Category Archives: Kizito MIHIGO

Deux ans plus tard, des questions persistent autour de la mort d’un célèbre chanteur rwandais

Une enquête crédible doit être ouverte sur le décès en détention de Kizito Mihigo

Le 13 février 2020, le célèbre chanteur rwandais Kizito Mihigo avait été arrêté et accusé d’avoir tenté de se rendre illégalement au Burundi pour rejoindre des « groupes terroristes » et violé les conditions de sa sortie de prison en 2018.

Les ennuis de Kizito Mihigo, un rescapé du génocide, ont commencé en 2014 après la publication d’une chanson dans laquelle il exprimait sa compassion non seulement pour les victimes du génocide de 1994, mais aussi pour tous ceux qui ont perdu la vie « du fait d’un génocide, d’une guerre, d’un massacre en représailles, d’une disparition dans un accident ou d’une maladie ». Pour beaucoup au Rwanda, ces paroles ont été largement interprétées comme l’expression de sympathie de la part d’un Tutsi rescapé du génocide vis-à-vis des Hutus tués par les soldats du parti actuellement au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR), remettant en cause le récit officiel selon lequel ces meurtres commis en représailles étaient des cas isolés traités en interne.

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Appel à une enquête indépendante sur la mort du chanteur rwandais Kizito Mihigo

Lettre ouverte à tous les chefs de gouvernement du Commonwealth

Des organisations de la société civile à travers le monde demandent aux autorités rwandaises d’autoriser une enquête indépendante, impartiale et efficace sur sa mort en détention du chanteur populaire de gospel et activiste pour la paix Kizito Mihigo. Alors que vos gouvernements marquent la journée du Commonwealth aujourd’hui et s’apprêtent à participer au sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth à Kigali en juin, nous vous écrivons pour vous demander de vous engager auprès de vos homologues du gouvernement rwandais afin de soutenir cet appel.

Le 14 février 2020, le Bureau d’enquête rwandais (RIB) a confirmé que Mihigo avait été arrêté près de la frontière. Il était accusé de tentative de passage illégal au Burundi, d’avoir rejoint des groupes « terroristes » et de corruption, ainsi que d’avoir violé les conditions de sa libération de prison en 2018. Quelques jours plus tard, le 17 février 2020, la police nationale rwandaise annonçait que Mihigo avait été retrouvé mort à 5 heures du matin, dans sa cellule au poste de police où il était détenu à Kigali, à la suite d’un suicide présumé.

Il y a pourtant des raisons de douter de cette version des faits. Au Rwanda, les dissidents et les voix critiques font souvent l’objet de menaces, de harcèlement judiciaire et d’arrestations arbitraires. Ces dernières années, plusieurs membres de l’opposition et journalistes ont disparu ou ont été retrouvés morts dans des circonstances suspectes. Après avoir publié en 2014 une chanson dans laquelle il faisait part de sa compassion pour les victimes du génocide et d’autres violences, chanson interprétée comme une référence aux crimes commis par le Front patriotique rwandais lors de sa prise de contrôle du pays en 1994, Mihigo a été menacé, détenu au secret pendant 9 jours et ensuite poursuivi pour complot contre le gouvernement, entre autres chefs d’inculpation. Le 27 février 2015, il a été reconnu coupable et condamné à 10 ans. Après sa grâce présidentielle et sa libération en 2018, et jusqu’aux jours qui ont précédé sa mort, Mihigo a informé ses contacts qu’on le menaçait pour qu’il fasse des faux témoignages contre les opposants politiques au gouvernement et qu’il voulait fuir le pays car il craignait pour sa sécurité.

L’annonce de la mort de Mihigo a provoqué une onde de choc au Rwanda et au-delà de ses frontières. Avant de perdre les faveurs du gouvernement en 2014, Mihigo avait joué un rôle important dans la vie publique rwandaise, notamment en participant à la composition du nouvel hymne national en 2001 et en chantantrégulièrement lors de cérémonies officielles. Le travail de Mihigo – lui-même un rescapé du génocide – pour promouvoir la réconciliation a reçu une reconnaissance tout aussi importante ; en 2011, par exemple, la première dame Jeannette Kagame lui a remis un prix « Célébrons les jeunes Rwandais » en hommage à son travail.

Selon l’Observation générale n°3 sur l’article 4 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, « Lorsqu’une personne meurt dans un centre de détention de l’État, ce dernier est présumé responsable et il lui incombe de prouver que sa responsabilité n’est pas engagée moyennant une enquête rapide, impartiale, approfondie et transparente menée par un organisme indépendant ». De même, la version révisée du Manuel des Nations Unies sur la prévention des exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires et les moyens d’enquête sur ces exécutions (le Protocole du Minnesota), prévoit qu’il existe une présomption générale de responsabilité de l’État pour un décès en détention, sauf preuve du contraire, et souligne que cela est particulièrement vrai dans les cas où la personne décédée « était, avant sa mort, un opposant politique au gouvernement ou un défenseur des droits de l’homme ; elle souffrait de problèmes de santé mentale reconnus ; ou elle s’est suicidée dans des circonstances inexpliquées ».

Le jour où la mort de Mihigo a été annoncée, et avant qu’une enquête indépendante n’ait pu être menée, la porte-parole du RIB, Marie-Michelle Umuhoza, a déclaré aux médias rwandais que Mihigo s’était « étranglé » avec les draps de son lit, qu’il avait fait preuve d’un « comportement inhabituel » pendant sa détention et qu’il avait refusé de parler aux enquêteurs, à son avocat et à sa famille. Le 26 février, citant un rapport d’autopsie, l’Organe national de poursuite judiciaire a conclu que la mort de Mihigo « résultait d’un suicide par pendaison » et a déclaré qu’il n’engagerait pas de poursuites pénales.

Mihigo est l’un de plusieursdétenus à être mort dans des circonstances suspectes lors de sa détention au Rwanda ces dernières années. Des enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces, susceptibles de déboucher sur des poursuites crédibles, sont essentielles pour dissuader de futures violations des droits et promouvoir la responsabilité, la justice et l’État de droit. Le fait de ne pas mener de telles enquêtes constitue une violation des obligations de l’État au titre du droit à la vie.

Pour que justice soit faite pour la mort de Mihigo, les autorités rwandaises devraient permettre à un organe indépendant de mener une enquête impartiale, approfondie et transparente.

Dans la Charte du Commonwealth de 2013 les États membres ont réaffirmé leurs valeurs et principes fondamentaux, notamment la défense des droits humains, la liberté d’expression, l’État de droit et le rôle de la société civile. La tenue du sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth au Rwanda sans aborder l’absence de progrès des autorités rwandaises en matière de justice pour les violations des droits humains en général, et la mort de Mihigo en particulier, jette de sérieux doutes sur les engagements du Commonwealth en matière de droits humains.

Dans l’intérêt des droits humains au Rwanda et de l’intégrité du Commonwealth, nous vous demandons instamment de soutenir l’appel lancé aux autorités rwandaises pour qu’elles autorisent une enquête indépendante, impartiale et efficace sur la mort de Mihigo en détention.

Très sincèrement,

  1. Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-France)
  2. African Child Care Network ACCN
  3. AfricanDefenders
  4. AfricTivistes
  5. Amnesty International
  6. Article 19 Eastern Africa
  7. Asian Forum for Human Rights and Development (FORUM-ASIA)
  8. Australian Centre for International Justice
  9. Banglar Manabadhikar Suraksha Mancha (MASUM)
  10. Brainforest
  11. Bytes for All
  12. CIVICUS
  13. Commonwealth Human Rights Initiative (CHRI)
  14. Defend Defenders
  15. Defenders Coalition Kenya
  16. Ethiopian Human Rights Defenders Center (EHRDC)
  17. FIDH within the framework of the Observatory for the protection of Human Rights Defenders
  18. Human Rights Defenders Network-Sierra Leone
  19. Human Rights Watch
  20. Humanitarian Development Organization HDO
  21. Maldivian Democracy Network (MDN)
  22. Network of Civil Society Organizations for the Observation and Monitoring of Elections in Guinea (ROSE)
  23. Nile Initiative for Development NID
  24. Odhikar
  25. Ole Reitov, Artistic Freedom Expert
  26. PEN America
  27. PEN International
  28. Quill Foundation
  29. Robert F. Kennedy Human Rights
  30. Réseau de Défenseurs des Droits Humains de l’Afrique Centrale
  31. South Sudan Human Rights Defenders Network
  32. Southern Africa Human Rights Defenders Network (SAHRDN)
  33. The Center for Peace and Advocacy
  34. The Daphne Caruana Galizia Foundation (Malta)
  35. The Voice Project
  36. Vanguard Africa
  37. World Organisation Against Torture (OMCT), within the framework of the Observatory for the Protection of Human Rights Defenders

Contexte de l’arrestation de Kizito Mihigo

Le 27 février 2015, Kizito Mihigo a été condamné à 10 ans de prison pour complot contre le gouvernement en place ou contre le Président de la République, formation d’un groupe criminel et conspiration en vue de commettre un assassinat à l’issue d’un procès qui s’est appuyé sur des aveux qui auraient été obtenus sous la torture.

Il avait été arrêté le 6 avril 2014 et détenu au secret pendant neuf jours au cours desquels il avait déclaré que des hauts responsables du gouvernement l’avaient interrogé à plusieurs reprises sur une chanson religieuse, Igisobanuro cy’Urupfu (L’explication de la mort) écrite en mars et dans laquelle il priait pour toutes les personnes tuées, notamment les victimes du génocide et d’autres violences. Il a déclaré que ces hauts responsables l’avaient également interrogé sur ses liens présumés avec le Congrès national du Rwanda, un groupe d’opposition en exil, et que les policiers l’avaient battu et forcé à avouer les infractions dont il a été accusé par la suite devant le tribunal. Dans un enregistrement que Mihigo a réalisé le 6 octobre 2016 alors qu’il était en prison, et qui a été rendu public après sa mort, il en vient à la conclusion que ces poursuites ont été motivées par des raisons politiques, dans le but de supprimer la chanson.

Dans cet enregistrement, Mihigo décrit des rencontres avec plusieurs hauts responsables du gouvernement, qui, il a dit, lui auraient expliqué que le président n’aimait pas sa chanson et qu’il devait « demander pardon », ou risquer la mort. Dans l’enregistrement, Mihigo a décrit également sa détention au secret du 6 au 15 avril 2014, au cours de laquelle il a dit avoir été battu et interrogé par Dan Munyuza, l’inspecteur général adjoint de la police de l’époque et actuel inspecteur général de la police, qui lui a dit de plaider coupable et de « demander pardon » ou risquer une condamnation à la prison à vie. Ces allégations suggèrent que Mihigo a été victime de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que d’autres violations graves de ses droits à un procès équitable, à la liberté, à l’intégrité physique et à la sécurité.

Source : Human Rights Watch

Kizito Mihigo: Son calvaire en documentaire, version française (1ère partie)

LE CHEMIN DE CROIX DE KIZITO MIHIGO ”La première partie” ”Depuis sa chanson “l’explication de la mort” jusqu’à sa mort

 

Rwandans’ Rights


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Kizito Mihigo: ni iki yanditse mu gitabo cye?

FPR, umutwe wa politiki w’intagondwa kandi uteje akaga… ”

Ku itariki ya 17 Mata 2020, nyuma y’amezi abiri yuzuye akurikira iyicwa rya Kizito Mihigo, igitabo cye cyasohotse. Iki gitabo cyari gitegerejwe na benshi kigizwe n’inyandiko zose Kizito yakoze igihe yari afungiye muri gereza nkuru ya Kigali (1930) yaje kwimurirwa i Mageragere (Nyarugenge). Izina ry’igitabo ni : “Rwanda: Kwakira Ubwiyunge ngo ubashe Kubaho mu mahoro no gupfa byishimo”. Uyu muhanzi atunyuriramo ibyamubayeho, mu bihe bibabaje n’uburyo yarokotse itsembabwoko ryakorewe abatutsi mu 1994, uburakari bwe n’icyifuzo cyo kwihorera ku bahutu, akanatubwira uko yakirirye impano y’Imana yo kubabarira abamuhemukiye.

Atubwira ku bikorwa bye bya muzika muri Korali ya Kigali, umushinga w’indirimbo yubahiriza igihugu yitabiriye ndetse na bourse ya leta yo kwiga i Burayi. Aratubwira iby’imyaka itatu yamaze afite icyubahiro n’igitinyiro muri Kigali, umubano we n’ishyaka riri ku butegetsi (FPR), n’uburyo yaje gushwana na FPR kandi ibi akaba atabyicuza.

Iki gitabo yagituye Kizito Mihigo Peace Foundation (KMP) ndetse n’imfungwa zose za politiki zo mu Rwanda. Ni igitabo cy’ubuhamya kandi, cyane cyane ku byamubayeho ku ishimutwa rye no gushaka kumwica, ku bantu bose bagize uruhare mu bibazo yagize. Mu buryo burambuye kandi busobanutse neza, Kizito avuga ku biganiro na Inès MPAMBARA, na Bernard MAKUZA, akanatubwira amagambo akakaye n’iterabwoba by’umunyamabanga mukuru wa FPR, François NGARAMBE. Aduhishurira imishinga ye FPR yamwibye, uburenganzira bw’ibihangano bye yambuwe, urukundo rwe, n’umutuzo yaboneye muri gereza.

Umuhanzi w’umukristu, atewe ishema no kugira ubwigenge bwe bwo mu kuganira  no gutanga ibitekerezo ku kibazo icyo ari cyo cyose cyaganirwaho, cyaba icy’idini, politiki, cyangwa ubuhanzi. Yatugejejeho ibyo atekereza kuri FPR, ubwiyunge hagati y’Abahutu n’Abatutsi, abatavuga rumwe na FPR n’ibindi.

Bimwe mu byo avuga

  • Kuri FPR

FPR (Rwanda Patriotic Front), ni umutwe wa politiki w’intagondwa kandi uteje akaga gakomeye, ukaba ufite intego yo kuba ishyaka rimwe rukumbi. (Igice cya 14).

  • Ku bwiyunge hagati y’Abahutu n’Abatutsi

Ndatangara cyane kubona kuva jenoside yarangira, abatutsi baturutse hanze y’igihugu (ni ukuvuga abavuye mu Burundi, Kongo, Tanzaniya cyangwa Uganda bagarukanye na FPR) bibagora kwihanganira Abahutu, mu gihe twe twari duhari, twiboneye aya mahano kandi tukarokoka imipanga, tukicirwa abacu tubireba, twiga kubana n’abantu bose, harimo n’abicanyi, kugirango tubabarire kandi twiyunge. Binyibutsa wa mugani w’ikinyarwanda nzaririmba vuba aha: “Hataka nyirubukozwemo,  nyirubuteruranwenakebo akinumira”  (Igice cya 6) .

Indangagaciro z’amahoro n’ubwiyunge mu gukumira no gukemura amakimbirane mu buryo bw’amahoro, zigomba gusimbura urugomo, gukandamiza, ubushotoranyi, intambara n’iterabwoba byimitswe na FPR Inkotanyi. (…)

Naho ubwiyunge u Rwanda rukeneye muri iki gihe, ntabwo ari hagati y’Abahutu n’Abatutsi. Kuri ubu, ubutegetsi bwa FPR buyobowe na Perezida Kagame, bugomba kwiyunga n’abatavuga rumwe na bwo baba mu buhungiro, cyane cyane RNC ya Kayumba Nyamwasa, FDU Inkingi ya Victoire Ingabire, RDI Rwanda Nziza ya Faustin Twagiramungu, Ishyaka Ishema rya Padiri Thomas Nahimana, n’indi mitwe ya politiki yo mu Rwanda ikorera mu mahanga, mu rwego rwo gukumira no gukemura amakimbirane ashobora kuvuka. (Igice cya 34)

  • Kuri gahunda ya “Ndi Umunyanyarwanda”

“Ndi umunyarwanda”, ni gahunda mbi cyane ya politiki yo kubangamira ubwiyunge bw’igihugu, ishyira Abahutu bose mu gatebo kamwe k’abicanyi kandi FPR ikigisha ku mugaragaro urwango mu bisekuruza byose. ” Igice cya 14

Ni igitabo cyiza cyane gikwiye gusomwa na buri wese ubishoboye, cyane cyane abanyarwanda batarahumuka bakaba bakomeje kwigumira mu kinyoma cya FPR. Kugeza ubu kiracyari mu rurimi rumwe rw’igifaransa, gishobora kugurwa unyuze aha.

Chaste GAHUNDE


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Kizito Mihigo vs Inès MPAMBARA

Dans quelques lignes ci-après, le rôle d’Inès MPAMBARA dans l’assassinat de Kizito Mihigo est indéniable, voire fondamental. Dans les mots de Kizito Mihigo tirés de ses mémoires posthumes publiées ce 17 avril 2020 sous K. Mihigo; RWANDA: EMBRASSER LA RÉCONCILIATION: Pour vivre en Paix et Mourir Heureux, 2020. Admin

(…)
Le 1 avril 2014, lorsque la Directrice de Cabinet du Président Madame Inès Mpambara m’invite pour un entretien, ce n’est pas comme d’habitude. Ce n’est pas au restaurant VIP de la Présidence qu’on va se rencontrer, mais au bureau du Vice Président du Sénat, Monsieur Bernard Makuza. Le rendez-vous est fixé le soir à 19h.

Quand j’arrive, pile à l’heure, ils sont déjà là, ils m’attendent. Le Vice Président du Sénat me serre fort dans ses bras (contre son gros ventre). “Oh Kizito mon fils, que je suis heureux de te retrouver! Comment ça va? Tu vas et tu disparais comme ça… ” Il ne me lâche pas, ses caresses incessantes me poussent à me demander où il veut en venir. Finalement il me laisse saluer mon amie et Directrice de Cabinet du Président. Je m’assois et c’est Makuza qui prend la parole. Il me raconte mon histoire en insistant sur le soutien du gouvernement à mes études. Il continue jusqu’à ma chanson chrétienne qui est en train de causer ma disgrâce complète. Son discours devient trop long et je demande la parole avant qu’il termine. “Oui” dit Madame Mpambara avec un sourire très amical. Je continue à parler:
“Monsieur! Ne vous fatiguez pas. J’ai vu que ma nouvelle chanson a causé des problèmes. Je veux simplement, si vous permettez, vous expliquer pourquoi je l’ai composée”
“Oui” disent-ils
– “Je suis un musicien chrétien et vous le savez tous. (…)

Devant la Directrice de Cabinet du Président et le Vice Président du Sénat, je cite ensuite la célèbre phrase de Gandhi: “Il n’est pas nécessaire d’éteindre la lumière des autres pour que la nôtre brille” Cette phrase résume en effet une grande partie du message de ma chanson.

Makuza: “Mais tu compares tous les morts et tu dis qu‘ils sont les mêmes et qu’ils sont tous au ciel en train de prier pour nous.”
Moi: “Non, je ne les compare pas, et je ne dis pas que tous les morts sont les mêmes. Je les cite tous et je dis que quelles que soient les circonstances dans lesquelles on meurt, ça s’appelle la mort et notre destination à tous est la même”
Makuza: “Est-ce que tu penses qu’un génocidaire tué dans la vengeance peut aller au ciel?”
Moi: “Tout à fait! S’il a eu le temps de se convertir… écoutez je ne veux pas juger mais je pense qu’il ne faut pas sous-estimer la miséricorde de Dieu.”
Inès: “Écoute Kizito! Ce que tu nous dit là c’est de la religion. Revenons dans la politique. Ta chanson n’a pas été bien accueillie”
Moi: “J’ai entendu le Président parler d’un chanteur qui fait plaisir aux ennemis du pays. C’est de moi qu’il parlait?”
Inès sourit
Makuza: “Mais oui c’est lui même qui nous a envoyé te rencontrer…Kizito tu sais que tu es son produit et tu vois ce que tu fais… “
Moi: “Produit? Non peut être son artiste préféré mais pas son ‘produit ‘…je n’aime pas le terme ‘produit’. Bon! En quoi puis-je aider pour résoudre le problème? Vous voulez que je censure la chanson? “
(Évidemment je savais que cela était complètement impossible pour une chanson qui vient de passer un mois sur YouTube.)
Inès: “Oui si possible, tu peux empêcher les journalistes de la jouer et l’enlever de YouTube. Ensuite tu écris une lettre au Président pour lui demander pardon, je la lui donnerai en mains propres. Tu dois aussi écrire une petite tribune dans les médias pour t’excuser auprès des rwandais blessés par ta chanson. D’accord?

Moi: “D’accord Madame je le fais tout de suite en quittant ce bureau.”
Inès: “Et tu prépares cette nouvelle chanson que tu as promise pour le 7 avril. D’accord? Et prépare aussi “Twanze gutoberwa amateka” et “Ijoro ribara uwariraye” tu vas les chanter aussi au stade.”
Et elle ajoute: “Tu fais ça et aux yeux des gens tu redeviens humain.”
J’éclate de rire, je n’arrive pas à m’en empêcher (Pour moi c’est eux qui ne sont pas humains)
Inès: “Kizito tu dois savoir que, si tu ne fais pas ça, tu es mort! Tu comprends? Si tu ne fais pas ça, tu es mort”

Je suis étonné qu’elle dise ça et qu’elle le répète. Je ne comprends pas qu’on puisse mourir à cause d’une chanson… mais apparemment c’est sérieux, très sérieux!
Moi: “D’accord Madame”

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“FPR, un mouvement extrémiste et dangereux…” Kizito MIHIGO dans son livre.

En date du 17 avril 2020, exactement deux mois, jour pour jour après la mort de Kizito Mihigo, son livre est publié.  Ce livre tant attendu, est en majorité l’ensemble des notes que Kizito a prises pendant sa détention dans la prison centrale de Kigali (1930) et celle de Nyarugenge. Avec un titre très révélateur, “Rwanda: Embrasser la Réconciliation pour Vivre en Paix et Mourir Heureux”, l’artiste nous fait goûter des ses expériences personnelles. Des moments tragiques et de la manière qu’il a survécu au génocide contre les Tutsis de 1994, de ses colère et envies de vengeance contre les Hutus, de son embrassade de la valeur divine du pardon.

Il nous fait traverser sa vie : de sa carrière de musique à la Chorale de Kigali, le projet de l’hymne national auquel il a participé et de la bourse d’Etat pour faire ses études en Europe. Il nous parle de ses trois ans de gloire à Kigali, ses relations avec le Parti au pouvoir, le Front Patriotique Rwandais (FPR), et du “divorce” du FPR qu’il ne regrette pas.

Dédié à la Fondation Kizito Mihigo pour la Paix (KMP) et à tous les prisonniers politiques rwandais, ce livre est un témoignage aussi, surtout sur ce qu’il a vécu de son enlèvement et tentative d’assassinat, de tous ceux qui de près ou de loin ont eu la main dans son calvaire. A ce point, de manière très détaillée et précise, Kizito nous fait le compte rendu de ses rencontres notamment avec, Inès MPAMBARA, et Bernard MAKUZA, sans laisser de côté les propos très belliqueux et les menaces du secrétaire général du FPR, François NGARAMBE. Il nous révèle ses projets accaparés par le FPR, ses droits d’auteur bafoués, ses amours éphémères, et sa paix à l’intérieur de la prison.

Artiste chrétien, il est fier de son indépendance d’aborder tout sujet de discussion que ce soit religieux, politique, ou artistique. Il nous fait part de ses observations au sujet du FPR, la réconciliation Hutu Tutsi, l’opposition politique en dehors du pays.

A propos du FPR

Le FPR (Front Patriotique Rwandais), un mouvement politique essentiellement extrémiste et dangereux dont la vision est d’être un parti unique. (Section 14).

De la réconciliation entre Hutus et Tutsis

Je suis tellement étonné de voir que, depuis la fin du génocide, les Tutsis venant de l’extérieur du pays (c’est à dire ceux qui vivaient au Burundi, Congo, Tanzanie ou Ouganda et qui sont rentrés avec le FPR) ont du mal à supporter les hutus, alors que nous qui étions sur place, qui avons physiquement vécu cette horreur et assisté aux démonstrations des machettes et des gourdins sur les corps de nos proches, nous apprenons à vivre avec tout le monde dont les bourreaux, à pardonner et enfin à nous réconcilier. Cela me rappelle un proverbe rwandais que je chanterai quelques années plus tard:”Hataka nyirubukozwemo, naho nyirubuteruranwenakebo akinumira” (Celui qui a perdu quelque chose, crie incessamment au secours. Mais celui qui a tout perdu, se tait.) (Section 6).

… les valeurs de Paix et de Réconciliation, savoir prévenir et résoudre les conflits de manière pacifique, doivent remplacer le modus operandi violent, oppressif, provocateur, guerrier et criminel instauré par le FPR Inkotanyi. (…)

Quant à la réconciliation dont le Rwanda a besoin en ce moment, ce n’est pas entre hutus et tutsis. En ce moment, le pouvoir du FPR dominé par le Président Kagame, devrait se réconcilier avec l’opposition en exil, notamment le RNC de Kayumba Nyamwasa, les FDU Inkingi de Victoire Ingabire, le RDI Rwanda Nziza de Faustin Twagiramungu, le Parti Ishema du Père Thomas Nahimana, et les autres groupes politiques rwandais basés à l’étranger, afin de prévenir et résoudre les conflits qui peuvent naître. (Section 34)

Du programme Ndi Umunyanyarwanda

“Ndi umunyarwanda”, un très mauvais programme politique contre la réconciliation nationale, qui met tous les hutus dans le même panier et dans lequel le FPR prêche officiellement la haine intergénérationnelle.Section 14

C’est un “must read” ouvrage. Il est surtout recommandé aux Rwandais qui, aujourd’hui sont encore aveuglés par le mensonge du FPR.

Pour acheter ce livre : RWANDA: EMBRASSER LA RÉCONCILIATION: Pour vivre en Paix et Mourir Heureux

Chaste GAHUNDE


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Kizito Mihigo: Une Journée Internationale en Sa Mémoire.

Le 17 Février, journée internationale de la réconciliation, héritage de Kizito Mihigo.

COMMUNIQUE DE PRESSE N ° Ish 2020/02/001

Après la mauvaise nouvelle de la mort soudaine et tragique de Kizito MIHIGO,

Le Comité élargi du Parti ISHEMA ( ISHEMA Party) s’est réuni le 23/02/2020 sous la présidence de Madame Claire Nadine KASINGE pour commémorer le courage qui a marqué la vie de feu Kizito MIHIGO.

Après une analyse approfondie des circonstances autour de la mort du chantre de la réconciliation rwandaise, les participants à la réunion ont conclu ce qui suit:

  1. Kizito MIHIGO ne s’est pas suicidé comme le prétend le régime du FPR – Inkotanyi, mais, il a été assassiné aux ordres de Paul Kagame.
  2. Nous condamnons avec la dernière énergie cette pratique odieuse de massacre, marque de Paul Kagame et son parti FPR – Inkotanyi dont l’objectif visé est d’exterminer tous les citoyens qui sont contre ses politiques racistes maudites.
  3.  Kizito MIHIGO a été tué pour le message constructif contenu dans sa chanson “Igisobanuro cy’urupfu”, dans laquelle il préconise que la paix durable ainsi qu’une véritable réconciliation seront atteintes si et seulement si:
    • les Hutu jouissent également de tous leurs droits en tant que citoyens
    • tous les Hutu, Tutsi, Twa et autres tués par le FPR – Inkotanyi  ont une commémoration officielle qu’ils méritent.
  4. Nous remercions sincèrement le héros Kizito MIHIGO pour son travail exceptionnel dans l’édification des piliers d’une véritable réconciliation dans l’esprit de nombreux Rwandais.

Afin de préserver ce bel héritage,

5. La date du 17 février  sera  “la journée internationale  de la réconciliation, héritage de Kizito MIHIGO”.

6. Les membres du Parti Ishema et les Rwandais en général sont priés d’observer annuellement cette journée avec fierté en manifestant les mesures prises et les pas franchis sur les traces de ce héros.

7. Nous réitérons notre détermination: Quand le peuple nous confiera la direction de notre belle nation, nous érigerons une basilique appelée “Temple de la réconciliation” au nom de Kizito MIHIGO dans laquelle seront enterrés tous les Rwandais tués depuis le 1er octobre 1990.

8. Nous travaillerons sans relâche pour que la famille Kizito MIHIGO mérite une justice équitable et que toutes les personnes impliquées dans le meurtre de ce héros rwandais ou dans tout autre génocide soient tenues responsables.

9. En conclusion, nous adressons nos sincères condoléances à la famille et à la mère du héros du pays, et nous remercions Dieu d’avoir fait ce merveilleux cadeau au Rwanda.

 

Fait à Montréal, le 27 février 2020

Mme Claire Nadine KASINGE

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Kizito Mihigo : hashyizweho isengesho ryo gusaba ko aba umutagatifu.

ISENGESHO RYO KWISUNGA KIZITO MIHIGO NO GUSABA KO YANDIKWA MU GITABO CY’ABAHIRE (rivugwa buri munsi Saa cyenda z’amanywa, 15h).

  • Ku izina ry’Imana Data….

  • Ngwino Roho Mutagatifu….

  • Dawe uri mu ijuru…

  • Ndakuramutsa Mariya…×3

  • Hubahwe Data….

DUSABE:

Mana Data Nyirubuntu budashira
Wakunze isi cyane bigera n’aho uyicunguza Umwana wawe
Maze mu bantu utonesha bamwe ngo bakubere abahamya.

Turagushimira tugusingiriza impano wahaye u Rwanda n’Abanyarwanda muri KIZITO MIHIGO wavukiye ku butaka butagatifu bwa Kibeho mu mwaka Bikira Mariya Nyina wa Jambo yigaragarije Abanyarwanda.

Wamuhunze impano zitagira ingano, umutaka igikundiro n’uburanga, umutanagisha ijwi rivumera rikarembuza imitima, rimwe rikwiye umuhanzi n’umuhanuzi w’ibihe byose.

Yabanye natwe dusangira ibyiza kimwe n’amagorwa, ariko umutima we awurinda umugera w’urwango n’ubwikunde, arenga amacakubiri atsinda irondakoko, akubera umuhamya ukwiye aho rukomeye.

Yahamije ko ikizakiza uru Rwanda, ari ukureshya kw’abana barwo, bakemera ko bose ari bamwe imbere yawe, ndetse ko n’abatabarutse bose bakwiye kwibukwa no gusabirwa, tukava dutyo mu cyunamo kitubundikiye nk’igicuku cy’urupfu, tukemera ko uwazutse yakiriye abacu, kuko hakurya y’imva hari ubugingo.

None rero Mana yacu, Mana idukunda ikumva amaganya yacu, turagutakambira twiziritse ku gishura cya Nyina wa Jambo, ngo Roho wawe agaragare mu kirere cy’u Rwanda nk’Inuma y’amahoro, tuvugirwe na KIZITO MIHIGO hagaragare ibitangaza bihoza imitima y’abamukunda, bityo utugaragarize ko wamwakiriye iwawe mu Bahire.

Nanjye rero umwana wawe w’umunyabyaha ariko wicujije, mpfukamye imbere yawe ngusaba ngo wuzuze icyifuzo cyanjye, ugirire Kizito Mihigo wakunyuze, ngirirwe ubuntu mu byo ngusaba …….(kuvuga icyo wifuza bucece)
bitume ndushaho kukubera umusemburo w’amahoro n’ubwiyunge muri iyi si, tube benshi tugushimira, bityo na Kiliziya yawe ivugururwe.

Nawe rero Kizito Mihigo mwana wacu, wabaye umuhamya w’ubumwe n’ubwiyunge mu bantu, tuvuganire Ijabiro kwa Jambo aho wadutanze, imihigo yawe tuyigire iyacu, tukwigireho ubutwari dutsinde ubwoba, natwe twitabire guhamya Yezu aho rukomeye kuko amaherezo yacu ari ukubana na We.

Ba umurinzi mwiza w’Akarere k’Ibiyaga Bigari, utoze Afurika yacu kuririmba amahoro n’ubumwe, isi yose ivome i Rwanda icyo yari yarabuze mu bantu, bityo Imana yacu Irusheho guhabwa ikuzo n’icyubahiro,
Ubu n’iteka ryose.
AMINA.

Paul KAGAME uri GAHINI: amaraso ya Kizito azaguhame n’urubyaro rwawe.

Inkuru y’urupfu rwa Kizito MIHIGO ikimara kumenyekana, abantu benshi bagize ikiniga, umujinya, uburakari n’akababaro karenze. Padiri Thomas NAHIMANA yasubiyemo amagambo Imana yabwiye Gahini akimara kwica mwenenyina Abeli.

Source: Umutaripfana TV 


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Mort de Kizito: Les diplomates belges mis en question.

Ça fait déjà un mois après la mort de l’artiste célèbre rwandais retrouvé pendu dans sa cellule de détention. Le gouvernement rwandais a avancé et confirmé l’hypothèse de suicide, mais les analystes différents, les observateurs avisés et les experts mettent en cause cette assertion gouvernementale. Pour la majorité, il s’agissait bien d’un meurtre. Immédiatement après l’annonce de cette nouvelle terrifiante, les émotions douloureuses et la colère ont été suivies de condamnation consensuelle de l’auteur de ce crime. A l’heure qu’il est, l’on sait que c’est un crime d’état dont le commanditaire est bien sûr Paul Kagame, le chef de projet, Inès Mpambara et les logisticiens, Lt Colonel Gérard Nyilimanzi et Theos Badege , entre autres. Les complices de ce crime sont nombreux mais jusque là, qui aurait cru l’implication des diplomates?

Les belges pointés de doigts. 

D’après le Vif dans harcelé jusqu’à la mort  , Kizito aurait été à l’ambassade de Belgique à Kigali pour demander l’asile suite aux intimidations et menaces qui pesaient sur sa personne. Seulement, un conseil lui a été donné de demander le visa à l’ambassade de Bujumbura. Connaissant la situation du Rwanda et la façon dont les mouvements son contrôlés, les diplomates belges sont sans savoir le risque auquel ils exposaient Kizito Mihigo. 

Les internautes s’indignent

Les discussions à ce sujet se multiplient sur les réseaux sociaux (1) et tous les intervenants pensent que l’ambassade de Belgique n’a pas fait tout en son pouvoir, et selon certains, une simple visite à Kizito ou une déclaration aurait suffi pour sauver sa vie.

reactions KM

Une comparaison est faite entre le cas de Kizito Mihigo et celui de Bosco NTAGANDA aujourd’hui détenu à la Cour Pénale Internationale de La Haye. Ce dernier avait demandé le refuge à l’ambassade des Etats Unis à Kigali car sa vie était en danger. Ou encore le cas de Patrick HABAMENSHI, ancien ministre dans le gouvernement de Kagame qui avait tenté de se réfugier à l’intérieur de l’ambassade du Canada. 

reactions 2

Il est sûr que si les diplomates belges étaient intervenus à temps, Kizito serait encore en vie. S’ils ne peuvent pas être amenés à s’expliquer devant la cour de justice pour non assistance à la personne en danger, l’opinion publique les a déjà condamnés. L’histoire ne l’oubliera jamais.

Chaste GAHUNDE

(1) Propos recueillis du Facebook le 20/03/2020. 


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