les militaires rwandais ont fréquemment détenu arbitrairement et torturé des personnes, en les battant et en les asphyxiant, en utilisant des chocs électriques et en organisant des simulacres d’exécution dans les camps militaires autour de Kigali et dans le nord-ouest du pays. La plupart des détenus avaient été victimes de disparition forcée et détenus au secret pendant des mois dans des conditions déplorables. Le 25 janvier, la délégation rwandaise a rejeté les allégations de torture et de détention illégale dans des centres de détention non officiels.

Lors de l’examen du Rwanda en 2021, de nombreux pays ont réitéré leur recommandation au Rwanda de ratifier la Convention contre les disparitions forcées et le Statut de Rome pour que le pays devienne partie à la Cour pénale internationale. Plusieurs pays ont aussi exhorté le Rwanda à autoriser le sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants à reprendre ses visites. En 2017, le sous-comité a suspendu sa visite d’État au Rwanda, avant de l’annuler neuf mois plus tard, invoquant des obstructions de la part du gouvernement et la crainte de représailles contre les personnes interrogées. L’annulation de 2018 reste la seule fois où le sous-comité a dû interrompre une visite d’État avant qu’elle ne soit terminée.

Même dans les cas où le Rwanda a accepté les recommandations en 2015, cela n’a pas nécessairement conduit à des améliorations concrètes en matière de droits humains, a déclaré Human Rights Watch. Le Rwanda s’est par exemple engagé à poursuivre ses efforts pour protéger les enfants en situation difficile, comme les enfants des rues, et à adopter une nouvelle législation pour réglementer les centres de transit et de « réhabilitation ». Dans son dernier rapport au Conseil des droits de l’homme, le Rwanda a affirmé que cette question avait été résolue par la création d’un Service national de réhabilitation en 2017 et que 4 416 enfants avaient suivi ce processus de réhabilitation.

En janvier 2020, Human Rights Watch a cependant constaté qu’en vertu de la nouvelle législation, les enfants accusés d’être des « mendiants », « vagabonds » ou « délinquants » sont effectivement traités comme des criminels et sont susceptibles d’être exposés à des mauvais traitements. Ils sont arrêtés arbitrairement et détenus dans des conditions déplorables dans des centres de transit ou de réhabilitation, sans procédure équitable ni contrôle judiciaire, en violation des normes régionales et internationales.

Le Rwanda doit accueillir la prochaine réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth en juin. Lors de l’examen du 25 janvier, le Royaume-Uni a exhorté le Rwanda, en tant que membre et futur président du Commonwealth, « à incarner les valeurs du Commonwealth que sont la démocratie, l’État de droit et le respect des droits humains », consacrées dans sa déclaration de Harare de 1991.

Les gouvernements du Commonwealth, notamment ceux qui ont fait des recommandations dans le cadre de l’EPU, comme l’Australie, la Barbade, le Canada, Chypre, Fidji, la Sierra Leone et le Royaume-Uni, devraient profiter de la réunion du Commonwealth pour fixer des critères mesurables et exhorter le Rwanda à mettre en œuvre leurs recommandations, notamment en lançant des enquêtes et des poursuites judiciaires transparentes sur les décès en détention, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, la torture et la détention arbitraire ou illégale ; en agissant pour la protection des journalistes et des défenseurs des droits humains afin de leur permettre de faire leur travail ; et en mettant fin aux abus contre les enfants des rues dans les centres de transit. Tout manquement à ces obligations porte atteinte aux valeurs et aux objectifs du Commonwealth.

Les responsables des gouvernements qui se rendent à Kigali devraient également évoquer des dossiers spécifiques. Par exemple, ils devraient demander une enquête internationale et indépendante sur la mort en garde à vue du célèbre chanteur et activiste Kizito Mihigo compte tenu du fait que les autorités rwandaises n’ont pas mené d’enquête crédible qui réponde aux normes régionales et internationales à son sujet, a déclaré Human Rights Watch.

« Les autorités rwandaises doivent aller au-delà des promesses vides et des faux-fuyants pour régler leurs problèmes de droits humains », a déclaré Lewis Mudge. « Pour prouver sa volonté de mettre fin à l’impunité, le gouvernement devrait garantir des enquêtes crédibles et transparentes qui débouchent sur des poursuites contre les responsables d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de tortures et de détentions arbitraires et illégales. En attendant, les autres gouvernements devraient accroître la pression sur le gouvernement.

Source : Human Rights Watch

Qui est hors-jeu entre Judi Rever et le FPR?

L’Histoire du Rwanda ne devrait pas nous diviser. Nous ne devrions pas non plus nous attaquer à ceux qui contribuent au rétablissement de la vérité par des faits historiques, scientifiquement vérifiés. Quand on est en désaccord, on a droit d’avancer, avec motivation, sa version des faits, plutôt que de proférer des menaces envers autrui. On n’est pas obligé d’être d’accord sur toute la ligne, avec Judi Rever. Mais ce n’est pas pour autant qu’on doit se déchaîner contre elle. Dans une situation pareille, la place revient au débat, et on laisse les faits parler d’eux-mêmes.

Judi Rever est une journaliste d’investigation. Elle a été au Rwanda et en RDC (ancien Zaïre). Elle raconte ce qu’elle a vu. Elle a, elle-même, recueilli des témoignages de Rwandais de tous bords, et en outre, elle a eu accès aux documents confidentiels du TPIR, et bien d’autres.

Est-il possible d’étouffer, déformer ou dissimuler l’Histoire ? Les faits sont têtus comme dirait l’autre ! La véritable Histoire récente de la tragédie rwandaise est bel et bien connue : d’abord, par ceux qui l’ont vécue, ensuite par ceux qui ont croisé les différents acteurs ou les victimes, et enfin, par ceux qui ont pris connaissance de cette Histoire grâce aux témoignages fiables.

Pourquoi certaines personnes se déchainent contre Judi Rever ?

Judi Rever, journaliste, auteure de In Praise of Blood, The crimes of the Rwandan Patriotic Front

Journaliste d’investigation, Judi Rever a révélé des faces cachées ou peu abordées par les grandes organisations tant nationales qu’internationales. Elle est aussi, en quelque sorte, témoin d’une partie de l’Histoire de la région des grands lacs africains. Ceux qui ont de lourdes responsabilités dans la tragédie de cette région ont tout fait pour étouffer la vérité. Ils racontent les événements à leur guise ; or l’Histoire ne s’invente pas. Ce sont des faits réels. Et celle ou celui qui met la lumière sur ces faits, se voit malmené par ces puissants « éphémères »

Il est impossible d’imposer sa narration, surtout quand elle est biaisée. Au contraire, ce sont des faits, avérés, qui s’imposent. Depuis plusieurs années, ceux qui ont combattu dans les rangs du FPR (comme par exemple, les Majors Alphonse Furuma, Michael Mupende, Dr Théogène Rudasingwa, Lt Abdul Ruzibiza, Deus Kagiraneza, James Munyandinda, Jonathan Musonera, Noble Marara, Aloys Ruyenzi, Abdallah Jabo Akishuli, et bien d’autres), n’ont cessé de raconter ce qui s’est réellement passé sur le terrain qu’ils occupaient, que ce soit au Rwanda ou en RDC (ancien Zaïre). Des écrits signés, des audios, des vidéos sous forme de témoignages sont disponibles sur différents canaux de communication ou réseaux sociaux, et tout le monde peut y avoir accès. La plupart d’entre eux racontent la même chose que Judi Rever. Ces personnes sont aussi témoins oculaires. Judi Rever a rencontré certaines d’entre elles, et bien d’autres témoins. Ce que publie Judi Rever sur le Rwanda, se fonde sur ce qu’elle a vu, elle-même, et sur son travail de recherche et d’investigation.

A juste titre, comme d’autres, Judi Rever parle du génocide perpétré contre les tutsi. Elle ne l’a jamais nié ni minimisé. Il suffit de consulter ses publications (articles, reportages en audio ou vidéo, livres etc.). Est-ce que quelqu’un qui se positionne de cette façon, doit être obligé d’occulter les crimes innommables commis par l’armée du FPR ? Y a-t-il quelqu’un qui puisse nier ces crimes alors que ceux qui ont combattu pour le compte du FPR le prouvent de manière irréfutable ? Judi Rever a mené une enquête de 20 ans dans le souci de recherche de la vérité. Est-il sensé d’étouffer ou dissimuler l’Histoire ? Non.

Quand Judi Rever dit qu’il y a eu aussi un génocide perpétré contre les hutu, cela n’implique pas du tout la négation de l’autre génocide ni forcément sa minimisation.

Le traitement intolérable et les propos violents dont fait l’objet Judi Rever sont injustes et inadmissibles. Je ne le dis pas seulement parce que Judi Rever est une consœur, mais tout simplement parce qu’elle a fait son travail de journaliste, et en plus, en sacrifiant de longues années pour une recherche minutieuse basée sur les faits, les témoignages de victimes de la tragédie et d’autres sources crédibles.

Jean-Claude Mulindahabi, Journaliste.

Jean-Claude Mulindahabi

Source: Facebook

Rwanda : Paul Rusesabagina a été victime d’une disparition forcée

Les violations des droits de cet opposant soulèvent des craintes quant à la possibilité d’un procès équitable

(Nairobi, le 10 septembre 2020) – L’arrestation par le gouvernement rwandais de Paul Rusesabagina, personnalité connue pour ses critiques du Front patriotique rwandais (FPR), le parti au pouvoir, a constitué une disparition forcée et une grave violation du droit international. Le Rwanda devrait immédiatement accorder à cet opposant l’accès à un avocat de son choix, des échanges confidentiels, ainsi que la possibilité d’être en contact régulier avec sa famille. Les autorités devraient lui permettre d’exercer rapidement son droit de contester la légalité de son arrestation, et d’être représenté par un avocat de son choix devant un tribunal indépendant appliquant les normes internationales en matière de droits humains.

Paul Rusesabagina s’est enfui en Belgique en 1996. Il est aujourd’hui citoyen belge et réside aux États-Unis. Le 27 août 2020, il voyageait entre les États-Unis et Dubaï, aux Émirats arabes unis. Des membres de sa famille ont déclaré à Human Rights Watch avoir échangé des messages WhatsApp avec lui ce soir-là, n’avoir pu le contacter de nouveau et n’avoir rien su de ce qui lui était arrivé jusqu’à ce que, le 31 août, le Bureau d’enquêtes rwandais (Rwanda Investigation Bureau, RIB) annonce qu’il détenait Rusesabagina à Kigali, au Rwanda. Sa famille n’a pu lui parler que le 8 septembre.

« Les antécédents du Rwanda dans l’utilisation de méthodes illégales et interlopes pour cibler ceux que le parti au pouvoir perçoit comme une menace sont bien connus », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Le fait que le Rwanda n’ait pas appréhendé Paul Rusesabagina en utilisant une procédure d’extradition légale suggère que les autorités ne pensent pas que leurs preuves ou les garanties d’un procès équitable résisteraient à l’examen d’un tribunal indépendant, les amenant à choisir de contourner l’état de droit ».

Human Rights Watch s’est entretenu avec trois membres de la famille de Rusesabagina et avec l’un de ses avocats, et a examiné les informations accessibles au public, notamment les données des vols entre Dubaï et Kigali et les entretiens accordés par le président Paul Kagame et par le porte-parole du RIB.

Rusesabagina est surtout connu comme étant l’ancien patron de l’hôtel des Mille Collines, un établissement de luxe du centre de Kigali où des centaines de personnes sont venues chercher protection pendant le génocide de 1994 au Rwanda. Après le génocide, craignant pour sa sécurité, il a fui le Rwanda. Par la suite, il est devenu un détracteur féroce du gouvernement rwandais et a cofondé le Mouvement rwandais pour le changement démocratique, le MRCD, une coalition de groupes d’opposition, dont la branche armée est connue sous le nom de Forces de libération nationale (FLN). Les FLN ont revendiqué plusieurs attaques dans la province du Sud, au Rwanda, depuis 2018.

Plus de 10 jours après que le Rwanda a reconnu que Rusesabagina avait été arrêté, les autorités n’ont toujours pas fourni un compte rendu cohérent ou complet de la manière dont il avait été appréhendé puis détenu. En particulier, les autorités rwandaises n’ont pas révélé qui l’avait placé sous sa garde depuis son appréhension à Dubaï le 27 août jusqu’à sa réapparition à Kigali le 31 août.

Rusesabagina a parlé au téléphone à trois membres de sa famille le 8 septembre. L’un des membres de sa famille a déclaré à Human Rights Watch qu’ils craignaient que Rusesabagina ne puisse s’exprime librement parce que deux avocats qui ne font pas partie de l’équipe de défense qu’ils ont constituée étaient présents lors de cette conversation. Des membres de la famille ont également déclaré que ces deux avocats étaient présents lors d’une visite d’un représentant du consulat belge le 7 septembre.

Il est difficile de savoir si Rusesabagina a eu accès à un avocat de son choix, les autorités rwandaises ayant confirmé aux médias qu’elles avaient refusé un avocat qui s’était présenté comme étant autorisé par la famille de Rusesabagina à le représenter.

Les membres de la famille de Rusesabagina ont déclaré à Human Rights Watch qu’ils craignaient que Rusesabagina ne reçoive des médicaments différents de ceux qu’il prend habituellement pour traiter ses problèmes de santé.

Les autorités rwandaises ont d’abord déclaré qu’elles avaient arrêté Rusesabagina grâce à la coopération internationale, mais le 8 septembre, elles ont semblé faire marche arrière, suggérant qu’elles étaient seules responsables de l’arrestation de Rusesabagina et que d’autres pays n’avaient aidé le pays que pour de précédentes enquêtes. Si tel est le cas, cela signifie que des agents rwandais opéraient sur le sol des Émirats pour le capturer.

Un responsable anonyme des Émirats cité dans un article de CNN a déclaré que Rusesabagina avait quitté le pays « légalement » à bord d’un jet privé pour le Rwanda plusieurs heures après son arrivée aux Émirats. Radio France Internationale a confirmé qu’un avion Bombardier Challenger 605 appartenant à la société Gainjet – qui a un bureau à Kigali et qui est régulièrement utilisée par des responsables rwandais, notamment par le président – a quitté l’aéroport international Al Maktoum de Dubaï vers 1h du matin le 28 août et est arrivé à l’aéroport de Kigali quelques heures plus tard.

Le 6 septembre, le président Kagame a nié toute allégation d’enlèvement : « Il n’y a pas eu de kidnapping. Aucun acte répréhensible n’a été commis dans le processus qui l’a mené ici ».

Alors qu’il était détenu au poste de police de Remera, Rusesabagina a été présenté pour un entretien à The East African le 3 septembre, au cours duquel il a refusé de répondre aux questions sur son arrestation et sur son arrivée au Rwanda. Dans son entretien avec The East African, Rusesabagina a déclaré qu’il avait accès à de la nourriture, des médicaments, une assistance médicale et qu’il était en train de choisir son avocat. Le fait qu’une personne soupçonnée d’une infraction pénale accorde une interview « exclusive » à la presse avant d’avoir accès à ses avocats, aux services consulaires ou à des contacts avec sa famille est extrêmement suspect, a déclaré Human Rights Watch.

Les autorités rwandaises devraient fournir de toute urgence un compte rendu complet et corroboré de la façon dont Rusesabagina a été appréhendé et transféré au Rwanda, a déclaré Human Rights Watch. Sur la base des recherches de Human Rights Watch qui s’appuient sur des informations accessibles au public, Rusesabagina était détenu par les Rwandais ou leurs intermédiaires dès la nuit du 27 août, alors que sa détention n’a été reconnue par les Rwandais que le 31 août, ce qui signifie que sa disparition forcée a duré au moins trois jours.

Quand des autorités privent une personne de sa liberté et refusent de reconnaître sa détention, ou cachent l’endroit où elle se trouve, elles procèdent à une disparition forcée, qui est un crime prohibé en toutes circonstances au regard du droit international. Les personnes impliquées et responsables de tels actes devraient être tenues pénalement responsables, a déclaré Human Rights Watch.

La détention légale et le transfert d’un suspect d’un pays à un autre pour des poursuites pénales devraient être exécutés dans la cadre d’une procédure d’extradition supervisée par un tribunal indépendant pour vérifier la légalité de la demande d’extradition et déterminer si les droits du suspect, notamment le fait d’être protégé contre les traitements inhumains et de bénéficier d’une procédure régulière et d’un procès équitable, seront garantis. Le fait que les autorités rwandaises aient contourné la procédure légale d’extradition de Rusesabagina remet sérieusement en cause la légitimité et la bonne foi qu’ils revendiquent dans leurs efforts pour engager des poursuites contre lui.

En vertu de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (la « Convention contre la torture »), ratifiée par le Rwanda et les Émirats arabes unis respectivement en 2008 et 2012, nul ne peut être envoyé dans un pays où il y a des motifs sérieux de croire qu’il pourrait être torturé ou maltraité. Cette obligation a été interprétée comme obligeant les gouvernements à fournir un mécanisme permettant aux personnes de contester les décisions de les transférer vers un autre pays.

Les autorités belges devraient de toute urgence mener à bien une enquête sur le transfert de Rusesabagina au Rwanda et publier leurs conclusions sans délai, a déclaré Human Rights Watch.

« Le traitement de cette affaire par les autorités rwandaises jusqu’à présent a fait fi de bon nombre de protections prévues par le droit international, suscitant de sérieuses craintes quant au bien-être de Rusesabagina et au respect de son droit à un procès équitable au Rwanda », a déclaré Lewis Mudge. « La gravité des accusations qui pèsent contre Rusesabagina ne donne pas aux autorités rwandaises le droit de recourir au crime de disparition forcée et d’ignorer la régularité des procédures ainsi que les normes internationales d’équité des procès ».

Inquiétudes quant à l’équité du procès d’un opposant de longue date

Au fil des ans, Rusesabagina est devenu une personnalité connue pour ses critiques du Front patriotique rwandais et a accusé Kagame d’armer des milices secrètes. En décembre 2018, Rusesabagina a dénoncé le gouvernement de Kagame dans une vidéo sur YouTube et a appelé à « user de tous les moyens possibles pour provoquer le changement au Rwanda, car tous les moyens politiques ont été essayés et ont échoué ». Dans la vidéo, il promet un « soutien sans réserve » aux FLN, la branche armée du MRCD. Depuis 2018, les FLN ont revendiqué plusieurs attaques autour de la forêt de Nyungwe, dans la province du Sud, près de la frontière avec le Burundi.

En avril 2019, les autorités judiciaires rwandaises ont confirmé que Callixte Nsabimana (également connu sous le nom de « Sankara »), un chef du mouvement et porte-parole des FLN, était sous leur garde, plusieurs semaines après avoir été porté disparu par sa famille. Sa famille a déclaré aux médias qu’il avait été enlevé aux Comores, alors que les autorités rwandaises déclaraient qu’il avait été extradé grâce à la « coopération internationale ».

Richard Sezibera, ministre rwandais des Affaires étrangères à l’époque, a déclaré aux médias qu’il « avait été arrêté et ramené [au Rwanda] » mais n’a pas précisé depuis où ni par quelle procédure son transfert avait eu lieu. Nsabimana a plaidé coupable de toutes les accusations portées contre lui, notamment d’avoir formé un groupe armé illégal, de terrorisme, de meurtre, d’enlèvement et de déni de génocide.

Le 6 septembre, Kagame a déclaré : « Rusesabagina dirige un groupe de terroristes qui ont tué des Rwandais. Il devra payer pour ces crimes. Rusesabagina a le sang des Rwandais sur les mains ». Les déclarations du président, faites avant qu’une procédure judiciaire indépendante n’ait déterminé la culpabilité de Rusesabagina, compromettent ses chances de bénéficier d’un procès équitable au Rwanda. Cela a fréquemment été le cas pour d’autres criminels présumés que le gouvernement accusait d’avoir des liens avec l’opposition et avec des groupes armés, a déclaré Human Rights Watch.

Le 9 septembre, Rusesabagina aurait été déféré à l’Organe national de poursuite judiciaire rwandais et son dossier transféré à cette institution. Rusesabagina devrait avoir accès à un avocat de son choix à chaque interrogatoire ou audition, a déclaré Human Rights Watch.

En vertu de la loi antiterroriste du Rwanda, toute personne soupçonnée de terrorisme peut être détenue provisoirement pour une durée maximale de 15 jours, renouvelable jusqu’à 90 jours. Toutefois, l’article 9 (3) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) dispose que « Tout individu arrêté ou détenu du chef d’une infraction pénale sera traduit dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires ».

Le Comité des droits de l’homme, un organe d’experts indépendants qui surveille la mise en œuvre du PIDCP, a déclaré que le délai entre l’arrestation d’un accusé et le moment de sa déposition devant une autorité judiciaire « ne devrait pas dépasser quelques jours ».

La position de Human Rights Watch, qui s’appuie sur toutes les normes pertinentes des droits humains, est que toute personne détenue par les autorités d’un État pour quelque raison que ce soit devrait, dans les 48 heures qui suivent le début de sa détention, être physiquement traduite devant un magistrat indépendant pour être autorisée à contester la légalité de sa détention, sauf circonstances exceptionnelles qui rendent cette opération impossible. En tout état de cause, la période de 15 jours autorisée par la loi rwandaise viole le droit international et les obligations découlant des traités auxquels le Rwanda est partie.

Le 7 septembre, les avocats de Rusesabagina ont déposé un appel urgent auprès du Dr Nils Melzer, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Le 31 août 2020, les gouvernements belge et américain ont déclaré à l’Associated Press qu’ils ne disposaient pas d’information sur cette affaire.

Les avocats de Rusesabagina basés aux États-Unis ont déclaré qu’il avait, par le passé, « subi des cambriolages à son domicile, reçu des menaces de mort et survécu à une tentative d’assassinat en 1996 ».

Rusesabagina, qui a le statut de résident permanent aux États-Unis, a reçu la Médaille présidentielle de la liberté des mains de George W. Bush en 2005 et a été lauréat du Prix des Droits de l’homme Tom Lantos en 2011. Le 2 septembre 2020, le Secrétaire adjoint du Bureau des affaires africaines au Département d’État des États-Unis, Tibor Nagy, a tweeté que les États-Unis s’attendaient à ce que le gouvernement rwandais réserve un traitement humain à Rusesabagina, qu’il adhère à l’état de droit et lui donne accès à une procédure judiciaire équitable et transparente.

Attaques contre les dissidents au Rwanda

Le retour à première vue forcé et illégal de Rusesabagina au Rwanda s’inscrit dans un contexte de répression bien documenté des critiques du gouvernement rwandais, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le gouvernement a arrêté, détenu et poursuivi au Rwanda des critiques et opposants au gouvernement dans le cadre de procès politiquement motivés et a menacé à plusieurs reprises d’autres personnes vivant à l’extérieur du pays. Certains ont été physiquement attaqués et même tués.

En 2017, Human Rights Watch a documenté l’existence d’actes systématiques de torture, de disparitions forcées, de détentions illégales et arbitraires, de procès inéquitables et d’autres violations graves des droits humains de 2010 à 2016 dans des centres de détention de l’armée au Rwanda, en violation flagrante du droit rwandais et international.

Ces méthodes de détention illégales se sont révélées être conçues pour obtenir des informations auprès de membres réels ou présumés, ou de sympathisants de groupes armés d’opposition, notamment des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé basé dans l’est de la République démocratique du Congo dont certains des membres ont participé au génocide de 1994 au Rwanda. Dans plusieurs procès suivis par Human Rights Watch depuis 2010, les juges ont exercé des pressions sur les prévenus accusés de terrorisme et les ont empêchés de témoigner sur l’illégalité de leur transfert ou de leur détention.

Plus récemment, les autorités rwandaises n’ont pas mené d’enquête crédible et transparente sur la mort suspecte en garde à vue, en février 2020, du chanteur bien connu Kizito Mihigo. Les autorités rwandaises ont affirmé qu’il s’était « étranglé » dans sa cellule du poste de police de Remera. Mihigo, une personnalité critique du gouvernement qui avait été poursuivi et emprisonné pendant quatre ans, avait peu de temps avant sa mort fait part à Human Rights Watch des risques sérieux qu’il encourait d’être tué par des agents du gouvernement.

Mihigo a été détenu au secret dans un lieu inconnu pendant neuf jours en avril 2014, où selon son propre témoignage il a été battu, menacé et forcé d’avouer des crimes dont il a ensuite été accusé. En février 2015, la Haute Cour de Kigali l’a condamné à 10 ans de prison pour des infractions présumées d’association de malfaiteurs, d’entente en vue de commettre un assassinat et de complot contre le gouvernement en place ou le président. Il a été libéré en septembre 2018 après une grâce présidentielle. Il a de nouveau été arrêté en février 2020 à la frontière avec le Burundi.

Après plusieurs années de menaces, d’intimidations, de morts mystérieuses et de procès très médiatisés à motivation politique, peu de partis d’opposition restent actifs ou s’autorisent à commenter publiquement les politiques gouvernementales.

En 2019, trois membres du parti d’opposition non enregistré des Forces démocratiques unifiées (FDU)-Inkingi ont été portés disparus ou retrouvés morts. En septembre, Syldio Dusabumuremyi, le coordinateur national du parti, a été poignardé à mort. À l’époque, le RIB a annoncé avoir placé deux hommes en garde à vue. Eugène Ndereyimana, également membre des FDU-Inkingi, a été porté disparu le 15 juillet, après n’être jamais arrivé à une réunion à Nyagatare, dans la province de l’Est, au Rwanda. Le corps d’Anselme Mutuyimana, un assistant de la dirigeante des FDU-Inkingi à l’époque, Victoire Ingabire, retrouvé mort en mars, présentait des signes d’étranglement. Le RIB a déclaré avoir ouvert des enquêtes sur ces différentes affaires.

En décembre 2019, la Cour d’appel du Rwanda a confirmé la condamnation de deux anciens responsables de l’armée, bien que le tribunal ait réduit leur peine à 15 ans chacun. Le 31 mars 2016, la Haute Cour militaire de Kanombe avait condamné le colonel Tom Byabagamba et le général de brigade à la retraite Frank Rusagara à 21 et 20 ans de prison respectivement pour avoir incité à l’insurrection et terni l’image du gouvernement. Human Rights Watch a dénoncé leurs condamnations pour avoir critiqué les autorités et les politiques gouvernementales, ainsi que l’utilisation de preuves non fiables pendant leur procès, notamment des informations faisant état de mauvais traitements et de problèmes de santé traités de manière inadéquate en détention.

Attaques contre les dissidents à l’étranger

Outre la répression des voix critiques à l’intérieur du Rwanda, des dissidents et critiques réels ou supposés vivant à l’extérieur du pays – en Ouganda et au Kenya voisins, voire plus loin, comme en Afrique du Sud et en Europe – ont été victimes d’attaques et de menaces. 

Les victimes d’attaques à l’étranger sont plutôt des opposants politiques ou des critiques acharnés du gouvernement rwandais ou du président Kagame lui-même. Les anciens responsables du FPR qui se sont retournés contre le président Kagame et sont devenus des opposants en exil ont plus particulièrement été la cible d’attaques et de menaces. Des similitudes existent entre les attaques dans plusieurs affaires très médiatisées, comme par exemple les assassinats de l’ancien ministre de l’Intérieur Seth Sendashonga en 1998 et de l’ancien chef du renseignement extérieur Patrick Karegeya en 2014, et la tentative d’assassinat de l’ancien chef d’état-major de l’armée Kayumba Nyamwasa en 2010, le premier au Kenya et les deux autres en Afrique du Sud.

Karegeya, ancien chef des services du renseignement extérieur du Rwanda et opposant de premier plan au gouvernement, exilé en Afrique du Sud, a été assassiné dans une chambre d’hôtel à Johannesburg le 1er janvier 2014. En 2019, les services du Procureur général d’Afrique du Sud ont émis des mandats d’arrêt contre deux Rwandais accusés du meurtre. Lors de l’enquête sur le meurtre de Karegeya, l’unité spéciale d’enquête sud-africaine a déclaré dans un témoignage écrit que le meurtre de Karegeya et les attaques contre l’ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise, le général Kayumba Nyamwasa, « étaient directement liés à l’intervention du gouvernement rwandais ».

Suite à son assassinat, le président, le premier ministre et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense rwandais ont tous publiquement qualifié Karegeya de traître et d’ennemi, laissant entendre qu’il avait obtenu ce qu’il méritait.

La sécurité de certains réfugiés et demandeurs d’asile rwandais a elle aussi été menacée dans leur pays d’asile, en particulier en Ouganda. Le 20 août 2013, des hommes armés ont enlevé Joël Mutabazi, un ancien garde du corps présidentiel au Rwanda qui avait le statut de réfugié en Ouganda, de la résidence protégée d’une banlieue de la capitale, Kampala, où il vivait depuis qu’il avait échappé à une tentative d’assassinat en Ouganda en juillet 2012. Il a été libéré le jour même grâce à l’intervention de la police ougandaise.

Le 25 octobre 2013, il a été porté disparu d’un autre lieu où il vivait sous protection de la police ougandaise 24 heures sur 24. Il été impossible de le localiser pendant six jours. Le 31 octobre, la police rwandaise a confirmé qu’il était détenu au Rwanda, tout en refusant de révéler son lieu de détention. Le 13 novembre, il a comparu devant un tribunal militaire de Kigali avec 14 coaccusés pour terrorisme et d’autres délits. Le gouvernement ougandais a affirmé qu’un policier ougandais avait remis par erreur Mutabazi à la police rwandaise, sans suivre les procédures légales qui s’imposaient.

En octobre 2014, un tribunal militaire a déclaré Mutabazi coupable de terrorisme, de formation d’un groupe armé et d’autres infractions liées à une collaboration présumée avec un groupe d’opposition en exil et avec les FDLR. Il a été condamné à la prison à vie.

Mutabazi et plusieurs de ses coaccusés ont déclaré aux juges qu’ils avaient été torturés et forcés de signer des déclarations. Les juges n’ont ordonné aucune enquête, mais le président du tribunal a déclaré à l’issue du procès que le tribunal avait condamné plusieurs accusés à de longues peines de prison pour avoir menti au sujet de la torture.


Source: https://www.hrw.org/fr/